CHAPITRE X

Dès son arrivée à Moscou, Constantin Kirillovitch essaya de retrouver les traces de Nicolas et de Lioubov. Mais, aux dernières nouvelles, Lioubov habitait Saint-Pétersbourg et s’apprêtait à quitter la ville, avec Prychkine, pour suivre une tournée où elle jouerait des « rôles d’expression ». (« J’appelle ça des rôles muets, disait Arapoff ; quelle idiote ! ») Quant à Nicolas, Braniloff ne l’avait pas vu depuis quinze jours et ignorait son adresse actuelle. Constantin Kirillovitch dut se contenter de laisser une lettre à l’intention de son fils chez le vieil avocat. Il était très affecté par ce contretemps, et la gentillesse active de Tania et de Michel ne suffisait pas à le distraire. C’était en vain que sa fille et son gendre le traînaient au théâtre, au concert et dans les magasins. Partout, il conservait un air attentif et chagrin.

Zénaïde Vassilievna, en revanche, après avoir copieusement pleuré l’absence de Nicolas et de Lioubov, avait fini par oublier un peu ses déconvenues dans le tourbillon où l’attirait Tania. Cette existence de luxe et d’agitation l’émerveillait et l’épuisait, si bien qu’elle n’avait plus le goût de réfléchir à sa peine. Elle admirait pêle-mêle la maison, les meubles, les domestiques, les tableaux, les robes, les amis de Tania. Tania la comblait de cadeaux et de prévenances. Michel lui rapportait des pièces de tissu du magasin. Volodia, qui venait fréquemment en visite, lui racontait des anecdotes qui la faisaient rire jusqu’aux larmes. Un jour, cependant, après avoir débité quelques plaisanteries, il lui demanda des nouvelles d’Olga Lvovna. Elle n’osa pas lui avouer que Mme Bourine vivait à Mikhaïlo avec Kisiakoff. Elle murmura : « Nous nous sommes un peu perdues de vue. Je crois qu’elle va bien. » Volodia devint songeur et changea de conversation.

Lorsque Zénaïde Vassilievna raconta cet incident à Tania, la jeune femme lui dit :

— Sa mère ne lui a rien écrit à ce sujet. Mais il se doute de quelque chose. Michel l’a préparé au choc.

— Ah ! dit Zénaïde Vassilievna, il devrait bien se marier, avoir des enfants.

Puis elle regarda sa fille droit dans les yeux et ajouta :

— Toi aussi, tu devrais bien avoir des enfants.

Tania éclata de rire :

— Mais j’en aurai. Seulement, je veux m’amuser d’abord !

Cette réplique inattendue déconcerta Zénaïde Vassilievna.

— Tu attendras tant que je mourrai avant d’avoir vu mon petit-fils ou ma petite-fille, dit-elle.

Et elle se mit à pleurer.

Le cinquième jour de son arrivée à Moscou, Constantin Kirillovitch, à bout de patience, retourna voir Braniloff. Il trouva l’avocat assis, en robe de chambre puce, dans son bureau. Le bonhomme découpait des images dans un livre d’apiculture et les collait sur des feuilles de papier glacé.

— N’avez-vous pas de nouvelles de mon fils ? demanda Arapoff en s’installant dans le fauteuil de cuir déchiqueté que lui désignait Braniloff.

— Si fait, si fait, dit Braniloff. Il est venu ce matin. Il a lu votre lettre. Il passera vous rendre visite demain après-midi, vers cinq heures.

Arapoff poussa un soupir de soulagement. Son cœur se mit à battre très fort. Timidement, il questionna :

— Et son adresse, vous l’a-t-il enfin donnée ?

— Non, dit Braniloff en trempant son pinceau dans la colle.

— Comment cela non ?

— Il ne me donne jamais son adresse, dit l’avocat. Il est très prudent…

— Mais c’est insensé ! s’écria Arapoff. Comment pouvez-vous tolérer que votre secrétaire s’absente des semaines entières sans laisser d’adresse ? À quoi travaille-t-il donc ? Pour quoi le payez-vous ?

