Ils sont venus.
Ils sont repartis.
Les uns en taule, d’autres chez eux.
Que de dépositions enregistrées ! Heureusement que Francine est une secrétaire modèle. Si elle bouffe les chattes aussi vite qu’elle écrit, elle doit drôlement faire reluire ses partenaires.
Il est treize heures trente quand tout est fini. Je demeure seul avec Claudette dans notre grand bureau plein d’odeurs étranges.
— Votre marâtre doit s’inquiéter, non ? lui fais-je.
— Si elle est rentrée, elle me croit à la fac, et de toute manière elle se moque de ce que je fabrique !
— Vous pouvez sécher vos cours, aujourd’hui ?
Elle sourit.
— Que suis-je en train de faire ?
— Vous avez faim ?
— Non, j’ai pris trois croissants chez votre maman.
Elle ajoute :
— C’est un amour, cette femme.
— Oui, réponds-je machinalement, vous verrez.
Je décroche le bigo et percute les baffles du préposé :
— On ne me dérange sous aucun prétexte : je n’y suis pour personne, sauf pour ma mère.
Mais il est superflu d’ajouter ça : ils le savent, tous, que Félicie a priorité absolue.
Je mets le verrou de sécurité. Puis je cueille ma petite fée par la taille et la conduis au studio attenant.
Là encore, j’assure la targette. On ne sera jamais assez isolés des autres, cette abomination. J’ôte ma baveuse, mes grolles et mon veston, et m’allonge sur le divan qui pue la cocotte.
L’exquise regarde, effarouchée, le rouge au visage.
— Toi, tu fais comme tu veux, lui dis-je ; si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.
Je ferme les yeux et j’attends.