Je suis parti et je courus vite rue du Roy-le-Beau pourvoir si Mlle Dreyfus n’était pas rentrée mais il n’y avait personne. J’ai voulu laisser les violettes devant la porte mais j’avais de la peine à m’en séparer, c’était le dernier lien qui m’unissait à Mlle Dreyfus et je suis rentré chez moi à pied avec elles. Je marchais dans les rues du grand Paris avec mon foulard, mon chapeau, mon pardessus et mon verre d’eau et je me sentais un peu mieux, à cause du courage du désespoir. Je regrettais à présent de ne pas avoir fait l’amour avec la bonne pute – je répète pour la dernière fois, ou je vais me fâcher, que je prends ce mot dans son sens le plus noble et le plus heureux – car j’éprouvais un surplus américain de moi-même pour cause d’absence et de zéro, dont seules la tendresse et une douce étreinte pouvaient me débarrasser. Lorsqu’on tend au zéro, on se sent de plus en plus, et pas de moins en moins. Moins on existe et plus on est de trop. La caractéristique du plus petit, c’est son côté excédentaire. Dès que je me rapproche du néant, je deviens en excédent. Dès qu’on se sent de moins en moins, il y a à quoi bon et pourquoi foutre. Il y a poids excessif. On a envie d’essuyer ça, de passer l’éponge. C’est ce qu’on appelle un état d’âme, pour cause d’absence. Les bonnes putes sont alors d’un secours bien connu mais que l’on passe sous silence et sous mépris, pour éviter la hausse des prix. Mais moi je trouve que la vie pour rien, c’est ça, la vie chère.
Je me suis rappelé que Greta dispensait chez une dame en appartement et qu’on y était reçu jusqu’à une heure du matin, à cause des cas d’urgence. J’avais l’adresse dans mon portefeuille, chez Astrid, 11 rue des Asphodèles, dans le quatorzième. Je pris un café au comptoir en face pour me tenir compagnie jusqu’à une heure moins dix, car à ce moment-là on n’attend plus personne, on croit que c’est fini et quand le client arrive, c’est la bonne surprise. Je montai à moins douze pile et je sonnai. Une femme de chambre m’ouvrit et derrière elle il y avait une dame bien et tout sourire.
— Bonsoir, madame. Je voudrais Greta.
— Greta n’est pas de service aujourd’hui. Mais j’ai trois autres jeunes femmes charmantes. Entrez. Je vous les ferai voir.
J’entrai dans un salon avec des bibelots et des meubles et me suis assis dans un fauteuil mou. J’étais très gêné d’avoir à choisir, car je ne voulais pas avoir l’air de préférer une fille à l’autre, pour ne pas faire de la peine, à cause de la fierté féminine. Je voulais prendre la première avec enthousiasme mais la dame s’interposa.
— Attendez, il y en a encore deux. Il faut les voir toutes. C’est la règle ici, vous savez, pour donner à chacune sa chance.
La deuxième était une Vietnamienne vraiment bien sous tous rapports, mais j’étais gêné de faire ça avec elle, à cause des horreurs au Vietnam. C’est difficile d’être heureux dans de telles conditions.
— J’ai encore une Noire, dit la personne, et elle fit entrer Mlle Dreyfus.
J’écris « elle fit entrer Mlle Dreyfus » d’une manière tout à fait indicible, faute de cataclysme expressif à ma portée. Je ne puis en effet décrire l’effet inattendu que me fit l’entrée de Mlle Dreyfus dans le salon. Je fus pris d’une sorte de bonheur, car elle n’était pas en Guyane et tout devenait soudain à nouveau possible, accessible et abordable, on pouvait enfin se rejoindre dans la plus grande simplicité. Il y avait enfin un bon Dieu dans ce bordel.
Elle portait des bottes à mi-cuisses et une minijupe noire en cuir.
Elle s’arrêta devant moi et je dus faire un effort terrible pour demeurer mine de rien et ne pas lui donner l’impression que je ne croyais pas aux contes de fées.
Elle était là. C’était bien elle. Ce n’était pas un conte de fées. Elle n’était pas partie en Guyane avec son accent chantant des îles. Elle avait simplement changé d’affectation.
J’étais tellement heureux en serrant mon chapeau contre ma poitrine, que la mère maquerelle – j’emploie ce mot dans une odeur de sainteté – sourit avec psychologie en voyant ma mine euphorique et couverte de sueur froide, et dit :
— Je vois que vous avez fait votre choix. Par ici.
J’avais les jambes qui flageolaient sous l’effet de cette expression et du bonheur à l’idée que Mlle Dreyfus n’était pas partie en Guyane avec son doux accent des îles, et que tout est bien qui finit bien.
