Ces jolies Nordiques, crois pas que ce sont des glaçons, surtout ! Haricot Machiasse pourrait modifier son tube acoustique pour chanter « Les filles du Nord ont dans le cul le soleil qu’elles n’ont pas dehors ! »
La plupart du temps, ce que je déplore dans le coït, c’est sa rapidité. La plupart des adeptes grimpent au fade comme un écureuil au tronc d’un sapin. Quelques secondes de pâmade, et « merci pour vos dons en nature » !
Avec Carola, il en va autrement. Elle jouit longue durée, la mère. Ça la prend dans des périphéries lointaines. Puis ça se rassemble lentement, mais sûrement. Tu la devines partie pour la gagne. Tu sais qu’elle prépare la toute grande gigue culière, que tu vas assister à un numéro de haute école, au grand exploit glandulaire.
Ça lui mûrit de partout, pas un recoin de sa chair qui n’entre dans la ronde. C’est d’une beauté ! Oh ! dis donc… Le Grand Canyon du Colorado, la baie de Rio, ne sont que broutilles, comparés au prélude du fade chez cette exquise touriste. Y a grondement intérieur, comme celui des cours d’eau souterrains. La résurgence commence. Elle franchit le point de non-retour. Ses gestes deviennent plus violents, inexorables !
Et c’est la libération triomphale.
Formidables soubresauts sporadiques de ses meules. Elle paraît terrorisée par l’intensité du séisme. Elle fait « Oh ! Oh ! Oh ! OOOh ! Aooooh ! » Comme si elle découvrait quelque chose d’absolument nouveau ; constatait un phénomène glandulaire à haute tension ; était emportée par une barre océane loin des rivages enchanteurs.
Elle poursuit par des « Braouwwwa ! Jagordensplüg ! Forwingen ! » En danois d’alcôve. Elle contorsionne du bassin pour m’avoir plus complètement dans son quant-à-elle, profoundly à bloc, que je la sens m’engouffrer les roubignoles corps et âme dans sa hotte à vendanges. Sa chaglatte fait un bruit d’œufs battus en neige. Chanson de Lara !
On dirait qu’elle ne peut pas se dépêtrer de son fade, qu’elle prend un pied bot. Elle confine torture, sa jouissance, Carola. Elle va se déglinguer les organes, accoucher de son matériel de reproduction. Il me naît des inquiétudes, d’à force ! Tirer un coup, chez cette nature d’élite, l’entraîne à l’agonie, au coma dépassé.
Elle va me claquer autour de la bite, la Carola. Me faire le coup de l’anneau de Saturne pétrifié. Faudra nous désunir au scalpel électrique, peut-être au laser, va-t’en savoir.
Heureusement, elle déflaque enfin dans un hurlement suprême. Croc-Blanc ! Son cri géant traverse l’aube qui sent le poivre, la végétation pourrissante. Elle perd connaissance. Prévoyant la chose, je la soutiens. Faut tout prévoir dans mon job. Je la déshale jusqu’au sol sur lequel la Miss gît, le regard clos, le souffle haletant, émettant de légères plaintes qui passent pour un reliquat de volupté. La jouissance court sur son erre.
S’avance alors vers moi sa potesse Martha (j’sais pas si ça prend un « h » en danois ?). Coquine, elle a tout suivi dans l’ombre propice. Je distingue sa démarche floue, son regard chaviré.
— Oh ! mon Dieu ! fait-elle. Oh ! mon Dieu !… Voilà qui s’appelle mourir de plaisir !
M’empoigne le bigornuche à tête ronde, pourtant peu présentable. Messire continue de faire le chien savant, dressé sur ses pattes de derrière. Martha le pétrit frénétiquement.
— Superbe ! Superbe ! Superbe ! qu’elle psalmodie. Oh ! que c’est beau ! J’en veux ! J’en veux !
Tout en parlant, elle me ranime le joufflu, pas qu’il s’en aille dans les désenchantements et tourne capote flasque.
Femme d’expérience, elle sait les gestes qui conjurent la débandade, les initiatives coups de fouet génératrices de tonus. Si bien que je regagne vite le terrain perdu.
