Chapitre XIX

Ils remontaient vers le nord, par Hazmiyé. L’avenue Camille Chamoun se trouvait à l’ouest, parallèlement à eux, et au nord de Chiyah. Malko se tourna vers « Johnny ».

— Si nous laissons partir les ULM de Hadet, dit-il, nous risquons une catastrophe. Il faut les détruire sur place. Or, jamais Robert Carver n’obtiendra les autorisations nécessaires. Donc, il faut agir nous-mêmes.

Le Palestinien freina devant un barrage encore peu encombré, tenu par une position italienne. Cet ancien quartier de réfugiés était déprimant. Les véhicules dérapaient sur le sol détrempé, créant des embouteillages monstres.

— Quelle est votre idée ? demanda « Johnny » en redémarrant.

— La benne à ordures qui se trouve dans le garage près de la mosquée Hussein est sûrement déjà piégée, puisque les deux opérations doivent être simultanées. Il suffit de s’en emparer et de l’utiliser contre la base des ULM.

— Comment allez-vous la récupérer ?

— Si vous êtes d’accord, je vais proposer à votre jeune ami Farouk d’attaquer le garage où la benne est cachée.

En le motivant, bien entendu. Ensuite, j’aurai besoin de votre aide …

Le Palestinien lui jeta un regard perçant sous ses lourdes paupières :

— Qu’est-ce qui vous fait penser que je pourrai vous aider ?

— La logique, dit Malko. Si vous refusez, tout ce qui a été fait jusqu’ici, y compris la mort de votre ami Nabil, risque de ne servir à rien. Par contre, si vous participez, je peux vous assurer que la « Company » ne l’oubliera pas.

— Et en quoi puis-je vous aider ?

— Une fois la benne récupérée, je veux l’amener à l’endroit où se trouvent les ULM et la faire exploser, ce qui les détruira. Sans vous, je ne franchirai jamais les barrages et je ne retrouverai probablement pas le hangar, à Hadet.

— Vous avez l’intention de vous suicider ? demanda « Johnny » avec une certaine ironie.

— Absolument pas, dit Malko. Je veux conduire cette benne aussi près que possible des ULM, mettre en route la minuterie et l’abandonner.

— Comment savez-vous qu’il y a une minuterie ?

— Toutes les voitures piégées en comportent une.

— Vous êtes fou. L’explosion de cette benne va tout dévaster. Vous n’aurez pas le temps de vous mettre à l’abri.

— Si, dit Malko. Il y a une énorme fosse, près du hangar aux ULM. Je m’y abriterai. Et de toute façon, c’est mon problème. Alors, vous acceptez ?

« Johnny » ne répondit pas tout de suite, comme s’il était absorbé par la conduite.

— J’accepte, dit-il enfin. Je vous amènerai jusqu’à l’entrée du camp.

— Merci, dit Malko.

Le Palestinien haussa légèrement les épaules.

— Ne vous méprenez pas. Je n’ai aucune confiance dans vos amis américains. Mais je vous respecte. Ils oublieront très vite ce « service ». Je souhaite qu’il n’en soit pas de même pour vous.

Cinq minutes plus tard, ils stoppèrent devant le grand stade écrasé par les bombes israéliennes. La circulation était intense sur l’avenue Camille Chamoun, surtout des camions chargés de fruits et de légumes, venant de Tyr. Malko et « Johnny », crapahutant sur les tribunes écrabouillées, parvinrent sans trop de mal à l’intérieur du stade.

Aucun signe de vie sur la pelouse. Les épaves de voitures et la carcasse du char détourellé y pourrissaient toujours. Le silence était impressionnant. Le spectacle aussi. Cet enchevêtrement de béton et de poutrelles … Maculant ses bottillons verts, « Johnny » parvint à l’entrée de la planque des jeunes Palestiniens. Il poussa deux coups de sifflet stridents et ensuite cria quelque chose en arabe.

Trente secondes plus tard, une mince silhouette surgit entre les deux plaques de béton : Farouk. Le gosse, dégringola comme un singe les gradins démantelés et rejoignit les deux hommes près du char détruit, l’air méfiant, traînant un Kalach plus grand que lui.

