Retour au commissariat. On nous a fait attendre une heure dans une pièce bondée, crasseuse, pour nous annoncer qu'il n'y avait rien de nouveau. Tant qu'on n'aurait pas la plaque complète, on ne pouvait rien faire. Andrew écoutait, stoïque. Je sentais l'énervement m'envahir. Rien de nouveau. Rien à faire. C'était tout ce qu'on pouvait nous dire ? Malcolm entre la vie et la mort, le chauffard peinard, et rien à faire ? J'ai eu envie de leur cracher à la figure, à tous ces flics blasés au regard fuyant, imbus de leur sale satisfaction de flics, avec leurs uniformes mal coupés, leurs fesses carrées moulées dans ce tissu bleu marine luisant, immonde, leurs menottes qui pendouillaient à leur ceinture comme un trophée ridicule et qui faisaient des cliquetis contre leur flingue.
J'aurais voulu revoir le policier aux yeux clairs, celui qui m'avait dit au téléphone : « On va le retrouver, madame », j'aurais voulu voir ce type-là, ses yeux clairs, chaleureux, et pas ces flics-là, campés dans leur indifférence, dans leur insupportable supériorité. Je me suis mise à trembler de la tête aux pieds. Andrew a posé une main apaisante sur mon épaule : « Let them do their job, honey. »
Je lui ai répondu par une injure anglaise, ma préférée, celle que je trouve la plus forte, la plus puissante, la reine des injures, l'injure suprême, l'injure qu'aucune injure en français ne pourra jamais égaler, j'ai craché : « Fuck them. »