Chapitre 7
Cette fois, la colère s'était emparée d'Angélique, la secouait en tempête, la ravageait en cyclone, et il y avait des instants où elle se disait qu'elle haïssait Joffrey de Peyrac de toute son âme.
Le choc l'avait frappée en plein cœur, l'éveillant de sa stupeur angoissée, au moment où il avait murmuré avec une grimace ironique : « Je sais, j'étais dans l'île ! »
Et, se détournant d'eux, il avait fait signe impérativement de prendre le chemin de Gouldsboro.
Il avait refusé de voir sur le visage d'Angélique l'expression horrifiée qu'elle n'avait pu contenir tout à fait à sa révélation, et tandis qu'ils avançaient tous, dans un silence pesant, le long du sentier chaotique du bord de la mer, il allait vif et la tête haute à son habitude, son grand manteau flottant au vent, ne se détournant pas pour observer ni le prisonnier que poussaient les soldats espagnols, ni la jeune femme, qui marchait seule, enfermée en elle-même et trébuchant parfois, sans y prendre garde, sur la sente raboteuse. Il n'aurait vu alors dans ses prunelles vertes que la rage exaspérée d'une femme. Cela dominait tout en elle. La rage née d'une humiliation brûlante, d'une honte dont elle n'analysait pas la source.
Bouleversée, elle ne réalisait pas qu'elle souffrait surtout dans la pudeur intime de ses sentiments. Son amitié pour Colin, sa tendresse pour Colin, il l'avait vue. Il l'avait vue posant sa main sur le front de Colin, et riant avec lui, et cela, il n'avait pas le droit. C'était à elle, c'était son jardin secret. Un époux, même le plus cher, n'a pas le droit de tout voir, de tout savoir. Et, d'ailleurs, ce n'était plus pour elle un époux chéri, mais un ennemi. Subitement inversée, elle retrouvait l'image de toujours, l'homme, l'ennemi de la femme, plus profondément haï encore de décevoir et de tromper l'attente. Puis une houle de colère et de rancœur l'aidait à reprendre pied et à s'avancer, elle aussi, la tête haute.
Qu'il l'eût insultée, qu'il l'eût frappée, cela, elle l'acceptait, elle s'inclinait devant les éclats d'un juste courroux. Mais l'horreur de ce piège machiavélique le détruisait à ses yeux, dans la confiance éperdue et l'estime démesurée qu'elle lui vouait. Tout était donc ruiné ! Tout ! Il avait joué avec le cœur de sa femme, avec ses sens dont il connaissait la fragilité, il l'avait poussée dans les bras d'un autre homme... pour voir !... pour voir !... pour s'amuser !... À moins que, dans sa fureur jalouse et son orgueil blessé, il n'eût cherché, en la précipitant dans une nouvelle tentation, surtout prétexte à la tuer... La TUER !... Elle ! Sa femme ! Elle qui croyait avoir une place privilégiée dans sa vie, dans son cœur !... Ho ! Ho !... Les sanglots poignaient Angélique. D'un effort surhumain, elle parvenait à les refouler, réussissait à maîtriser le flot de larmes qui lui montait aux paupières, et dressait le menton avec défi. Telle était sa vindicte intérieure qu'elle ne s'interrogeait pas sur ce qu'il allait advenir. L'enfermerait-il, gardée à vue dans le fort ? La chasserait-il ? L'exilerait-il ? De toute façon, elle ne se laisserait pas faire si facilement et elle saurait cette fois plaider, sa cause. En revanche, le sort de Colin lui apparaissait plus inévitablement tragique, et lorsque, aux abords de l'établissement, une rumeur de cris et de clameurs monta des bois comme un coup de vent d'orage, ses propres sentiments s'effacèrent pour ne laisser subsister qu'une crainte aiguë pour la vie de Colin. Elle rassembla ses forces, prête à le défendre de la voix et du geste, contre tous, et sans souci de sa propre considération, car cela ne pouvait pas être, elle ne supporterait jamais cette chose affreuse, de voir Colin pendu, massacré, de voir la vie de Colin Paturel détruite à cause d'elle.
