XXIII

À vingt heures trente, alors que les cinquante flics patrouillaient dans Louviec et que les soixante autres assuraient le cordon du périmètre, Gilles Lambert avait déjà préparé avec grand soin toute l’opération. « Belle stature » avait dit le patron à propos de la future victime. Avec son un mètre quatre-vingt-sept et sa lourde carrure, Lambert ne redoutait rien, surtout que le gars serait pris par surprise. Et si le chien aboyait ? Un coup de couteau dans la gorge, il n’était pas à ça près. Ou bien il couperait la laisse et le clebs partirait en courant, ravi de l’escapade. Gilles avait tapissé son coffre de plastique fin, au cas où le sac-poubelle fuirait. Il avait également pris la précaution de plastifier son siège avant et d’emporter trois paires de gants et non deux. Le tout était déjà proprement plié dans le sac-poubelle et tenait très peu de place. Le couteau était dans la boîte à gants, avec l’œuf. Les plaques étaient changées, avec les mêmes vis. Il contrôla ses pneus : l’avant gauche avait une encoche, et c’était embêtant. Il mit sa roue de secours – qui n’était pas neuve – à la place. Il avait mémorisé le plan six fois de suite avant de le brûler et aurait pu le dessiner par cœur. Départ à vingt heures trente-cinq. Cinquante mille euros, le patron ne lésinait pas sur ce coup. Il ne pouvait se permettre la moindre faute. Au plus tard, en comptant l’aller-retour à Fougères, il serait de retour à vingt-deux heures quarante-cinq. La lumière filtrerait sous la porte de son garage mais les voisins avaient l’habitude de le voir sans cesse soigner et bricoler sa voiture.

À l’heure prévue, il se lançait sur la route de Louviec, parfaitement calme, chacun étant attablé chez soi. À vingt heures quarante-cinq, il passait la voie ferrée, puis la route boueuse et s’engagea en marche arrière dans la chaussée pavée. Il retourna à pied jusqu’au croisement avec la route, sa voiture était invisible derrière les feuillages. Les lumières de la maison, toute proche, étaient déjà allumées, le type était chez lui. À cinq mètres du portail, un vieux noisetier aux branches basses et touffues collait à la haie. Ce serait parfait pour sa planque. Il revint à sa voiture, mit ses gants, passa son pantalon et blouson K-way, enfila ses chaussures dans des sacs plastique qu’il noua fermement, glissa le couteau à sa ceinture côté gauche, déposa délicatement l’œuf dans sa poche droite et, raffinement supplémentaire, un morceau de viande préparé pour le chien.

C’était bien la première fois qu’il devait tuer avec un œuf en prime. Ce type devait être totalement cinglé. Gilles s’assit commodément derrière le noisetier et estima que, depuis chez lui, l’homme avait trente mètres à parcourir avant d’atteindre son portail. Gilles avait donc largement le temps de se préparer à l’assaut dès qu’il l’apercevrait.

Après vingt-cinq minutes d’attente, il vit s’ouvrir la porte de la maison. L’homme sortait, tenant en laisse un chien de taille impressionnante et Gilles, accroupi à présent, couteau dans la main gauche, se félicita d’avoir pensé à la viande. Dès que le maître et le chien franchirent le portail, la bête leva son museau brun et gronda. Il avait senti une présence étrangère. Gilles lança la viande dans l’herbe, tout près de la route, et le chien se mit à renifler nez au sol puis se précipita sur le morceau. L’homme aux cheveux blancs avait baissé les yeux, arrêté près de son chien.

— Qu’est-ce que tu bouffes, Jef ? T’as pas ramassé une saleté de charogne ? Allez, viens, laisse ça.

