XLIV

Le brigadier-chef Oblat le conduisit de la gare jusqu'au garage de Vincent Bérieux, à Vallon-de-Courcelles.

— Rien n'a été touché ? demanda Adamsberg en entrant.

— Rien, commissaire, à cause du signe. On vous attendait.

— Pourquoi le tueur n'a-t-il pas centré la corde, à votre avis, chef ? Pourquoi est-elle accrochée sur le côté ?

Oblat gratta sa nuque, trop serrée par le col de son uniforme.

— Peut-être que les bidons de fioul le gênaient, dit-il.

— Peut-être. Elle est lourde, cette chaise sur laquelle il l'a fait monter. Allez dehors, et écoutez.

Adamsberg redressa la chaise puis la laissa retomber au sol.

— Alors chef ? Entendu quoi ?

— Pas grand-chose.

— Les voisins auraient pu percevoir ?

— Ils sont trop loin, commissaire.

— Alors pourquoi a-t-il fui si vite et trop tôt ?

— Les nerfs, je ne vois que ça. Après quatre meurtres, pensez, on n'est pas d'acier.

— On peut décrocher la corde ?

— Elle est pour vous, dit Oblat en grimpant sur la chaise.

Adamsberg la palpa, comme on teste une étoffe, fit courir sa main le long des fibres râpeuses, glisser le nœud coulant, et la rendit au brigadier.

— Vous pouvez me conduire à l'hôpital ?

— Tout de suite, dit Oblat. Vous verrez, le gars n'est pas très causant.

— Les nerfs, dit Adamsberg.

— Le choc, surtout. À croire qu'il veut tout oublier, ça s'est vu.

Adamsberg entra dans l'hôpital de Dijon à presque 13 h 30, le déjeuner des patients avait pris fin. Des effluves de chou et de veau hors d'âge flottaient dans l'air. Vincent Bérieux ne l'attendait pas et regardait mollement la télévision depuis son lit, intubé et perfusé. Le commissaire se présenta, demanda des nouvelles de sa santé. Mal. Ici, à la gorge. Faim. Fatigué. Les nerfs, le choc.

— Je ne reste pas longtemps, dit Adamsberg. Votre cas se relie à quatre autres victimes.

Par un mouvement de sourcils, l'homme exprima : « Pourquoi ? Comment ? »

— À cause de ceci, dit Adamsberg en lui montrant le dessin du signe. C'était peint sur un bidon, dans votre garage. Chez les quatre autres victimes aussi. Vous le connaissez ?

Bérieux secoua la tête plusieurs fois, signe amplement négatif.

Adamsberg n'avait pas réalisé qu'il est très difficile de lire sur le visage d'un homme bouche ouverte, masquée par un tube, et traits crispés par une douleur continue. Il n'aurait su dire si Bérieux mentait ou non.

— Cette perruque blanche, vous pourriez me la décrire ?

Le malade demanda son bloc et son stylo.

Genre ancien. Comme en portaient les hommes avant, écrivit-il.

— Vous n'avez aucune idée de l'identité de l'agresseur ?

Pas du tout. Vie simple, tranquille.

— Pas si tranquille, monsieur Bérieux. Qu'est-ce qui vous pousse, de temps à autre, à quitter Vallon-de-Courcelles, sa tranquillité, sa vie paisible, la famille, pour vous rendre à l'Association d'Étude des Écrits de Maximilien Robespierre ?

Bérieux fronça les sourcils, surpris, mécontent.

— Nous savons cela, dit Adamsberg. Les quatre autres victimes y venaient aussi.

L'homme reprit son stylo.

Ne dites rien à ma femme, elle ne sait pas. Elle n'aimerait pas.

— Je ne dirai rien. Pourquoi, monsieur Bérieux ?

Un collègue m'en avait parlé. Je vais souvent à Paris, stages de mise à niveau, logiciels. Un soir, j'y suis entré.

— Pourquoi ?

Curiosité.

