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Le saurien était étendu dans l’herbe, au fond du jardin. À l’aide de cordes et de tiges en bambou, une dizaine d’hommes avaient descendu la bête de la camionnette. La nouvelle s’était rapidement propagée dans l’impasse, formant un attroupement de curieux autour du crocodile mort. Ses yeux jaunes, encore ouverts, balafrés à la verticale par des pupilles noires, donnaient la désagréable impression d’observer l’assistance. Au sommet du crâne, une blessure pareille à un bouton de rose indiquait l’impact du coup mortel. Jacques, venu expressément du Zaïre, avait tué l’animal d’une seule balle. Une semaine plus tôt, une touriste canadienne qui marchait le long du lac, sur la plage du club de vacances, avait été emportée par un crocodile. Comme chaque fois dans ce cas-là, les autorités locales avaient dépêché une expédition punitive pour abattre un crocodile en représailles. Papa et moi faisions partie de l’aventure comme simples spectateurs privilégiés. Jacques menait ces opérations depuis des années avec une équipe composée de quelques blancs passionnés de chasse au gros gibier. Nous avions embarqué au Cercle nautique avec munitions et carabines à lunette et le bateau à moteur avait longé la côte jusqu’à l’embouchure de la Rusizi, à l’endroit où le fleuve boueux rejoint les eaux turquoise du Tanganyika. Lentement, nous avons remonté le delta tandis que les chasseurs surveillaient, doigt sur la gâchette, les groupes épars d’hippopotames, craignant à tout instant la charge d’un mâle solitaire. Le bruit du moteur était couvert par les piaillements d’une colonie de tisserins dont les nids pendaient mollement aux branches des acacias. Les hommes, Winchester à portée de main, les yeux plissés par le soleil, observaient les alentours à la jumelle. Dans le viseur de son arme, Jacques a aperçu le crocodile sur un banc de sable. Gueule grande ouverte, il profitait d’un bain de soleil en ce début d’après-midi. Un pluvian d’Égypte lui nettoyait méticuleusement les dents. Quand Jacques a tiré, un groupe de dendrocygnes s’est envolé par-dessus les roseaux bordant la rive. Le coup a fait un bruit sec de bois qui craque. Fauché dans son repos, la bête a à peine eu le temps de bouger. Sa mâchoire s’est refermée au ralenti. Le pluvian a sautillé quelques instants autour de son ami, comme pour lui rendre un dernier hommage, et s’est envolé au loin pour prendre soin d’une autre gueule de crocodile.


Après le départ des curieux, on a étendu la bête sur le dos et Jacques a méthodiquement dépecé le crocodile. Il mettait les bouts de viande dans des sacs en plastique que Prothé rangeait dans le grand congélateur du garage. En attendant, la nuit tombait vite et rien n’était encore prêt. Le jardinier aidait Donatien à sortir les tables et les chaises. Innocent a apporté le charbon pour le barbecue. Gino allumait les lampions suspendus au ficus et Papa a déroulé une rallonge pour installer la chaîne hi-fi dans le jardin. Ana était chargée de disposer sous les tables des spirales d’encens antimoustiques. La soirée était spéciale, on fêtait mes onze ans !

Quand la musique a commencé à s’échapper des enceintes, elle a à nouveau rameuté le voisinage. Les soûlards, attirés par la perspective de breuvages gratuits, ont exceptionnellement délaissé le cabaret de l’impasse. Très vite, le jardin a été envahi par le brouhaha des conversations, mêlé au vrombissement du caisson de basses. Je débordais de joie au milieu de ces allées et venues incessantes, de ce maquis improvisé sous la lune où l’humeur était à la fête et les larmes au rire.

