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Jean-Claude Kastner atteignit en fin d'après-midi la petite zone industrielle qui donne une première idée de Saint-Brieuc. Il rangea sa voiture sur le parking d'une usine d'aliments pour animaux puis chercha dans la boîte à gants un pochon de plastique opaque, fermé par un système de velcro, qu'il posa sur ses genoux sans l'ouvrir aussitôt. D'abord il se pressa les yeux, du bout des doigts mais fortement, pour les purger de quatre cents kilomètres d'autoroute.

Le pochon contenait les documents communiqués l'avant-veille à Jouve par Salvador, avec la carte Michelin 58 qui détaille la Bretagne entre Lamballe et Brest. Dans un pli de la péninsule était glissée une liste manuscrite de villages portuaires essaimés sur la côte ainsi que d'autres à l'intérieur des terres, d'ici jusqu'à Saint-Pol-de-Léon. Selon les premiers recoupements opérés par Jouve, là pouvait résider la femme - une belle grande personne blonde intimidante - représentée sur les photos sous divers angles et divers cieux. Dressant le circuit des jours à venir, Jean-Claude Kastner fit se joindre au crayon rouge, à même la carte routière, les agglomérations qu'il faudrait visiter. Une fois celles-ci reliées par une ligne brisée, comme dans les jeux des magazines, le parcours ne dessinait pas de figure identifiable et cela déçut distraitement Kastner.

Ayant replié ces matériaux dans leur étui, il démarra puis manœuvra, regagna la route nationale et roula jusqu'à Saint-Brieuc. Son véhicule garé dans le centre-ville près du marché couvert, Kastner dîna d'un couscous impérial chez un des Maghrébins qui se concurrencent du côté de l'ancienne gare, puis il trouva une chambre dans un hôtel peu étoilé face à la nouvelle. Maussadement éclairée par un seul plafonnier, la chambre était un cube aveugle sans téléviseur ni réfrigérateur, sans gamme de produits de toilette dans la salle de bains puisque sans salle de bains : dans un angle avait été seulement greffée une douche élémentaire sous un dispositif de plastique dépoli pliable, fragile et qui fuyait. Kastner s'endormit assez rapidement.

Il s'éveilla très vite aussi, deux heures plus tard, se tourna plusieurs fois dans son lit sans trouver le sommeil, ralluma le plafonnier puis tenta de reprendre un ouvrage de science-fiction dont les tenants lui échappaient encore plus que les aboutissants. Il faisait trop chaud puis trop froid dans la chambre, Kastner grelottait et suait alternativement, il n'avait pas la tête à ce qu'il lisait. Reprenant sa carte routière, il remania l'itinéraire établi sur le parking : cela changeait peu de choses mais, cette fois, le dessin obtenu rappelait vaguement un hippocampe couché. En désespoir de cause, l'homme finit par absorber un hypnotique pour s'assoupir vingt minutes après.

Des songes sans suite le traversèrent, conclus par un cauchemar coutumier. Rêve classique de vertige : Kastner s'agrippe de toutes ses forces au sommet d'un montage vertical fait de poutrelles disjointes et croisillons rouillés, surplombant un abîme. C'est un échafaudage précaire dont la peinture s'écaille et qu'un vent fort menace de mettre à bas. Kastner n'ose pas regarder le vide au-dessous de lui, il sent que ses forces déclinent et vont l'abandonner, il voit bien qu'il va lâcher prise. C'est déjà très pénible et d'ordinaire le rêve s'arrête là, c'est là que sa frayeur généralement l'éveille. Mais cette fois, non : cette fois Kastner décroche et tombe, il tombe dans le vide interminablement. Il s'éveille juste, en nage, avant de toucher le sol.