— Ce n'est pas assez pour moi. Vous aimez l'Histoire ?

Non.

— Alors ?

Merde. J'ai toujours eu un penchant pour Robespierre. Je voulais voir. Ne dites pas à ma femme, écrivit-il en soulignant cette dernière phrase.

— Et ensuite ? Une fois que vous avez vu ?

Merde. J'ai été capté. J'y suis retourné. Comme un gars va au casino.

— Combien de fois y allez-vous ?

Deux fois par an.

— Depuis combien de temps ?

Six ou sept ans.

— Henri Masfauré, Alice Gauthier, Jean Breuguel, Angelino Gonzalez, vous connaissez ces noms ?

Geste de la tête : « Non. »

Adamsberg tira de sa veste les photos des quatre victimes.

— Et de vue ?

— « Oui », dit Bérieux en acquiesçant, après avoir regardé plusieurs fois les photos.

— Vous vous parliez ?

On n'a rien à se dire, là-bas. On n'y va pas pour bavarder. On assiste.

— On m'a dit que vous vous connaissiez. À peine, mais un peu. Que vous échangiez quelques mots, quelques signes.

Des saluts de politesse, comme à beaucoup d'autres.

Adamsberg chercha ses yeux, baissés, mimant la fatigue. Il ne dirait rien d'autre, rien de plus. Ces autres, il les connaissait. Vincent Bérieux infiltrait l'association, comme eux. Dans quel but ? Au service de qui ? Et pour chercher quoi, durant tant d'années ?

Le malade sonna l'infirmière. Fatigue, énervement, fit-il comprendre.

— Vous l'épuisez, dit l'infirmière. Son rythme cardiaque s'est accéléré. Si c'est nécessaire, je vous prie de revenir une autre fois. Il a subi un gros choc, comprenez cela.


Son rythme cardiaque s'est accéléré, pensait Adamsberg en déjeunant sur la place de la cathédrale Saint-Bénigne, à deux pas de la gare. Vincent Bérieux avait détesté ses questions. Adamsberg repensa aux messages de François Château, la veille au soir. Le président n'avait paru ni choqué ni inquiet qu'un autre de ses membres, le cinquième, ait été agressé. Plutôt mordant, détaché. Hier soir, Château était Robespierre, indifférent au sort des autres.

Il eut Justin en ligne.

— Qu'est-ce que vous avez foutu, avec Lamarre, pendant la planque d'hier soir ? demanda-t-il abruptement. Château dit qu'il est rentré à 22 h 55, mais vous ne l'avez pas vu.

— Il a pu rentrer par les toits, dit Justin.

— Mais non, l'accès par le parking est maintenant surveillé. Qu'est-ce que vous avez foutu ?

— On n'a pas bougé d'un mètre, commissaire.

— Ce qui n'empêche pas de faire quelque chose. Lieutenant, je ne vous passe pas à la guillotine mais réfléchissez, c'est important.

— C'est-à-dire qu'à un moment, on a joué à pile ou face. La pièce a roulé un peu loin. Le temps qu'on la récupère et qu'on l'examine, je dirais une minute. C'était quand même une pièce de deux.

— Largement le temps pour Château d'entrer dans l'immeuble.

— Oui.

— Pendant que vous jouiez.

— Oui.

— Sur quoi pariiez-vous ?

— Savoir si Château allait ou non rentrer.

— Et qu'a dit la pièce ?

— Qu'il allait rentrer.


Du train, Adamsberg en « référa » par texto au commandant Danglard : « Corde décalée sur le côté, tissage râpeux, poils blancs de perruque, silence de la victime. » Il adressa le même message à Veyrenc et Retancourt.

« Comment est le gars ? » répondit Veyrenc.

