C’est dans l’adversité qu’on apprécie l’élégance morale d’un individu.
Vous pensez qu’il pétarde, le Vieux, de se voir reléguer dans les entrailles obscures du bâtiment ? Que nenni ! Vous vous figurez qu’il s’abîme en imprécations ? Qu’il profère des menaces ou rêve à de louches représailles ? Erreur, mes biens chers frères !
Il se laisse déménager en conservant le sourire. Faut voir pourtant déambuler notre sombre cortège dans les coursives. Des mousses nous guident. Ils ont reçu l’ordre de ne pas porter nos valoches et c’est nous autres qu’on les trimbale. On arpente les moquettes de la first classe, puis le linoléum de la classe touriste pour, enfin, fouler le caoutchouc merdâtre de la zone migrateuse.
Le Vieux marche en tête suivi du rigide Ross, pas effaré le moins du monde par ce déménagement nocturne.
Il est en pyjama, Ross. Avec un imper sur les épaules et sa bachouze de chauffeur. Derrière lui, Pinuche et Marie-Marie endormie, la pauvrette, qui titube d’une cloison à l’autre, enserrant dans ses bras une mitraillette en matière plastique (M’man voulait lui acheter une poupée, à Cannes, mais elle a préféré la mitraillette). Je ferme la marche avec Hector.
On finit par débarquer (si je puis ainsi m’exprimer, l’action continuant de se passer à bord d’un bateau) dans un dortoir propre et sinistre, qui sent le neuf et le renfermé.
C’est fou comme on est plein d’attentions pour les pauvres. Dans un sens, quand on leur aménage des locaux, ceux-ci sont presque plus élaborés que ceux des riches. On ne peut pas croire qu’il existe des couleurs aussi lugubres, des matériaux aussi mesquins, des formes aussi insultantes, des éclairages aussi moroses, des commodités aussi incommodes.
C’est rudement chiadé dans le genre débilitant. Une apothéose de la grisaille humiliante.
Imaginez une vaste pièce sans hublots, toute en longueur, avec des parois ripolinées en gris-neurasthénique, des ampoules crues, protégées par des grilles pareilles à des masques d’escrimeurs, des couchettes glaciales aux couvertures jaune-pisse-d’âne, des placards pour vestiaire d’usine, des lavabos de pénitencier, un plancher de métal décoré par des alignées de rivets pareils à une irruption de boutons.
Du Kafka ! L’antichambre de la dépression !
Les mousses nous larguent en ricanant des désagréments. On pose les bagages au milieu du local et on se dévisage d’un œil cloaqueux. Le Vieux se lisse la calvitie du bout des doigts.
— Mes amis, dit-il, notre aventure tourne à la farce. Oublions son côté déplaisant pour n’en retenir que la cocasserie. Le directeur de la compagnie Pacqsif, vous avez pu le constater, a été traumatisé par ces nouvelles disparitions. Sa dépression s’est cristallisée sur nous et il convient de lui pardonner cette brimade. Demain nous devons faire escale à Malaga, nous quitterons le Merd’Alors et rentrerons en France.
— Pas d’accord, Patron, murmuré-je d’une voix décidée.
— Ah non ?
— Nous avons une mission à remplir, monsieur le directeur. Que ce soit en First class ou dans la soute à mazout, nous la remplirons. Les rats, paraît-il, désertent le navire au moment du naufrage. Nous ne sommes pas des rats, mais des policiers, et nous percerons le mystère du Mer d’Alors.
Il en sanglote, le Vieux. Ça s’étrangle dans sa gorge. Ça se fêle dans son pharynx. Ses cordes vocales s’effilochent.
— San-Antonio, coasse-t-il, car il n’a même plus la force de croasser. Mon petit ! Mon élève ! Mon disciple ! Mon dauphin ! Ma chose ! Mon résultat ! Je n’en espérais pas moins de vous ! Cette dignité ! Ce courage ! Ce déterminisme ! Cet orgueil professionnel ! Ce respect humain ! Bravo ! C’est grand ! C’est beau ! C’est Français ! Merci ! Je vous reconnais ! Je vous salue !
Il désigne les couchettes alignées le long du mur et qui se superposent deux par deux.
— Je suis avec vous ! Au milieu de vous ! Menant votre vie ! Respirant votre air ! Oui, nous découvrirons la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, je lève la main droite et je vous dis : je le jure ! Bafoués, nous ? Non ! Jamais ! Vive la police française !
On met Marie-Marie au dodo.
— Si vous débloquez encore longtemps, collez-y une sourdine, les mecs, nous supplie-t-elle. J’pige rien à ce mic-mac parce que j’ai trop sommeil, mais ce que je voudrais, c’est pouvoir en écraser sans avoir l’impression que j’sus couchée au milieu de la gare Saint-Lago !
