XXX. SPARGE, PRECOR, ROSAS SUPRA MEA BUSTA, VIATOR[305]

« Passant, je t’en supplie, répands des roses sur ma tombe »

(Inscription romaine sur la tombe d’un pauvre des temps impériaux.)

Elle n’y était jamais retournée depuis qu’elle avait suivi M’man Donzert à Paris. Une dizaine d’années. Elle ne reconnaissait pas cette roue, presqu’aussi large que l’autoroute de l’Ouest, elle qui l’avait faite pour venir à Paris, et plus tard pour aller à l’auberge « Au coin du bois », pour aller à la ferme. Le paysage était ici comme à la Porte où elle habitait, toutes les sorties de Paris se ressemblent… Des immeubles neufs, en construction ou à peine construits, blancs, très hauts et très plats, ceinturés de balcons de couleurs vives.

Le car traversa un joli patelin[306] qui tenait de la petite ville et du village, sur un fond de collines boisées où se mon-, traient parmi les arbres, les tuiles oranges des toits. Il y eut des virages, montées et descentes, et la plaine s’étala à nouveau… On roulait.

Voici l’auberge « Au coin du bois », où avait eu lieu sa noce. Martine sortit de son sac un bonbon. L’auberge était aussi pimpante. On ne voyait personne autour. Le car dépassa l’auberge. Ce pavillon à côté n’existait pas alors… Volets verts, toit orange. Le car roulait, grosse bête maladroite, ronflante. Les passagers, des habitués, restaient tranquilles à leurs places, ils savaient où ils étaient, où ils allaient descendre, les noms des villages que l’on dépassait, le temps, les kilomètres… Martine ne savait rien de tout cela, et elle avait perdu l’habitude de voyager en car, toujours dans sa voiture, avec Daniel ou seule, ou avec des amis et amies… Martine sortit un autre bonbon de son sac.

La route avait depuis longtemps perdu ses airs d’autoroute et coulait modestement traversant des pays, plongeant dans les bois. C’est en bordure d’une grande forêt où se tenait la petite ville de R… que Martine se retrouva en pays de connaissance. L’autobus s’arrêta longuement près de la gare, se vida et continua son chemin, à travers le centre de la ville. Voici la place avec le château historique… « J’aimerais me perdre dans les bois avec toi… »

Chaque pierre, chaque arbre, chaque maison, changement, disparition, rien ne pouvait échapper ici à Martine, à sa mémoire infaillible… Elle reconnaissait et remarquait chaque détail. Le car entrait dans la profondeur humide des grands bois. Ici, on n’avait touché à rien, ici Martine était chez elle. Elle n’aurait pas pu se perdre parmi ces arbres, elle les connaissait presque un à un.

La « gendarmerie nationale » était la première maison du village. Martine croqua son bonbon, l’avala et en mit un autre dans la bouche.

Elle reconnaissait les cahots de la rue mal pavée du village. Le village avait rajeuni, de vieilles façades disparues sous un crépi neuf… Il y avait des maisons récemment bâties, une pompe à essence… Le car tourna péniblement et s’arrêta sur la place. Martine descendit.

Elle fit quelques pas, tout engourdie… Fouilla nerveusement dans son sac pour chercher un bonbon. Martine traversa la place, entra sous la voûte, poussa la porte sur laquelle on pouvait lire : ETUDE.

— Maître[307] Valatte ? De la part de ?… Mais certainement ! Je vais prévenir Me Valatte… asseyez-vous, Madame…

Le clerc disparut derrière une porte matelassée, pendant que les quatre dactylos jetaient à Martine des regards en dessous… Martine portait un vaste manteau, très court, et lorsqu’elle s’était assise, croisant les jambes on lui voyait les genoux… ses cheveux coupés à la dernière mode étaient tenus par un petit carré de soie noué sous le menton… elle tapotait d’un gant nerveux ses doigts dégantés, aux ongles parfaits, longs, roses nacrés. Son visage savamment fardé était, bien qu’un peu bouffi, d’une grande beauté…

— Voulez-vous donner la peine d’entrer…

Me Valatte avait la tête toute blanche ! Lui si brun autrefois. Le visage encore jeune pourtant.