J’éprouvais également des inquiétudes épouvantables par crainte de manifester le plus léger étonnement ou un hurlement atroce et incontrôlé, par élégance, car Mlle Dreyfus pouvait s’imaginer que j’étais étonné de la trouver dans un bordel et il fallait me montrer à la hauteur, pour ne pas la peiner.
— On ne peut pas être juge et parti, lui dis-je avec esprit.
Elle ne m’entendit pas, car elle marchait devant moi et nous entrâmes dans une chambre très agréable, sans fenêtre mais avec un grand lit partout et des glaces sur le mur pour voir ce qu’on fait. Mlle Dreyfus ferma la porte avec intimité, vint vers moi, mit ses bras autour de ma nuque, appuya son bas-ventre contre moi et me sourit.
— Qui est-ce qui t’a dit que je travaillais ici ?
— Personne. J’ai beaucoup de chance, c’est tout. Un coup de pot. Tenez… Tiens…
Je l’ai tutoyée. Comme ça, tout naturellement.
— Tiens.
Je lui ai tendu le bouquet de violettes. Il ne restait presque plus d’eau dans le verre à force de marcher et d’émotion.
— Tu vois, tu devais savoir où me trouver, puisque tu m’apportes des fleurs.
— Il y a des coups heureux. Au bureau, on m’a dit que tu étais partie en Guyane.
Elle se déshabillait. Comme ça, sans aucune gêne, comme si on ne se connaissait pas.
Moi, je n’osais pas encore enlever mon pantalon. Ça me paraissait à l’envers. C’est mal fait. On devrait enlever son pantalon après, quand tout est fini, on se quitte. Moi, je vous dis que c’est à l’envers.
— En Guyane, répétai-je, car je voulais lui montrer que je n’avais pas perdu la tête et que je savais où j’étais.
Elle s’était installée sur le bidet en me tournant le dos pour la pudeur.
— Oui, je leur ai raconté ça, c’était plus simple. Avant, je venais ici seulement après le travail, mais il fallait être au bureau le lendemain à neuf heures et c’était éreintant. Le bureau, j’en avais ralbol, c’est trop ingrat comme travail. Je venais ici le soir claquée, excédée. Ça me gâchait mes soirées. C’est pas humain, le bureau, les machines, toujours le même bouton qu’on appuie. Ici, c’est peut-être pas considéré, mais c’est beaucoup plus vivant et il y a du changement. C’est plus social, il y a le contact humain, c’est plus personnel. On participe à quelque chose, tu vois ce que je veux dire ? On fait plaisir, on existe. Excuse-moi l’expression, mais le cul, c’est tout de même plus vivant que les machines à calculer. On se rencontre. Il y a des types qui arrivent ici malheureux comme des pierres et qui sortent améliorés. Et puis, tu sais, si on ne pouvait pas acheter de l’amour avec de l’argent, l’amour perdrait beaucoup de sa valeur et l’argent aussi. Ça fait du bien au pognon, je t’assure. Il en a besoin. Qu’est-ce que tu veux, quand tu peux te taper une belle fille pour cent cinquante francs, tes cent cinquante francs ont beaucoup plus de gueule, après. Ils prennent une tout autre valeur. Au moins on sait que le pognon veut vraiment dire quelque chose, que ce n’est pas rien.
Elle était debout, s’essuyant l’intimité avec la serviette. Du coup, je n’ai plus eu d’inhibition, je me sentais tout à fait dans mon espèce, et je me suis mis nu, moi aussi.
Je lui ai touché les seins.
— Tu es belle, Irénée, lui dis-je.
Elle m’a touché aussi, en souriant.
— Oh dis donc ! fit-elle, avec compliment.
Je sentis que je grandissais dans son estime.
Je pensais aussi en général, je pensais à l’ordre des grandeurs et à l’Ordre des Médecins et à leur communiqué en vue de préserver l’entrée libre et sacrée du foutre dans l’avortoir, mais ce sont des personnes très distinguées et garanties d’origine, qui n’ont pas vécu à la portée de toutes les bourses.
Elle hésita un moment en gardant sa main sur ma voie d’accès au droit sacré.
— Pourquoi tu vis avec un python ?
— Nous avons des affinités sélectives.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Comme ça se prononce. Affinités sélectives, électives et affectives, en raison de recherches infructueuses. C’est dans le dictionnaire, mais il faut se méfier, car les dictionnaires sont là dans un but prometteur. Affinités, je ne peux pas dire non, évidemment. Je ne sais pas du tout ce que cela signifie, c’est pourquoi je pense que c’est quelque chose de différent. J’emploie souvent des expressions dont j’ignore prudemment le sens, parce que là, au moins, il y a de l’espoir. Quand on ne comprend pas, il y a peut-être possibilité. C’est philosophique, chez moi. Je recherche toujours dans l’environnement des expressions que je ne connais pas, parce que là au moins on peut croire que cela veut dire quelque chose d’autre.
