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LA LOI DES ARMES
1792-1799
38.
La guerre commence le 20 avril 1792.
Premières défaites sur les frontières nord et est, le long des routes traditionnelles des invasions.
Le peuple se souvient. Il s'inquiète pour le sort de cette ville-verrou, Verdun, qui commande le chemin de Paris et dont le nom, depuis le temps de Charlemagne, est inscrit dans la mémoire nationale.
La guerre ravive les souvenirs de tous les combats pour la défense de la patrie.
Quand, le 25 avril 1792, à Strasbourg, Rouget de L'Isle entonne pour la première fois son Chant de guerre pour l'armée du Rhin, il emprunte ces mots : Aux armes, citoyens ! aussi bien aux affiches de la Société des amis de la Constitution, qui invitent à s'enrôler, à « vaincre ou à mourir », qu'aux appels à résister à l'armée espagnole lancés en 1636 et qui souhaitaient qu'un « sang impur abreuve nos sillons ».
Quant à la musique de son Chant de guerre, elle s'inspire d'un thème de Mozart, le franc-maçon, le musicien des Lumières, mort en 1791.
Dans un pays centralisé où existe depuis des siècles un sentiment patriotique, la guerre, dès les premiers combats de 1792, associe nation et révolution, défense de la patrie et défense des droits nouveaux.
Le citoyen est patriote.
L'ennemi de la révolution est un traître à la nation.
À ceux qui crient « Vive le roi ! » on répond « Vive la nation ! ».
La loi des armes simplifie, radicalise, exclut, condamne.
Point de place pour les modérés – les Feuillants – adeptes du compromis, par sagesse, par intérêt, pour protéger les propriétés, maintenir la monarchie constitutionnelle, garante de la paix civile et de l'ordre social.
En choisissant la politique du pire – la guerre –, le parti de la Cour a cru pouvoir éteindre le brasier révolutionnaire. C'est l'incendie général qu'il déchaîne contre lui.
En souhaitant la guerre, les Girondins, qui espéraient ainsi gouverner la révolution, ont ouvert la porte aux hommes les plus décidés, aux « sans-culottes » les plus radicaux.
Le temps n'est plus ni à Louis XVI, ni à Barnave ou La Fayette, ni même à Brissot, mais à Danton, Desmoulins et bientôt Robespierre.
La loi des armes, les idées extrêmes, imposent dès lors leur empreinte profonde dans l'âme de la France.
Que le roi – en mai puis en juin – oppose son veto à un décret instituant la déportation des prêtres réfractaires, puis à un autre créant un camp de 20 000 fédérés à Paris, et aussitôt on demande sa suspension.
On envahit le 20 juin les Tuileries, on contraint Louis XVI à se coiffer d'un bonnet phrygien, on l'humilie.
Il ne cède pas.
La presse royaliste invite les amis du roi à rejoindre Paris pour défendre le souverain.
L'amalgame est fait entre les aristocrates, le monarque, et ces Autrichiens et Prussiens qui avancent vers la capitale. On crie : « Périssent les tyrans ! Un seul maître, la Loi ! » Et on proclame « la patrie en danger » (le 11 juillet). L' amalgame se fait entre citoyens et patriotes.
Toute la France entend rouler le tambour, battre le tocsin ; 200 000 volontaires s'enrôlent dans les armées de la nation.
Les fédérés marseillais marchent vers Paris en entonnant le Chant de guerre pour l'armée du Rhin, devenu La Marseillaise.
Les camps sont face à face. Entre eux, ce ne peut plus être que la guerre, la victoire de l'un et l'écrasement de l'autre.
La loi des armes est sans appel.
Elle s'exprime dans le manifeste, connu à Paris le 28 juillet, du général prussien Brunswick.
Il a été écrit par le marquis de Limon, un émigré.
Il menace Paris d'une « exécution militaire et d'une subversion totale, et les révoltés au supplice si les Parisiens ne se soumettent pas immédiatement et sans condition à leur roi ».
« Les vengeances approchent », écrivent les journaux royalistes.
C'est la guerre dans Paris.
Le 10 août 1792, l'assaut est donné aux Tuileries.
Les défenseurs du roi sont des aristocrates et des mercenaires suisses ; les gardes-françaises ont rejoint les assaillants, les sans-culottes et les fédérés marseillais. Vrais combats : plus de mille morts, dont six cents défenseurs massacrés.
Une Commune insurrectionnelle est créée.
Désormais, il existe encore une Assemblée législative – auprès de laquelle le roi s'est réfugié –, mais cette démocratie représentative a en face d'elle, détenant la force des sans-culottes en armes, la Commune, démocratie directe, vrai pouvoir qui fait emprisonner le monarque et sa famille au Temple, obtient sa suspension et la création d'un tribunal extraordinaire.
Commence le temps des suspects, des visites domiciliaires.