— Vous m’annoncez une « succession », maître Valatte… De quoi s’agit-il ?

Me Valatte avançait un siège, s’installait lui-même devant son bureau, ouvrait un dossier, le feuilletait :

— Eh bien, Madame, il s’agit d’un terrain qui a quand même deux mille mètres carrés… Et qui vous revient entièrement puisque de tous les enfants encore vivants de la défunte Marie Vénin, vous êtes la seule légitime…

— Ah bien, fit Martine, je ne m’en doutais pas…

— C’est ainsi pourtant… Votre sœur aînée est morte, comme vous devez le savoir.

— Non, Monsieur… je ne sais rien… Je n’avais plus aucun contact avec ma famille…

— Eh bien… votre père adoptif, Pierre Peigner, s’est tué en tombant d’un arbre… Ici, au village. On avait souvent recours à lui pour l’élagage…[308] Malheureusement, il buvait…

— Et les petits ?

— Les petits sont depuis longtemps des grands, chère Madame. Ceux qui sont vivants, car deux d’entre eux sont morts, de tuberculose, comme leur sœur… Leur demi-sœur. L’un après l’autre. Les conditions de vie… Il y en avait un qui s’est engagé dans la Légion[309], et les deux autres sont allés le retrouver en Algérie. Je ne saurais pas vous dire ce qu’ils y font… je suppose, la guerre. Votre mère vivait toute seule les derniers temps.

— Toujours dans la même baraque ?

— Oui, je regrette…

Martine rit d’une façon si déplacée que l’œil de Me Valatte s’éteignit.

— Alors, dit Martine, qu’est-ce que je dois faire ?

— Il y a quelques formalités à régler[310]

— Il y a à payer ? Parce que s’il y a à payer, je ne marche pas[311]… Je ne veux rien débourser.

— Alors, il faut vendre, madame Donelle…

— Bien sûr… — Martine se leva. — Je laisse cela entre vos mains… Il n’y a pas de clef ?

— Non, Madame, j’avoue… Je me demande d’ailleurs si une clef existe. — Me Valatte ouvrit la porte : — Vous avez votre voiture, Madame ?

— Non, je suis venue par le car.

— Si vous vouliez visiter les lieux, je suis à votre disposition pour vous y conduire…

— Vous êtes trop aimable… Ce n’est vraiment pas loin, je vais y aller à pied.

Me Valatte s’inclina encore une fois :

— Je m’occupe de votre affaire, Madame… Mes hommages…[312]

Martine suivit la rue… Le bureau de tabac où elle venait chercher des allumettes. La devanture de la marchande de couleurs était aussi poussiéreuse que dans le temps… Devant la maison du père Malloire, un vieillard était assis dans un fauteuil de rotin déverni… Serait-ce le père Malloire lui-même ? Son potager, au-delà de la maison, n’était pas cultivé, un rosier sauvage s’appuyait lourdement à la clôture. Le vieux, le menton sur sa canne, suivait Martine du regard. La maison du père Malloire était la dernière du village, après il n’y avait que les champs et la route goudronnée. Martine dépassa le tournant, le chemin qui menait directement à la cabane : elle ne voulait pas l’affronter tout de suite, elle avait envie de se promener dans la forêt… Personne ne l’attendait, nulle part, elle n’avait pas d’heure.