C’était le début des grandes vacances et elles commençaient bien, j’avais reçu des nouvelles de Laure : « Coucou Gaby ! Je passe de super chouettes moments à la mer avec mes cousins et mon petit frère. Merci pour ta lettre, c’est rigolo ce que tu écris. Ne m’oublie pas pendant les vacances. À bientôt. Bisous. Laure. »

Au dos de la carte postale, une composition de photos miniatures de la Vendée : un château à Noirmoutier, des barres d’immeuble à Saint-Jean-de-Monts, une plage à Notre-Dame-de-Monts, une rangée de rochers dans la mer à Saint-Hilaire-de-Riez. J’avais lu et relu cette carte postale des dizaines de fois avec le sentiment toujours particulier d’être quelqu’un d’unique pour Laure. Elle me demandait de ne pas l’oublier, il ne passait pas une seule journée sans que je ne pense à elle. Dans mon prochain courrier, je voulais lui dire à quel point elle comptait pour moi, que pour la première fois de ma vie j’avais l’impression de pouvoir exprimer mes sentiments à quelqu’un, que j’espérais lui écrire toute ma vie et même venir la voir un jour en France.

L’autre belle nouvelle de ce début de vacances était que mes parents se parlaient à nouveau, après des mois de guerre froide. Ils m’avaient félicité de conserve pour mon passage en sixième. Ils avaient dit : « Nous sommes fiers de toi. » Un « nous » de couple, de réunification. Tous les espoirs étaient permis !

Pacifique avait appelé du Rwanda pour me souhaiter un bon anniversaire. Il racontait que les accords de paix avaient repris, qu’il allait bien, qu’on lui manquait, qu’il aurait aimé être avec nous pour cette grande fête. Il venait de se fiancer avec une fille dont il était tombé fou amoureux à son arrivée au Rwanda. Il avait hâte de la présenter à la famille. Elle s’appelait Jeanne, et Pacifique la décrivait comme la plus belle femme de la région des Grands Lacs. Au téléphone, il m’avait fait une confidence : quand la guerre serait terminée, il se lancerait dans une carrière de chanteur, pour écrire ses propres chansons d’amour et célébrer la beauté de sa future épouse.

Les choses s’arrangeaient autour de moi, la vie retrouvait peu à peu sa place, et ce soir-là, je savourais le bonheur d’être entouré de ceux que j’aimais et qui m’aimaient.

Installé sur notre grande terrasse, Jacques racontait à une assistance médusée sa chasse au crocodile. Il roulait des mécaniques, gonflait le torse, accentuait les r de son accent wallon. Avec les gestes d’un acteur de cinéma, il sortait son Zippo en argent de sa poche comme on dégaine le revolver d’un holster, pour allumer des cigarettes qu’il laissait ensuite pendre négligemment au coin de ses lèvres. Cela faisait son effet auprès de Mme Economopoulos, qui semblait subjuguée par son charisme et sa gouaille. Elle lui offrait des compliments qu’il acceptait avec délectation, et les plaisanteries de Jacques emportaient Mme Economopoulos dans des éclats de rire qui lui donnaient des airs d’adolescente enamourée. Étonnés tous les deux de ne pas s’être rencontrés plus tôt, ils ont parlé des heures entières du bon vieux temps où Bujumbura s’appelait encore Usumbura, du Grand Hôtel, des bals du Paguidas et des orchestres de jazz, du cinéma Kit Kat, des belles américaines, Cadillac et Chevrolet, dans les rues de la ville, de leur passion pour les orchidées, du bon vin de la lointaine Europe, de la disparition énigmatique du présentateur de télévision française, Philippe de Dieuleveult, et de son équipage près du barrage d’Inga, des éruptions du Nyiragongo, de ses splendides coulées de lave, de la douceur du climat de la région, de la beauté des lacs et des fleuves…