L’homme tirait sur la laisse mais le chien tenait bon, tout à son affaire de viande. C’était le moment. Gilles prit son élan et enfonça un premier coup de couteau. L’homme s’affaissa au sol et le chien hésita une seconde entre sa viande et cet inconnu. Gilles récupéra le couteau, trancha la laisse et l’animal partit en bondissant sur la route. Puis il asséna le second coup de couteau à gauche, près du sternum, passa entre deux côtes puis l’enfonça jusqu’à la garde. Il vit les yeux de sa victime se révulser, le sang monter à ses lèvres. Gilles se redressa, l’affaire était faite. Il prit rapidement le chemin du retour quand il fit soudain halte. L’œuf, bon sang, cette saleté d’œuf, il l’avait oublié. Il revint à l’homme agonisant, ouvrit les doigts de sa main gauche, sortit l’œuf de son cocon de coton et d’aluminium et referma le poing dessus. De retour à sa voiture, il en finit avec les dernières étapes. Il avait laissé son coffre ouvert de dix centimètres, assez pour le soulever de son coude, trop peu pour enclencher la veilleuse automatique. Dans le sac-poubelle, il fourra dans l’ordre les protège-chaussures, le blouson, le pantalon, les débris de l’emballage de l’œuf et enfin les gants. Les mains propres, il referma le tout, dont le petit volume entrerait facilement dans une poubelle publique. Par précaution, il enfila une paire de gants neufs et prit la direction de Fougères qui allait recevoir ce précieux et sanglant dépôt. Il avança doucement sans feu jusqu’à la route, alluma ses feux de croisement et prit sur la gauche. Le tout ne lui avait pris que six minutes, quatre s’il n’y avait pas eu cette foutue affaire d’œuf. Il avait conscience qu’il transportait dans son coffre un colis aussi dangereux qu’un sac d’explosifs et roulait sans dépasser les limites autorisées.

Il eut la chance à Fougères que le feu passe au rouge juste à côté d’une poubelle, il y déposa son sac et reprit calmement sa voiture. Mission accomplie à la perfection. Ne restait, une fois dans son garage, qu’à inspecter les sculptures des pneus, remettre en place les plaques d’origine, ôter les plastiques qui couvraient le coffre et son siège. Il aurait le temps d’attraper son feuilleton de vingt-trois heures trente, des histoires de flics mais surtout de tueurs qui, à son goût, s’y prenaient vraiment comme des manches. Gilles ne se disait pas « Bon sang, j’ai tué un homme ». Cette pensée ne l’effleurait même pas.


Le chien en eut vite fini avec sa viande et profita de sa liberté un bon moment avant de revenir au bercail. Il trouva son maître allongé près du portail, posa ses pattes sur son ventre, le martela, lécha son visage, puis s’assit à ses côtés, hurlant à la mort. L’épouse assoupie ne réagit pas mais le chien de la maison proche, oui, qui se mit à hurler à la mort de concert. Très vite et de chien en chien, tout le quartier résonna de hurlements lugubres. Il était vingt et une heures quarante quand le voisin décida d’aller prospecter les environs avec son fils. C’était le grand chien du docteur qu’on entendait le mieux et il avança à pas vifs vers son domicile. À dix mètres de sa grille, il vit le médecin au sol, courut jusqu’à lui et prit son pouls.

— Ne t’approche pas, dit-il à son fils en levant une main qui tremblait. C’est le docteur, il est mort.

— T’appelles les flics ?

— J’appelle Johan. Les flics sont dans Louviec, ça ira plus vite.

Johan finissait de ranger la galerie après le départ des cohortes d’hommes. Chateaubriand avait attendu que les lieux soient vidés pour venir boire un verre à l’auberge, parcourant les rues bardées de policiers.

— En tous les cas, disait Josselin, j’ai la paix pour le moment. Depuis qu’ils ont trouvé un gars qui achetait les couteaux. Mais ils n’ont pas le gars.

— Moi, dit Johan, je ne vois pas ce que ça prouve. Vous auriez très bien pu charger un type d’aller vous chercher cela à Rennes.

— Mais c’est vrai, dit Josselin en se tournant vers l’aubergiste, le fixant avec étonnement de ses yeux mélancoliques. Et tu crois cela ?

— Pas une seconde.

— Et pourquoi pas ?