Martine s’enfonçait dans la forêt… Elle éprouvait un soulagement, elle respirait de toute sa peau, elle était le poisson qui a retrouvé l’eau. C’était pour la première fois depuis l’annonce faite par Daniel, qu’elle sentait quelque chose en dehors de l’intolérable. Les parfums de la forêt venaient au-devant d’elle. Voici la clairière qu’elle savait. Elle s’assit sur une grosse pierre et se mit à regarder la surface verte, d’un vert pas naturel, chimique vénéneux, les herbes gorgées d’eau recouvrant le marécage… S’enfoncer là-dedans… La pire de morts lentes. Martine renversa la tête. Le ciel était bleu et les troupeaux de moutons blancs et frisés y passaient en paix. Martine se leva et tout de suite obliqua de côté[313] cherchant la terre ferme… Les grands sapins, les aiguilles jonchant la terre vernies et brillantes comme un parquet vitrifié[314]. Oh ! une coupe… Martine sentit un vide dans la tête et pressa le pas dans la direction de la nationale qu’on voyait très bien maintenant que les arbres étaient abattus.

Elle marchait entre les souches toutes fraîches. Devant elle, sur la route, filaient des voitures. Un petit fossé, et la voilà sur le bord de la nationale… Les voitures se suivaient dans les deux sens… Bjik… bjik… faisaient-elles au passage.

Martine décida de marcher jusqu’à l’hostellerie. De là, elle prendrait le chemin direct pour la cabane. Si l’hostellerie était encore là.

Elle était toujours là. Trop tôt encore pour le « poulet à l’estragon », sans quoi Martine se le serait payé[315]. Elle s’approcha, côté forêt, de ce treillage à travers lequel, autrefois, elle avait regardé les gens manger… Martine regardait les garçons en veste blanche qui finissaient de mettre le couvert. Des gens arrivaient… Elle sera toujours celle qui regarde vivre les autres, sans qu’ils s’en doutent, comme une voleuse. Une pie noire et voleuse.

Martine fit le tour et se présenta à l’entrée de l’hostellerie, côté route. Il y avait déjà plusieurs voitures devant et du monde sur la terrasse. Martine traversa le restaurant et se hissa sur un tabouret du bar, au fond. Ici il n’y avait encore personne. Comme c’est joli… encore des meubles en rotin, et plus beaux que les siens… et les appliques ! Dans l’immense cheminée, des poulets tournaient sur des broches au-dessus d’un feu rougeoyant…

Le chasseur[316] regarda Martine avec curiosité, lorsqu’elle lui dit qu’elle n’avait pas de voiture. Martine s’éloignait sur le bas-côté de la grande route, les voitures la frôlaient presque. Le jour baissait, Martine prit le raccourci[317] pour gagner le chemin de la cabane, derrière le rideau d’arbre.

De loin, Martine distingua devant la cabane un camion. Martine cherchait des yeux le conducteur : personne. Un grand silence. Elle sentait la nuit la cerner, le brouillard lui brouillait la vue. Il n’y avait pas trace de passage vers la porte de la cabane, comme si c’était une tombe oubliée. Dans la porte de la cabane parut un homme. Il regardait venir Martine. Elle s’approcha, s’arrêta devant lui… L’homme était très grand, il portait sur ses muscles un pantalon bleu, un maillot de corps à larges mailles, et des bottes en caoutchouc. On pouvait encore voir que ses yeux étaient d’un bleu très clair… il n’était pas rasé…

— Qu’est-ce que vous voulez ?

— Je suis chez moi… dit Martine.

L’homme la regardait, intensément :

— La fille à Marie ?

— Oui…

— Ah ! en ce cas… A vous la place. Je vais vous dire une chose : vous êtes peut-être sa fille, mais vous ne la pleurerez jamais autant que moi.

— Alors… venez m’aider à la pleurer.

— Martine passa devant, entra dans la cabane. Il y faisait complètement noir et il y avait un remue-ménage à faire tomber les murs pourris.

