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Il faisait jour lorsqu’il se réveilla : un jour gris, bas, et arrosé d’une petite pluie fine et fraîche. Dehors, il aspira un bon coup d’air humide, qui sentait le terreau, l’escargot et le bois mouillé. On entendait frissonner dans les arbres juste un petit peu de vent. C’était comme un murmure doux et léger qui annonçait tout simplement la fin de ses ennuis et probablement aussi le commencement de nouveaux désastres, car il ne peut en aller autrement sur la terre. Alors il s’enveloppa dans sa couverture car il faisait un peu frisquet, et il se tint sur le seuil de sa mine, écoutant la rumeur du monde, le délicieux frémissement de la pluie sur les feuillages, l’égouttis sous les branches, toute une musique qui après des mois de labeur, de peines, de sécheresse, parlait un langage de réconciliation et de paix. Il n’était pas nécessaire de mêler l’Etemel à toutes ces histoires de nuages, de vent, de pluie, d’éclairs et de tonnerre. L’Eternel s’en contrefout. L’Eternel joue un jeu tellement incompréhensible qu’on se demande s’il n’y a pas que du vent derrière toutes ces histoires.

Un peu plus tard, vers sept ou huit heures, comme il descendait chez lui pour manger un morceau (il n’avait jamais eu si faim de sa vie), le paysage commença à s’éclairer et à s’agrandir, des oiseaux ébouriffèrent leurs plumes en échangeant, presque sans voix après une nuit aussi rude, des espèces de petits grincements rouilles. Le vent qui soufflait légèrement charriait çà et là des flaques de ciel, d’un bleu superbe, neuf, brillant comme de l’émail.

Lorsque sa femme l’entendit arriver, elle ouvrit la porte et fit quelques pas vers lui ; elle avait l’air mi-figue mi-raisin.

« Mère est morte cette nuit », dit-elle doucement.

Et elle lui posa la main sur l’épaule.




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