Elle tenait toujours la main sur mes possibilités qui ne cessaient de grandir.
— Toi, tu es un vrai poète, dit-elle mais pas du tout méchamment.
— Viens que je te lave, ajouta-t-elle.
Je ne voulais pas faire le différent et je m’assis sur le bidet comme tout le monde.
Elle se pencha et jeta un peu d’eau sur ma voie d’accès au droit sacré à la vie.
Ensuite elle s’agenouilla devant le sacré et commença à me savonner le cul.
Je calculai mentalement qu’avec tous les soins que j’avais reçus dans ce domaine, je devais avoir le cul le plus propre du monde.
— Vous savez, je ne vous demanderai pas ce truc-là, lui dis-je en la vouvoyant, pour élever un peu nos rapports humains.
— C’est plus civilisé d’être propre partout, dit-elle.
— Il y en a beaucoup qui le demandent ?
— Beaucoup. C’est dans le vent, en ce moment. Tout le monde veut se libérer, c’est le grand truc dans toutes les revues féminines. Il ne faut pas refouler, c’est la psychanalyse.
— La liberté éclairant le monde, c’est connu, dis-je.
— Et tu sais, une fois que c’est bien propre, on peut tout faire.
— Les gens veulent toujours l’impossible, remarquai-je. Et c’est la feuille de rose.
— Et puis, c’est important pour notre dignité de bien laver le client, dit-elle. C’est psychologique. Comme ça, on se dit que ce n’est pas très différent de ce que les infirmières ou les bonnes sœurs font avec dévouement. C’est bon pour notre moral. Remarque, moi, je n’ai pas de problème. Je suis très nature.
On s’est levé.
Je pris la serviette, merci, et je me suis essuyé moi-même.
Elles vous lavent mais elles vous laissent toujours vous essuyer vous-même.
Elle s’est déroulée à côté de moi sur le lit de toute sa longueur et commença à me sucer les tétons.
Ça brûlait à l’intérieur. Ils n’ont pas encore trouvé un savon, ou alors la pub ne fait pas son métier. Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire. Je dis fermement comme je le pense et avec les larmes dans les yeux que l’agence Publicis ou les jeunes agences dans le vent devraient proposer un savon très doux pour feuilles de rose, avec affiches à l’appui, comme on faisait pour le bébé Cadum. Je pense que la pub n’a pas encore trouvé sa vraie place et qu’il y a des points de vente qu’elle néglige.
Je m’essuyai les yeux discrètement pour ne pas avoir l’air.
— Fais-moi un gros câlin, murmurai-je.
Ça brûlait un peu moins, le temps faisant bien les choses.
Elle me regardait non sans étonnement. Je crus d’abord qu’elle voyait mes écailles mais je me débarrassai de ce préjugé dans un effort de normalisation.
— Pourquoi tu pleures, chéri ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
— Il y a de quoi, je suis heureux.
— De quoi pleurer ?
— De quoi tout. Fais-moi semblant.
Elle me fit semblant avec beaucoup de métier. Elle s’enroula autour de moi avec bras et jambes. Elle posa sa tête sur ma poitrine avec les consolations de l’Église. Ses poils étaient encore un peu mouillés, car elle en avait avec abondance, mais je pensais aux gouttes de rosée, à l’aube, à la tendresse matinale. Je continuai à pleurer un peu du nez par ablation de l’espoir. Je ne me sentais pas trop différent de tout le monde, avec le savon qui brûlait dans mon cul. Je ne faisais plus le prétentieux avec autre chose et ailleurs, j’étais démographique, avec voies d’accès et droit sacré à la vie. J’avais repris place. C’était le billet à destination avec contrat social et plein emploi.
Je décidai de donner dès le lendemain Gros-Câlin au jardin zoologique. Il était différent. Je n’avais plus le droit de le garder. C’était vraiment quelqu’un d’autre.
Mlle Dreyfus fit glisser sa main gauche et commença à me flatter délicatement. Il en eut tout de suite pour deux.
— Dis donc, t’es un rude gaillard, dit-elle pour le compliment d’usage, avec hommage et estime.
Je pensais à la bonne pute aux Halles qui m’avait dit « viens, je ferai dégorger ta limace », et une autre avec esprit qui m’avait lancé « alors, chéri, tu m’enviandes ? » Ce sont des expressions bon enfant qu’il faut prendre à la bonne franquette et à la légère.
Je ne pleurai plus du tout, faute de produits de première nécessité pour faire des bombes à domicile.
— Serre-moi très fort dans tes bras, mon amour, dis-je à Mlle Dreyfus envers et contre tous.
Elle me serra très fort dans ses bras et me caressa dans ce silence au goutte-à-goutte qui fait bien les choses. La tendresse a des secondes qui battent plus lentement que les autres. Son cou avait des abris et des rivages possibles. Elle était vraiment douée pour la féminité.
— Tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu gardes un python chez toi…
— C’est ressemblant.
— Ressemblant à quoi ?
— C’est différent, je veux dire.
Elle réfléchit, mais ça fermait à une heure trente et elle rampa à petits bécots vers mon sens unique et commença à me prodiguer ses soins.
On s’est rhabillé. C’était cent cinquante francs sans compter.
— C’est quand même un truc extraordinaire, l’argent, lui dis-je de bonne humeur. Ça facilite tout. On se rencontre, on se rejoint et on se retrouve.
— C’est un truc vrai et honnête, l’argent. Ça ne ment jamais. C’est là, noir sur blanc. Il est très nature. C’est pourquoi il a tant d’ennemis.
— La nature fout le camp, c’est écologique, dis-je.
— C’est ressemblant, voilà.
On s’habillait toujours en parlant pour ne pas rompre trop brutalement les rapports et avoir l’air que c’est fini et qu’on n’a plus rien à se dire.
J’hésitai un peu.
— J’aurais dû te le demander avant, mais maintenant qu’on se connaît mieux… Vous ne voudriez pas venir vivre avec moi ? Je donnerai mon python au jardin zoologique.
Elle devint grave et secoua la tête.
— Non, vous êtes gentil, mais je tiens à ma liberté.
— Vous l’aurez avec moi. La liberté est une chose sacrée.
Elle avait pris un petit air obstiné.
— Non, mon indépendance avant tout. Et j’aime ce que je fais. Je soulage, j’ai un rôle, j’aide les gens à vivre. C’est bien plus fort ici que dans les hôpitaux. Les infirmières, ça reste toujours à côté. Je viens ici parce que j’aime.
— C’est très religieux.
— Non, je fais pas la pute parce que je crois au bon Dieu, pour lui, non. C’est pas du tout parce que c’est chrétien, ou quelque chose comme ça. J’aime bien, c’est tout. Et puis, quand je suis payée, je sais que j’ai de la valeur. Combien de femmes se font vraiment payer, qui savent qu’elles valent vraiment quelque chose ? La plupart font ça pour rien, elles se prostituent, se gaspillent. Elles se donnent pour rien, comme si elles ne valaient rien. Non, j’aime bien.
— Vous pourrez continuer à venir ici, je ne demande pas tant. Dans un couple, il faut respecter la personnalité de chacun. Je suis pour la liberté du couple.
— Non, vraiment, vous êtes très gentil, mais non. Vous pouvez toujours venir me voir ici, c’est beaucoup plus commode. Aujourd’hui, il ne faut pas se compliquer la vie.
Elle ouvrit la porte. Je jetai un regard à mes violettes, sur le lavabo. Et puis de toute façon, ça se fane.
— Ne leur dites rien, à la STAT, ça vaut mieux, me dit-elle. Remarquez, c’est là-bas que j’avais honte de faire ce que je faisais, pas ici. Allez à bientôt au revoir.
Je suis sorti.
Je saluai la patronne.
— Revenez nous voir, dit-elle.
Je suis descendu, j’entrai au café et passai dans les lavabos où je me suis enfermé dans les chiottes pour mettre de l’ordre dans mes idées et respirer un peu. J’avais besoin d’un endroit bien isolé entre quatre murs pour voir si j’étais là. Je suis enfin parvenu à me dénouer et à rentrer chez moi.
Je sifflotai.
Je me sentais bien.
La nature reprenait le dessus. J’avais un peu faim et je suis allé prendre Blondine dans sa boîte. J’ouvris la bouche pour l’avaler mais au moment où je la mettais sur ma langue, je compris que c’était justement la nature qui reprenait le dessus et que moi j’étais contre les lois de la nature avec environnement, conditionnement et droit sacré à quelle vie, il y en avait marre, ça suffit comme ça. J’avais très faim, j’avais déjà posé la souris sur ma langue et j’avais terriblement envie de l’avaler, mais je n’allais pas me soumettre comme ça aux lois de la nature, merde. Je remis Blondine dans sa boîte, toute mouillée. L’humain, il y en a marre.
Je dormis très mal et courus à plusieurs reprises à la salle de bains pour me laver le cul, mais en vain.
La voix de la nature était terrible mais j’ai tenu bon jusqu’au matin et je donnai Blondine à la patronne du Ramsès qui voulait depuis longtemps une petite chose vivante et tendre avec des oreilles, tout le monde ne pense qu’à bouffer. Je suis rentré à la maison mais là je trouvai trois souris que madame Niatte avait apportées pour moi et je n’ai pas pu, je les avalai l’une après l’autre, après quoi je me suis enroulé sur moi-même dans un coin et j’ai fait un petit somme.