Johan haussa les épaules en souriant. Il avait du temps, les extras finissaient de servir les derniers clients du rez-de-chaussée.

— Vous ? dit-il. Frapper comme un cinglé ? Impossible. Et puis un Chateaubriand ne peut pas se permettre d’être un assassin. Ça salirait le nom.

Josselin sourit à son tour et tendit son verre.

— Et il y a un troisième truc que vous oubliez aussi, dit Johan en servant deux verres et s’asseyant face à Chateaubriand. Je ne trahis rien, ça a fini par être dans le journal.

— Quoi ?

— Les rivets.

— Eh bien ?

— Ceux de votre couteau étaient dorés. Ceux que le gars a achetés ont des rivets argentés.

— C’est moins bien, dit Josselin en faisant la moue. Un Chateaubriand ne peut pas se permettre des rivets argentés. Ça salirait le nom.

— Vous pouvez le dire.

Leurs rires couvrirent un instant la sonnerie du téléphone.

— Ton portable, dit Josselin, il sonne.

— Merde, je suis crevé, moi. Cinquante hommes à nourrir plus la clientèle, croyez-moi, c’est pas de la blague.

Johan descendit jusqu’au bar avec son verre et décrocha.

— La police ? Mais elle patrouille dehors avec tous les gars.

— Débrouille-toi, fais vite. Il s’agit du docteur Jaffré, 2 rue de la Vieille-Chaussée. On l’a tué. Appelle le commissaire en chef.

Johan s’exécuta, les doigts tremblants.

— Adamsberg ? C’est Johan, haleta l’aubergiste d’une voix abattue. Yann a appelé depuis chez le docteur. On l’a assassiné devant son portail. Comme les autres. Le docteur… rends-toi compte, même le docteur.

— Nom de Dieu, Johan, je te jure que je l’aurai. Qui est ce Yann ?

— Yann Radec. Il n’habite pas loin de chez le médecin. Tous les chiens se sont mis à hurler à la mort dans le coin et Yann a voulu savoir ce qui se passait.

— Qu’est-ce qu’il fait ?

— De la photo. Des portraits, des mariages, des choses comme ça.

Adamsberg prévint son équipe et celle de Matthieu, le médecin légiste, les techniciens, et fit venir dix hommes pour prospecter les alentours. Personne n’était encore sur les lieux quand il arriva.

— Vous êtes Yann Radec ? demanda-t-il à l’homme qui attendait près du corps, tête penchée, bras serrés contre lui.

— Oui.

— Commissaire Adamsberg. Vous avez vu quelque chose ?

— Non, c’est son chien qui a hurlé à la mort. Ça s’est communiqué à tous ceux du voisinage et finalement, j’ai décidé de venir voir ce qui se passait.

— À quelle heure ?

— Vers dix heures moins vingt, je crois. Mais ça faisait un moment qu’il aboyait. C’est notre chien qui l’a entendu, pas nous. Bon sang, tout Louviec était surveillé et le périmètre de sécurité contrôlé. Comment a-t-il fait, commissaire, comment ?


Les escortes d’Adamsberg et de Matthieu les rejoignirent en quelques minutes, tandis que les dix flics patrouillaient en périphérie. Mercadet dormait.

— Il vaudrait mieux que vous rentriez chez vous, monsieur Radec, dit Adamsberg, on doit boucler la zone. Quelqu’un s’occupe de son chien ?

— Je vais appeler sa femme. Tenez-la à distance, le choc sera rude.

Il commençait à faire sombre et les policiers braquèrent leurs torches vers le cadavre. Deux plaies au thorax, le manche d’un couteau Ferrand enfoncé jusqu’à la garde, un poing fermé d’où coulait un liquide jaune.

— Pas de doute, dit Retancourt.

— Qui de vous disait qu’on perdait notre temps, dit Adamsberg, que le tueur attendrait simplement que les flics lèvent le camp pour recommencer ? Je vous ai répondu qu’on sentait sa fureur s’amplifier, qu’il ne pouvait pas patienter, que le bouclage de Louviec le rendrait fou, qu’il chercherait à le contourner.