Sa réclamation étant légitime, d’un commun accord, nous baissons le ton.
Ross demande :
— Quelle couchette choisissez-vous, sir ?
— Celle que vous voudrez, répond le Dabe.
— Parfaitement, sir. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, nous choisirons la plus éloignée de la porte et je me permettrai d’occuper celle du bas afin d’être davantage disponible.
Mais il n’est pas question de se pieuter dans l’immédiat. Auparavant, y’a conseil de guerre à la clé. Maintenant, on ne marne plus dans l’abstrait, sur des narrations de faits anciens. On a du positif, du flambant neuf à se mettre sous l’Adam.
— Alors ? murmure le Boss. Si on examinait un peu les récents événements ?
Il se tourne vers Hector, tout mépris a disparu de son ton. L’adversité unit les hommes, parfois…
— Parlez-nous de la disparition du Second. D’abord, le connaissiez-vous, vous qui avez déjà fait une croisière sur ce bateau ?
— Non, fait Hector. Je ne le connaissais pas pour la bonne raison qu’il est nouveau à bord. Ce soir, je draguais en classe touriste lorsqu’on m’a averti que le Second demeurait introuvable. C’était son temps de quart. Comme il ne se présentait pas sur la passerelle, le commandant l’a envoyé chercher. Sa cabine était vide. On est allé voir au carré des officiers puis on a fait des appels par phonie informant qu’on l’attendait d’urgence sur la passerelle…
— En effet, reconnais-je, j’ai entendu.
— Aucun résultat, continue Hector. Comprenant que nous étions en présence d’un nouveau phénomène de disparition, j’ai alerté ma brigade des recherches, composée d’une demi-douzaine de jeunes matelots délurés. Et nous avons, comme lors de la disparition du signor Paoli Sassali, inspecté toutes les cabines, je dis bien : toutes ! Rien, rien, rien !
— Les cabines seulement ? insisté-je.
— Evidemment non, les autres locaux également tels que l’infirmerie, la salle de gym, le poste d’équipage…
— Vous êtes venu ici, par exemple ?
— Bien sûr !
— Et dans la chambre des machines ?
— Aussi. Et la cabine de projection du cinéma, la nurserie, partout, te dis-je !
— La cale ? continué-je.
— Of course !
— Il doit y avoir un fameux capharnaüm là-dedans, non ?
— Tu peux le dire.
— Des barriques, des caisses, des bagnoles, hé ?
— Et des malles, des ballots, des bidons…
— Hector, fais-je, pour fouiller la cale, il faudrait plusieurs jours. Suppose qu’on ait collé un type bâillonné dans une caisse truquée sur laquelle est écrit « Sucre ou tapioca », tu ne pourrais pas le dénicher sans ouvrir systématiquement tous les machins entreposés dans le ventre du Mer d’Alors.
— Evidemment !
— Conclusion, il faudra tout inventorier dès demain. Ce sera long, mais c’est nécessaire.
— Car tu t’imagines que ces disparus sont encore à bord ?
— Je ne sais pas, c’est une hypothèse. Si on virait ces braves gens par-dessus bord, ce serait risqué, il y a toujours des passagers ou des marins qui traînaillent sur un pont ou un autre.
— Il y a encore plus de monde dans les salons et les coursives, Antoine, objecte Totor. Et pourtant, hein ?
Je médite un peu en attendant que mon éditeur prenne le relais.
— Boss, vous êtes sûrement l’une des dernières personnes à avoir vu Mme du Gazon-sur-le-Bide vivante, et… heu… bien vivante même.
L’interpellé fait un effort pour déglutir et pour dérougir.
— Si fait, si fait, s’empresse-t-il ensuite.
— Vous a-t-elle fait part de ses projets immédiats ?
Le chauve sourit.
— Oui. Elle comptait se rendre au salon de musique où, à cinq heures, devait avoir lieu un concert.
— Quelle heure était-il lorsque vous la quittâtes ?
— Environ quinze heures, à peine !
— Elle ne vous a pas parlé de son emploi du temps relatif aux deux heures à venir ?
— Non.
— Elle n’a fait aucune allusion à une promenade sur le pont ?
Vous ne trouvez pas gonflant, vous, que j’interroge le super big man de la poule tout comme s’il s’agissait d’un témoin lampiste ? Pour un peu, je lui filerais des torgnoles pour lui activer les réponses.
— Vous m’y faites songer, cher Antoine !
Le « cher Antoine » est tout ouïe. Pinuche et Hector déglutissent tant est vive leur tension nerveuse.
— Oui, boss ?
— Cette aimable personne m’a dit, dans le courant de la conversation, qu’elle ne mettait jamais le pied sur le pont d’un bateau lorsque celui-ci s’était éloigné de la côte. Elle souffre d’agoraphobie compliquée de claustrophobie. L’immensité marine l’effraie et lui donne en outre la notion de son relatif emprisonnement à bord.