Commandé pour sept heures, le petit déjeuner se composait de café délavé, orangeade et viennoiserie industrielles. Kastner n'aurait pas le cœur à tout manger. L'hypnotique avait asséché sa bouche, coupé ses forces comme dans son rêve mais aussi presque toute sa faim ; il était courbatu, fébrile, ses doigts tremblaient un peu. Il procéda de mauvaise grâce à quelques flexions-extensions, au terme desquelles sa sueur aussi dégageait une odeur chimique qui insista même après une douche détaillée, persévérant sous l'eau de toilette. Puis il revêtit la même tenue que la veille : complet acrylique marron sur polo acrylique bordeaux. Kastner, de la sorte, était habillé comme certains représentants ou démarcheurs - professions qu'il avait plus ou moins exercées dans le passé, avec d'autres d'un prestige parent dans la division sociale du travail.

Tout le jour, à bord de sa voiture, la carte Michelin dépliée sur le siège avant droit, Kastner suivit le trajet prévu. S'arrêtant dans chaque bled, il montrait ses photos aux tenanciers de café-bar, gérants de stations-service, tripiers et pâtissiers pas encore mis à bas par les grandes surfaces. Il s'était persuadé d'être discret. La femme sur les photos, Kastner disait que c'était sa sœur ou sa belle-sœur, selon. Une fois il s'enhardit à prétendre qu'elle était son épouse mais cela le troubla, il fut ému, il ne s'y risqua plus. Les petits commerçants secouaient de toute façon leur tête en poussant leurs lèvres en avant, mais Kastner arpentait aussi les grandes surfaces. En vain toute cette journée, en vain celle qui suivit.

Le troisième jour il plut, Kastner s'était perdu. De fait il pleuvait sans pleuvoir, des gouttes infimes piquetaient le pare-brise : pas assez pour brancher l'essuie-glaces, pas assez faiblement pour s'en passer : les balais brouillaient l'écran de verre au lieu de le nettoyer. Sans doute à cause d'eux, tâchant de rejoindre un bourg nommé Launay-Mal-Nommé, Kastner avait dû rater un croisement sur la D 789, quelque part entre Kerpalud et Kervodin, pour se retrouver maintenant au beau milieu d'un lot de maisons grises anonymes. Garé sur un terre-plein devant une église immobile, un monument aux morts à gauche et sur la droite un petit cimetière marin guère plus dansant : rien pour inspirer de la gaieté à l'homme dans son auto qui essaie de décrypter sa carte routière - à présent comme un rébus - puis qui cherche distraitement son nom sur le flanc du monument aux morts, mais comme d'habitude en pure perte : ne s'alignent là que des patronymes d'origine locale, ce qui n'est pas le cas de Kastner.

Son regard se déporta vers l'église derrière laquelle un homme âgé disparaissait à peine surgi, puis deux minutes plus tard une femme longea le portail de l'édifice. Kastner, malgré tous les sens interdits de sa vie, n'avait jamais aimé demander son chemin à qui que ce fût mais l'humidité, la solitude et le silence ambiants, cette fois, l'amenèrent à baisser sa vitre et, comme cette femme passait à sa hauteur, à s'excuser de la déranger :

- Pardon, fit-il, je crois que je me suis égaré. Je cherche un embranchement que je ne trouve pas. Vous n'auriez pas l'idée d'un embranchement, dans le coin ?

Il s'agissait d'une jeune femme un peu voûtée : de petits souliers plats, des cheveux ternes mi-longs qu'on dirait faute de mieux châtains, de grosses lunettes sur un bref nez busqué - le tout maquillé violemment puis emballé dans une tenue de jogging dépareillée. Expression fermée, peut-être craintive, rien d'attrayant, pas l'air méchant. Elle s'arrêta sans s'approcher tout de suite, son corps penché de côté sous le poids d'un sac à provisions. Un embranchement, répéta Kastner, un croisement.

Elle paraissait à première vue n'avoir pas d'idées sur ce sujet, puis elle ne semblait pas avoir tellement d'idées en général. Pas l'air bien dégourdie, jugea Kastner en insistant lentement, d'une voix mieux articulée, appuyant bien son doigt sur la carte qu'il présentait de travers par la vitre baissée. Launay-Mal-Nommé, précisa-t-il, c'est là que je vais.

