Devant lui, au commissariat.

— Comment ça, vous ne pouvez pas me donner de nom ?

Il baissa les yeux.

— C'est comme ça, madame. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la personne habite dans le Vaucluse.

Je ne le lâchais pas.

— Mais vous allez faire quoi exactement ? Qu'est-ce que vous allez faire pour la choper, cette personne ? Vous allez lui téléphoner, vous allez envoyer quelqu'un là-bas pour l'interpeller ? Demain matin ?

Il me regardait avec un sourire ironique, mais gentil.

— Non, pas demain matin, madame, tout de même. Il faut d'abord trouver son numéro. Si c'est sur liste rouge, c'est plus long, car même si on est de la police, il faut des autorisations, des choses comme ça, mais ne vous inquiétez pas, on va s'en occuper, on va tout faire pour. On a transmis les informations du dossier au commissariat d'Orange. C'est à eux maintenant d'interroger la personne. C'est eux qui vont prendre en charge l'enquête. Ça va donc prendre un peu de temps, je vous préviens. C'est normal.

Je trépignais. Je voulais aller au plus vite. En sortant du commissariat, j'ai téléphoné à Violaine, mon amie avocate. Elle m'a dit : « Je vais t'obtenir ce nom. Ce n'est pas très éthique, mais je peux le faire. Je te rappelle. »

Je suis allée attendre dans un café devant le commissariat. Mon cœur battait fort, me faisait mal. Ma bouche était sèche. J'allais enfin savoir. J'allais savoir qui avait renversé mon fils. Je n'ai pas pensé à téléphoner à Andrew. Ni à ma sœur. J'attendais, immobile, les yeux fixés sur le boulevard. J'ai attendu assez longtemps, je crois.

Puis le portable a sonné. C'était Violaine. Elle avait obtenu le nom. Un couple de retraités, domiciliés dans le Vaucluse.

M. et Mme Jacques Secrey. Ils habitaient Orange, possédaient une Mercedes marron, ancien modèle. La plaque correspondait. 56 LYR 84. J'ai tout noté, j'ai remercié Violaine et je suis rentrée à la maison.

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