« Johnny » se lança dans de longues explications en arabe.

Tandis qu’il parlait, une fille en jean, un 45 à la ceinture, suivie de quatre gamins, émergea à son tour.

Quand « Johnny » eut fini, Farouk secoua la tête et cracha dans l’herbe, en lançant quelques mots.

— Il ne veut pas.

— Pourquoi ?

— Trop de risques.

— Il sait combien je paie ?

— Non.

— Quarante mille dollars.

« Johnny » transmit. Farouk baissa les yeux, poussant du pied un bout de bombe. Puis ses yeux noirs fixèrent Malko, et il demanda en anglais :

— Tu as l’argent ?

— Oui.

— C’est vrai que tu viens avec nous ?

— C’est vrai.

Il secoua la tête.

— Ça ne suffit pas. Après, si je fais cela, je ne pourrai pas rester ici. Les gens d’Amal me tueraient. Il faut que je puisse partir.

— Où veux-tu aller ?

Il haussa les épaules.

— Je m’en fous. Très loin …

— En Amérique ?

— Je pourrai emporter les armes ?

Les yeux du gamin brillaient.

— Non, dit Malko.

— Alors, je veux aller en Tunisie. Il paraît que c’est chouette.

Malko lui tendit la main.

— Juré. C’est d’accord ?

— Combien ils ont d’hommes à ton garage ?

— Une demi-douzaine, répondit « Johnny » à sa place.

Farouk hocha la tête, signifiant que c’était dans ses possibilités.

— Rendez-vous ici dans un quart d’heure, dit Malko. Avec vos armes.

Il fallait quand même prévenir Robert Carver qui devait se ronger les sangs près de son téléphone. Malko avait repéré une boutique qui en possédait un. À Beyrouth, il n’y avait pas de taxiphones près de la position des Italiens.

Robert Carver laissa échapper un soupir excédé, déformé par les grésillements de la ligne.

— Écoutez, fit l’Américain, il y a plusieurs autres solutions. D’abord, je viens déjà de faire renforcer la défense anti-aérienne de la résidence. L’amiral m’a promis de m’envoyer six hélicoptères de combat qui seront stationnés tout autour, en partie sur le toit du building voisin. Si vos Iraniens viennent, nous n’en faisons qu’une bouchée. Et s’ils ne viennent pas, on monte une opération avec les Marines pour les détruire. Je ne vois pas pourquoi vous iriez prendre de tels risques personnels. Sans compter les bavures avec vos petits sauvages. Et si vous vous faites prendre …

— Vous vous souvenez de l’expédition en Iran pour récupérer les otages ? fit remarquer Malko. Tout était préparé, hein ? Il ne manquait pas un boulon. Et pourtant …

Un ange passa, dans une tornade de sable.

— Et puis merde, allez-y ! capitula le chef de station. Mais je prends toutes les autres précautions.

— Bien sûr, dit Malko, rien ne dit que nous réussirons. Si vous entendez une grosse explosion du côté de Hadeth, vous saurez à quoi vous en tenir.

— Dieu soit avec vous, fit l’Américain. Vous êtes un type gonflé, mais cinglé. Je me demande comment la « Company » emploie encore des gens comme vous.

Avant de raccrocher, Malko cria dans l’appareil :

— Contre les Fous de Dieu, il faut les Fous du Président …

Installé sur la carcasse rouillée du T52, Farouk paraissait plus que ses quatorze ans, vêtu d’un treillis, armé d’un RPG 7 et de six roquettes dans un étui de toile autour de la taille. Il comptait les liasses de billets de cent dollars avec la dextérité d’un croupier de Las Vegas. Par prudence, il avait éloigné ses « hommes ».

Les billets comptés, il leva un regard sérieux vers Malko.

— Inch Allah ! Si cela marche, je m’achète un bar avec plein de putes que je niquerai tous les jours …

Rêve d’enfant.