— Mais on espérait le coincer dans Louviec, dit Veyrenc. Au contraire, on a un meurtre de plus.

— On va s’en prendre plein la gueule, dit Noël sombrement. Depuis le divisionnaire jusqu’à là-haut, ça va hurler. Mobiliser cent dix hommes pour ce résultat, ils vont se foutre de nous, les mecs. Et ils auront raison.

— Attendons de savoir, dit calmement Adamsberg.

— De savoir quoi ?

— Comment le tueur a contourné. D’une manière ou d’une autre, ça a laissé des traces. Et là est l’erreur. L’erreur qu’on attendait.

Le camion de l’équipe technique arrivait de Combourg. Quatre projecteurs éclairaient violemment le corps et le photographe mitrailla la scène sous tous ses angles, puis fit signe que le champ était libre. Le médecin légiste s’agenouilla près du cadavre.

— Il a dû mourir vers vingt et une heures quinze, vingt et une heures trente. Même tactique, rien de changé. Deux coups dans le thorax, probablement portés de la gauche, dont un qui a atteint le cœur, et un œuf écrasé dans son poing.

— Et mêmes traces lisses de ses pieds dans le sang, dit un des techniciens.

— Ce coup-ci, dit Adamsberg, on peut les suivre. Il n’a pas retiré ses sacs plastique tout de suite comme il le faisait jusqu’ici. Est-ce que le camion peut escorter avec un projecteur ?

Adamsberg et Matthieu, accompagnés d’un photographe, purent repérer les traces de sang, de plus en plus ténues, sur une dizaine de mètres, presque à l’embranchement avec la chaussée pavée.

— Il a dû planquer sa voiture dans cette petite rue, dit Adamsberg, il ne pouvait pas la laisser sur le bas-côté. Le gars avait bien repéré les lieux.

Les commissaires remontèrent lentement la chaussée et relevèrent deux traces de pneus.

— Il conduisait en marche arrière, ce qui est logique, et donc pas très droit. Il a ripé sur deux gros pavés, dit Matthieu.

Pendant que le photographe prenait les clichés, Adamsberg ramassa une dizaine de petits morceaux de liège.

— Et ça vient d’où, ça ? dit-il.

— D’une plaque de liège, dit Matthieu.

— Et d’où vient la plaque de liège ? De celles qu’on vend pour isoler les maisons ?

— Par exemple. Il arrive que les plaques s’écornent et que des éclats se détachent. Le docteur avait dû en commander et des fragments seront tombés du camion lors du déchargement.

Adamsberg balaya les environs de sa torche.

— Oui, dit-il, il y a là une petite porte qui donne sur le jardin du docteur. C’est pour cela que le camion s’est garé sur la chaussée, pour faciliter la livraison sans obstruer la route.

— Si bien que la voiture en a peut-être ramassé dans ses pneus.

Adamsberg stoppa la marche de Matthieu.

— Voilà, dit-il, c’est ici que le tueur avait arrêté sa voiture et qu’il s’est changé, à l’aller comme au retour. Regarde ces petites traces de sang, dit-il en s’accroupissant. Parallèles. Elles viennent sûrement des plastiques qu’il noue autour de ses pieds. Ce qui nous apprend quoi ? Rien.

— Technique exactement semblable, couteau Ferrand, deux blessures au thorax, œuf écrasé, c’est bel et bien notre gars. Ce qui est impossible car il n’a pas pu passer le cordon de sécurité sans que les gardes nous en informent. Or tous les rapports signalaient une fois de plus « RAS ».

— Et sais-tu pourquoi c’est impossible ?

— Dis toujours.