Elle se jetterait sur son corps, elle le défendrait comme un de ses enfants. Ne l'avait-il pas portée sur son dos dans le désert ?...
Les cris qui montaient des bois étaient ceux d'une meute prête à tuer. Avertie par cet invisible messager qui passe, dirait-on, dans le vent des rives sauvages, toute la population de Gouldsboro, que l'été doublait de marins étrangers, d'Acadiens en promenade, d'Indiens venus pour la traite, accourait, dévalait les pentes, traversait les espaces découverts par la marée, et les bonnets blancs des femmes se mêlaient comme un vol de mouettes au flot sombre ou bariolé des hommes. Aux Rochelais et aux matelots des navires, se joignaient les Anglais réfugiés, les Indiens badauds et prompts à adopter les querelles et les passions de leurs amis.
– Barbe d'Or ! Capturé !...
Et « elle » était avec lui. Cela se savait déjà, aussi. Elle avait passé la nuit avec lui, sur l'îlot du Vieux-Navire. On « les » ramenait, enchaînés.
Cris, hurlements, insultes créaient comme une immense rumeur venant au-devant d'eux, déferlant à leur rencontre, et lorsque la foule, lancée, déboucha de la forêt et des plages, les soldats espagnols durent vivement dresser un rempart, piques pointées, afin que le prisonnier, submergé, ne fût la proie des furieux.
– À mort ! À mort !... hurlait-on. Te voilà, Barbe d'Or ! Bandit ! Païen !... Tu voulais nos biens ! Te voici enchaîné ! Où sont tes émeraudes ? Et ton navire ?... À nous maintenant ! Ha ! Ha ! Ta barbe d'or ne te sauvera pas. Elle nous servira à te pendre en punition de toutes tes rapines !
Dans les remous houleux des équipages et colons déchaînés, unis dans une même exécration de qui avait été tour à tour un adversaire sur le point de les abattre et ruiner lorsqu'il était venu mettre le siège devant ce petit établissement sortant à peine des affres de l'hivernage, et qui n'était aujourd'hui qu'un colosse vaincu enfin, après le violent combat de la veille où certains des leurs avaient perdu la vie, dans leurs cris de haine, leur besoin d'insultes, se mêlaient le triomphe, le soulagement, mais aussi l'amertume. Leur victoire coûtait trop cher. Les cœurs farouches étaient atteints.
Aux côtés de Barbe d'Or, elle était là, la dame de Gouldsboro, la dame du Lac d'Argent, la fée aux mains guérisseuses. C'était donc vrai ce qu'on racontait sur elle avec le pirate ! Et c'était atroce d'en découvrir la confirmation !
Ce pillard de bas étage avait détruit une force qui leur était devenue précieuse dans leur dénuement d'exilés, l'estime qu'ils s'étaient mis à porter, malgré eux, à deux êtres supérieurs : le comte et la comtesse de Peyrac.
Dans le tumulte d'exécration et d'hostilité qui les environnait, il échappa à Angélique le seul regard que Joffrey lui accorda ce matin-là.
Si elle l'eût surpris, peut-être la douleur qui la taraudait en eût-elle été atténuée. Car ce regard, c'était un regard inquiet, s'assurant vivement qu'elle aussi était sous la protection des lances espagnoles.
– Impie ! Voleur de femmes ! Charognard !
Les huées, les sarcasmes partaient en brusques rafales, les crachats. Colin, les mains liées, tiré, bousculé, continuait d'avancer tant bien que mal entre les soldats. Le vent tourmentait sa longue chevelure, sa barbe emmêlée. Le regard assombri, sous ses sourcils broussailleux, se fixait au loin, au delà des têtes agitées et il ressemblait à Prométhée, fils du Titan, livré impuissant, sur son rocher, aux vautours. À l'entrée du village, le groupe dut faire halte une fois de plus, sous la poussée de la foule que les injonctions de d'Urville, les menaces de Vaneireick et l'air peu engageant de la garde espagnole ne parvenaient pas à calmer.