Sous la pression de la guerre, l'engrenage de la violence et de la terreur tourne de plus en plus vite, parce que les troupes austro-prussiennes avancent, qu'elles occupent Verdun le 2 septembre, et que la peur des représailles, de la vengeance annoncée par le manifeste de Brunswick, suscite la haine.
On massacre, dans les premiers jours de septembre, les suspects emprisonnés à Paris – plus de 1 300 victimes –, et cette « Saint-Barthélemy » révolutionnaire s'étend à tout le royaume.
On tue sans jugement, on profane les corps – ainsi celui de la princesse de Lamballe.
La révolution engendre une nouvelle passion « religieuse », terroriste ; deux cent vingt ans après la Saint-Barthélemy, les rues de Paris sont à nouveau rouges de sang.
La patrie en danger, les volontaires, l'assaut des Tuileries, le 10 août, La Marseillaise, la Commune, les massacres de Septembre : autant de références qui se gravent dans la mémoire nationale, dans l'âme de la France.
L'élan des volontaires, le sang de la guerre et des massacres, déchirent et cimentent à la fois la nation.
Parti des aristocrates contre parti des patriotes.
Ennemis de la révolution face aux révolutionnaires.
Drapeau blanc et fleur de lys contre drapeau tricolore.
Blanc contre bleu.
Mais aussi « bleu » différent du « rouge », car l'exigence d'égalité s'est imposée en même temps que la guerre.
Mourir pour la patrie ? Soit. Mais qu'elle devienne alors aussi la patrie du quart état !
Ces divisions, ces revendications, sont autant de nervures qui se superposent ou s'opposent dans l'âme de la France.
Mais la guerre favorise aussi l'amalgame des patriotes contre l'étranger et ses alliés, les émigrés.
Les paysans mènent une guerre de partisans contre les troupes austro-prussiennes qui avancent vers Valmy, une fois Verdun conquise.
Les troupes françaises composées de jeunes enrôlés, encadrées par des généraux (Dumouriez, Kellermann) et des officiers de l'armée du roi, avec, parmi eux, des aristocrates, comme le duc de Chartres – futur Louis-Philippe –, font reculer les troupes de Brunswick au cri de « Vive la Nation ! »
Mais ce « Vive la Nation ! » a valeur universelle.
« De ce lieu, de ce jour date une nouvelle époque de l'histoire du monde », dira un témoin de l'affrontement de Valmy.
Il se nomme Goethe.
39.
La victoire de l'armée de la nation signe la défaite de la monarchie et la condamnation du roi.
La nouvelle Assemblée, la Convention, abolit à l'unanimité la royauté dès le lendemain de Valmy, le 21 septembre 1792.
Elle proclame la « République une et indivisible ».
Ainsi s'ouvre une séquence majeure de l'histoire nationale, après plus d'un millénaire de monarchie.
Mais cette rupture institutionnelle naît dans le fracas des armes.
La République est combattante. Elle n'a pas surgi du lent travail consensuel de partis qui s'opposent en se respectant. Elle n'est pas enfantée par des débats parlementaires dans le cadre d'une assemblée.
La Convention entérine et traduit le rapport des forces sur le champ de bataille.
Les soldats criaient : « Vive la Nation ! » Cela devient : « Vive la République ! »
Après Valmy, il y aura Jemappes – le 6 novembre 1792 –, l'invasion, l'occupation, l'annexion de la Belgique.
La République est conquérante.
Elle se veut libératrice. Elle annexe les royaumes, les villes, les principautés, pour le bien des peuples. Elle est le germe d'une « Grande Nation ».
Elle apporte « secours et fraternité à tous les peuples qui veulent recouvrer la liberté ». Et la Convention « charge le pouvoir exécutif de donner aux généraux les ordres nécessaires pour porter secours et défendre les citoyens qui auraient été vexés et pourraient l'être pour la cause de la liberté ».
Voici venu le temps des « missionnaires armés » et celui des coalitions antifrançaises qui vont – de 1793 à 1815 – rassembler, au gré des circonstances, l'Angleterre – qui ne saurait tolérer un Anvers français –, l'Autriche, la Hollande, la Prusse, l'Espagne, la Russie, Naples, la Sardaigne...
La République vit sous la menace. L'armée est son glaive et son bouclier.
Mais la guerre n'est pas qu'aux frontières.
Parce qu'il faut une levée en masse pour constituer une armée immense – 400 000 volontaires, 700 000 soldats –, il faut des réquisitions, des fournitures – vivres, armes, uniformes, etc. –, et l'assignat s'effondre. Tandis que les « munitionnaires » font fortune, les paysans se rebiffent contre cet impôt du sang.
Il faut tenir, sévir. La terreur est l'envers de la guerre. Soixante départements – sur quatre-vingt-trois – seront bientôt en insurrection.
La République une et indivisible crée, en même temps qu'elle unifie, le sillon qui divise la nation.