Prothé passait parmi les convives, proposant des bières et des steaks de crocodile grillé. Innocent a repoussé l’assiette qu’il lui offrait avec une grimace de dégoût : « Beurk ! Il n’y a que les blancs et les Zaïrois pour manger des crocodiles ou des grenouilles. Jamais vous ne verrez un Burundais digne de ce nom toucher aux animaux de la brousse ! Nous sommes civilisés, nous autres ! » Donatien, hilare, la bouche pleine de graisse de croco, lui a répondu : « Les Burundais manquent tout simplement de goût et les blancs gaspillent. Les Français, par exemple, ne savent pas manger les grenouilles, ils se contentent seulement des pattes ! »

Planté devant la chaîne hi-fi, Armand apprenait quelques pas de soukouss à Ana. La petite se débrouillait bien, elle avait enfilé un pagne autour de ses fesses et réussissait à les remuer sans bouger le reste du corps. Les soûlards applaudissaient. Au milieu de la piste de danse, sous la lumière d’un spot assailli d’insectes, les parents des jumeaux dansaient langoureusement, joue contre joue, comme au temps de leur rencontre, à l’époque du mythique orchestre Grand Kallé. La mère des jumeaux était bien plus grande et forte que le père. Pendant qu’elle menait la danse, lui, les yeux fermés, remuait la bouche comme un chiot qui rêve. La sueur plaquait leurs chemises dans le dos et dessinait des auréoles sous leurs aisselles.

Papa respirait la gaieté et la bonne humeur. Chose inhabituelle, il avait mis une cravate, un brin de parfum et peigné ses cheveux en arrière, ce qui faisait ressortir ses yeux verts de séducteur. Quant à Maman, elle resplendissait, dans sa robe fleurie en mousseline. Le désir brillait dans les yeux des hommes quand elle passait près d’eux. À quelques reprises, j’ai même surpris Papa qui la regardait. Assis au bord de la piste de danse, il discutait affaires ou politique avec le père d’Armand qui rentrait tout juste d’Arabie Saoudite et semblait vouloir rattraper le long mois d’abstention d’alcool qu’il venait de subir. À côté d’eux, la mère d’Armand, habillée comme une grenouille de bénitier, dodelinait de la tête et haussait les sourcils à intervalle régulier. Impossible de savoir si elle approuvait les propos de son mari sur la stabilisation du cours du café burundais à la Bourse de Londres ou si elle récitait son chapelet pour la énième fois de la journée.

J’étais allongé sur le capot de la camionnette, entouré de Gino et des jumeaux, quand on a vu Francis débarquer. On n’en croyait pas nos yeux ! À peine était-il entré dans la parcelle que Maman lui a mis un Fanta entre les mains et l’a invité à s’asseoir sur une chaise en plastique en dessous du grand ficus. Gino s’est mis à fulminer.

— Gaby, tu vois ce que je vois ! Faut que tu vires ce connard ! Il a rien à foutre à ton anniversaire.

— J’peux pas, vieux. Mon père a dit que la fête était ouverte à tous les gens du quartier.

— Pas Francis, bordel ! C’est notre pire ennemi !

— C’est peut-être l’occasion de faire la paix avec lui, ont dit les jumeaux.

— Bande de crétins au carré, a répondu Gino. On ne pactise pas avec ce cloporte ! On lui casse sa foutue gueule, c’est tout ce qu’il mérite !

— Pour l’instant il ne fait de mal à personne, j’ai dit. Laissons-le boire son Fanta en gardant un œil sur lui.

On ne l’a pas lâché du regard un seul instant. Lui faisait mine de ne pas nous voir. Pourtant, ses yeux balayaient, analysaient, décortiquaient la soirée. Il regardait l’assistance d’un œil torve en remuant sa jambe gauche avec nervosité. Il s’est levé pour reprendre une boisson et entamer une courte discussion avec Maman qui se retournait dans ma direction en me pointant du doigt comme pour lui signifier qu’elle était ma mère. Il papillonnait de groupe en groupe, trouvant le moyen d’engager spontanément des conversations, avec les uns et les autres, et même avec le père de Gino.

