Dans ses rêves elle était debout sur une colline et elle regardait la prairie en contrebas. La petite se tenait au milieu des fleurs sauvages qui lui arrivaient à mi-hauteur et ondoyaient sous le vent et elle semblait tournoyer sur elle-même, sa chevelure soulevée par l’air frais puis retombant puis soulevée de nouveau. Les bras croisés, elle regardait la fillette, bras écartés et mains ouvertes, frôlant de la paume la pointe des fleurs et souriant en les sentant chatouiller la peau tendre au creux de sa main. L’horizon était strié de rose et de bleu et les nuages défilaient dans le ciel comme un train avançant à lente allure.
Elle le vit arriver de loin, rampant ou peut-être ondulant. Seule sa queue était visible. Dressée et dessinant un S, épaisse et reptilienne comme d’une très ancienne créature. Tandis qu’il se rapprochait, le vent se fit soudain plus violent et se mit à siffler, la giflant par bourrasques, et elle appela la fillette. Viens. Viens ici tout de suite, mais la petite ne l’entendait pas. La queue se rapprochait et elle se mit à crier et comme la petite ne l’entendait toujours pas elle cria de plus en plus fort et elle voulut avancer mais ses pieds étaient pris dans la terre et cette chose était tout près maintenant et la petite ne la vit pas arriver et quand sa tête jaillit soudain au-dessus des fleurs sauvages Maben se réveilla en poussant un cri et tomba du siège. La fillette se réveilla et se mit à pleurer quand elle se rendit compte qu’elle était dans le noir et de nouveau dans un endroit inconnu et sa mère se releva et la prit dans ses bras et lui dit je suis là. Je suis là.