L'âme de la France est ainsi couturée par ces cicatrices sanglantes qui défigurent le pays, en ces années cruciales 1793-1794, et le marquent aussi profondément que des siècles de monarchie.
Il y a la division entre républicains au sein de la Convention.
Les Jacobins « montagnards » – ils siègent en haut de l'Assemblée – sont centralisateurs comme l'étaient – car, sous la rupture, les continuités s'affirment – Richelieu et Louis XIV.
En face, les Girondins sont fédéralistes, veulent réduire « Paris à un quatre-vingt-troisième d'influence ».
Mais la guerre exige – techniquement, mentalement – que la nation se plie à la discipline unique qui s'impose à toute armée. Et les défaites (Neerwinden en mars 1793), les trahisons (Dumouriez passe à l'ennemi), les insurrections (en Vendée, à Lyon, en Provence, où les royalistes livrent Toulon aux Anglais), condamnent en juin 1793 les Girondins – arrêtés, jugés, décapités.
Dès les origines, la République a ainsi deux visages : le jacobin s'oppose au girondin.
Cette division perdurera, rejouant la scène sans fin sous des noms différents, avec plus ou moins de violence : Parisiens contre provinciaux « décentralisateurs », républicains autoritaires contre républicains démocrates.
En fait, cette fracture entre républicains est d'autant plus nette qu'elle se superpose à d'autres divisions, et qu'ainsi, malgré l'affirmation réitérée de République une et indivisible, la France, pays toujours menacé de tensions et de déchirements, reste aussi émiettée qu'elle l'a souvent été.
D'un côté, on retrouve ceux qui veulent ouvrir le procès du roi afin de le condamner, de l'exécuter. De l'autre se regroupent les modérés, les attentistes qui craignent une division radicale entre la France ancienne et la nouvelle.
Mais la guerre est là. Les royalistes sont à Toulon, à Lyon, à Nantes, aux côtés des armées ennemies.
Le procès du monarque est un des aspects de la guerre. La Convention l'ouvre dès novembre 1792. « L'élimination du roi est une mesure de salut public, une providence nationale », dit Robespierre.
« Tout roi est un rebelle et un usurpateur, ajoute Saint-Just. Louis est un étranger parmi nous. On ne peut régner innocemment, la folie en est trop évidente. »
La mort est votée par 361 voix contre 360. Louis Capet sera exécuté le 21 janvier 1793, et sa tête montrée, sanglante, au peuple rassemblé.
Cette mort de Louis XVI laisse un vide béant au cœur de l'histoire nationale.
Plus d'un millénaire d'acceptation, de respect, de vénération, d'obéissance à l'égard de ce roi sacré, thaumaturge, représentant de Dieu sur terre, unissant la France à l'Église et au divin, se trouve ainsi tranché net.
La France, nation mystique et politique, en est profondément divisée et blessée.
Et alors que les rébellions armées – en Vendée notamment – se prolongent, s'amplifient, que l'élan patriotique est nécessaire pour repousser l'ennemi aux frontières, il ne faut pas que soit entendue la voix de Louis XVI qui, sur l'échafaud, crie, dans les roulements des tambours : « Français, je meurs innocent, je pardonne à mes ennemis, je souhaite que ma mort soit utile au peuple ! Je remets mon âme à Dieu. »
On a besoin d'une autre « religion », d'une autre mystique pour soutenir la République.
D'abord, il faut qu'on en finisse avec le christianisme, lié à la monarchie.
Voltaire a été admis au Panthéon dès le 11 juillet 1791, et on a célébré « l'homme qui combattit les athées et le fanatique, qui inspira la tolérance, qui réclama les droits de l'homme contre la servitude de la féodalité ».
La Convention a réhabilité le chevalier de La Barre. Elle abolit l'esclavage le 4 février 1794. Elle va tenter, avec un nouveau calendrier – le décadi remplaçant le dimanche, thermidor, juillet, brumaire, novembre, etc. –, de parachever la déchristianisation.
Elle organise le culte de la Raison, adopte le « déisme voltairien », célèbre l'Être suprême.
Elle veut transformer la République en mystique.
Mais elle dresse ainsi contre cette parodie de religion aussi bien les catholiques que les sceptiques, les croyants que les cyniques.
Dans l'âme de la France, ces divisions aux origines de la République, cette fracture entre plusieurs France, ce mysticisme républicain, cette idée d'une mission universelle de libération des peuples assumée par la nation, sont autant de sources de frictions, de ferments de guerre civile.
La France de 1793-1794 est une fois encore le pays de la Saint-Barthélemy, des guerres de Religion.
Si la nation n'éclate pas, c'est d'abord que le pays défend son sol contre l'étranger. Que le patriotisme – « Mourir pour la patrie est le sort le plus beau, le plus digne d'envie », chante-t-on – soulève et rassemble la majorité de la nation.
Celle-ci est en armes. Elle résiste.