Il enfourna les liasses sous son treillis. Puis Malko commença à lui expliquer l’opération, relayé par « Johnny » pour les termes techniques. Farouk avait sept gosses avec lui, dont la fille toute frisée au 45.

Tous étaient armés jusqu’aux dents. Sans le moindre vague à l’âme.

— Ça ne te gêne pas d’attaquer des chiites ? demanda Malko.

Le petit Palestinien cracha à terre.

— J’en ai rien à foutre. Les chiites, les sunnites, les Schlomos, c’est tous des enculés. On y va comment, à ton truc ?

— À pied, expliqua « Johnny ». À cause des barrages. Rendez-vous dans une demi-heure.

Il continua en arabe, précisant ce qu’ils auraient à faire. Malko regarda Farouk rameuter ses « hommes » et leur faire franchir à la queue leu leu les gradins comme pour sortir d’un volcan éteint. Silhouettes minuscules et pathétiques. Maintenant, c’était à eux de jouer. Les jeunes Palestiniens étaient de bons mercenaires.

« Johnny » mit le pied dans un trou plein d’eau et jura, secouant son bottillon vert. Ils regagnèrent la Mercedes. Ils firent un détour pour retrouver la rue Omar Beyhum, point d’entrée obligé pour le quartier de Chiyah. Ensuite, il faudrait gagner discrètement les parages de la mosquée Hussein. Le soleil était déjà haut dans le ciel et Malko imagina les pilotes suicides iraniens en train de prier, prosternés face à La Mecque, avant de monter dans leurs bombes humaines …

« Johnny » freina : le barrage d’Amal, à l’entrée de Chiyah. Trois jeunes gens, pas rasés, avec les photos de Moussa Sadr sur la poitrine. L’air pas commode. Ils interpellèrent « Johnny » et la conversation en arabe se prolongea désagréablement.

— Ils veulent fouiller la voiture, annonça Johnny.

Ils la fouillèrent, ouvrant le coffre, soulevant le capot. Malko gardait les mains dans les poches de son trench-coat. Le 357 Magnum pesait à sa ceinture un poids de plomb, le sac vert contenant les radios était à ses pieds. En cas d’incident, ils n’auraient pas le temps de s’en sortir. Un des trois militaires, posté à l’arrière, tenait la voiture sous le feu de son Kalach. Enfin, le « chef » leva le menton : ils étaient autorisés à passer. Avec une sage lenteur, pour ne pas exciter leur méfiance, ils redémarrèrent.

Un peu plus loin, ils abandonnèrent la voiture sans la fermer, afin que personne ne la prenne pour un véhicule piégé. Encore quelques ruelles et ils se retrouvèrent dans l’immeuble démoli qui leur avait déjà servi d’observatoire. Farouk et ses « hommes » les y avaient devancés, regroupés dans les pièces vides, encombrés de cartouchières et de roquettes.

— Il faut faire vite, avertit Farouk. Je crois qu’on a été repérés. Ils ne savent pas encore ce qu’on fait mais ils risquent de lancer des patrouilles pour nous retrouver …

— Venez, fit Malko.

Ils montèrent jusqu’à la terrasse, prenant soin, cette fois, d’observer les toits alentour. Miracle : le garage était ouvert et on distinguait nettement la tache jaune de la benne à ordures, à côté d’une Range-Rover. Tandis qu’ils la surveillaient, quelqu’un monta au volant et la fit démarrer, la laissant devant le garage, prête à partir. Le cœur de Malko se mit à battre plus vite. Il leur restait peu de temps pour intervenir.

Une demi-douzaine d’hommes armés traînaient autour de la benne et il devait y en avoir plus à l’intérieur. Farouk ajusta les étuis de toile de ses roquettes et lança à Malko :

— On y va !

— Surtout, ne touchez pas à cette benne à ordures, recommanda Malko.

Le gosse comptait à voix basse les miliciens armés. L’un d’eux inspecta la benne. Il monta dans la cabine et se pencha vers le tableau de bord. Malko essayait de calculer la quantité d’explosifs qu’ils avaient pu y cacher.