— Oh ! dit Braniloff, chez moi il ne travaille guère. D’ailleurs, je suis, en quelque sorte, retiré du circuit. Je m’occupe surtout de botanique, de questions agraires. Nicolas vient quand il veut. Il recopie et corrige mes articles. Quant au traitement, nous l’avons supprimé d’un commun accord. Il a son couvert à ma table. Il sait qu’il peut toujours se restaurer chez moi…

— Et c’est tout ? demanda Arapoff, éberlué.

— Mais oui, c’est tout.

Arapoff se dressa péniblement sur ses jambes et fit quelques pas dans la pièce pour se donner le temps de la réflexion. Les révélations de Braniloff répondaient si exactement à son inquiétude qu’il se croyait le jouet d’un rêve. Une tristesse lourde le submergeait. Découragé, fatigué, il dit, comme se parlant à lui-même :

— À quoi, diable, peut-il donc employer ses journées ?

— Vous ne le savez pas ? demanda Braniloff. Que c’est étrange !

— Et vous le savez !

— Parbleu ! Il travaille pour la « cause ». Moi aussi, quand j’avais vingt ans, je travaillais pour la « cause ». Ce n’était pas tout à fait la même. Nous étions des poètes. Ils sont des techniciens. Il faut bien que jeunesse se passe.

— En quoi consiste ce travail ? dit Arapoff d’une voix blanche.

— Là, vous m’en demandez trop… Des meetings, des tracts… Rien de bien grave, en somme… À l’heure qu’il est, les sept dixièmes de nos intellectuels sont socialistes… Après tout, ils ont peut-être raison. Le régime a vieilli. Il faut replâtrer la baraque. Moi, n’est-ce pas ? Je suis en dehors du circuit…

Arapoff haussa les épaules. Il ne concevait pas qu’on pût parler avec cette négligence du danger qu’une poignée de voyous faisait courir à l’ordre impérial. Ce vieux fou bredouillant, vêtu de sa robe de chambre puce, lui semblait tout à coup odieux et redoutable. Il dit brièvement :

— Quelle que soit votre opinion sur les agissements de mon fils, ce n’est pas avec le traitement que vous ne lui payez plus qu’il peut subsister à Moscou. Comment gagne-t-il de quoi vivre ?

Braniloff eut un gros sourire saliveux et cligna de l’œil :

— Ces jeunes gens sont fortement liés par leurs idées. Ils s’aident mutuellement. La caisse du parti les soutient…

— Mon fils serait inscrit au parti ?

— Je n’en sais rien. Je dis « parti », comme je dirais « cercle », ou « confrérie », ou n’importe quoi de semblable. Bref, il se tire d’embarras. N’est-ce pas l’essentiel ?

— Non, dit Arapoff.

Il ramassa son chapeau qu’il avait posé sur la table et tendit la main à Braniloff. Sur le seuil de la porte, il se retourna et demanda encore :

— Puis-je vous prier, à l’avenir, de veiller un peu mieux sur mon fils ? Je voudrais avoir confiance en vous. Je voudrais…

Il s’interrompit, regarda Braniloff penché sur ses images, une paire de ciseaux à la main.

— Mais oui, mais oui, répétait l’avocat. À votre service… Bien sûr… Que ne ferais-je ?…

Arapoff quitta la pièce, la poitrine oppressée, les yeux voilés de larmes. Dans le couloir, il se heurta à une femme opulente qui lui saisit la main.

— J’ai écouté à la porte, dit-elle. Je suis Nadéjda Alexandrovna Braniloff, la femme de Braniloff. Il est un peu fou. Mais c’est un si brave homme ! Comptez sur moi. Je m’occuperai de Nicolas, je le soignerai…

Elle s’arrêta, poussa un soupir :

— Si seulement il me laissait faire ! Il est tellement sauvage ! Voulez-vous une tasse de thé ?