L'amalgame entre soldats volontaires, conscrits de la levée en masse, anciens des régiments du roi promus officiers de la République, bientôt jeunes généraux, se réalise.
Le patriotisme et l'héroïsme, la jeunesse de ce pays, le plus peuplé d'Europe et à l'armée la plus nombreuse, cimentent la nation.
L'âme de la France, monarchiste aussi bien que républicaine, est martiale.
Cela ne suffirait pas à empêcher la désagrégation.
Si la République en armes dessine l'ébauche d'un pouvoir totalitaire, c'est moins par la mise en œuvre d'une idéologie qui en contiendrait le germe que par les nécessités « techniques » de la guerre aux frontières, et surtout à l'intérieur.
Si la France est divisée, c'est qu'il existe des « traîtres ». On ouvre les « armoires de fer » de la monarchie ; on y trouve les noms des « stipendiés » de la Cour, et, parmi eux, Mirabeau et Barnave. Dumouriez, le vainqueur de Valmy, est passé à l'ennemi. La Fayette l'a déjà fait, comme des milliers d'officiers, d'émigrés.
Il faut un Tribunal révolutionnaire, une loi des suspects, un Comité de sûreté générale, un Comité de salut public. D'abord à Paris, puis dans les départements, près de 200 000 sans-culottes sont réunis et organisés en parti révolutionnaire, le parti jacobin, qui s'appuie sur des représentants en mission.
Le parti est l'œil de la surveillance. Il dénonce. Il châtie.
Car, au bout de cette suspicion, la Terreur est à l'ordre du jour.
On dénombre 500 000 suspects. On guillotine. Peut-être y a-t-il plus de 100 000 victimes.
On confisque, avec les lois de ventôse (février 1794), les biens des suspects.
On veut s'attacher, avec les lois sur le maximum des prix, les citoyens les plus pauvres. On leur promet l'« égalité sainte » en votant la Constitution de l'an I (24 juin 1793), laquelle ne sera pas appliquée puisque, face à la guerre, le gouvernement est dit « révolutionnaire jusqu'à la paix ».
La répression – à Lyon on tire au canon sur les « royalistes », à Nantes on les noie, en Vendée on les fusille, partout on les décapite – n'épargne personne, puisque tout le monde, dès lors qu'il s'oppose à la politique du Comité de salut public où Robespierre a fait son entrée en juillet 1793, est suspect.
On guillotine les « enragés » qui réclamaient pour le quart état une « révolution sociale », un nouveau maximum des prix, et non pas l'application d'un maximum pour les salaires.
Marat a été assassiné le 13 juillet 1793 par Charlotte Corday, sinon il aurait été de la charrette qui, au printemps 1794, conduit les enragés à l'échafaud.
Puis ce sera le tour des « indulgents » – Danton, Desmoulins –, accusés de vouloir mettre fin à la Terreur, à la guerre, donc à la révolution, et soupçonnés de vouloir abandonner la mystique républicaine.
Procès bâclé pour étouffer la grande voix de Danton en ce printemps 1794.
Certes, les armées de la République terroriste sont victorieuses en ce même printemps (Fleurus, le 26 juin), mais le pouvoir est isolé.
Les enragés sont toujours en quête de pain bon marché, et crient devant le blocage de leurs salaires : « Foutu maximum ! »
La République n'est plus pour eux qu'un régime parmi d'autres.
La nation est épuisée, et chacun se sent suspect.
Pourquoi cette surveillance, ces exécutions, si la victoire est acquise ?
Robespierre et ses partisans se retrouvent seuls parmi les cadavres des enragés et des indulgents, cibles toutes désignées pour tous ceux qui, après avoir mis en œuvre une implacable terreur (Barras, Fouché), craignent qu'elle ne se retourne contre eux.
Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), Robespierre est renversé. Cent sept de ses partisans sont décapités. Jamais on n'a autant exécuté en un jour.
Ce paroxysme terroriste et républicain, cette politique mystique et patriotique, ces luttes inexpiables entre factions, se gravent dans l'âme de la France.
Au moment où le pays invente la démocratie moderne – élections aux états généraux, débats, Constitution –, il en génère aussi les pathologies : le parti « unique », la loi des suspects, le Tribunal révolutionnaire, la Terreur.
La guerre contamine ainsi tout l'ordre politique.
Saint-Just, l'une des victimes du 9 thermidor, a dit : « La Révolution est glacée. »
La République l'est tout autant.
40.
Cinq années seulement, mais un fleuve d'événements et de sang, séparent cet été 1794 de l'an 1789, quand la prise et la destruction de la Bastille allaient faire entrer la France dans ce territoire inconnu nommé Révolution.
Les hommes qui siègent à la Convention, après la chute des robespierristes, savent qu'ils sont tous des survivants de cette imprévisible et interminable odyssée.