- Launay, dit enfin la femme sans regarder la carte, je vois bien. C'est mon chemin. Attendez que je vous dise.

Un blanc puis, d'une voix monocorde, une succession de première à droite et de première à droite, d'à gauche avant un feu, de troisième au rond-point, on ne pouvait pas se tromper, rapidement Kastner avait décroché. Ecoutez, lui dit-il, si c'est là que vous allez, je pourrais vous avancer si vous voulez. Vous me guideriez. Montez. Si vous voulez. Un autre blanc puis elle fit juste un signe de tête, avec une phrase à propos d'un car que Kastner ne comprit pas lorsqu'elle contournait la voiture par l'arrière. Elle monta, posant le sac à la place de ses pieds. Durant tout le trajet le sac gênerait ses pieds mais Kastner n'oserait pas suggérer qu'on le transférât sur la banquette arrière.

Ce trajet fournirait le spectacle uniforme de maisons grises éparses, peu semblaient habitées, pas mal étaient à vendre mais qui voudrait, s'interrogea Kastner, de celles dont les étroites fenêtres ne donnent pas sur la mer : pas moi. Pas tellement un pays pour moi. J'aime mieux le soleil et de toute manière, en tout état de cause je n'ai pas l'argent. Sur les façades exsangues on distinguait parfois, pot de fleur ou linge étendu, l'indice de l'eau, signe de vie, s'évaporant du linge en irriguant la fleur. D'autres ne respiraient plus qu'à peine, vieilles enveloppes affranchies de publicités peintes cinquante ans plus tôt, bandages herniaires et phosphatines fantomatiques.

Immobile sur son siège, lèvres presque immobiles, sa passagère indiquait mot à mot le parcours à Kastner. Lequel, en principe concentré sur la route, usait de son œil périphérique pour détailler le brusque maquillage : paupières vert pomme, deux traits violets sur les sourcils, deux ronds de blush terre cuite sur les pommettes et rouge à lèvres extraterritorial grenat. Le tout sur un fond plutôt pâlichon. L'œil périphérique déchiffra même l'heure sur un petit bracelet-montre comme on en gagne dans les foires - dix-neuf heures moins quelque chose - et repéra quelques traces rouges qui s'écaillaient sur des lunules d'ongles rongés. En amont de l'un d'entre eux, Kastner crut identifier une alliance - mais non, l'objet s'étant retourné s'ornait d'une pierre merdique verdâtre assortie de trois brillants.

On progressait vers Launay-Mal-Nommé, la jeune femme se taisait complètement à présent. Histoire de meubler un peu, Kastner jugea bon d'exposer les raisons de sa présence. Employé par une petite société privée, on l'avait dépêché dans le secteur avec mission de retrouver une personne. Pour des raisons, précisa-t-il, qui lui échappaient - sans doute quelque pauvre affaire de recouvrement de dettes, comme c'était trop souvent le cas. Veillant à ne pas frôler sa passagère, il étendit le bras vers la boîte à gants pour en extraire à l'aveuglette deux ou trois photos de la personne. Ça ne vous dirait rien, par hasard ? Elle écoutait à peine ou ne comprenait pas tout, elle dit non comme elle aurait dit oui, elle n'avait pas l'air très heureuse ni très équilibrée. Kastner sentait monter en lui de la sympathie, non loin d'une vague solidarité.