Une envie de pleurer, stupide, irritante, piquait la gorge et les paupières d’Arapoff. Il eut peur de ne pas pouvoir se retenir, secoua la tête et sortit sans ajouter un mot.


Ayant embrassé ses parents, Nicolas s’assit dans le fauteuil que lui avançait Michel. Nina et Tania se tenaient un peu à l’écart, près de la fenêtre. Un crépuscule, bleu et fade, commençait à noyer le salon. Dans cette pénombre, le visage de Nicolas paraissait encore plus exsangue. Un silence gênant s’appesantit sur le groupe. Zénaïde Vassilievna, immobile, muette, étudiait son fils avec avidité. Elle notait au vol les souliers mal cirés, la chemise usée et le veston marqué de taches. Et elle souffrait de cette misère discrète. Pourtant, quel que fût son désir de plaindre et d’interroger le jeune homme, elle n’osait ouvrir la bouche. Ce fut Constantin Kirillovitch qui prit la parole. Tout à coup, il dit d’une voix basse, presque chevrotante, que Zénaïde Vassilievna entendait pour la première fois :

— Enfin, te voilà retrouvé. Tu te caches bien, mon garçon. Et tu ne donnes pas souvent de tes nouvelles.

— J’étais très occupé, dit Nicolas, et il détourna les yeux.

— Comment, très occupé ? s’écria Zénaïde Vassilievna. Ton père a vu Braniloff…

— Tais-toi, Zina, dit Constantin Kirillovitch. J’ai vu, en effet, Braniloff. Et il m’a mis au courant de ton travail chez lui. Tu n’as strictement rien à y faire. Il ne te paie pas. Et, d’ailleurs, tes heures de présence au bureau sont plus que fantaisistes. Par-dessus le marché, tu refuses de donner ton adresse. Que devons-nous penser de tout cela ?

— Ce qu’il vous plaira, dit Nicolas. Puisque vous savez tout, la discussion sera brève.

Il avait parlé sur un ton morne, indifférent.

— Pour l’amour du Ciel, mon enfant, dit Zénaïde Vassilievna, ne t’enferme pas dans ton orgueil. Nous sommes tes parents, nous voulons te guider, t’aider. Peut-être es-tu entraîné par une femme ?…

Elle s’arrêta et ajouta vivement :

— Veux-tu nous laisser seuls, Nina ?

Nina sortit sur la pointe des pieds.

— De quelle femme s’agit-il ? reprit Zénaïde Vassilievna.

— Écoute, Zina, dit Constantin Kirillovitch avec humeur, laisse tes histoires de femme. Nicolas est embarqué dans une affaire plus grave que tu ne l’imagines.

— Je te promets de ne plus t’interrompre, Constantin, dit Zénaïde Vassilievna en se tamponnant les paupières.

Arapoff s’approcha de son fils et posa les deux mains sur ses épaules. Il le regardait dans les yeux avec fixité. Il dit enfin :

— Nicolas, ta conduite me déplaît et m’inquiète. Quelles que soient tes idées politiques, tu n’as pas le droit de salir notre nom en t’efforçant de servir une bande d’illuminés. Je te demande de renoncer, une fois pour toutes, à cette activité aussi louche que nuisible, et de revenir avec nous à Ekaterinodar.

Comme Nicolas ne répondait rien, il poursuivit :

— Ne crois pas que je te tienne rigueur de ton silence et de ta passion. Je t’aime assez pour te pardonner le mal que tu nous as fait, à ta mère et à moi. Seulement, il faut que tu t’arrêtes.

— Je ne veux pas quitter Moscou, dit Nicolas d’une voix sèche.

Son visage n’avait pas changé d’expression. On eût dit qu’une volonté terrible insensibilisait toutes les fibres de sa chair. Il était là, debout, impassible, comme un mannequin. Seule sa respiration sifflante, irrégulière, témoignait de son désarroi.

— Tu refuses ? demanda Constantin Kirillovitch faiblement.