Pour Martha, ça va être une levrette berceuse. Tout en langueur. J’ai ouvert la portière, côté passager, afin qu’elle s’agenouille commodément et prenne appui sur l’accoudoir central. La galanterie française s’exerce en toute circonstance.
Je reconnais le terrain de ma dextre et le trouve déjà balisé. Plus qu’à opérer langoureusement. L’exercice se trouve facilité par le précieux concours de Carola qui, revigorée, me fait langue de velours dans la région de la cage aux folles ; louable entreprise dont je tire un regain d’impétuosité.
Il est presque midi lorsque nous atteignons Phuket. J’ai passé le restant du voyage couché sur les deux mini-banquettes arrière, en chien de fusil, la valise par-dessus moi.
Malgré le poids de la Samsonite, j’ai dormi, vaincu que j’étais par mes prestations amoureuses. La fatigue consécutive à la baise est une approche du paradis. Quoi de plus capiteux que cet anéantissement moelleux ?
Lorsque je reprends conscience, j’aperçois une vaste lagune d’un bleu aux reflets d’émeraude sur laquelle évoluent des voiliers miniatures. Des cris d’été, de liesse, de vacances. Les belles gourmandes ont dégagé la valtoche et m’informent que nous sommes arrivés.
J’avise alors un grand hôtel moderne, blanc, avec une étrange décoration de bois verni, de verre fumé et de plantes exotiques géantes. L’établissement se nomme The Blue Lagoon. Ces demoiselles ont retenu un appartement depuis Bangkok. Elles me demandent quelles sont mes intentions. Je leur réponds que le pauvre volé que je suis n’a plus les moyens de s’offrir un palace de cette classe. Je vais descendre dans une crémerie modeste et m’acheter des fringues, après quoi je viendrai les visiter si elles sont d’accord.
D’accord ? Tu veux dire qu’elles l’exigent ! Elles me proposent d’habiter le Lagon Bleu à leurs frais afin de m’avoir sous la main, offre que je décline. Je chique la dignité masculine, en fait je me dis que, pour habiter un hôtel, il me faut montrer mon passeport. Or, dans la situation précaire que je traverse, ce serait suicidaire.
Je prends le car-navette de l’auberge pour regagner la ville qui, franchement, ne vaut pas un coup de cidre.
A présent, je vais devoir modifier mon look. Mon short d’occase commence à puer sérieusement. Ma barbe a poussé, me donnant une touche brigande. Je pourrais tourner un remake du Cheminot où s’illustra l’inoubliable Victor Francen, lequel interprétait pourtant plus volontiers les amiraux d’escadre, les châtelains fortunés ou les diplomates en poste à la cour des tsars.
Cette évocation du père Francen me donne l’idée de tailler ma barbe en forme de collier. Un coiffeur plus ou moins indien se charge de la besogne. Son miroir piqueté me pousse à lui faire couper mes crins courtissime, et ça, crois-moi, modifie complètement ma gueule. J’ai l’air d’un officier de la Légion, ainsi trafiqué. Un marchand de vêtements me reconstitue un embryon de garde-robe : deux pantalons légers, l’un blanc, l’autre bleu, quelques chemises à manches courtes, chaussettes, shorts immaculés, mocassins blanc et bleu, sac de sport pour coltiner le tout. Dans une autre boutique, j’achète des lunettes de soleil et, dans une troisième (parfumerie), un rasoir électrique et du fond de teint très brun. Quand, dans une cabine de plage, je me suis changé et enduit de cette « terra cota », Félicie elle-même ne me reconnaîtrait pas sur la plate-forme d’un autobus.
Si Peau Neuve m’était conté !
Trois beignets à haute teneur calorique (avec l’huile qu’ils recèlent encore, tu pourrais graisser toutes les voitures d’un T.G.V.) transforment ma faim en envie de gerber.
Je bois un scotch sec en guise de vulnéraire et retourne au Blue Lagoon. De loin, je retapisse mes deux créatures de rêve sur la plage, offrant leur académie dénudée à l’impétueux soleil. Le personnel plagiste n’arrête pas de passer devant elles pour se payer des jetons qui vont finir par les énucléer.