— Tout simplement parce que ce n’est pas « bel et bien notre gars », dit Adamsberg en se relevant. C’est un gars qui a imité notre gars. Pour son propre compte ? Pas du tout. Car il ne pouvait tenir ses informations, confidentielles – le bras gauche, l’œuf –, que de notre tueur. La « commande » a donc bel et bien été donnée par l’assassin de Louviec, acculé à cette solution car ses mouvements étaient entravés par le cordon. Comment ? Certainement pas par téléphone, car bien trop risqué. Il pouvait craindre que tous les appareils de Louviec soient surveillés. De là à retrouver son appel dans le portable de l’assassin du docteur et remonter jusqu’à lui, il n’y avait qu’un pas qu’il a eu la prudence de ne pas franchir. Que reste-t-il donc, de nos jours où l’informatique règne en maître et en maître flic, comme moyen de communication sûr, sécurisé ? Où les flics ne viennent pas mettre leur nez car il se meurt et ne sert plus guère à grand-chose, hormis payer quelques factures, envoyer un chèque et autres démarches inoffensives, quand elles ne s’effectuent pas par scans et virements électroniques ?

— La poste ! s’exclama Matthieu.

— Exactement, la poste bien sûr. Et nous avons laissé ce trou béant dans le cordon, en ne surveillant pas les courriers qui partaient de Louviec. Mais le ministre avait été formel : pas d’inspection des envois, atteinte à la liberté privée. Et c’est par cette voie, j’en jurerais, que notre tueur a franchi l’obstacle. Avec une simple lettre conjurant son destinataire de commettre le meurtre à sa place, et à sa façon, depuis l’extérieur de Louviec. Destinataire de grande confiance et sacrément dévoué. Parce qu’accepter de tuer un inconnu pour rendre service, je n’ai jamais vu ça. À moins que notre assassin n’ait eu barre sur lui. Menace de chantage ou de dénonciation, si sa demande n’était pas satisfaite.

— Si bien qu’il aurait eu des relations serrées avec un malfrat dont il connaissait les combines. Avec un homme qui ne reculerait pas devant un meurtre. Et dont les activités soient assez coupables pour qu’il obéisse sans mot dire.

— Des activités qui auraient pu avoir lieu aujourd’hui comme hier, dit Adamsberg. Mais même si tu t’es racheté une conduite, l’épée de Damoclès est toujours là.

Un à un, les dix gendarmes en patrouille revenaient de leur quête, les mains vides.

— Pour résumer, dit leur chef, les environs sont déserts. On a croisé un jeune père à moto avec son fils de neuf ans en croupe, et deux véhicules, mais conduits par des femmes. On a pris tout de même leurs noms, à tout hasard.

— Inutile, dit Matthieu en secouant la tête. Notre homme est déjà loin.

Les deux commissaires remontèrent en voiture, silencieux, déçus par l’examen du site et ruminant leur échec, quand le légiste appela.

— Cela va vous surprendre, dit le médecin, mais ce n’est pas lui qui a frappé. Les blessures ont bien été appliquées par un gaucher, mais par un vrai gaucher. Il n’y avait pas la moindre hésitation ni déviation des coups de lame. Quant à votre œuf, il est fécondé. Et pas un seul bouton de puce.

— Confirmation, dit Adamsberg. C’est un vrai gaucher qui a frappé cette fois. Et l’exécutant ne portait pas de puces. Je me demande pourquoi notre tueur de Louviec a agi si vite. Impatient, certes, mais à ce point ?

— Parce que le docteur devait partir en week-end demain, dit Matthieu. Voir son père à Saint-Malo.

— Comment sais-tu cela ?

— Par un des habitants que j’ai informés pendant ma tournée. Il s’en plaignait. Normalement, Jaffré consulte le samedi matin.

— C’est donc pour cela que notre homme était si pressé. Est-ce qu’une lettre postée de Louviec arrive à Combourg le lendemain ?

— Sans aucun doute.

— C’est mercredi en soirée qu’il s’est rendu compte que le village et son pourtour étaient piégés. Il a pu rédiger sa lettre, la poster jeudi et son destinataire l’aura reçue ce matin. Pendant que tu organises demain le départ des troupes de renfort, j’irai voir le facteur de Combourg. À quelle heure termine-t-il la levée de Louviec ?

— À dix heures trente.

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