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Le soir même, lorsqu’il entra, traînant la jambe, elle lui annonça – et il y avait, une espèce de défi dans sa façon de parler – que la source ne coulait presque plus : à peine un suintement tété par les guêpes et environné de papillons, comme aux pires heures de la canicule ; elle était tout de même arrivée à en récupérer la plus grande partie en enfonçant plus profondément dans le talus le canon de bois qui drainait la source. Mais pour obtenir un malheureux seau, deux heures à attendre et à se ronger les ongles ! Si seulement il y avait un bassin couvert qui récolte l’eau, comme à Mazel-de-Mort…

« A quoi ils pensaient, tes ancêtres ? »

Hargneux, il ne répondit rien ; elle haussa les épaules, et, décidée à l’asticoter :

« Tu as tué quelque chose, au moins ? »

Il jeta rageusement son fusil sur la table.

« Rienn ! N’y a rienn ! »

Il y avait bien les lièvres du plateau qui gambadaient sous la lune et l’arrachaient à son lit en pleine nuit, mais avec cette pétoire, n’importe quelle proie devenait chimérique.

L’automne, quand il travaillait à ses coupes et que les profondeurs des bois lui renvoyaient l’écho des parties de chasse, il reposait sa hache et, la rage et l’envie au cœur, tendait l’oreille, captivé par ces claquements secs et nerveux qui lui semblaient le privilège des armes modernes. Ah ! s’il avait eu en sa possession un fusil comme celui de son beau-père, ce merveilleux « Robuste » à deux canons d’acier bleui, un calibre seize, léger et puissant comme la foudre, ç’aurait été souvent fête à Maheux !

Elle écarta le fusil, posa la soupière à sa place, remua le sempiternel mélange de lait et de châtaignons et lui en servit sa ration.

« En attendant, mon pauvre Reilhan, tu te contenteras de bajana, comme ton père, et comme ton grand-père. Mais tu avoueras que risquer une grosse amende pour revenir le sac vide… Nous avons déjà assez d’embêtements comme ça. Si par hasard un jour tu tombes sur un de ces fédéraux…»

Il se mit à vociférer et à taper du poing sur la table.

Les veines de son cou gonflèrent et noircirent de si vilaine façon qu’elle préféra se taire et filer doux tout le reste de la soirée. Bien qu’il ne l’ait jamais frappée, elle restait toujours sur ses gardes ; cette violence ramassée dans la plupart des hommes comme une bête prête à bondir lui faisait peur. D’instinct, elle savait opposer à ces soudaines crues de sang une placidité domestique à toute épreuve.



Le lendemain matin, il faisait encore gris lorsque Reilhan descendit à la source.

Située à un kilomètre environ de la ferme, à mi-chemin entre celle-ci et le torrent, elle était le point névralgique de Maheux, son pouls, presque sa raison d’être : c’est ici qu’on menait les bêtes boire, jadis, au temps où les sources coulaient à profusion – du moins d’après, la mémoire confuse et enrichissante du passé ; il paraît en tout cas que les femmes y descendaient leur linge à laver, qu’on venait s’y laver soi-même en été, en se frottant le corps avec des feuilles de saponaire. Longue de plusieurs mètres, une auge de bois verdi et gluant, aujourd’hui complètement pourrie et mariée aux herbes, recueillait l’eau où zigzaguaient les insectes aquatiques pourchassés par les libellules ; les soirées tièdes, il y avait toujours une rainette pour répondre aux hulottes de la forêt, et leurs appels s’échangeaient en révélant les corridors dont la nuit était pleine. Mais depuis qu’au fil des années les réserves de la montagne semblaient s’être épuisées – à moins que ce ne fût la mémoire qui trichât, son débit restait parcimonieux même à la saison des pluies, pour devenir incertain dès qu’on était aux beaux jours : ce n’était plus qu’un de ces pipis de roche capricieux et intermittents que les chasseurs par ici appellent une « fon de chin », juste de quoi attirer les serpents et remplir la cruche quand la citerne est vide.

Quoi qu’il en soit, si le temps ne changeait pas bientôt, elle ne remplirait plus rien du tout ; Abel remplaça le seau que la Noiraude avait placé la veille sous le canon par un arrosoir qu’il avait apporté, puis il poussa jusqu’au torrent.

Son lit silencieux étendait une blancheur squelettique à travers les arbres : les eaux en diminuant avaient laissé blanchir au soleil le dépôt visqueux qui tapisse la rocaille des rivières ; çà et là, des vasques pleines d’une eau croupie que des infiltrations souterraines devaient alimenter, dégageaient une saumâtre odeur de vase et de décomposition végétale.

