Malko traversa le hall du Commodore, poursuivi par les sifflements du perroquet fou. La rue de Baalbek devant l’hôtel était déserte, vidée par le couvre-feu. À huit heures vingt. Il s’engagea à pied dans la rue Rachid Nehme qui rejoignait la rue Hamra. Atmosphère oppressante, contrastant avec l’animation de la journée … Ses pas résonnaient dans le silence. Il aperçut une voiture rouge, une Mitsubishi Lancer, garée au coin de Hamra. Elle fit un appel de phares. Jocelyn Sabet était à l’heure. Au même moment, des pas pressés se firent entendre derrière lui. Une brusque poussée d’adrénaline le glaça. Il avait laissé au Commodore le 357 Magnum, cadeau de Robert Carver. C’est ainsi qu’on se faisait tuer. Il se retourna, vit quelqu’un qui courait dans sa direction. Il lui fallut encore quelques secondes pour reconnaître dans la pénombre une femme avec un manteau blanc.
— Excusez-moi, je suis en retard !
C’était Mona, l’hôtesse de l’air ! Perchée sur des escarpins bleus, outrageusement maquillée, sa bouche presque phosphorescente dans la pénombre. Elle s’accrocha, essoufflée au bras de Malko.
— Heureusement que le chasseur vous a vu partir à pied ! Où allez-vous ?