— J’y crois pas, il parle avec mon vieux ! Qu’est-ce qu’ils peuvent bien se raconter ? Je suis sûr qu’il prend des renseignements sur nous, Gaby. Il se fait passer pour notre pote !

De loin, on observait son petit manège. Innocent l’a invité à partager une bière avec lui. Au bout de quelques minutes, ils se tapaient dans le dos comme de vieux amis.

Il était maintenant minuit passé. L’alcool et la nuit mélangeaient leurs effets. Un groupe de jeunes VSN français, torse nu jouaient à saute-mouton devant les soûlards du cabaret, amusés par le spectacle. Un jeune homme fouillait le soutien-gorge de sa petite amie pendant qu’elle discutait avec une copine de ses cours de morale à la Stella Matutina. Un vieux Burundais à la barbe blanche, surnommé Gorbatchev en raison d’une tache de naissance sur le front, se tenait sur une jambe en récitant des poèmes de Ronsard devant la cage du perroquet. Un groupe d’enfants jouaient avec la guenon apprivoisée d’un Flamand efféminé, un habitant de l’impasse qui se faisait appeler Fifi, et qui ne portait que des chemises en pagne et des boubous africains. Des piles de casiers vides s’entassaient sur les marches de la cuisine. Prothé et Donatien faisaient des allers-retours pour rapporter les bouteilles consignées au kiosque.

Le moment était propice pour se trouver un coin tranquille avec les copains, à l’abri du regard des parents, dans la partie non éclairée du jardin. On s’est assis dans l’herbe pour partager quelques cigarettes et on a regardé incognito la piste de danse sous les lampions du ficus. Armand a apporté deux bouteilles de Primus qu’il avait discrètement cachées dans les pots de fougères.

— Merde, j’ai marché sur un truc ! a dit Armand.

— Ouais, fais gaffe, c’est le cadavre du crocodile, j’ai répondu.

Quand la musique s’est arrêtée entre deux chansons, on a entendu des bruits de mastication et de déglutition. Les teckels de Mme Economopoulos se régalaient des restes de l’animal mort. Ils ripaillaient dans le noir et les copains ont porté un toast à mes onze années.

— Les teckels vont frimer dans l’impasse quand ils diront aux autres clebs qu’ils ont mangé un croco ! a dit Gino.

On a tous éclaté de rire, sauf Armand qui avait remarqué que quelqu’un s’approchait de nous. J’ai éteint ma cigarette et chassé la fumée avec ma main.

— Qui va là ? j’ai demandé.

— C’est moi, Francis.

— T’as rien à faire là, a répondu Gino instantanément, en bondissant sur ses deux jambes. Dégage !

— C’est une fête de quartier et j’habite dans le quartier ! Je ne vois pas où est le problème, a dit Francis.

— Non, ici c’est l’anniversaire de mon pote, et tu n’es pas invité. Alors dégage, j’ai dit !

— Qui parle ? Je ne te vois pas. C’est le fils de Kodak ? Le Belge aux cheveux pourris ! Comment tu t’appelles encore ?

— Gino ! Et tu vas surveiller ton langage quand tu parles de mes parents.

— Tes parents ? J’ai parlé que du père. Elle est où ta mère, d’ailleurs ? J’ai vu les parents de tout le monde sauf ta mère…

— Alors comme ça t’es venu nous espionner ? a dit Armand. Vous faites votre petite enquête, inspecteur Columbo ?

— On ne veut pas de toi ici, a continué Gino. Barre-toi !

— Non ! Je reste !

