XXI

Deux nuits s’étaient écoulées sans que rien ne se passe. Les policiers avaient contrôlé les retours de ceux qui travaillaient hors de Louviec, puis les quelques passants nocturnes, ceux qui allaient boire un coup et faire une partie de dés au Café de l’Arcade, ceux qui allaient dîner chez des amis, et les inévitables promeneurs de chiens. Tous avaient présenté leurs papiers, donné le nom des employeurs ou des amis et les alibis avaient été vérifiés. Quant aux promeneurs de chiens, ils étaient suivis jusqu’à ce qu’un autre flic prenne le relais, si la promenade était longue. Qui irait tuer en emmenant son chien ? Néanmoins, les policiers faisaient le boulot et relevaient les noms. Nuits solitaires et barbantes, seulement rythmées par le sandwich et le gâteau de Johan, vers minuit, qui en valaient la peine. Et puis rapports adressés aux deux commissaires qui les passaient rapidement en revue depuis deux nuits, c’est-à-dire cent huit « RAS » chaque soir.

— Décourageant, non ? lui dit Matthieu.

— Non. Comment veux-tu qu’il tue dans des rues qui grouillent de flics ?

— Alors on va attendre toute la vie comme ça ?

— Non plus. Je t’ai dit que sa fureur grandissait. Laissons-lui le temps de revenir de sa stupeur et de mettre au point une tactique nouvelle. Il va trouver quelque chose, sois-en sûr. Je ne sais pas, je n’en sais rien, mais je le crois.

Загрузка...