— Les rats… — dit l’homme derrière Martine, et il alluma le briquet. — Bon, il y a encore du pétrole dans la suspension. Des régiments de rats… Ce sont les provisions de Marie qui les attirent… des pommes de terre, la farine… les derniers temps, elle n’allait plus au village, elle était trop malade… Sans moi, que serait-elle devenue, Marie ! Personne ne se dérangeait pour elle. Et moi, moi je n’étais pas toujours là… quand on est routier… c’est l’absence, la séparation. Mon chemin ne passait pas toujours par ici. Ma pauvre Marie ! J’arrive, je ne trouve personne… C’est au pays qu’on m’a appris. Morte et enterrée… Et me voilà seul !

L’homme baissa la tête, et des larmes, de grosses gouttes tombèrent sur la table, sous la suspension où ils s’étaient assis tous les deux. Les rats ne semblaient pas être gênés par leur présence. L’énorme botte de l’homme s’abattit sur l’un d’entre eux… Il se leva, attrapa le rat par la queue, alla le jeter dehors et revint s’asseoir en face de Martine.

— Ma mère avait quarante-huit ans, dit-elle.

— Et alors ? Ce n’est pas un âge. On s’aimait nous deux, quand moi je n’ai que trente. Et je l’aurais aimée jusqu’à ma mort…

Un rat courait sur la table. L’homme l’abattit du poing et balaya le cadavre par terre.

— Quand ils sont nombreux comme ça, dit-il, il faut s’en méfier, des fois ils passent à l’attaque. Je vais aller chercher une bouteille dans le camion. Venez avec moi, les femmes n’aiment pas la compagnie des rats… Du moment que vous êtes la fille à Marie, on est comme qui dirait parents. Je suis content de vous avoir rencontrée, on partage le chagrin… Vous pouvez être tranquille, personne ne l’aura aimée comme moi.

L’homme aida Martine à grimper dans le camion. Il y faisait noir et cela sentait l’essence…

— Asseyez-vous, par là…

L’homme guida Martine et elle tomba sur quelque chose de rembourré : un siège d’auto à ressorts… L’homme déboucha une bouteille.

— Tenez… — Il tendit un verre à Martine. — Attendez, je vais sortir mon casse-croûte…

— Je n’y vois pas…

— On va allumer… — je m’appelle Bébert, dit-il et il alluma la bougie d’une lanterne et la suspendit sous le toit du camion. — Marie, elle aimait venir ici…

Et soudain Bébert laissa tomber le pain et le couteau et des sanglots secouèrent son corps géant.

— Allons, Bébert… Martine passa une main légère sur les épaules de l’homme. — Est-ce que je pleure, moi ?

Bébert se ramassa, s’assit aux pieds de Martine et posa la tête sur ses genoux. Il pleurait encore un peu.

— Tu t’appelles Martine, hein, petite ? La Marie aimait rêver de toi, elle disait, ma petite, elle pense à moi, à sa mère, elle doit se souvenir comme je lui faisais une petite place dans mon lit… et comme je la grondais des fois… Si la Marie nous voit de là-haut, elle doit être heureuse avec ses cheveux comme des fils d’or sur l’arbre de Noël. Toi t’es brune, t’es noire comme une hirondelle.

— Comme une pie…

— Non, une pie, c’est bavard, et toi tu ne dis rien.

Il entoura les jambes de Martine de ses bras durs…

— La petite à ma Marie, disait-il, Martine, sa préférée, la petite-perdue-dans-les-bois…

— Elle t’a dit ?

— Oui… Comme on t’a cherchée, tout le monde, tout le village, et comme on t’a trouvée sous un arbre, dormant comme un petit ange et comme tu as tendu les bras au garde forestier et tu as ri, pas effrayée, contente… La petite préférée à Marie… N’attrape pas froid, il commence à faire frais… Il prit une couverture et la mit sur les épaules de Martine : — Et puis, viens, tu seras mieux là-bas… Dans le coin… Quand on voyage à deux, c’est ici qu’on dort pendant que l’autre conduit. Couche-toi.

