XXVII


« As-tu bien dormi ? demanda Colin.

– Pas mal, et toi ? » dit Nicolas, en civil cette fois.

Chloé bâilla et prit le pichet de sirop de câpres.

« Ce carreau m’a empêchée de dormir, dit-elle.

– Il n’est pas fermé ? demanda Nicolas.

– Pas tout à fait, dit Chloé. La fontanelle est encore assez ouverte pour laisser passer un fameux courant d’air. Ce matin, j’avais la poitrine toute pleine de cette neige…

– C’est assommant, dit Nicolas. Je vais les engueuler sévèrement. Au fait, on repart ce matin ?

– Après midi, dit Colin.

– Faudra que je remette ma tenue de chauffeur, dit Nicolas.

– Oh ! Nicolas… dit Colin. Si tu continues… je…

– Oui, dit Nicolas, mais pas maintenant. »

Il engloutit son bol de sirop de câpres et termina ses tartines.

« Je vais faire un tour à la cuisine », annonça-t-il en se levant et en rectifiant son nœud de cravate au moyen d’un alésoir de poche.

Il quitta la pièce et on entendit le bruit de ses pas décroître en direction, probable, de la cuisine.

« Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, ma Chloé ? demanda Colin.

– S’embrasser, dit Chloé.

– Sûr !… répondit Colin. Mais après ?

– Après, dit Chloé, je ne peux pas le dire tout haut.

– Bon, dit Colin, mais après ?

– Après, dit Chloé. Il sera l’heure de déjeuner. Prends-moi dans tes bras. J’ai froid. C’est cette neige… »

Le soleil entrait à vagues dorées dans la pièce.

« Il ne fait pas froid ici, dit Colin.

– Non, dit Chloé en se serrant contre lui, mais j’ai froid. Après, j’écrirai à Alise… »

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