Certes, il avait connu de grands étés flamboyants, poudreux et calcinés comme de la chaux, où l’on était obligé de dormir à la belle étoile tant l’atmosphère des chambres était irrespirable, où, de mai aux orages d’octobre, les feuilles recroquevillées pendaient lamentablement aux branches ; pourtant il ne se souvenait pas que le torrent se soit trouvé à sec si tôt dans la saison. Il remonta pensivement vers la source. Le soleil matinal rougissait le front des forêts ; dans le ciel d’un bleu totalement pur, il n’y avait pas le moindre mouvement, rien qui puisse laisser espérer une promesse de pluie.

Au passage, il s’arrêta pour prendre le seau rempli et jeta un coup d’œil au fond de l’arrosoir qu’il avait mis tout à l’heure à sa place : à peine si le récipient avait recueilli trois ou quatre litres d’eau en une vingtaine de minutes.

S’il ne pleuvait pas un bon coup d’ici à quelques jours, c’est à Saint-Julien qu’on serait obligé d’aller chercher la flotte : huit kilomètres aller et retour avec un tonneau de cinquante kilos dans une brouette toute branlante – sans compter les ricanements de tous ces couillons derrière leurs fenêtres. Il serra les poings.

Toute la nuit, Marie sentit qu’il tournait et retournait dans le lit comme une crêpe. Aux premières lueurs du jour, il était déjà levé et farfouillait, en bas, dans la remise ; elle se leva et, de la fenêtre, l’aperçut qui descendait vers la source, armé d’outils de toutes sortes. Il y avait un très léger brouillard qui huilait les pierres et annonçait de fortes chaleurs. Lorsqu’elle descendit à son tour avec son seau vers le milieu de la matinée, elle entendit sonner de loin les coups de pioche dans l’air clarifié.

Il était en train de creuser une cuvette assez grande, dans le genre de celles qu’on colmate avec de la glaise et où l’on récolte l’eau de pluie pour faire boire les moutons.

Elle considéra le trou, sidérée : est-ce qu’il s’imaginait qu’elle allait tremper sa soupe et laver son linge avec de l’eau pleine de têtards ?

« Et le béton, nom de Dieu, avec quoi tu veux que je le coule ? »

Epaules basses, comme dépitée, elle s’en fut.



A moitié enfouis dans le sol, les vestiges de l’auge indiquaient l’emplacement idéal où aménager la fosse : ainsi, le niveau supérieur du bassin affleurerait sans erreur possible celui de la source, qui se trouvait à une dizaine de mètres.

Il fit sauter à coups de bêche le bois vermoulu et moisi ; les débris de planche s’arrachaient à leur gaine d’herbes mortes et de radicelles tourbeuses avec un agréable craquement d’étoffe déchirée. Jusqu’à un mètre de profondeur, la terre demeura sablonneuse et crissante, légèrement humide, facile à défoncer. Ensuite, la pioche rencontra le rocher avec un claquement mat, mais le filon n’était pas compact : c’étaient de grosses souches de granit bleu noyées dans le sable, et entre lesquelles la barre à mine s’engageait sans peine. Une fois qu’un bloc était déchaussé, il l’empoignait à main nue, et, le soulevant d’un lent et irrésistible effort des reins, il le déposait sur le bord de l’excavation.

De temps en temps, la Noiraude venait jeter un coup d’œil sur l’ouvrage ; le visage fermé, complètement inexpressif, elle le regardait travailler un instant sans rien dire, puis elle repartait, n’ayant pas daigné desserrer les lèvres.

Son beau-père, quand il venait, se montrait plus loquace. Maintenant, c’était un homme fatigué qui marchait à petits pas et haletait toujours un peu.

« Tu es un as, disait-il à son gendre. Dommage que ta piaule ne soit pas au même niveau que ton bassin ; sans quoi tu aurais pu y amener l’eau, comme les anciens l’ont fait chez moi. »

En observant la silhouette amaigrie, le cerne mauve des yeux, l’enfoncement des orbites, Reilhan pensait : « Dommage que toi t’aies pas une tête à faire des vieux os. » Et il sentait avec un orgueil calme battre dans ses veines une puissance invincible.

Vers la mi-mai, on entendit, à deux ou trois reprises, gronder au loin des orages ; ils traînaillaient dans les bas-fonds de l’ouest, du côté de l’Aubrac, de Rodez, d’Albi. Mais le temps décidément au beau les bâillonnait avant qu’ils n’aient eu le temps de mûrir, et l’on voyait leurs grandes montagnes bleu ardoise s’effondrer lentement derrière l’horizon. Le ciel du matin collait aux vitres son azur immuable.

Reilhan avait fini par prendre goût à ce travail de terrassier : ses bras retrouvaient à peu près la même cadence qu’en pleine forêt, lorsqu’il sentait vibrer dans ses bras à chaque coup porté l’arbre jusqu’à sa cime.