— Allons, Nicolas, s’écria Michel, vous n’aurez pas la cruauté de repousser la prière de vos parents. Vous leur avez causé trop de peine !

Tania avait tourné son visage contre la vitre. Zénaïde Vassilievna vint la rejoindre, la caressa, l’attira sur son épaule.

— Tu refuses ? répéta Constantin Kirillovitch, et sa mâchoire inférieure se mit à trembler.

Nicolas inclina la tête.

— Mais… mais tu as donc une pierre à la place du cœur ? hurla Arapoff. Mais tu ne nous reconnais donc plus ? On t’a hypnotisé, séduit, abêti pour la vie ? Réponds !

— Je vous ai déjà dit que je désirais rester à Moscou.

— Pour comploter avec ces canailles ! glapit le docteur. Pour rédiger des tracts d’injures contre le tsar, l’Église, la Patrie ! Pour louer les assassins, les fabricants de bombes et de faux billets !

— Je te prie, papa, de mesurer ton vocabulaire lorsque tu parles de mes amis. Si tu ne respectes pas leurs idées, respecte au moins leur courage et leur bonne foi, dit Nicolas avec froideur.

— Leur bonne foi ? Mais, s’ils étaient de bonne foi, ils travailleraient au lieu de vivre d’expédients ignobles ! Ah ! Nicolas, de quelle famille te crois-tu donc issu ? Laisse cette tâche aux voyous, aux envieux, aux professionnels du meurtre et du vol à la tire. Mais toi, toi, tu es mon fils, mon enfant, tu portes mon nom, je t’aime…

Il bredouillait, la voix coupée par des sanglots horribles. Nicolas était devenu livide. Un regard de pitié passa dans ses prunelles vitreuses. Des gouttes de sueur perlaient à son front. Il gémit :

— Je t’en supplie, papa… N’insiste pas… Tu me rendrais fou pour rien… Je… Je ne peux pas te dire autre chose… Alors, il ne faut plus me faire mal… Va-t’en… Allez-vous-en, tous… Je vous aime aussi… Fort, fort, comme jamais… seulement, partez… Au nom du Ciel…

Il ne pouvait plus tenir. Il allait tomber comme une masse aux pieds de ces deux vieillards. Ils étaient si bons ! Et si malheureux ! Derrière eux, il y avait tout son passé, avec des visages d’enfants, des rires, des tilleuls frissonnants, et la table ronde servie de thé, de pastèques et de confitures. Derrière eux, il y avait la propreté, l’aisance, la joie de vivre et le calme de Dieu. La tentation était si forte que Nicolas voulut appeler à l’aide. Mais qui ? Zagouliaïeff, Grunbaum, les camarades aux mains sales, aux ventres creux, aux yeux ardents ? Tandis qu’il se débattait ainsi contre l’emprise des souvenirs, il vit son père s’affaler dans un fauteuil, déboutonner son col, comme s’il étouffait. Michel marchait de long en large dans la pièce :

— Nicolas, reprenez-vous… Réfléchissez…

— Partez… Allez-vous-en, geignait Nicolas.

— Tania, un verre d’eau, je t’en prie, dit Constantin Kirillovitch. Ce ne sera rien…

Nicolas ferma les paupières. Son cœur cognait si violemment qu’il entendait à peine les bruits de la pièce. Un poids affreux écrasait sa poitrine. Sa salive avait un goût de sang. Tout à coup, à travers le bourdonnement de ses oreilles, il devina la voix douce de sa mère qui l’interpellait :

— Nicolas, mon chéri, viens près de moi, viens donc…

Avait-elle vraiment dit cela, ou ces paroles remontaient-elles en lui du fond de son enfance ? Nicolas ouvrit la bouche, aspira l’air tiède, vaguement parfumé d’encaustique. Un frisson parcourut sa peau. Ses muscles se dénouaient. Toute sa chair devenait tendre. Les larmes ruisselaient sur ses joues. Ah ! oublier tout, trahir les camarades, partir… Zénaïde Vassilievna était près de lui. Il percevait la chaleur de ses vêtements. Son être entier était pris dans un rayonnement agréable. Il balbutia :

— Maman.