Pendant la Terreur, comme le dira Sieyès, ils ont « vécu » en s'enfonçant dans le « marais », évitant de choisir entre Girondins et Jacobins, pour échapper à la loi des suspects, au Tribunal révolutionnaire, à la colère des enragés.
Mais, à la Convention, ils ont approuvé les mesures de salut public, pas seulement parce qu'ils craignaient, en s'y opposant, de faire figure de suspects et de monter dans la charrette pour l'échafaud, mais parce qu'ils ne voulaient pas du retour à l'Ancien Régime. Ils en auraient été les premières victimes, trop révolutionnaires pour ces émigrés qui se pressaient aux frontières avec les armées étrangères.
Maintenant que la « crête » de la Montagne a été arasée, ils veulent endiguer le fleuve, le canaliser afin qu'il s'apaise, que la République profite aux républicains, c'est-à-dire à eux.
Car, après ces temps tumultueux, ces jours de terreur, les survivants aspirent à jouir de leur victoire. Ils sont la République.
Ceux qui, comme les frères du défunt roi, le comte de Provence (successeur en titre de Louis XVI après la mort à la prison du Temple, le 8 juin 1795, du Dauphin Louis XVII), le comte d'Artois, imaginent qu'ils vont pouvoir restaurer l'Ancien Régime (catholicisme religion d'État, ordres reconstitués, parlements rétablis, déclare le futur Louis XVIII dans sa proclamation de Vérone, le 24 juin 1795), ne comprennent pas que les conventionnels entendent créer « leur » République.
Ils ne veulent ni de l'Ancien Régime ni même d'une monarchie constitutionnelle que les plus lucides parmi les royalistes envisagent encore.
Ce « marais », ces habiles, ces prudents, ces chanceux, ces réalistes, ces survivants qui détiennent enfin le pouvoir, veulent le garder pour eux. Certains se sont enrichis. Ils expriment le désir de cette couche sociale qui a acheté les biens confisqués aux émigrés, aux suspects, à l'Église. Ces hommes sont patriotes par conviction autant que par intérêt. Ils ne veulent être spoliés ni par les aristocrates réclamant leurs biens, ni par les sans-culottes exigeant qu'on les partage.
Avec cette Convention thermidorienne, la France expérimente une forme politique nouvelle : le gouvernement républicain du centre, une sorte de « troisième force » hostile avec autant de détermination aux royalistes qu'aux jacobins sans-culottes.
Et se servant de l'une ou l'autre de ces factions pour écraser la plus menaçante des deux et renforcer ainsi le centre.
Certes, pour briser ces extrêmes, il faut disposer d'une force armée.
Précisément, les soldats de la nation sont victorieux aux frontières. Après la Belgique, la Hollande est conquise. On imagine des « républiques sœurs », un agrandissement de la France jusqu'aux frontières « naturelles » (le Rhin). Et la première coalition se disloque : la Prusse, la Hollande et l'Espagne s'en retirent.
Reste l'intraitable Angleterre, toujours menaçante, ravivant la guerre en débarquant dans la presqu'île de Quiberon 4 000 émigrés (26 juin 1795) afin de ranimer dans tout l'Ouest l'insurrection vendéenne avec laquelle Paris avait réussi à négocier une trêve.
En quelques semaines, le général Hoche va écraser ces émigrés : on les fusillera par centaines, et leurs chefs, Stofflet, Charette, seront exécutés quelques mois plus tard.
Ces conventionnels qui veulent gouverner « au centre » ne sont pas des hommes à scrupules.
En cinq années, ils ont appris qu'il faut savoir annihiler l'adversaire, détruire la faction rivale. La Révolution a fait de tous les hommes politiques français des cyniques qui se déterminent en fonction du rapport des forces.
Ces thermidoriens n'ont pas hésité à se servir de la « jeunesse dorée », de ces « muscadins » royalistes, pour fermer le club des Jacobins (12 novembre 1794), briser les sans-culottes, cette « queue de Robespierre » qui réclamait du pain pour les plus pauvres.
Car on a faim, dans le quart état. L'assignat n'est plus qu'à 8 % de sa valeur nominale. Les prix des denrées (viande, pommes de terre) ont augmenté de 400 à 900 %.
Des mères se suicident avec leurs enfants en se jetant dans la Seine.
D'un côté, ces républicains thermidoriens jouissent de leurs biens, mais, à la porte des cafés où ils se gobergent, des républicains sans-culottes crient famine.
Le peuple fait l'expérience que la République peut le laisser mourir de faim, que les changements institutionnels n'effacent pas la misère.
Alors on se rassemble, on se souvient des « journées révolutionnaires ». Les femmes et les sans-culottes envahissent la Convention le 12 germinal (1er avril 1795) et le 1er prairial (20 mai 1795). On lance aux conventionnels : « Que le sang coule, celui des riches, des monopoleurs et des spéculateurs ! Du temps de Robespierre, la guillotine fonctionnait, mais on mangeait à sa faim ! »
Le pouvoir laisse l'insurrection se déployer, certains députés montagnards se rallier à elle, puis l'armée et les sections modérées de l'ouest de Paris encerclent le faubourg Saint-Antoine. Après quelques jours de résistance, cette « Commune » de sans-culottes est écrasée par les armes.