Tôt le matin, il était à pied d’œuvre ; les claquements du pic sonnaient clair dans l’atmosphère limpide. En dépit de l’heure relativement matinale, le ciel commençait à blanchir et le disque incandescent du soleil tremblait comme une surface de métal en fusion, mouvante et parcourue de frémissements huileux d’une extrême férocité.

Vers le milieu du jour, au moment où il s’arrêtait pour mâcher quelques châtaignes et boire une rasade de piquette dont son beau-père lui offrait une bonbonne de temps à autre, il arrivait qu’un voile laiteux monté lentement du sud ou de l’ouest recouvrît comme une taie la pupille immense du ciel, qui se voilait tout entier et prenait l’aspect d’un verre dépoli plus aveuglant encore que le soleil. Alors, tout se taisait dans le cirque, aucun insecte ne crissait plus, pas le moindre oiseau ne bougeait, on n’entendait plus que l’égouttement pauvre de la source dans un récipient. Quelquefois, levant les yeux, Reilhan apercevait une buse, ou un épervier qui tournait sur un remous de haute altitude avec une lenteur singulière, à la fois solennelle et menaçante. Il lâchait doucement son pic, ramassait sa pétoire posée dans l’herbe, visait longuement. L’air mou et chaud absorbait presque aussitôt la détonation grasse, vaguement répercutée par les flancs de la montagne. Mais le rapace semblait indifférent aux coups qu’on tirait sur lui, et, chaque fois, il ne changeait que lentement, dédaigneusement d’orbite, comme si la poudre noire que Reilhan employait dans ce vieux Chassepot transformé n’avait pas assez de force pour faire siffler les plombs à une telle hauteur. On distinguait parfaitement sa petite tête effilée et mobile d’oiseau guerrier qui paraissait indépendante du reste du corps et de l’étendue des ailes, fixée à cette carlingue comme la tête d’un observateur à la carlingue d’un planeur. « Saloperie », criait Reilhan, et il jetait son fusil dans l’herbe en maudissant sa vétusté et cet oiseau d’une quiétude insolente qui continuait à décrire ses cercles parfaits, là-haut, à une altitude devenant vertigineuse.

La fosse proprement dite fut achevée en une dizaine de jours. Avec ses six mètres de long, trois de large et autant de profondeur, elle assurerait une réserve d’eau suffisante pour relayer la citerne dans les périodes de sécheresse. Il s’attela sans plus tarder au coffrage des parois, pendant plusieurs jours mesura, scia, ajusta, cloua ; il utilisait à cette fin les planches que son père avait mises de côté peut-être trente ou quarante ans avant dans le but de remplacer le plancher d’une chambre condamnée depuis ce temps, projet qui n’avait jamais abouti, comme tous les projets de son père. Celui-là avait entrepris un beau jour de creuser un puits pas très loin de la baraque, croyant trouver l’eau, comme ça, au petit bonheur la chance, soi-disant parce qu’il avait vu un puits en songe à cet endroit. Naturellement, il avait abandonné au bout de quelques jours pour se replonger dans sa bible, et l’on avait comblé le trou avec des immondices. Une autre fois, quand lui, Abel, était petit et son frère encore au berceau, on avait entendu au beau milieu de la nuit, après deux ou trois jours de très gros orages, un fracas épouvantable ; il s’était précipité, fou de terreur, vers la chambre de sa mère, son frère dans les bras, réveillé en sursaut lui aussi, et hurlant à s’asphyxier : le mur d’une chambre qui était accoté au flanc de la montagne, et où heureusement personne ne couchait, venait de s’effondrer sous la pression d’un véritable torrent de boue qui s’était amassé derrière. Le lit était à moitié enseveli sous les pierres, les gravats ; il fallut sortir tous ces décombres et la boue qui les noyait, à la pelle et à la brouette. En attendant de rebâtir le mur, on tendit devant la cavité béante une vieille couverture : elle s’y trouvait encore aujourd’hui, maintenue au sol par une rangée de moellons. La charpente menaçait ruine à son tour : on ne la remplaçait pas davantage que le plancher de la chambre condamnée, mais puisqu’il fallait bien conserver un toit sur la tête, on se décidait à l’étayer. Le rafistolage tenait le coup jusqu’au moment où les xylophages, principaux locataires de la maison, en venaient à bout ; qu’à cela ne tienne : on étayait l’étayage, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’échafaudage prenne plus d’importance que ce qu’il soutenait, et finisse par s’écrouler sous son propre poids. Depuis que la montagne avait fait irruption dans la ferme, les enfants avaient d’horribles cauchemars ; leur mère – celle qui en ce moment était en train de ruer là-haut dans la paille et de se souiller comme un lapin qu’on vient d’estourbir – les accompagnait le soir dans leur chambre et la bougie qu’elle tenait à la main en protégeant la flamme avec son autre main projetait contre les murs d’étranges formes mouvantes qui sautaient au plafond ou refluaient précipitamment au fond de la pièce dans laquelle ils pénétraient derrière elle ; une fois couchés en chien de fusil sous des couvertures lourdes d’humidité, et qui sentaient, la paillasse moisie, mère et bougie se retiraient, laissant les deux compères terrifiés et transis sonder le silence nocturne dans la crainte d’une avalanche définitive sous laquelle ils seraient engloutis. Veillant sur le sommeil des parents et tempérant leurs désirs, il y avait, accroché au mur au-dessus de leur lit, et unique luxe de la maison, un de ces phylactères qui proclament des vérités éternelles dans beaucoup de foyers huguenots campagnards : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer » – « Tu as vu ton frère, tu as vu ton Seigneur » – « Heureux vous qui êtes pauvre, car le royaume de Dieu est à vous », etc.