— Donc, conclus-je, elle n’est pas allée sur le pont et par voie de conséquence, on n’a pas pu la pousser à bord.
— Je peux vous soumettre une suggestion qui m’est venue à la suite d’une forte méditation relative à ce problème troublant, mais également passionnant, il faut en convenir, bavoche Pinuchard.
— Soumets !
Le Déglingué s’ôte de menues écailles aux coins des yeux.
— Messieurs, dit-il, nous avons oublié une chose d’une extrême importance, me semble-t-il.
— What thing, Mec ?
— Dans les cabines, les hublots nous paraissent fixes, mais avec une clé spéciale, ou tout bêtement anglaise, on peut les ouvrir. Supposez que le maniaque — car seul un maniaque est capable d’agir ainsi —, supposez, répété-je, que le maniaque fasse entrer ses victimes dans sa cabine. Il les tue d’une manière ou d’une autre…
— Plutôt d’une autre ! ricané-je.
— Peut-être, admet le Docile. Ensuite il ouvre son hublot et jette le cadavre à la mer.
Le Vieux se masse le menton.
— Savez-vous que ça se défend parfaitement, Pinaud ? complimente-t-il.
— Merci, monsieur le directeur, vous me voyez très honoré.
— Comme Balzac ! jette mon valeureux cousin. Je suis navré de te disqualifier l’hypothèse, César, mais elle ne tient pas.
La Vieillasse qui reluisait déjà s’assombrit.
— Et pour quelle raison, je te prie ?
— Pour la bonne, l’excellente, la toute simple que la dame Eva Tferhambroker, notre chère et troisième disparue, était deux fois grosse comme Berthe, au moins ! J’ai sa photo en ma possession. Même avec un chausse-pied et de la vaseline tu ne pourrais pas faire sortir notre ravissante camarade par un hublot. Ou alors il conviendrait de la tréfiler au préalable.
Quand on cause de la louve, on entend son hurlement, comme l’écrivait si justement naguère M. François Mauriac dans l’Humanité Dimanche.
Nous en sommes là (c’est-à-dire pas loin) de nos gambergeages lorsque l’organe de Berthe, dont les tendres inflexions évoquent le grésillement de la friture portée à ébullition, retentit.
— Où que c’est qu’vous m’m’nez ! En v’là un drôle d’endroit ! On est juste au-dessus de la cale, je parie ?
— Non, répond la voix enjouée d’un mataf : juste au-dessous !
La lourde s’ouvre et une Berthe vêtue de peau de bête, échevelée, livide, au milieu des tempêtes, fait une entrée extra dans notre pénitenchambre. Le cheveu ébouriffé, la trogne constellée d’ecchymoses, les fringues en charpie, elle pénètre dans notre local comme un sanglier débusqué se pointe dans une clairière où pique-niquent des employés de la SNCF en congé de maladie[12].
Elle se tait, regarde alentour, nous toise d’un œil brouillé, souligné de coquards à dominante mauve, branle le chef (elle n’en est plus à ça près), et finit par articuler péniblement :
— C’t’une plaisanterie ou quoi t’est-ce ?
— Hélas non, la confirme Pinuche. On nous a installés chez les émigrants, ma pauvre Berthe.
La Gravosse se pointe vers le Vieux. Elle est hardie comme une sans-culotte, et d’ailleurs, C’EST une sans-culotte car, d’où je suis, et sans être obligé de mettre le zoom, je lui vois les miches comme on voit la photo de votre futur député sur les panonceaux électoraux.
— Vous voulez que je vous dise ? attaque la rude pétroleuse. J’en ai plein le c… !
Le Chef fait un geste badin.
— Vous avouerai-je, Madame, que, vous connaissant comme je vous connais, la chose ne me surprend pas outre-mesure ?
Mais la femme Bérurier est imperméable à l’humour quand il se montre par trop discret.
— Votre dégueulasserie de bateau commence à me faire ch… ! continue Berthe.
Madame, continue le Dabe, toujours imperturbable, ce n’est pas là son principal inconvénient.
— Et votre gonze de la Compagnie est un beau fumier de nous obliger de déménager en pleine nuit pour nous coller dans ce piège à rats !
— J’admets qu’il transgresse les lois de l’hospitalité, reconnaît le Patron.
Les répliques précédentes ne constituaient qu’un très vague prologue, une furtive entrée en matière, un petit canter verbal pour se délier la menteuse. Maintenant, la Baleine démarre pour de bon, en grand, les écluses à conneries béantes !