— Inch Allah ! lança Farouk.

Son dos chargé de roquettes disparut dans l’escalier. Malko demeura sur le toit, observant la situation, « Johnny » à ses côtés. Ils virent surgir en contrebas, dans la rue, les sept gosses menés par Farouk, à la queue leu leu, progressant sans se cacher, le RPG 7 et le Kalach à l’épaule. Malko vit que le jeune Palestinien avait collé un poster de l’imam Moussa Sadr sur son treillis !

— Ces petits ont vraiment le sens de la survie, remarqua « Johnny », à mi-voix.

Malko suivait anxieusement la progression. Il s’arrêta presque de respirer quand la tête de la colonne pénétra sur le terre-plein devant le garage. Il entendit les interjections en arabe, vit les gardes se ruer sur les Kalachnikov. Farouk s’arrêta, rejoint par ses « hommes », cria quelque chose.

— Il leur dit qu’il est envoyé par Abu Nasra, traduisit « Johnny ».

À Chiyah, une bande armée n’avait rien de surprenant. Le fait qu’ils ne se cachent pas les rendait encore moins suspects. C’est ce qu’escomptait Farouk. Malko le vit tout juste faire passer son RPG 7 de l’épaule à la main droite, tant son geste fat rapide.

— Allons-y ! dit Malko.

La partie la plus dangereuse de l’opération commençait.

Une fraction de seconde plus tard, l’enfer se déchaîna ! Les gosses tiraient tous en même temps, rafalant en vieux professionnels, par courtes giclées, coupées par les coups sourds du RPG 7. Un milicien vola en morceaux, atteint à l’épaule, et retomba en pluie. Le silence se fit. Un petit Palestinien gisait sur le côté, mort. Touché par un des gardes. Tous les miliciens étaient hors de combat.

À ce moment, Farouk se retourna, cherchant Malko des yeux. Il y eut une explosion sourde venant du garage, un nuage de fumée, qui cacha le jeune garçon. Les autres gosses se ruèrent à l’intérieur. Nouvelle fusillade, avec deux coups de RPG 7, des volutes noires sortirent du garage, puis des flammes. Malko et « Johnny » couraient déjà vers la benne. Ils y arrivèrent au moment où quatre gosses survivants refluaient, l’arme au poing, parmi eux la fillette, 45 au poing.

Farouk gisait sur le dos, un trou gros comme une assiette dans la poitrine. Atteint de plein fouet par une roquette. Des paquets de billets de cent dollars étaient éparpillés autour de son cadavre, brûlés, déchirés, et des dizaines d’autres avaient volé très loin sous le souffle. Il n’avait pas aperçu l’homme embusqué dans le garage. Le Palestinien demeura quelques secondes immobile près du gosse mort, puis reprit :

— Vite, d’autres vont venir …

Malko ouvrit la portière de la cabine de la benne à ordures. Il trouva le contact sans difficulté, et mit en route. Essayant de ne pas penser qu’en cas de contre-attaque des miliciens, une roquette suffisait à faire sauter la charge explosive dissimulée dans la benne.

Le moteur ronronna et « Johnny » sauta à côté de lui, les gosses survivants s’accrochant au marchepied. Une partie du garage brûlait, il y avait des corps étendus partout. L’attaque n’avait pas duré plus de quatre minutes. Maintenant, il leur restait à traverser tout Chiyah, au volant d’une bombe roulante.

— Laissez-moi conduire, dit « Johnny ». Qu’on ne vous voie pas.

Malko lui laissa le volant, s’installant à côté, caché par les gosses debout sur le marchepied.

Toutes les ruelles se ressemblaient, si étroites que la benne y passait à peine. Malko parcourut le tableau de bord du regard et aperçut un interrupteur collé avec du scotch, à côté de la commande des essuie-glaces.

— C’est la mise à feu de la charge avec une minuterie, commenta placidement « Johnny ». Vous aviez raison.

Le seul problème, c’est qu’ils ignoraient sa durée : vingt secondes, une minute, ou plus ?