Je me rends à leurs chevets, mon sac sur l’épaule, trimardeur de luxe.
— Ça baigne, les naïades ?
Elles bondissent sur leur séant. Leurs beaux visages s’irradient (rose). Elles me mamourent d’emblée, s’extasient sur ma transformation qui me virilise davantage encore. Te dire !
— Il fait décidément trop chaud au bord de la plage ou de la piscine, allons donc nous mettre à l’ombre, qu’elles disent.
Salopes !
Tu sais ce qui leur produit cet effet ? Mon début de barbe. Elles la sentent déjà râper leurs merveilleuses cuisses, ces belles ! Ah ! les Danoises, je te jure ! Elles font passer leur clitoris avant leur mère, dans l’échelle des valeurs.
Elle n’ont qu’une chambre pour deux, mais chouette : vaste et élégante. Je sens que je vais me plaire ici. J’y passerai des nuits enchanteresses, sans avoir à produire mes fafs. L’invité surprise. Locataire de contrebande (si on peut s’exprimer de la sorte). Le principal sera de me montrer discret.
Je dépose mon vademecouilles entre la commode de bambou et la cloison et m’installe dans un fauteuil d’osier tressé pourvu d’un repose-jambes. Une fatigue poignante m’enlève toute énergie. Je voudrais prendre une longue douche à des températures différentes et ensuite me pieuter nu entre une paire de draps frais.
Le climatiseur murmure sa chanson du froid et agite les voilages des deux lits à baldaquin. Tout est vaporeux, clair, agréable.
Je somnole. Quatre mains veloutées se mettent à errer sur ma braguette pour tenter d’établir une tête de pont.
Sir Popoff fait le dos rond ; les mômes le débriment en le laissant prendre l’air. Sans barguigner, y a dégustation des produits de la ferme. A toi, à moi ; re-à-toi, re-à-moi ! Mais pas du bâclé, hein, je t’informe. L’entonnoir à glissière, la toilette du zouave, le défilé des lanciers, le polissage du chinois, le tracé de la reine, la colonne repeinte, la balise diplomatique, la flûte de paon, la trompette de la renommée, tout y passe.
Et je finis par y passer aussi, Carola se mettant à me monter à cru, au grand dam de sa potesse.
Comme le ton monte, je leur fais valoir combien il serait dommage que leur belle amitié cède à une enfilade gratis, d’autant qu’il y en aura pour les deux.
Je n’ai pas le cœur assez grand pour pouvoir aimer deux mamans (chanson sentimentale d’avant la Quatorze), du moins ai-je le paf assez gros pour pouvoir faire reluire deux exquises jeunes filles à poils blonds. Et d’ailleurs, il suffit de prendre des dispositions adéquates, histoire de créer l’harmonie. Devenant metteur en seins, je me déloque éclair et entraîne mes blanches colombes sur le premier des deux lits venu.
Première figure du manuel : Martha allongée sur le plumard, en croix de Saint-André, Carola agenouillée au niveau de ses pinceaux et moi, derrière Carola, pour faire le fourgon de queue de ce charmant petit train. Je ne sais pas si ces deux merveilleuses font du polo sur gazon dans leur intimité, mais elles ne prennent aucune initiative. Moi, à point, je commence à fourrer Carola côté pile, appuyant sur sa nuque de manière à lui imprimer une position propice à mon dessein. Car, en l’eau-cul-rance, plus le postère est dressé, mieux s’effectue l’invasion du Martien.
Notre union se trouvant parfaitement assujettie, j’entreprends un ballet du braque sur une valse anglaise très lente, Roses de Picardie, crois-je reconnaître. Mon Dieu, qu’elle aime ça ! Toutes les femmes, il me semble. Et ce sera le titre de cet impérissable chef-d’œuvre : Mesdames vous aimez « ça ».
L’inévitable se produit. Etant attablée entre les guitares de Martha, elle part au gigot, que veux-tu. Et pas qu’un peu, mon n’veu ! Pas du bout des lèvres. Yayaïe, c’est de la gloutonnerie ! Elle va écarteler la Martha à force de peser sur ses genoux pour l’ouvrir en plein.