« Un chat replié sur lui-même. Un chat très musclé, très costaud. »

« Tu viens à la brigade ? »

« Non. Comment est-ce ? »

« Crissant, collant, échauffé. 18 heures chez toi ? »

« J'y serai. »

Veyrenc reposa son portable. Il était si rare qu'Adamsberg ne passe pas à la brigade un samedi, en temps d'enquête, qu'il éprouvait le besoin de lui rendre visite. Non qu'il craignît que l'humeur frondeuse qui régnait dans l'équipe affecte en profondeur le commissaire. Il n'était pas perméable à ce genre d'événement nerveux, qui glissait sur la surface de son indolence. En revanche, l'opposition de Danglard était d'une autre nature et, d'une façon ou d'une autre, le commissaire devait y être sensible.


Les deux hommes avaient déjà passé plus d'une heure et demie à disséquer en vain les éléments de l'enquête, tous plus fugaces les uns que les autres. Leblond avait appelé pour avoir des détails. Un peu tendu, mais sans plus. C'était plus délicat avec Lebrun, de nouveau passé à la brigade, barbu et chevelu, alarmé par la nouvelle de la tentative de meurtre.

— Il suait, dit Veyrenc. Et cela faisait couler son fond de teint.

— Je suppose qu'il a exigé une protection plus complète ?

— Oui. Il a même demandé qu'on surveille la totalité des accès de l'hôpital de Garches. Ce qui est impossible.

— Et pour guetter qui ? Un homme dont on n'a pas la moindre idée, noyé parmi tous les entrants et les visiteurs ? On sait qu'il porte des lunettes, et qu'il marche sur ses deux jambes. Qu'a décidé Danglard ?

— Il lui a proposé de se mettre en congé, de se cloîtrer chez cet ami où il loge, ou bien de partir. Impossible aussi, à cause de son travail et de l'association. Danglard lui a affecté un homme supplémentaire, pour le calmer. Il voulait également un permis de port d'arme pour se défendre en cas d'attaque.

— Les résistances lâchent. Partout.

— Ça ne semble pas t'inquiéter.

— Au contraire, cela me plaît. Quand les résistances lâchent, le mouvement se crée. Tu comprends, Louis ? Ce mouvement qui nous manque. Cette perruque, ces poils blancs trouvés dans le garage, ils sont un mouvement. Car ils sont de trop. Comme dit Zerk, pourquoi ne pas enfiler un collant sur sa tête, comme tout le monde ? Le brigadier de Dijon m'a rappelé. Les poils sont longs et enroulés à leur extrémité. Donc tombés d'une perruque, tu imagines de quelle sorte. Ça ne mène pas loin mais le tueur a pris tout de même un risque. Pourquoi la porte-t-il ?

— Pour s'immerger dans le rôle ?

— Tu penses à Château. Mais je crois qu'il n'a pas besoin de cet artifice pour entrer dans le personnage. Ou l'inverse. Pour que le personnage entre en lui et vienne le posséder. Il sait quoi faire. Il a la clef. Bien plus puissante qu'une misérable perruque que n'importe qui peut coiffer.

Veyrenc se servit un second verre de porto.

— Tu te souviens de la mort de Robespierre ? enchaîna Adamsberg en s'animant. Du récit que nous en a fait Danglard dans la voiture ? Quand on le transporte blessé sur un brancard, quand deux chirurgiens viennent le soigner ?

— Bien sûr.

— Un des médecins met sa main dans la bouche. Il en retire un broyat sanglant, et deux dents qui ont sauté. À présent, tu es ce chirurgien. Fais un effort. Tu as, allongé devant toi, Robespierre. Celui qui il y a peu était le maître adulé du pays, l'idole de la Révolution, le grand homme. Qu'est-ce que tu fais des dents, Louis ?

— Pardon ?

— Les dents que tu as récupérées dans ta main ? Les dents du grand Robespierre ? Tu t'en fous ? Tu les jettes par terre comme un déchet trivial ? Comme si tu étripais un canard ? Réfléchis.

— Je vois, dit Veyrenc après un instant. Non, je ne les jette pas. Je ne peux pas les jeter.

— N'oublie pas, tu n'es pas robespierriste. Alors ?