Le leur enseignait : « Achetez-vous, ô enfants d’Adam, à travers ces choses transitoires qui ne sont pas vôtres, ce qui est vôtre qui ne passe pas. »

Ce devait être à cause de ça qu’on ne réparait rien dans la maison.



Ce fut bientôt juin ; le travail approchait de sa fin : il n’y avait plus qu’à couler le béton. Le ciel restait vide d’orages. Quotidiennement, il prenait vers midi la même teinte vitreuse et plombée, mais les nuits splendides lui restituaient son eau, si l’on peut dire. L’aube lavée sentait le foin ; un soleil abondant, légèrement gras à cause de l’immobilité de l’air, inondait le cirque et chauffait les pierres jusqu’au moment où cette taie remontait de l’ouest comme une immense paupière morte d’où tombait un jour blême et sans vie qui imposait le silence aux insectes et faisait peser sur le monde l’attente morne et vacante des astres qui s’éteignent.

Souvent, la lente rotation d’un épervier dans cette eau trouble accentuait la torpeur générale de son poids étrange. Le coup partait, cotonneux, flasque, comme rendant tangible son impuissance à envoyer des plombs ou quoi que ce soit de dangereux quelque part. L’oiseau ne semblait même pas accuser leur passage à sa proximité ; il poursuivait imperturbablement son vol plané circulaire dans ce ciel de préhistoire, épiant de sa petite tête mobile les mouvements possibles d’une proie.

La silhouette du rapace porté par les couches d’air ascensionnelles se profilait contre le ciel livide avec une netteté anguleuse, une noirceur inquiétante : tout se taisait, comme si les bêtes et le moindre insecte sentaient planer sur le silence stupéfié du cirque cette menace occulte qui agite les basses-cours et alimente les superstitions campagnardes. L’homme, vaguement ensorcelé par cette cible parfaite et presque immobile qui semblait le narguer, suivait encore un moment des yeux les évolutions lentes de l’épervier – probablement un tiercelet, à en juger par sa petite taille. Insensiblement, les cercles décrits par l’oiseau portaient celui-ci au-dessus d’un autre territoire ; Reilhan revenait à lui, baissait les yeux, considérait son chantier, les planches éparpillées autour de lui avec une espèce de stupeur. Cette interruption le laissait un instant désoccupé, un peu vacant ; il faisait le tour de la fosse en trainant les pieds, allait, venait, ramassait un outil quelconque, hésitait ; il regardait encore deux ou trois fois dans la direction où l’objet de sa convoitise avait disparu, là-haut, au bout de cette plage déserte et sans fin, avant de se décider à reprendre son travail ; il roulait une cigarette, aspirait goulûment la fumée, et aussitôt il lui semblait retrouver son entrain habituel.

Quelquefois, il arrivait de tuer un corbeau, ou une pie : il demandait à sa femme de les mettre en bouillon : elle s’exécutait en ne lui dissimulant pas sa répugnance, et n’aurait pas touché à cette mixture pour tout l’or du monde. Lorsqu’il ingurgitait le bouillon à grandes lampées, elle l’observait avec épouvante. On lui avait toujours dit que les corbeaux étaient surtout friands de cadavres, et elle ne pouvait s’empêcher de songer à son beau-père, aux joues hachées de coups de bec.

Un soir, au moment de quitter la table et d’aller dormir, il déclara :

« J’ai fini mon co… coffrage ; demain, j’irai acheter le ciment. »

Puis, se penchant sur elle et lui donnant une légère bourrade :

« Allez, tu l’auras, ton eau, autant que t’en voudras ! »

Elle attendit qu’il fût sorti de la pièce pour bougonner : « Oui, à un kilomètre… Mon pauvre Reilhan…»

Là-haut, des grognements lui rappelèrent l’existence de la folle, qui réclamait sa soupe, ou Dieu sait quoi ; elle jeta brutalement deux louches de bajana dans une écuelle et la lui monta pour avoir la paix : ces grognements de bête malade qui hantaient la maison toute la journée finiraient par la rendre folle elle aussi.




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