Elle est penchée au-dessus de la crise de nerfs, comme un désespéré au-dessus d’une gouttière. Elle peut plus encaisser le climat morbide du Mer d’Alors. Elle le déclare bourré de putes, livré au stupre, à l’orgie, à la débauche crapularde. Elle y va comme dans du Shakespeare, Berthy. Tonnante et étonnante, détonante et véhémenteuse comme une arracheuse de dents. Elle meurt d’une jalousie viscérale, atroce, totale, fiévreuse. Un chargement de pétasses, voilà ce qu’est le fleuron de la compagnie Pacqsif. Ni fleuron ni couronne pour le Mer d’Alors, drame en douze actes et cinq croisières !
On suit difficilement son drame à travers le flot bourbeux qui lui jaillit des lèvres. Faut trier, prendre des repères, flécher dans ses méandres.
Elle a dû se rebattre avec la fille rousse dont elle avait déjanté la poitrine. L’autre l’a contre-attaquée par-derrière pendant que Berthe décortiquait son soutien-néant. Un combat d’une intensité inouïe. Tout le bateau a pris fait et cause. La chicorne a gagné les spectateurs. On est toujours en train de se châtaigner dans le grand salon ! Ça se bourrepife à tout vat, là-haut ! Les femmes, les hommes, le personnel, les musicos ! Une empoignade de western ! Les Berthaliens contre les Rouquiniens. Un choc de titans ! On se casse les chaises sur la tronche ! On s’envoie les bouteilles dans la physionomie, on s’assomme avec les seaux à champagne. Le batteur de l’orchestre a la tête dans sa plus grosse timbale et il arrive pas à la décrocher (la timbale). Paraîtrait que le piano à couette n’existe plus. Il en reste un écheveau de cordes et un amas de touches qui se confondent avec les dents des Anglais jonchant le parquet. Quand elle s’est évacuée, Berthe, entraînée vers les cagouinces par un maître d’hôtel compatissant, ils s’attaquaient au lustre, les passagers. Ils s’en servaient comme Tarzan se sert des lianes en nylon de la Ouarnère-brosse. On a alerté les pompiers du bord, et ils vont radiner avec des lances, les fire-men, pour noyer l’émeute. P’t’être que ça suffira pas, qu’ils devront se déguiser en CRS et lancer des grenades chialeuses. Toujours est-il que le maître d’hôtel, il lui a bien lavé le visage, à Berthe, avant de se l’embroquer dans les lavabos. Car en réalité, c’était un vicelard, le chef-loufiat. Les bagarres de dames, il a raconté à Berthe, ça lui a toujours flanqué le méchant tricotin impétueux, çui qu’on doit calmer coûte que coûte pour éviter des malheurs. Il se connaît plus dans ces cas-là, un vrai dédoublement du personnel, prétend Berthe. Quand il va au cinoche et qu’on voit des gonzesses se crêper le chignard dans le film, faut qu’il sorte d’urgence, le pauvre biquet. Qu’il aille dare-dare se faire éponger l’exaltation. Des fois il a pas le temps de sortir : il charge les ouvreuses. Un soir tenez, dans un ciné de banlieue, il s’est débigorné le sournois avec la caissière, une mémé de septante et des ! Elle en revenait pas, la chère femme ! Depuis le pacte de Locarno ça ne lui était plus arrivé, les saillies express. Elle nous relate tout le bigntz, la Berthoche !
Comment elle est retournée courageusement au salon après avoir fatigué le pingouin. Elle a essayé de récupérer Félix, mais il avait disparu, ainsi que Béru. Sans ses matous, elle devient folle, l’ogresse. Elle lamente des menaces titanesques ! Faut qu’on les lui restitue, ses guerriers, sinon elle coulera le Mer d’Alors à coups de pompe dans la coque.
Des rires, dès gloussements la font taire. On prête l’oreille. Ça provient du couloir. Je vais ouvrir et qu’est-ce qu’on découvre dans la coursive ? M’sieur Félix en compagnie de trois jeunes filles de la bonne société qui refusent de lui rendre son grimpant. Elles l’ont mis en boule et se font des passes avec (après en avoir fait une avec son propriétaire).
Le matelot-cerbère chargé de convoyer le prof à son nouveau domicile rigole comme un bossu !
— Voyons, mes biches ! glousse Félix, cessez de me faire enrager, sinon, demain je n’irai pas vous rejoindre !
La menace est magique. Aussitôt soumises, elles lui rendent son froc, au Nimbus, l’aident à rentrer dedans.
Des bises sont échangées. Des chuchotis polissons. Enfin m’sieur Félix nous rejoint, la pommette vermillonnante, le regard encore pétillant de jouissance.
Deux tartes lui font éternuer son sourire béat.
— Boug’de dégoûtant ! rage Berthe. Se donner en spectac ? pareillement, c’est honteux !
Voyons, ma douceur, bavoche le prof, je n’ai rien fait de mal. Ce sont simplement des élèves de ma classe que je viens de retrouver à bord et qui me taquinaient un peu. Nous sommes en vacances, que voulez-vous !