Martine se laissa aller sur un matelas. Bébert se mit à côté d’elle. Il pleurait à nouveau, murmurait des mots sans suite, l’embrassait… Voilà, voilà son destin dément… Elle qui n’a été qu’à un seul homme ! Était-ce la nuit ou la mort… le couvercle de sa tombe s’abattait sur elle.

Au petit jour, elle vit le visage de Bébert au-dessus du sien, il parlait :

— Martine, il faut que je parte… Je perdrais mon boulot, si je n’allais pas prendre le chargement… Je reviens dans huit jours… Mardi, tu m’entends, Martine ? Mardi en huit…[318] Tu seras là, tu me promets ? Jure-moi que tu reviendras ?

— C’est promis… dit Martine.

Bébert la prit dans ses bras de fer et la descendit du camion et la déposa sous un arbre, face à la cabane.

— Ne retourne pas à la cabane, lui recommanda-t-il, c’est un cauchemar là-dedans… La prochaine fois, je t’emmènerai d’ici. Tu verras, je gagne bien ma vie, je te rendrai heureuse. Ne retourne pas à la cabane. Rentre chez toi à Paris ! Je te donne rendez-vous ici, dans huit jours… Fais de moi ce que tu veux, mais viens ! Sinon, gare à toi !

Il remonta dans le camion. Martine n’ouvrait pas les yeux, elle entendit seulement le bruit démesuré du camion qui démarrait.

Elle se débarrassa de la couverture dont Bébert l’avait enveloppée.

Le monde était là, nettoyé par la nuit, calmé, rajeuni.

Tout allait recommencer avec le soleil, il faudrait prendre le car… il y aurait les doigts des dames, les traites… Martine se leva et traîna son corps endolori jusqu’à la cabane. Se retrouver ici… Elle regardait le lit, le buffet, la table… Le jour avait du mal à pénétrer à travers les vitres sales, mais les rats se tenaient tranquilles. Il faisait plus froid que dehors, humide : d’un geste retrouvé, Martine tira un fagot de derrière la cuisinière… Les allumettes étaient par-là… elle attendait que les fagots prennent bien[319] pour ajouter de petites bûches, puis elle sortit prendre de l’eau au puits. L’eau qu’elle ramena dans un seau était d’un froid propre, transparent. Il devait y avoir dans le buffet de la menthe ou du tilleul… il y en avait toujours eu.

Il y en avait. L’eau bouillait. Du revers de la main, Martine nettoya la table, y posa un bol, sucra sa menthe d’un bonbon… Elle était chez elle… Après tout, elle pouvait attendre Bébert ici. Ici où sa mère a été heureuse avec tant d’hommes, un seul suffira à son malheur à elle. L’amour, quand ce n’était pas celui de Daniel était le plus violent, le plus atroce des poisons. Le crochet de la suspension était toujours là, mais se pendre devenait inutile : Bébert ferait l’affaire[320].

Elle se mit à attendre.

Huit jours plus tard, un camion fou traversait le village, accompagné de cris, de hurlements… Miracle qu’il n’ait tué personne, ni accroché une voiture ! Le camion s’arrêta devant la Gendarmerie Nationale, le conducteur sauta de sa cabine, entra d’un bond dans la pièce où deux gendarmes faisaient une belote[321]

— Dans la cabane de Marie Vénin… dit-il, il faut y aller…

Ses yeux bleus étaient injectés de sang, la sueur lui collait les cheveux au crâne, les muscles du corps tressaillaient.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demandaient les gendarmes bouclant leurs ceinturons, un accident, un crime ?

— Les rats ! cria l’homme, les rats ont dévoré la fille à Marie… Ils ont dû l’attaquer en masse…

Les gendarmes enfourchaient leurs bicyclettes.

C’est en 1958 qu’est apparue sur le marché la rose parfumée MARTINE DONELLE : elle a le parfum inégalable de la rose ancienne, la forme et la couleur d’une rose moderne.

FIN
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