13 Restes-y

Fessiers douloureux, os gelés, courbatures, ventre creux, langue chargée et aucun dentifrice à se mettre sous la dent : on s’était réveillés dans un piteux état après notre course de la veille. Abandonnant la plage aux romantiques, il nous avait encore fallu parcourir une trentaine de kilomètres avant de se séparer pour les courses de première urgence.

Le rendez-vous avait été fixé à trois heures sur l’embarcadère des ferries. Il était moins cinq : les bras encombrés de sacs, je déambulai sur le quai du port de Lorient. L’endroit était dangereux, raison pour laquelle je marchais en guettant les angles morts. Pour le moment, tout allait bien : sur le quai, c’était la foule des grands jours — Alice.

— Qu’est-ce que tu as fait à tes cheveux ?

— Bah ! j’ai fait comme toi, répondit-elle : je les ai coupés.

Je reculai pour l’embrasser en entier. Ça me faisait drôle de la voir avec les cheveux courts — en plus ils étaient rouges après son passage chez le coiffeur pour dames —, mais au final, c’est vrai que ça lui allait plutôt bien…

— Ça fait un peu garçon manqué, évaluai-je. Sauf la couleur : très réussie.

— C’est vrai, tu aimes bien le rouge ?

— Bien sûr : je suis pas une brute.

Elle passa la main sur son nouveau pull, un bleu :

— À toi aussi ça te va bien les cheveux courts…

J’avait rasé ma tignasse brune sans états d’âme. Ça me durcissait le visage mais on ne voyait plus que mes yeux de fouine et l’air brûlant d’angoisse qui devait flotter dedans.

— L’essentiel c’est que personne ne nous reconnaisse. Tu as vu des caméras de surveillance ?

— Non, mais il doit y en avoir partout. Tu as les tickets ?

— Oui : allons-y.

Nous poussâmes les vélos jusqu’à la passerelle. La navette du matin attendait, carcasse flottante dans l’eau croupie du port. Fuyant le regard aimable du personnel à casquettes, on a grimpé à bord, rangé les vélos et pris place sur la plate-forme arrière. Alice s’accouda à la rambarde et scruta l’eau du port, songeuse. Le pont s’était rempli peu à peu de gens qui, paradoxalement, ne prenaient leur temps qu’en vacances. Enfin, une sirène envoya du gasoil dans les nuages ; sur le quai, des mains s’agitaient.

Le bateau dépassa les grues et les entrepôts qui jouxtaient la base militaire. Le continent s’éloignait au pas de l’écume.

— Tu ne parles pas beaucoup depuis ce matin, fit-elle remarquer.

— Je suis un tueur en cavale, pas une pipelette.

Alice haussa les épaules, s’adossa à un container et entama son nouveau livre, Esthétique de la disparition… Plus terre à terre, je me tournai vers le Ouest-France que consultait mon voisin. Malgré la brise qui chiffonnait la manchette, on pouvait lire, en bas à droite :

« Meurtre du député : les enquêteurs sur la piste des réseaux indépendantistes. »

N’importe quoi.


Est-ce le hasard qui fait bien les choses ou les choses qui parfois se hasardent ? Question à la con puisque le hasard, paraît-il, n’existe pas. En tout cas Alice connaissait des gens sur l’île de Groix, notamment un certain Fifi, dont le métier consistait à amarrer les bateaux venus du continent : aussi est-ce vers lui que nous nous dirigeâmes après l’accostage, poussant nos vélos lourdement chargés.

— Comment il s’appelle déjà, ton copain ?

— Fifi. C’est un ours mais il est sympa, tu verras, prédit-elle.

Fifi portait un jeans et un polo Lacoste vert aussi défraîchi que sa mine. On lui donnait entre quarante-cinq et cinquante ans mais, au teint du bonhomme, je me doutai bien qu’il en avait facilement dix de moins : râblé, la barbe brune et drue, deux yeux coupants, le nez comme un chou rouge et les mains comme des cailloux.

— Salut ! lança Alice à l’homme qui s’affairait sur le quai.

— Tiens tiens… répondit l’ours en l’apercevant. Regardez-moi qui revient dans les parages…

Il aurait dit la même chose du loup. Belle bagarre.

— Ça fait un moment, hein ? sourit-elle en passant le doigt dans un trou du polo.

— Qu’est-ce que tu fous avec les cheveux rouges ?

— Je me balade.

— Je préférais avant, railla-t-il.

— Toujours aussi réac’.

Fifi ricanait quand il vit ma figure dans son dos. Il lâcha sa touline avant de maugréer :

— Ah ! T’es chiante : t’es encore venue avec un mec !

Curieusement, je me sentis flatté de ma position de bon dernier. Juchée sur la pointe des pieds, Alice marcha en se tortillant autour de Fifi — elle faisait la Barbie.