— Quand bien même. Je ne les jette pas.

— Tu les gardes, affirma Adamsberg en frappant du plat de la main sur la table. Bien entendu tu les gardes. Ne serait-ce que pour ne pas commettre le blasphème de les jeter aux chiens. Mais ensuite, citoyen chirurgien, quand Robespierre est mort, quand son corps est détruit par la chaux vive pour qu'il ne réapparaisse jamais, que fais-tu ? Que fais-tu des dents ?

Veyrenc réfléchit rapidement, avalant une petite gorgée de porto, déplaçant sa jambe.

— Je ne suis que chirurgien, je ne suis pas robespierriste, résuma-t-il pour lui-même. Eh bien, quelques mois plus tard, je les confie à quelqu'un. À quelqu'un pour qui elles auront une importance inouïe et qui ne les fera pas disparaître.

— À qui ? Aide-moi, je ne sais pas.

Veyrenc se concentra de nouveau, plus longuement, compta sur ses doigts, secoua la tête, semblant évaluer les éventuels candidats, en garder et en rejeter.

— À celle qui l'a aimé follement toute sa vie. En fait, il y avait deux femmes. Mme Duplay, sa logeuse, et l'une de ses filles, Éléonore. Mais Mme Duplay s'est pendue en prison après l'exécution de Robespierre. Me reste Éléonore. Oui, je vais porter les dents à Éléonore. Il était son dieu.

— Qu'est-elle devenue ?

— Elle a échappé par miracle à la répression qui a suivi, et elle lui a survécu quelque quarante années. Mais privée de lui, sa vie s'est éteinte. Elle a vécu ce presque demi-siècle en recluse, avec sa sœur je crois. C'est un deuil qui n'a jamais pris fin.

— Donc elle n'a pas eu d'enfants ?

— Non, évidemment non.

— À présent, tu es Éléonore.

— Si tu veux.

— Concentre-toi.

— Oui.

— Vas-tu mourir, Éléonore, après plus de quarante ans de dévotion, sans te préoccuper des dents de Robespierre ?

— Certainement non.

— Alors, à qui vas-tu les remettre, quand tu te sens une femme vieillissante ?

— À ma sœur ? Elle a un fils.

— Que fait le fils ?

— Il est devenu napoléonien, je crois.

— Vérifie sur le tölva, dit Adamsberg en poussant l'ordinateur vers lui.

— C'est bien cela, dit Veyrenc après quelques minutes. Alors qu'Éléonore vit encore, son neveu est carrément devenu précepteur de Napoléon III. Trahison.

— Alors ça ne colle pas, Éléonore. À qui vas-tu les donner ?

Veyrenc se leva sur ses béquilles, alla tisonner le feu — un retour de frais en ce début mai — puis revint s'asseoir. Il frappait le sol avec sa béquille de bois, réfléchissant.

— À celui que la rumeur désignait comme le fils de Robespierre, décida-t-il. À l'aubergiste François-Didier Château.

— Nous y sommes, Louis. À quelle date meurt Éléonore ?

— Repasse-moi le tölva. Elle est décédée en 1832, dit-il après quelques secondes. Tu vois, trente-huit ans après lui.

— À cette date, notre aubergiste François-Didier Château a quarante-deux ans. Peu de temps avant, elle lui remet les deux dents. C'est cela, Louis ? Toi, Éléonore, tu lui confies les deux dents ?

— Oui.

— Conservées comment ? Comme on l'a fait pour les os islandais ? Dans une vieille boîte de pastilles pour la toux ?

Veyrenc fit de nouveau retomber la béquille au sol, en un martèlement régulier.

— C'est énervant ce bruit, Louis.

— Je réfléchis, c'est tout.

— Oui mais je ne sais pas pourquoi, cela m'énerve.

— Pardon, c'est un réflexe. Non, à l'époque surtout, les deux dents sont sûrement enchâssées dans un médaillon. En verre cerclé d'or peut-être. Ou d'argent.