On exécute. On condamne à mort. Six députés montagnards se suicident.
Les républicains du centre prouvent qu'ils savent eux aussi se montrer impitoyables.
Ainsi s'inscrit dans l'âme de la France l'idée que l'ordre, le respect des biens et des propriétés, l'emploi de la force contre ceux qui veulent les violer, peuvent aussi faire partie d'une politique républicaine.
Un jour, dans les années 1870, Thiers dira : « La République sera conservatrice ou ne sera pas. » Et les troupes versaillaises materont le Paris de la Commune.
La période révolutionnaire a aussi « inventé » cette politique-là.
Elle laisse faire les bandes royalistes qui, à Lyon, à Marseille, en Provence, traquent les Jacobins, les massacrent dans les prisons – à Aix, à Tarascon, à Marseille, etc., on dénombrera près d'un millier de victimes de cette « terreur blanche ».
Mais, dès lors que ces mêmes royalistes représentent à nouveau une menace pour le pouvoir, les thermidoriens sont prêts à tout pour défendre leur République, qui est aussi la République.
Ils l'ont montré dans la presqu'île de Quiberon en fusillant les émigrés débarqués par les navires anglais et faits prisonniers.
Pour défendre le nouveau régime, ils dressent aussi une forteresse constitutionnelle, la Constitution de l'an III (août 1795), qui comporte deux Conseils élus par les 20 000 Français les plus riches : celui des Anciens et celui des Cinq-Cents, ainsi que cinq Directeurs, renouvelables les uns et les autres par tiers chaque année ou tous les trois ans. Le peuple « approuve » par un million de voix pour, 50 000 contre et... cinq millions d'abstentions.
Mais peu importe : la procédure est « démocratique », elle est bien formellement républicaine. Et les royalistes, qui espéraient subvertir la République en pénétrant légalement ses institutions par la voie électorale, sont bernés.
Par 200 000 voix contre 100 000, les conventionnels ont en effet fait adopter un décret dit des deux tiers qui précise que les deux tiers des membres des nouveaux Conseils législatifs devront être choisis parmi les... conventionnels ! Les royalistes et le peuple découvrent qu'on peut concevoir des institutions formellement républicaines qui permettent de contrôler les élections par un jeu politique truqué.
Nouvelle leçon de politique « moderne » donnée par la Révolution, la grande école du cynisme politique.
Il ne reste plus aux royalistes qu'à tenter eux aussi une « insurrection », une « journée révolutionnaire ».
Le 13 vendémiaire (5 octobre 1795), ils rassemblent vingt mille manifestants en armes qui se dirigent vers la Convention.
Barras – ancien terroriste, bien décidé à jouir des biens et du pouvoir dans ce régime qui désormais est le sien –, chargé du commandement des troupes de Paris, va s'adjoindre des généraux connus pour leurs sentiments jacobins. L'un d'eux, suspect de « robespierrisme », a même été arrêté en thermidor. Depuis lors, il traîne son sabre inutile dans Paris.
Il va disperser au canon les royalistes, qui laissent trois cents morts sur les marches de l'église Saint-Roch et dans les rues avoisinantes.
La République est donc « sauvée ». La Convention peut se séparer, le 26 octobre 1795, pour laisser place au Directoire.
Mais ce « centre » républicain n'a survécu, ne l'a emporté que parce que l'armée lui a obéi.
La guerre aux frontières a fait de l'armée la garante de l'ordre intérieur, et donc de la République.
Elle est entrée sur la scène politique et y a joué aussitôt un rôle déterminant.
Peut-elle accepter de retourner dans l'ombre ?
Le « général Vendémiaire » se nomme Napoléon Bonaparte.
41.
Ce général Bonaparte qui noie dans le sang, à coups de canons, une tentative d'insurrection royaliste, la France ne pourra plus l'oublier.
Ainsi, le 13 vendémiaire (5 octobre 1795) commence à se creuser un nouveau sillon dans l'histoire nationale. L'âme de la France va s'en trouver marquée en profondeur. Une tradition, celle de l'homme providentiel, de l'homme du recours, hissé au-dessus des factions – ou des partis – qui s'opposent, se dessine de plus en plus nettement durant ces quatre années qui vont se terminer par le coup d'État des 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799), quand Bonaparte mettra fin au Directoire et s'emparera de la réalité du pouvoir.
La Révolution qui avait mis en place un régime d'assemblée, qui s'était définie, avec la République, comme la structure la plus opposée à la monarchie absolue, donne donc naissance au pouvoir personnel d'un général, lecteur et admirateur de César.