Gino a foncé tête baissée dans le ventre de Francis. Dans le noir, ils ont trébuché sur le crocodile éventré. Les chiens se sont mis à aboyer. J’ai couru avertir les adultes pendant qu’Armand cachait les cigarettes et les bières. Jacques et Papa sont arrivés avec une lampe torche. Quand on est parvenus à séparer Francis et Gino qui étaient tout barbouillés de tripailles de crocodile, on a accusé Francis d’être venu déclencher la bagarre. Papa l’a saisi par le col et l’a jeté hors de la parcelle, alors Francis, humilié, a hurlé qu’on allait le payer tout en lançant des cailloux contre le portail. Avec les copains, on lui faisait des bras d’honneur et on a baissé nos pantalons pour lui montrer nos fesses sous les vivats du groupe de volontaires français. Tout le monde rigolait, jusqu’au moment où Jacques s’est mis à crier :

— Merde, où est mon Zippo ? Où est mon Zippo ?

On a tous pensé à Francis.

— Rattrapez ce fumier ! a crié Gino.

Papa a envoyé Innocent à sa recherche, mais il est revenu bredouille.

Une fois l’incident passé, la fête a repris de plus belle. Elle battait son plein quand, soudain, coupure d’électricité. La centaine de convives s’est arrêtée net de danser en poussant un « Oooh » de mécontentement. Couverts de sueur, ils réclamaient le retour de la musique en frappant des mains et des pieds et en criant mon nom : « Gaby ! Gaby ! » Chacun était mûr pour la grande fête et ce n’était pas un délestage impromptu qui allait calmer leur envie furieuse de s’amuser. Quelqu’un a lancé l’idée de continuer la fête avec de vrais instruments. Alors, ni une ni deux, Donatien et Innocent sont allés en vitesse chercher des tambours dans le quartier, les jumeaux ont apporté la guitare de leur père, et l’un des Français a sorti une trompette du coffre de sa 4L. Il commençait à se lever un agréable petit vent de pluie. Au loin, sur les bords du lac, on a entendu un grondement sourd, le tonnerre se rapprochait. Cela en inquiétait certains, surtout les plus vieux, qui anticipaient l’averse en préconisant de rentrer les tables et les chaises. Donatien a coupé court au débat en improvisant à la guitare un air de brakka music. Timidement, les gens ont recommencé à bouger dans la nuit zébrée d’éclairs. Les grillons se sont tus quand les soûlards ont commencé à faire tinter leurs bouteilles de bière avec des fourchettes et des petites cuillères pour accompagner la mélodie. La trompette a rejoint la guitare, accueillie par des sifflements et des cris de joie. Les invités dansaient à nouveau avec un entrain démultiplié. Les chiens, effrayés, la queue entre les pattes, se sont terrés sous les tables quelques secondes avant que le ciel n’explose — sons, lumière, rafales, crépitements. Les tambours sont entrés en scène, accélérant le rythme. Personne n’a résisté à l’appel de cette musique effrénée qui s’emparait de nos corps comme un esprit bienveillant. La trompette essoufflée essayait tant bien que mal de suivre la cadence des percussions. Prothé et Innocent frappaient ensemble les peaux tendues des tambours, le visage crispé par l’effort, une épaisse transpiration coulant sur leurs fronts luisants. Les mains des convives tapaient la mesure et les pieds martelaient le contretemps en soulevant la lourde poussière de la cour. La musique allait aussi vite que les pulsations de nos tempes. Les battements s’empilaient les uns aux autres. Le vent soufflait, remuait la cime des arbres du jardin, on percevait la vibration des feuilles et le bruissement des branches. De l’électricité flottait dans l’atmosphère. L’air avait une odeur de terre mouillée. Une pluie chaude était sur le point de s’abattre sur nous, si violente que l’on se mettrait alors à courir pour ramasser les tables, les chaises, les assiettes, avant d’aller s’abriter sous la barza et de regarder la fête se diluer dans le vacarme des trombes d’eau. Bientôt ce serait la fin de mon anniversaire, je profitais de cette minute avant la pluie, de ce moment de bonheur suspendu où la musique accouplait nos cœurs, comblait le vide entre nous, célébrait l’existence, l’instant, l’éternité de mes onze ans, ici, sous le ficus cathédrale de mon enfance, et je savais alors au plus profond de moi que la vie finirait par s’arranger.

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