— Fred, je te présente Fifi !

— Ça s’arrange pas toi, hein ? renvoya-t-il avant de me désigner d’un coup de tête. Bon alors, d’où il sort celui-là ?

Elle redescendit de ses orteils :

— Je l’ai trouvé sur le bord de la route. Tu sais comment je suis, toujours à me laisser attendrir.

— Ouais, ben en attendant, le dernier que tu as attendri est toujours au fond du port.

— Ah bon ? Qui ça ?

— Tu te souviens de Paulo ?

— Celui qui jouait aux fléchettes toute la journée ?

— Non, ça c’est Momo. Non, Paulo : celui qui vivait dans une cabane au fond d’un jardin, chez sa mère…

— Ah oui !

— Ben il s’est noyé, une nuit.

— Ah bon ?

— Ouais. On l’a repêché le lendemain dans le port…

Fifi cajolait sa barbe comme s’il s’agissait d’un petit animal familier.

— Encore bourré, j’imagine, fit-elle en guise d’épitaphe.

Son vieux copain ne la contredit pas :

— Bah ! Je crois qu’il en avait marre du caillou…

J’écoutais leurs divagations d’une oreille distraite, plus préoccupé par la camionnette de la gendarmerie garée près du port. Comme l’employé municipal ne semblait toujours pas disposé à me serrer la main, j’observai Port-Tudy. L’île de Groix engloutissait son nouveau lot de vacanciers, foule hétéroclite où se mêlaient shorts, caméscopes, glacières, sacs à dos, VTT, 4 × 4, et même une équipe de télévision, installée sur la cabine du capitaine. Il ne manquait plus qu’on m’arrête en direct…

— Tu sais où on peut planter la tente ? demanda enfin Alice.

— Y a des campings.

— Oui, mais on n’aime pas les gens. Tu connais un endroit tranquille ?

— Dis donc, t’es gonflée ! s’emporta le barbu péremptoire : tu débarques à l’improviste, avec un mec en plus, et il faudrait encore trouver un endroit pour planter ta tente !

— Oui.

— Avec l’autre, là !

Je me tournai vers eux : Alice me regardait comme si j’étais un cheval.

— Oui oui, celui-là…

Tout ce cirque commençait à m’énerver sérieusement. Fifi sortit alors le petit sourire qu’il cachait dans sa barbe :

— Bon, acquiesça-t-il : au pire, y a mon jardin…


De nature plus prompte à la destruction, je laissai à Alice le soin de dresser la tente. Séparé de la maison par un plan de tomates, le jardin était clairsemé d’arbres fruitiers, de cages à poules et autres clapiers. Pas de l’élevage intensif, juste de quoi régaler les copains.

Je balançai les affaires dans le fond de la canadienne :

— Et Fifi, tu le connais depuis longtemps ? demandai-je, toujours méfiant.

Elle passait le doigt par le grillage en souriant aux lapins.

— Je suis venue ici un été.

— Les cerfs-volants ?

— Non, les photos.

— Ne me dis pas que tu as fait des photos de Fifi !

— Oh ! tu sais, quand une nana s’enferme avec un type dans une pièce et lui demande de se mettre à poil avec elle, il oublie vite la photo.

— Tss…

Un jour elle tombera sur un vrai cinglé…


Avec le soir, la plage des Curés s’était comme qui dirait défroquée : Alice était partie se baigner vers le large, nue. On ne distinguait plus que sa tête, petite tache rouge dans la lumière rasante du crépuscule. La plus belle heure de la journée. Les verts crachaient de la chlorophylle, les bleus flirtaient avec la mer, même la roche engloutissait les ombres… J’empoignai le bic noir qui accompagnait le revolver dans la boîte à chaussures et, la feuille à cigarette laissant peu d’espace à la confession, allai à l’essentiel.

Ce jour, chez les Viocs…

À dix ans, je ne savais rien, ou pas grand-chose : je n’étais qu’un mioche, un rien-du-tout qu’on plantait çà et là, une mauvaise graine comme ils disaient, toujours prêt à mordre la main qu’on ne me tendait de toute façon pas, un loup en gestation, ou son symbole articulé — pour ça, les qualificatifs ne manquaient pas, les gens pour en juger non plus… Chez les Viocs, une gamine venait parfois le dimanche. Sandrine elle s’appelait. Elle n’avait pas douze ans mais à mes yeux de vaurien, elle en paraissait quinze. La pie qui l’accompagnait était une amie de la famille. Pendant que les Viocs alimentaient la conversation dans le salon, on envoyait la gamine monter jouer avec moi. Obéissante, Sandrine faisait ce qu’on lui disait. Le problème, c’est qu’elle ne disait rien. Elle attendait, sous ses cheveux bruns, qu’un rêve passe et l’emmène loin.