Les thermidoriens, qui avaient affirmé qu'ils ne voulaient ni « de la dictature de César ni de la royauté de Tarquin », ont fait appel pour les défendre à un homme qui se rêve empereur après avoir conquis la gloire sur les champs de bataille, à l'image de César.
Dans l'âme de la France, son aventure devient une référence.
Pour certains, il est l'antimodèle, l'ogre « infamant », le général putschiste. Pour d'autres, il est le chef exemplaire, charismatique, qui balaie les politiciens corrompus, lâches, incapables, petits hommes sans gloire que la vue d'un manipule suffit à disperser comme des oiseaux apeurés.
Mais, quel que soit le jugement qu'on porte sur le personnage, il est l'un des môles qui marquent les débuts de la période contemporaine de notre histoire.
Un courant politique se forme autour de lui : espérance ou menace, c'est le bonapartisme. Face à l'impuissance des politiciens, l'homme du recours, par un coup d'État que légitime la situation de la nation et restaure l'ordre et l'autorité. Il unifie le peuple. Il défend les intérêts de toute la patrie contre ceux qui, révolutionnaires ou monarchistes, n'agissent qu'en fonction de leur idéologie ou de leur clientèle.
Il incarne le centre opposé aux extrêmes.
Sa force lui vient de ce qu'il a le soutien du peuple et des armées.
Si ce général de coup d'État, ce dictateur – ou bien ce héros météorique – s'est imposé jusqu'à occuper pareille place dans l'âme de la France, c'est que la situation de la nation favorise son entreprise et permet à son ambition de se réaliser.
En ces dernières années du xviiie siècle, après la tourmente révolutionnaire, la société française a soif de paix intérieure et de stabilité.
Les notables, les nantis, les paysans, qui ont profité les uns de la vente des biens nationaux, les autres, de la suppression des droits seigneuriaux, aspirent au calme.
La guerre ne les affecte qu'indirectement (conscription, impôts). Elle se déroule loin de la France : en Italie, contre l'Autriche, et Bonaparte, qui s'est vu confier le commandement de l'armée d'Italie en guise de récompense pour les services rendus en vendémiaire, s'y couvre de gloire à Arcole, à Rivoli. Il signe le traité de Campoformio. Il envoie son butin – argent et œuvres d'art – au Directoire.
À la manière de César, il écrit sa propre légende, transforme chacune de ses actions en triomphe, conquiert l'opinion.
Il met ainsi en œuvre une stratégie qui combine la gloire militaire (il montre du génie dans cette campagne d'Italie de 1796 à 1797) et la sociabilité politique (il est l'homme de Barras, proche de Sieyès, de Fouché, de Talleyrand) qui le fait apparaître comme le général au service des Directeurs, mais il est aussi le chef indépendant qui porte les espoirs de l'opinion.
Avec son épée, il peut trancher le nœud gordien des intrigues politiciennes.
Son aventure égyptienne – mai 1798 – et son retour « miraculeux », en octobre 1799, font de lui un héros de légende.
Mais il ne peut jouer ce rôle que parce que le Directoire ne parvient pas à stabiliser la situation.
Le pouvoir des Directeurs, qui, comme celui des thermidoriens, entend se situer au centre, est menacé : d'un côté, les héritiers des Jacobins et des enragés parlant au nom du peuple des « infortunés » rêvent d'une société égalitaire ; de l'autre, par le simple jeu électoral, les institutions risquent d'être pénétrées par les « Jacobins blancs », ces royalistes qui veulent en finir avec la République, même s'ils divergent sur le type de monarchie à rétablir (absolue ou constitutionnelle).
Gauche, droite, centre : figures désormais classiques de la politique française.
En mai 1796, le Directoire déjoue la « conspiration des Égaux » fomentée par Babeuf, qui vise à établir un communisme de répartition supprimant la propriété privée.
Babeuf se poignardera au cours de son procès, et une trentaine de ses compagnons seront fusillés en 1797.
Mais leur souvenir, transmis par quelques survivants – Buonarroti –, fera germer au xixe siècle les idées « babouvistes », créant un socle pour le communisme et le socialisme français dont on mesure ainsi l'enracinement profond dans l'histoire nationale.
Le 18 fructidor (avril 1797), le Directoire doit faire face à une poussée électorale royaliste ; les Directeurs font alors appel au général Bonaparte, qui leur délègue le général Augereau.
Terreur froide : arrestations, épurations, déportations.
La preuve est faite à nouveau que le centre ne peut imposer sa politique républicaine – défendant les transferts de propriété qui ont eu lieu pendant la Révolution, affirmant le caractère laïque de l'État dans une perspective voltairienne – que s'il dispose du soutien de l'armée.
Ce soutien est d'autant plus nécessaire qu'en 1798 (le 21 floréal), le Directoire doit faire face à une poussée électorale de la « gauche », cette fois, et que seul un coup de force – un vrai coup d'État – permet d'exclure les députés élus de cette tendance.
