Deux soldats syriens s’avancèrent, Kalachnikov braqué. Mahmoud descendit et ouvrit le coffre de l’Oldsmobile, puis le capot, tandis qu’un des Syriens passait sous le châssis un miroir attaché à un bâton. Toujours la peur des voitures piégées. Ensuite, la palabre commença.
Malko remit son laissez-passer délivré par le PSP allié des Syriens. Plongé dans une profonde perplexité, le soldat le retourna dans tous les sens, compara la photo à Malko, puis finalement le lui rendit. Il apostropha alors Neyla d’un ton méprisant. D’une voix mal assurée, la jeune chiite expliqua l’histoire de la voiture volée à Beyrouth, exhibant même la photo donnée par Robert Carver d’une BMW. Noyé sous le flot de paroles en arabe, le soldat syrien capitula.
— Ça va, commenta Mahmoud, ils ne sont pas trop méchants ce matin. Je leur ai dit qu’on allait seulement à Zahlé, dans la Bekaa. Ils s’en foutent.
La radio de la voiture était branchée sur Radio Liban. Il était six heures pile, le moment des informations. Soudain, alors que Mahmoud s’apprêtait à redémarrer, un des soldats syriens braqua son Kalach sur l’intérieur de la voiture et commença à trépigner sur place, hurlant, le visage crispé de fureur :