C’était parce qu’il avait faim, sans doute, que ses jambes tremblaient ainsi que sa voix mourait sur ses lèvres.

— Nicolas, mon fils !

D’une manière absolument imprévisible, Nicolas poussa un sanglot sourd et se laissa tomber devant Zénaïde Vassilievna. Le visage inondé de larmes, il baisait les vieilles mains fripées, l’étoffe trop neuve de la robe. Il s’emplissait la tête de ce parfum d’eau de Cologne et de savon. Il mâchait à pleines lèvres l’air nourricier de son enfance. Les secondes passaient, et il ne bougeait plus.

— Mon petit, mon petit qui a du chagrin, murmurait Zénaïde Vassilievna.

La voix de son père le fit tressaillir. Il disait :

— Enfin ! Enfin ! Ah ! comme je suis heureux !

Nicolas aussi était heureux. Fini les tracts, les comités, les parlotes, la peur des mouchards et les chambres froides. Fini, Zagouliaïeff. Fini, Moscou. Il s’écouta murmurer :

— Pardonnez-moi tous les deux…

— Alors, tu viens avec nous ? demanda Arapoff.

Nicolas releva le front. Le salon était plongé dans l’ombre. Un losange de tapisserie recueillait la dernière lumière du jour. Dans la pièce voisine, on entendait le pas d’un laquais, un tintement léger de vaisselle.

Nicolas passa une main sur sa face moite. Il croyait n’éveiller d’un rêve. Il regarda son père, sa mère :

— Oui, dit-il. Je vous suivrai… Mais plus tard… Beaucoup plus tard… Quand tout sera fini… Quand on n’aura plus besoin de moi…

Il se mit debout, péniblement, sourit, s’approcha de la porte.

— Il faut m’excuser, dit-il encore.

Puis, il cria : « Adieu », poussa le battant et se précipita dans le corridor.

Lorsque le docteur arriva dans l’antichambre, Nicolas avait déjà quitté la maison.


Le soir même, le docteur et sa femme examinèrent avec Michel les moyens d’apprivoiser et de guider leur fils. Après tout, Nicolas était un faible. Il ne s’en était pas fallu de beaucoup qu’il cédât aux instances de son père. Tous les espoirs étaient donc permis à condition de manœuvrer avec adresse. Pour calmer Constantin Kirillovitch, Michel lui promit de retrouver Nicolas et de le convoquer à son bureau. Là, il lui offrirait de prendre en main certains procès des établissements Danoff. Bien entendu, il rétribuerait largement Nicolas pour ses services et tenterait de l’attirer peu à peu à la maison. Un travail intéressant, une affection attentive, auraient vite raison de la réserve où se complaisait le jeune homme. Conseillé, encadré, réchauffé, il se détacherait lentement de ses amis socialistes et reviendrait à une vie normale, sans qu’il fût besoin, pour cela, de l’expédier à Ekaterinodar.

Les paroles apaisantes de Michel finirent par convaincre ses beaux-parents… Certes, ils auraient aimé demeurer à Moscou jusqu’à ce que Nicolas eût accepté la proposition de Michel. Mais Constantin Kirillovitch ne pouvait guère s’absenter plus longtemps, et Zénaïde Vassilievna ne voulait pas le laisser rentrer seul à Ekaterinodar. Quant à Nina, elle exprima bien le vœu d’accompagner son père qui avait tant de chagrin, mais Tania la supplia de rester auprès d’elle, comme convenu, jusqu’à la fin des vacances de Pâques. Partagée entre sa piété filiale et le désir de passer quelques jours supplémentaires avec sa sœur, Nina se résigna donc à voir partir ses parents, côte à côte, un peu plus courbés, un peu plus vieillis encore qu’à leur arrivée.

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