Malgré cela, l'influence des néojacobins s'accroît en juin 1799. On parle à nouveau de « bonheur du peuple ». On exige des mesures en sa faveur : « Élaguez ces fortunes immenses qui font le scandale des mœurs, établissez l'impôt progressif sur les fortunes, réduisez les impôts indirects, faites des économies en renvoyant les fonctionnaires inutiles, en diminuant l'indemnité des députés et les pensions des Directeurs ! »
Des revendications « modernes » se font ainsi jour dans le langage politique. Elles traverseront les décennies.
En même temps, on veut en finir avec le « système de bascule », l'instabilité qui fait soutenir la gauche contre la droite, et vice versa.
Derrière les néojacobins se profile le parti des généraux. Ils sont victorieux. Ils ont créé des républiques sœurs : la Batave, la Cisalpine, la Romaine, l'Helvétique, la Parthénopéenne (napolitaine). Ils ont accumulé des « trésors de guerre ». Les soldats leur sont dévoués, puisque ce sont les généraux qui les paient.
Ce néojacobinisme « armé » annoncerait-il le retour à un robespierrisme rebouilli ?
Sieyès s'en inquiète. Il dénonce la « sanglante tyrannie » des Jacobins de l'an II et leur « pouvoir monstrueux », dont il faut empêcher la renaissance.
Les « républicains du centre » – Sieyès, Fouché, Talleyrand – se tournent vers Bonaparte rentré d'Égypte.
Il est l'homme providentiel. Il se présente comme sans ambition personnelle, prêt seulement à mettre sa popularité au service du parti de l'ordre.
Son frère Lucien a été élu président du Conseil des Cinq-Cents, mais lui, « le plus civil des généraux », évoque moins ses exploits militaires que les découvertes que les savants qui l'ont accompagné en Égypte ont réalisées au pays des pharaons.
À Saint-Cloud, où se sont réunis les conseillers, après un moment difficile, Murat, à la tête d'une compagnie de grenadiers, disperse les élus en criant à ses soldats : « Foutez-moi tout ce monde-là dehors ! »
C'est la technique d'un coup d'État moderne, mêlant le coup de force parlementaire à l'action armée, l'apparence légale à la violence, que Bonaparte et ses complices ont appliquée.
Bonaparte peut se présenter comme l'homme du centre, au-dessus des partis, incarnant l'union des Français contre les « anarchistes » et les « royalistes ».
« Tous les partis sont venus à moi, m'ont confié leurs desseins, dévoilé leurs secrets, et m'ont demandé mon appui : j'ai refusé d'être l'homme d'un parti », dit-il.
En fait, il veut rassembler tous les notables et, autour d'eux, le peuple, en ne revenant pas sur les conquêtes majeures de la Révolution dans l'ordre social : abolition des droits seigneuriaux, liberté de la propriété, vente des biens nationaux.
Le ciment de cette union, c'est le patriotisme.
Il dit : « Ni bonnet rouge [révolutionnaire] ni talon rouge [aristocratique] : je suis national ! »
La Révolution, la République, sont l'assomption de la nation.
CHRONOLOGIE III
Vingt dates clés (1715-1799)
1715-1723 : Régence de Philippe d'Orléans. Louis XV a cinq ans
1757 : Attentat de Damiens contre Louis XV (1715-1774)
1771 : Réformes de Maupeou : abolition de la vénalité des offices, gratuité de la justice, etc.
1774 : Louis XVI (1774-1792) rétablit les parlements dans leurs privilèges
1784-1785 : Affaire du « collier de la reine » qui discrédite la monarchie
1788 : À Vizille, les états du Dauphiné réclament la convoca-tion des états généraux
5 mai 1789 : Ouverture des états généraux à Versailles
14 juillet 1790 : Fête de la Fédération au Champ-de-Mars
20-21 juin 1791 : Fuite du roi à Varennes
20 avril 1792 : Déclaration de guerre à l'Autriche et à la Prusse
20 septembre 1792 : Victoire de Valmy et, le 21 septembre, abolition de la royauté, puis proclamation de la Répu-blique une et indivisible (25 septembre)
21 janvier 1793 : Exécution de Louis XVI
Mars 1793 : Soulèvement de la Vendée contre la Convention
Septembre 1793 : Loi des suspects et loi sur le maximum des prix et salaires
8 juin 1794 : Fête de l'Être suprême
27 juillet 1794 : (9 thermidor an II) Chute de Robespierre
5 octobre 1795 : (13 vendémiaire) Bonaparte écrase un soulè-vement royaliste
1796 : Bonaparte général de l'armée d'Italie
Mai 1798 – août 1799 : Bonaparte conduit l'expédition d'Égypte
9-10 novembre 1799 : (18 et 19 brumaire) Coup d'État de Bonaparte, fin du Directoire, Bonaparte premier consul