De cette simple question allait dépendre leur vie. Ils arrivaient sur un barrage. Malko se laissa glisser sur le plancher, les gosses agitèrent leurs armes en criant et ils passèrent sans problème ! Soudain, une camionnette surgit d’une voie transversale, stoppa, et plusieurs hommes en descendirent, leur faisant signe de s’arrêter. Malko vit bondir à terre un des petits Palestiniens avec un RPG 7 deux fois gros comme lui. Agenouillé, il braqua le tube sur la camionnette.

Une déflagration sourde et le véhicule explosa, projetant son capot par-dessus les toits. Les survivants ouvrirent le feu et une grêle de balles arrosa l’arrière de la benne. Malko cessa de respirer, mais rien ne se produisit.

« Johnny » tourna, arrachant une aile à un pan de mur. Le gosse était remonté en voltige. Malko ne voyait plus ni la pluie, ni les murs lépreux, ni les quelques passants qui s’écartaient vivement. Il vivait au rythme des changements de vitesse : la benne n’était pas l’engin idéal pour une course poursuite, surtout avec une charge d’explosifs pouvant se déclencher à la moindre fausse manœuvre … Il songea au milicien chiite, deux mois plus tôt, chargé de convoyer une voiture piégée jusqu’à l’ambassade de France, et qui s’était arrêté acheter des cigarettes. Un coup de volant malheureux l’avait réduit en chaleur et en lumière, avec une cinquantaine de passants et trois immeubles. Malko se consola en se disant qu’on ne devait rien sentir.

« Johnny » freina brutalement : la rue était barrée par des piquets de fer. Derrière, un pliant avec deux barbus et une grande affiche de Moussa Sadr. Les deux hommes n’eurent pas le temps de saisir leur Kalach. Les gosses les rafalaient déjà, sans même quitter le marchepied. Il restait les piquets de fer. « Johnny » sauta à terre et Malko récupéra le volant.

— Allez-y doucement, dit le Palestinien. Je vous guide.

Malko passa la première et le pare-chocs avant de la lourde benne commença à plier les piquets. Il ne respirait plus … Centimètre par centimètre, ils se courbèrent, raclèrent le dessous de la benne. Ouf, ils étaient « passés » !

Il regarda le visage des gosses accrochés au marchepied. Crispés, tendus, mais sans la moindre trace de peur. Des rats aux aguets, prêts à bondir, à tuer, pour ne pas être tués. Il ignorait pourquoi ils restaient avec lui : pour le protéger, ou seulement parce qu’ils traversaient plus facilement la zone dangereuse ?


* * *

Les maisons étaient plus espacées. Ils approchaient de la zone non construite, entre Bordj El Brajneh et Hadeth. Un des gosses tapa sur la portière d’un coup sec. Malko ralentit. Il les vit sauter à la voltige, puis disparaître, sans même se retourner. Qu’allaient-ils devenir ? Pauvre Farouk, il ne profiterait pas de ses dollars. Il revoyait son visage étonné, couvert de sang. Lui non plus n’avait pas eu le temps d’avoir peur. La première erreur de sa courte vie.

— Attention, nous sommes suivis !

L’avertissement de « Johnny » le fit sursauter. Le rétroviseur lui renvoya l’image d’une Range-Rover qui venait de surgir d’un chemin transversal. Elle se rapprochait d’eux. Sa conviction fat faite aussitôt : c’était un des rescapés du massacre du garage, qui avait coupé à travers Chiyah, devinant où ils se rendaient. Malko accéléra, examinant plus attentivement le véhicule : surprenant, le conducteur semblait seul à bord. Il avait pourtant eu l’occasion de ramasser des miliciens …

Une pensée abominable lui serra tout à coup l’estomac. La plupart des voitures piégées, en plus de la minuterie, comportaient un système de mise à feu par télécommande. Il suffisait au conducteur de la Range-Rover, qui avait participé à la « préparation » de la benne à ordures, de se rapprocher assez près pour faire sauter Malko et « Johnny » avec le chargement d’explosifs. Or, la Range-Rover était beaucoup plus rapide que la benne jaune.

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