Ah ! non, insiste pas, je t’en dirai pas davantage : on se ferait interdire de séjour dans les librairies. Les ligues du culte viendraient bouter le feu à notre pavillon de Saint-Cloud. Les chouans radineraient à la Maison Poupoule avec leurs fourches pas aseptisées pour m’étriper.
Toujours il soit que Carola déguste sa copine de vagabondage pendant que je lui trognonne le prose. Finie la valse, je viens de passer à un air de csardas, mieux approprié. On ne doit pas gueuler la bouche pleine, mais ma partenaire ne s’en prive pas, malgré son excellente éducation. Et l’autre donc ! Tu dirais que des divas d’opéra font des vocalises pour s’entraîner.
C’est gracieux, bien mieux qu’un film « X ». Les « hard productions » sont tournées, le plus souvent, par des gerces à frime pétasse qui se bouffent la toison d’or en ayant l’air de penser à autre chose. Là, c’est d’une sincérité totale. Les intonations ne trompent pas. On sent que ces dames y vont à fond la caisse !
Au bout d’un moment de ce charmant manège, on modifie légèrement le programme. Elles permutent ! Et ça fonctionne tout aussi bien. Si ça continue, je vais pouvoir aller prendre ma douche tant espérée sans qu’elles s’aperçoivent de mon retrait de la compétition. Grande leçon de modestie. Nous sommes peu de chose, les hommes.
Fectivement, ayant débigoché pour assurer mon confort personnel, elles optent illico pour le tête-bêche de gala et la Martha laisse aller ses instincts anthropophagiques, ce qui va dispenser Carola de chiquer l’écuyère pour l’écurie Jacob-Delafon.
Ça fait songer au cycle de l’azote, en plus confidentiel.
Pendant qu’elles planifient notre étreinte triangulaire, je réalise mon rêve de douches successives. La salle de bains est d’une vasteté incroyable. Une famille maghrébine s’y installerait à trois générations. Mon dessapage étant déjà fait, je bondis dans le bac à douche et ouvre les grandes eaux jacuzesques.
Une volupté succède à une autre. Je me fais le grand jeu : savonnage mousseux, fourbissage avec la brosse à long manche, jets de plus en plus impétueux, d’abord très chauds, puis décélérants jusqu’à l’obtention d’une fraîcheur revigorante. Essorage, séchage… Dieu qu’il est savoureux de faire le ménage de son corps !
Je saute sans vergogne sur un flacon d’eau de toilette et m’en asperge complètement. Me voici paré pour de nouvelles queutées. Ces deux donzelles constituent l’une des grandes aubaines de mon existence.
Tout fanfareux, je retourne dans leur chambre. Les miss se sont endormies sur le pot-au-feu et ont conservé leurs attitudes made in Lesbos (ses oliveraies, ses godemichés, ses langues fourrées princesse).
Elles ont dû orgasmer à s’en péter les rivets, on le devine à leur total abandon. Je m’approche de leur nid d’amour, le métronome déjà en action.
Ma débandade est instantanée, totale et irrémédiable quand je constate que ces deux superbes sont mortes.
Tu as bien lisu ? Mortes !
Un ami de passage leur à tiré, à l’une comme à l’autre, une balle dans la nuque pendant qu’elles se gougnotaient le grizzli.
Le camarade en question devait se déplacer sans bruit, avec un silencieux au bout de sa rapière.
Tu paries qu’elles ont défunté sans s’en apercevoir ? En tout cas, moi je n’ai rien entendu. Il faut dire qu’avec des jets torrentueux qui te cinglent la couenne, tu perds de tes facultés auditives.
Anéanti par la stupeur, le chagrin, l’indignation et tout ce que tu voudras d’autre, je reste les bras ballants et la queue pendante.
Qu’ai-je fait au Seigneur pour qu’il m’inflige une épreuve aussi terrible ?
Je n’ai pas le temps de trouver une réponse valable à cette épineuse question car voilà qu’on frappe à la porte !