— Et qui se porte autour du cou ?

— C'est fait pour.

— Et après François-Didier, où vont les dents, de descendant en descendant ?

— À notre François Château.

Adamsberg sourit.

— Voilà, dit-il. Cela te paraît possible ? Correct ?

— Oui.

— Alors il reste bel et bien quelque chose de Robespierre.

— On a tout de même une mèche de ses cheveux, au musée Carnavalet.

— Mais des dents, c'est bien autre chose. As-tu remarqué ce geste compulsif que fait toujours François Château, quand il joue Robespierre ?

— Il cligne des yeux ?

— Non, avec sa main. Il la porte sans cesse à son jabot de dentelle, à sa poitrine. Il porte le médaillon, Louis. J'en mettrais ma main au feu.

— Encore qu'en ce moment, cette expression ne soit pas très bien venue.

— C'est vrai. Et dès qu'il passe ce médaillon autour de son cou, il devient Robespierre, avec ses dents contre sa peau. Je suis certain qu'il ne le met pas quand il est à l'hôtel. Certain qu'on lui faisait porter enfant. Ces dents, ce talisman, déclenchent sa fusion totale, et même physique, avec son aïeul. Il devient réellement autre. Il devient Lui, intégralement.

— Et, quand il tue, s'il tue, il porte les dents sur lui ?

— Nécessairement. Et ce n'est plus Château qui tue, c'est Robespierre qui épure, qui exécute. C'est pour cela que je crois que la perruque est de trop. Il n'en a aucun besoin. Il possède bien autre chose qu'un déguisement.

— Mais Robespierre n'apparaissait jamais sans sa perruque. Imagines-tu Château enfiler un collant sur son visage ? Un collant de femme sur la tête de Robespierre ?

— Tu n'as pas tort, dit Adamsberg en se rejetant en arrière, bras croisés.

— Est-il à ce point habité ? dit Veyrenc, yeux au plafond, faisant à nouveau retomber la béquille sur les carreaux du sol.

Il se fit un long silence, qu'Adamsberg ne rompit pas. Il ouvrait les yeux dans le vide, et ne voyait que brume épaisse, brume d'afturganga. Il attrapa soudain le poignet de Veyrenc.

— Continue, dit-il, continue et tais-toi.

— À quoi ?

— À frapper le sol. Continue. Je sais pourquoi cela m'énerve. Parce que cela fait monter un têtard.

— Quel têtard ?

— Un début d'idée informe, Louis, se hâta d'expliquer Adamsberg, de peur de se perdre à nouveau dans la brume. Les idées sortent toujours de l'eau, d'où crois-tu qu'elles viennent ? Mais elles s'en vont si l'on parle. Tais-toi. Continue.

Bien qu'accoutumé aux cheminements improbables d'Adamsberg et à la confusion de ses pensées, Veyrenc observa avec un peu d'inquiétude sa posture, yeux très ouverts, sans pupille, lèvres fixes. Il continua de cogner le sol avec la béquille. Après tout, ce rythme pouvait aider, accompagner la vibration des pensées, comme lorsqu'on marche au pas, comme lorsqu'un train vous berce.

— Cela m'évoque Leblond, dit Adamsberg, le soyeux Leblond. Tu sais, à la dernière séance, le serpent dans l'herbe. Qui jouait-il alors ?

— Fouché.

— C'est cela, Fouché. Continue.


Après quelques minutes, Veyrenc fut tenté d'arrêter ce jeu mais Adamsberg, d'un geste tournant de la main, lui fit signe de poursuivre. Jusqu'à ce qu'il se lève brusquement, enfile sa veste, encore lestée de son holster, et traverse le jardin en courant. Veyrenc le suivit en boitant, le vit continuer sa course au long de la rue, monter en voiture.

— Je reviens ! cria-t-il.

Et Veyrenc le vit passer la première, la seconde, et disparaître au coin de la petite rue.

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