J’y pensais aussi, j’aurais bien voulu en parler mais elle ne comprenait rien. Rien du tout… Un après-midi, alors que les autres avaient sorti le rami sur la grande table du salon, je m’étais retrouvé une fois de plus dans la chambre du haut avec cette Sandrine. C’était en été.

— Pourquoi tu parles pas ? je lui disais. T’es sourde ou tu t’en fous ?

Elle ne bougeait pas, assise sur la chaise du bureau, seule avec son grand mystère. J’ai continué :

— Et si je t’embrasse, tu ne diras rien ? Ça te plairait même ? Dis ? Sandrine ? Je peux t’embrasser ?

J’étais culotté, comme tous les traîne-savates. J’avais dix ans. Je ne savais rien. J’avais tout oublié. Au fur et à mesure. Un vaurien comme ils disaient, les Viocs. Alors je l’ai embrassée, sur la bouche. C’est par là qu’on commençait. Sandrine se laissa faire. Même la langue, elle s’en fichait. Pas moi. J’avais vu ça dans les films, des couples qui se pourlèchent pendant des heures en soupirant longuement…

— Tu sais danser ? Hé ! Sandrine ? Tu sais danser ?

Le silence dura un moment. Alors je l’ai prise par la main.

Sandrine était plus grande que moi, pas bien belle mais déjà formée. En bas, on entendait la Vioc s’esclaffer : sûr que le Vioc avait posé son jeu d’un coup, sans prévenir, en roublard : ça l’impressionnait toujours, la gourde. On a essayé de danser un peu dans la chambre mais Sandrine non plus ne savait pas.

Je m’étais retrouvé comme un jeune imbécile. La fille, elle, souriait mollement. Qui sait, peut-être qu’on ne l’avait jamais fait danser ? Alors je me suis lancé :

— Et si je passe ma main sous ta robe, tu ne diras toujours rien ? Ça te plairait même ?

Silence de mort dans la chambre. Je n’étais qu’un mioche mais je sentais la boursouflure dans la poche de mon pantalon. Une boursouflure qui me soufflait vas-y grand con, tu vois bien que c’est dans la poche… Je plongeai la main dans sa culotte. Réaction nulle. Ma main frotta sa toison drue, descendit plus bas, se rétracta. Objet non identifié. La fille ne manifestait pas, debout sur la moquette, impassible. J’aurais pu peloter une statue avec le même engouement. Sa robe ne pesait rien. Ma main faisait tout.

— Et si…

Je ne savais pas comment je fis pour m’introduire sous sa robe, entre ses cuisses : je n’étais qu’un jeune chiot, une bête inconsciente, un sauvage comme ils disaient aussi. Il fallut un bruit suspect au rez-de-chaussée pour que je lâche enfin prise. Haletant, saisi par la peur, j’avais alors reculé vers le mur. Sandrine se tenait debout contre le rebord du bureau, les bras ballants. Je la regardais, hébété, le sexe poisseux, à moitié fou, suppliant de faire quelque chose, un geste, n’importe quoi, en vain : la fille ne bougeait toujours pas. Ses yeux regardaient le plafond, vides. Malades et vides…

Sandrine avait rencontré le loup.

*

Au début je ne pensais pas grand-chose du gingembre, avec une pensée de carpe autour de ces idées olfactives : le gingembre, goût d’Alice, m’avait fait passer du stade du primate jeté dans la fosse du consumérisme abscons à celui d’homme civilisé cherchant dans ses racines l’équilibre fragile et puissant du bon goût.

— Tu exagères ! lança-t-elle en débarrassant les assiettes.

— Quatre feuilles : il paraît que ça porte bonheur.

— Un pétard de compet’ ! gloussa Fifi en reluquant le planeur.

Nous l’avions invité à dîner au fond de son jardin, pour le remercier. Non content de nous héberger, le bougre venait de nous dégoter une gazinière, récupérée dans le garage de ses parents, qu’il avait pris soin d’installer avec une bouteille presque neuve. Un peu cinglé le Fifi mais un brave type. Hormis le four, la gazinière fonctionnait bien : Alice venait de réussir un poisson au gingembre qui, flanqué de muscadet, avait vite viré à la cuite carabinée. Forcément, on commençait à s’épancher : en bon îlien, Fifi expliqua qu’il n’avait jamais pu se faire au continent. Pas de boulot, rien que du RMI, ou alors l’usine, creuser des trous, s’écorcher sur les chantiers, porter des caisses, ranger des trucs… Pour quoi, pour qui ? Sandra ? Elle se foutait de lui, depuis le début ! La preuve, elle était partie. Alors lui était rentré. Sur l’île, Groix, le « caillou » comme il disait, où il buvait pour tromper l’ennui.

— Le continent, c’est plus possible maintenant, insistait-il en s’arrachant les poumons sur le dessert. Trop tard, il ajouta.