Une pierre sifflante atteignit Colin à la tempe. Une autre roula aux pieds d'Angélique ; d'on ne sait où, un cri s'éleva :
– Démone !
L'anathème résonna longuement dans l'air vibrant du matin. Et soudain, comme terrifié par sa propre explosion, le peuple fit silence.
Alors, ils purent entendre la voix du comte, dont la démarche tranquille, la main levée en signe de paix n'étaient pas sans agir sur leurs nerfs surexcités.
– Calmez-vous, disait cette voix rauque, mais calme, solennelle et ferme. Barbe d'Or, votre ennemi, est capturé ! Laissez-le, maintenant ! Laissez-le à ma justice !
Les têtes s'inclinèrent, subjuguées ; la foule recula.
Le fort était proche.
Angélique entendit donner des ordres pour que le captif fût conduit en la salle des gardes et enfermé sous surveillance doublée.
Devant la porte de la palissade s'ouvrait pour elle le refuge de l'appartement du donjon. Mais elle s'immobilisa et soudain, se retournant, fit face à la foule serrée, au front buté, qui la surveillait. Aux premiers rangs, il y avait les protestants de La Rochelle. Angélique comprit que si elle arborait l'attitude de la femme coupable, et allait cacher sa peur dans l'appartement du fort, elle n'en pourrait plus sortir sans risquer d'être lapidée. Elle connaissait le caractère intransigeant des Rochelais, l'impulsivité superstitieuse des marins, celle encore plus entière des Anglais ; quand on aurait commencé à clabauder sur son compte et celui de son mari, chacun, suivant ses croyances, s'armerait d'eau bénite, ou plus dangereusement de mousquets, ainsi que les Rochelais l'avaient déjà fait au cours d'une mutinerie à bord du navire, pendant la traversée.
Le seul moyen de mater ces consciences ombrageuses, c'était de s'imposer, décourager les commérages par les apparences d'une conscience pure, et dans l'impossibilité de le dissimuler, ce visage de femme adultère qu'on lui prêtait, avoir le front de le montrer à tous avec sa pâleur, ses cernes aux paupières et les marques peu glorieuses des coups de la vindicte conjugale qui le meurtrissaient.
Elle se dégagea d'une main qui la tirait, peut-être celle de don Juan Alvarez, qui voulait l'entraîner à l'intérieur. Elle n'admettait ni d'être jugée ni d'être prisonnière, ou alors il faudrait employer la force, et l'on verrait bien si Joffrey se résoudrait à ajouter cette nouvelle insulte à toutes celles qu'il lui avait déjà infligées.
Femme adultère ! Soit ! Eh bien, comment doit se conduire une femme adultère quand elle veut détourner le flot des calomnies, préserver sa dignité et même celle de son mari, sauver ce qui peut être sauvé ? En faisant face. En agissant comme si rien ne s'était passé, comme si rien ne se savait, « comme avant ».
– Je voudrais examiner sans attendre l'état des blessés d'hier, dit-elle à voix très haute et aussi paisible qu'à l'ordinaire en s'adressant à la femme qui était la plus proche, où a-t-on mis ceux du Sans-Peur ?
La femme se détourna d'elle farouchement. Mais Angélique marcha hardiment à travers Gouldsboro, comme on marche sur les eaux, bien décidée à démontrer qui elle était et ce qu'elle entendait rester aux yeux de tous.
Sur un signe du comte, deux gardes espagnols lui emboîtèrent le pas. De cela non plus, elle ne se soucia pas. Elle s'imposerait, et les ragots se tairaient à son approche, faute de prétextes pour les alimenter. Et Angélique ne voulait pas qu'on allât encore troubler l'esprit et le cœur adolescent de son Cantor.