Au détour d'un virage, la jeune femme pointa son doigt (c'est là, je descends là) vers une petite maison isolée près de la route : Kastner freina tout en rétrogradant. C'était une habitation basse et grisâtre, comme nombre d'autres dans le coin, flanquée d'un jardinet. Ralliées à l'état sauvage, des fleurs indécises y cernaient un palmier jauni, à moitié mort de froid malgré le microclimat, semblant un gros balai d'éboueur planté dans le sol et poussé là. Vous n'êtes plus loin, maintenant, dit la jeune femme, c'est tout droit sur un petit kilomètre. Merci, dit Kastner, merci bien. C'est moi, dit la jeune femme, je peux vous offrir un verre ? C'est que je ne voudrais pas abuser, dit Kastner. Voyons, fit-elle avec un demi-sourire inédit. Puis, comme elle se penchait pour ramasser son sac, sa main gauche effleura comme par inadvertance la cuisse droite de Kastner. Qui frémit imperceptiblement. Puis qui dit bon, d'accord, avant de se garer sur le bas-côté. Ne laissez pas la voiture là, dit la jeune femme, je vais vous ouvrir. Bon, bon, répéta Kastner dont l'auto franchit le portail et contourna l'habitation vers une courette symétrique au jardin. Kastner coupa le contact, sortit du véhicule et claqua la portière sans retirer son trousseau de clefs du tableau de bord.

La mer n'était pas loin. Par une fenêtre latérale, sans ligne d'horizon distincte, on croyait la voir se fondre avec le ciel dans le jour finissant. Kastner était maintenant assis dans un fauteuil d'osier peu confortable, un verre à la main, des brochures en pile à ses pieds. Les meubles du séjour étaient rudimentaires, désassortis comme dans les maisons qu'on loue pour les vacances ; une douille au bout d'un fil, au milieu du plafond, pendait sans son ampoule. Après un premier verre, Kastner en avait accepté un autre puis un troisième avant que la jeune femme lui eût proposé, vu l'heure et tant qu'on y est, de rester dîner. Cela changerait de l'entrecôte-frites avalée seul à grande vitesse, il n'avait pas dit non. Puis ils n'avaient plus échangé beaucoup de paroles. Kastner entendait la jeune femme déplacer des objets de verre et de métal dans la cuisine. Incongrue, aussitôt congédiée, l'idée le traversa que toute la vie pourrait s'écouler ainsi.

En attendant il fit l'inventaire des brochures : toujours les mêmes hebdomadaires du mois dernier, un magazine de programmes télévisés, l'almanach des marées pour l'année en cours. Feuilletant ce dernier, cherchant le jour qu'on était, peu familier de ces phénomènes il lui sembla quand même comprendre qu'à cette date correspondait, pour vingt-trois heures vingt-quatre, un coefficient record de marée haute. La jeune femme repassait de temps en temps dans le séjour, rétablissant les niveaux dans les verres jusqu'à ce que le dîner fût déclaré prêt.

Elle n'avait préparé que des aliments blancs, crevettes décortiquées, pâtes et yaourts nature, assaisonnés de sauces en tube aux couleurs non moins vives que ses fards. Vin blanc. Kastner lui posant des questions sur sa vie, la femme prétendit qu'elle avait travaillé l'an passé dans une conserverie, qu'elle avait dû quitter, qu'elle était à présent sans emploi comme pas mal de gens dans la région (c'est malheureusement le cas un peu partout, commenta Kastner avec gravité) mais qu'elle donnait un coup de main deux fois par semaine chez un mareyeur de Ploubazlanec (j'ai moi-même aussi travaillé dans le poisson, fit savoir Kastner sans autrement préciser).

A la fin du dîner, assez ivre en vérité, Kastner composa quelques sinueuses formules desquelles on pouvait déduire qu'il trouvait la jeune femme bien plaisante et qu'il était, ma foi, bien séduit. Comme en le resservant elle souriait, il jugea que les choses avançaient. Comme elle ne retirait pas sa main de la sienne, il estima l'affaire conclue. L'embrassant ensuite avec voracité, debout près de la porte, force lui fut d'admettre qu'il titubait un peu. Puis avec un ricanement, ses doigts cherchant aveuglément une ouverture dans le textile adverse, il commençait d'être excité lorsqu'une sueur froide l'envahit. La femme riait en secouant la tête, doucement elle caressa la joue de Kastner avant que sa main glissât sur son cou, contre sa poitrine, et lorsqu'elle franchit sa ceinture l'homme trembla de tout son corps et pâlit. Puis, bien qu'elle se fût encore serrée contre lui, Kastner continuait de trembler. Qu'est-ce que tu as ? fit-elle à voix basse. Kastner avait du mal à s'expliquer. Viens, dit-elle, on va prendre l'air, tu vas respirer un peu. Oui, dit Kastner, si vous si tu veux.