Je hochai la tête :

— Dis, c’est pas la Tchétchénie non plus…

Mais il n’écoutait pas :

— Moi c’est par la racine que j’me fais bouffer ! La racine !

Il rugissait.

— Bah, comme tout le monde, répliquai-je en pensant aux Viocs.

Fifi secoua la tête devant son verre, le regard sombre de celui qui a vu couler l’Amoco Cadiz.

— T’as pas grandi sur un caillou, tu peux pas savoir…

Ses yeux se perdaient au-delà des clapiers, mélancoliques. Et si, comme lui, nous étions prisonniers de l’île ?

Le voyant tituber du goulot au-dessus des verres, je réalisai qu’il était temps de bouger.

— Prends ton sac à dos, dis-je à Alice.

Elle ne posa pas de questions — c’est elle qui gardait le revolver.

Chez Ti Beudeff, la bière était bretonne et la blanche hermine à toutes les sauces. La cuite carabinée virait à la débâcle. Coude au comptoir, postillonnant sur le premier venu, Fifi racontait ses histoires d’autochtones à qui voulait l’entendre. Ce soir c’était notre tour. Avec une emphase qu’on prendrait chez d’autres pour du folklore littéraire, il dit qu’il avait vu toutes ses copines s’enfuir sur le continent, une à une, c’était comme le sang de l’île qui fuyait comme d’un animal pendu à un crochet, que la vie ne valait pas un clou et qu’il nous emmerdait tous.

Même si je ne connaissais pas grand-chose aux filles, je le traitai de menteur. Alice trouva qu’on se trompait complètement, que les filles c’était autre chose, seulement elle ne nous dit pas quoi. Alors Fifi a recommandé. On ne savait pas ce qu’il pensait de nous au juste. Sans doute qu’il s’en fichait.

Enfin, quand il en eut assez de tout ce cirque, il jeta sa main par-dessus sa tête et lança à la cantonade :

Kenavo enculés !

Avant de partir, tout à coup, fendant la foule.

— C’est ça : kenavo

De toute façon, c’était la fermeture. Je pris la main d’Alice :

— Viens par ici toi…


J’avais repéré un endroit tranquille près de la plage des Curés, le « trou de l’enfer », ça ne s’invente pas, où je pourrais expédier mon sale petit secret, et accessoirement un peu de ma violence… Les vélos zigzaguaient sur la route, envoyant la lumière de la dynamo dans les champs.

— J’en peux plus ! s’époumonait Alice, avachie sur son vélo de course.

— Moi non plus.

Nous étions fins soûls mais je pensais toujours à Sandrine, cette pauvre fille que j’avais abusée sans rien comprendre de mes instincts de sauvage. Bon Dieu, d’où je tenais ça ? De mes parents ? Ils avaient l’air de deux parfaits abrutis, pas d’obsédés sexuels. Les Viocs ? Si la grand-mère avait le sex-appeal d’un gnou, son mari semblait n’avoir pas bandé depuis la guerre d’Algérie. Non, c’était moi le seul coupable, c’était moi le loup.

Pauvre fille. Qui sait ce qu’elle était devenue…

On a alors croisé Fifi, qui errait au milieu du chemin, en proie à des démons beaucoup plus grands que lui : ses bras faisaient des moulinets désespérés tandis qu’il titubait au hasard, éructant sa dernière bière au gré de l’asphalte. Son visage était trempé, presque méconnaissable. Alice actionna sa sonnette mais le barbu ne nous vit pas plus qu’il ne nous entendit. Celui-là, il fallait le voir boire pour le croire…

Enfin, on a abandonné les vélos contre la rambarde de bois qui marquait l’accès au « trou de l’enfer » et, sous un crachin mou, marché jusqu’au précipice.

Déjà on entendait la mer gronder ses petits embruns qui, jaillissant de la saillie rocheuse, venaient fouetter nos visages échauffés par la course et l’alcool.

— La vache !

Je me tenais penché au-dessus de la béance.

— Te casse pas la gueule, dit-elle en posant son sac sur le terre-plein.

La mort était là, à mes pieds, toute proche. L’appel du vide, vertigineux. L’envie montait déjà, hosanna de la peur, la mort qui grouillait plus bas, la mort qui frappait, écumante de rage, à la porte de la Terre, sabrant la roche… La mort, oui… Seulement, je verrais ça plus tard : j’avais encore deux ou trois choses à régler. Des choses sérieuses.

Je saisis le revolver qu’elle me tendait et, évitant soigneusement ma bonne étoile, balayai du canon la voûte céleste. La lune était pleine, belle en diable. Je songeai un instant à cette part d’opacité que je traînais depuis mon enfance et attendis le choc du prochain rouleau sur les rochers pour presser la détente. Pan : quelque chose comme le remords s’est planté dans le cratère de droite.

Quelque chose qui disait restes-y.

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