Tout cela tournait dans sa tête, vidée par la faim et la fatigue, mais elle ne se reposerait que quand elle aurait repris Gouldsboro en main, et elle marchait et allait sans défaillir d'un blessé à l'autre.
La plupart de ceux du Sans-Peur avaient regagné leur navire, dans la rade, mais les plus gravement atteints ainsi que ceux du Gouldsboro étaient soignés chez l'habitant. Angélique entrait dans les maisons, réclamait de l'eau, des linges, des baumes et de l'aide, et Rochelais et Rochelaises se retrouvaient malgré eux à l'assister. Les blessés l'accueillaient avec impatience et espoir et elle se rasséréna à manier les linges mouillés de sang et de sanie. Les plaies béantes dans la guérison desquelles elle voyait la trace de son pouvoir lui rendaient sa dignité.
Cette humanité mal rasée et souffrante était, en fait, moins sensible aux bruits qui pouvaient courir sur le compte de la belle et noble dame rencontrée aux antipodes sauvages des Amériques, un jour de bataille, qu'au soulagement de sa venue et de sa présence.
– Madame, est-ce que vous me sauverez mon œil ?... Madame, j'ai pas pu dormir de la nuit avec tous ces maringouins et moustiques...
Les blessés, parmi les pirates du Cœur-de-Marie, avaient été mis avec les prisonniers valides dans la grange au maïs entourée d'un cordon de sentinelles solidement armées. De plus, le hangar restait sous le feu d'un petit bastion d'angle du fort, et ces précautions n'étaient pas excessives, car les sentinelles dirent à Angélique que leurs prisonniers, ayant appris la capture de Barbe d'Or, étaient fort agités et qu'il y aurait danger à pénétrer parmi eux. Deux matelots lui proposèrent de l'escorter à l'intérieur, mousquet pointé et mèche allumée, mais elle les récusa.
– Je connais ces gens-là, et peu m'en chaut !
Et elle intima l'ordre aux deux gardes espagnols de demeurer au-dehors, avec un regard si impérieux qu'ils n'osèrent passer outre. Entre l'autorité, pour eux sacrée, du comte de Peyrac et celle, fascinatrice, d'Angélique, les pauvres Luis et Pedro ne furent jamais aussi tourmentés qu'en cette dure journée.
Angélique ne craignait pas de se retrouver seule, au milieu des pirates du Cœur-de-Marie. Au contraire. Elle s'y sentait mieux, car ils étaient comme elle aujourd'hui : malheureux et menacés.
Des blessés inquiets aspirant à quelques soins et un peu de réconfort d'une main qu'ils savaient habile et salvatrice. Quant aux prisonniers valides, ils cachaient leur inquiétude d'un futur peu enviable qui s'approchait à grands pas. Était-ce le dernier matin qu'ils saluaient ? Le vainqueur, le maître de Gouldsboro, était venu les inspecter la veille, posant sur leurs faces patibulaires son œil d'aigle.
– Monsieur, avait osé demander le chevalier de Barssempuy, quel sort nous réservez-vous ?
– La corde pour tous, répondit Peyrac farouche, il ne manque pas de vergues aux mâts des navires.
– C'est bien notre chance, gémissaient les pirates. Nous sommes tombés sur un sanguinaire pire que Morgan !
Sanguinaires eux-mêmes pour la plupart, ayant à leur actif plus de tortures, de mains coupées, de malheureux pendus ou rôtis sur les barbecues des îles, car le soleil des Caraïbes fait flamboyer le goût du mal au cœur de l'homme, ils n'espéraient pour eux nulle mansuétude. Les meilleurs ne se félicitaient plus d'avoir voulu « se ranger ».
– Et nous qui comptions devenir colons et pères de famille ! Cette dernière campagne aura causé notre perte.