Il n'avait pas pris garde au temps qui passe pendant le dîner. Il fut surpris que la nuit fût déjà tombée si noire, opaque et mate, concrète ainsi qu'un matériau, privée d'étoiles comme si sa consistance cachait le plafond. Tout juste si, loin dans son coin, pendait une lune réduite à son plus fin copeau. A peine passé la porte, Kastner enlaçait à nouveau la jeune femme et se permit à présent, l'air frais, l'obscurité l'encourageant, d'explorer plus avant les choses. Elle ne paraissait pas rétive à cette démarche, ainsi Kastner était content. Attends un peu, dit-elle, viens. On sera mieux par là.

Pour aller par là, s'éloignant de la route, ils s'engagèrent dans un chemin de terre entre deux plantations d'artichauts. La jeune femme allait devant, Kastner suivait au jugé, trébuchant selon les accidents du sol, décontenancé par la nuit, le rut et le vin blanc. N'apercevant même pas ses pieds, l'homme découvrit au tout dernier moment que la mer était juste là, trente mètres en contrebas. Du haut de la falaise qu'il venait d'atteindre on ne la distinguait pas, mais Kastner comprit sa présence proche à son habituel grondement sourd, traversé de convulsions. Çà et là s'écrasant sur les roches, une vague plus forte explosait en grosse caisse, ensuite s'éparpillant en frémissements de cymbale cloutée. La jeune femme parut s'éloigner vers une silhouette de petit blockhaus, format guérite à deux places - l'idéal, balbutia la conscience de Kastner.

Mais un instant plus tard, elle avait disparu derrière cet édicule. Kastner le rejoignit, le contourna sans la retrouver. Comme il allait l'appeler, s'avisant juste alors qu'il ignorait son nom, timidement il émit quelques exclamations de type hé, oh, ého - suivies d'un euh prolongé à l'intention de lui-même, penché vers la mer mais s'appuyant d'une main au mur de la guérite.

Puis, comme il basculait dans le vide sous l'effet d'une violente poussée, son interjection se transforma en un cri étranglé, gémissement horrifié qui se prolongea pendant que ressuscitaient, à l'accéléré, les sensations de son dernier rêve. Pendant sa chute il eut à peine le temps de souhaiter s'éveiller encore avant de toucher le sol mais, cette fois, non. Cette fois son corps se disloquerait vraiment sur les rochers. De l'homme nommé Kastner ne resteraient plus assemblés que ses vêtements, changés en sacs d'ossements brisés. Deux heures plus tard la marée monterait se charger d'eux, puis son coefficient record les emporterait très loin des côtes et six semaines après, méconnaissables, la mer les restituerait.

Que Jean-Claude Kastner soit d'abord parvenu à se perdre dans une région civilisée, correctement signalisée, dénote déjà qu'il n'était pas l'enquêteur le mieux avisé qui fût. Qu'il ait dû demander son chemin à une passante en dit assez de sa candeur. Mais qu'il n'ait pu reconnaître en celle-ci la personne même qu'il recherchait achève de le disqualifier. Même si cette personne a beaucoup changé.

De fait elle s'était complètement transformée. Selon les documents qu'on lui avait confiés, Kastner s'était représenté quelque élégante grande blonde à jambes interminables et talons hauts, démarche délicatement tanguée d'équilibriste et regard clair versé en pente douce sur lui. Il l'avait vue comme ça. Ce n'était plus du tout ça. Elle ne répondait plus en aucun point au signalement. Il est vrai que, depuis le temps qu'elle avait disparu, les choses avaient eu tout loisir d'évoluer.

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