Dans le noir désespoir ou la grise résignation qui les habitait tour à tour, l'apparition d'Angélique fit lever une lumière. Le monde de l'homme est dur. Celui des aventuriers de la mer l'est plus encore. Aucune faille, aucune fêlure dans la rude carapace d'une existence vécue, le sabre-coutelas au poing, la soif de l'or au cœur et celle du rhum au gosier. Soudain, une femme remplissait le vide de leur cœur, se glissait entre eux, une femme qui n'était ni proie ni putain, et l'on n'avait pas le temps de se demander ce qu'elle était au juste qu'elle vous prenait en main, qu'on se retrouvait subjugué, sans autre alternative que de la respecter et de lui obéir humblement.
Pour tous, ce fut un soulagement de la voir pénétrer de nouveau, ce matin-là où Barbe d'Or venait d'être capturé, dans la grange, son sac de charpie et de remèdes à la main. Elle s'agenouilla au chevet des malades et se remit illico à panser et soigner. Quelques-uns émirent l'idée de s'emparer d'elle pour en faire un otage et sauver leurs peaux par un échange. On négocierait avec ces salauds de Gouldsboro et, suivant les résultats obtenus, on enverrait un doigt, un œil, un sein de la belle au mari, ce « sanguinaire » qui voulait tous les tuer, et ce serait bien le diable si, avec une telle manœuvre, on n'arriverait pas à sortir de là. Hein ! Dans une telle extrémité, est-ce que ce n'était pas une bonne chose à faire, et qu'on avait déjà faite... plus d'une fois ? Là s'arrêtaient les velléités d'exécution. Des yeux luisants suivaient la chevelure claire d'Angélique allant et venant dans la pénombre malodorante. Mais personne ne pipa ni n'ébaucha le moindre geste. Le jeune Barssempuy seul osa sortir de son mutisme pour lui poser une question :
– Est-ce vrai, madame, que Barbe d'Or a été attrapé ?
Angélique acquiesça en silence.
– Qu'adviendra-t-il de lui ? reprit le lieutenant d'une voix anxieuse. Il n'est pas possible qu'on l'exécute, lui, madame... C'est un homme tellement extraordinaire ! Nous aimons notre chef, madame.
– Son sort dépend des décisions de M. de Peyrac, répondit sèchement Angélique. C'est lui le maître.
– Oui ! Mais c'est vous la maîtresse, s'écria le timbre de crécelle grinçante d'Aristide Beaumarchand. À ce qu'on dit...
Aussitôt, sous le regard fulgurant d'Angélique, il se recroquevilla, les bras croisés autour de son ventre qu'il protégeait sans cesse comme une femme enceinte qui craint d'être battue protège son précieux fardeau.
– Toi, tu ferais mieux de te taire, lui lança-t-elle froidement, je finirai par t'égorger.
Les autres riaient dans un accès de détente. Ayant achevé sa besogne elle les quitta. Elle ne se sentait pas d'humeur à plaisanter avec cette canaille, mais sitôt la porte refermée, elle ne leur en voulait déjà plus.
Quoiqu'elle se raisonnât et s'en défendît, elle finissait toujours par s'attendrir sur des hommes blessés ou vaincus. Brigands ou soldats, coureurs de bois ou matelots, dès qu'elle les avait soignés, elle ne pouvait s'empêcher de les aimer. Cet attachement irrésistible lui venait de la connaissance qu'elle acquérait d'eux à se pencher sur leurs douleurs. L'homme malade est vulnérable. Volontiers alors il s'abandonne et se livre, et s'il résiste il est aisé de le circonvenir. Au delà d'un caractère aigri, farouche et peu malléable, mais qui, affaibli, a perdu ses armes, Angélique finissait toujours par atteindre le cœur simple et très enfantin. Lorsqu'ils étaient remis sur pied, elle les gardait à sa merci. Ils sentaient, parfois effrayés, que désormais elle les connaissait mieux qu'eux-mêmes. Dehors, elle donna des ordres de faire porter aux prisonniers des damiers de tric-trac, des cartes à jouer et du tabac pour pétuner, afin de rendre les heures de leur captivité moins pesantes.