Chapitre 4
Le lendemain, lorsqu'il la revit, il gardait le sourire et paraissait impatient de l'aborder. Il la surprit par une question inattendue.
– Avez-vous connu M. Vincent de Paul ?
– Monsieur Vincent ? fit-elle interloquée.
– Le saint prêtre qui fut conseiller et confesseur de la reine mère durant la minorité de notre souverain et qui fonda tant d'œuvres de charité !
– À cette époque, j'étais moi-même fort jeune, et vivant au fond de ma province, et n'aurais eu guère l'occasion de rencontrer un si grand personnage. Mais il est vrai que le hasard m'a mis en sa présence...
– Où était-ce ?
– Lors d'un passage de la Cour à Poitiers.
Le chevalier parut enchanté.
– Les faits coïncident. Mais, écoutez-moi. Et vous comprendrez pourquoi je vous ai posé cette question. Lorsque je me trouvais novice des chevaliers à l'île de Malte, en la Langue de France, j'avais pour condisciple, un postulant comme moi qui se nommait Henri de Rognier.
– Ce nom me dit quelque chose. Il me semble qu'on m'en a parlé récemment... ou bien... non, c'est un souvenir qui m'est revenu dans un songe... dans un cauchemar, il me semble. Mais, continuez... vous m'intriguez.
– Il me racontait que sa vocation religieuse avait été déterminée indirectement par la rencontre qu'il avait faite de M. Vincent, en des circonstances... Hum !...
Claude de Loménie-Chambord lissa sa moustache en la regardant du coin de l'œil. Il semblait que l'histoire qu'il allait évoquer le distrayait de ses sombres pensées.
– Il avait alors seize ou dix-sept ans, servant la Cour auprès de la reine mère, il se trouvait dans sa suite en la ville de Poitiers... Il courait par les ruelles pour son service lorsque le hasard lui fit rencontrer une jouvencelle aux yeux verts.
– Oh ! Le page !... sursauta-t-elle. Celui qui m'a conté fleurette.
– Alors ! C'était donc bien vous la jouvencelle de Poitiers dont ce chevalier parlait tant ? Poursuivrais-je mon récit ?
– Certes ! Voilà qui est piquant ! Si j'ai bonne souvenance, ce page ne me semblait guère disposé à entrer dans les Ordres.
– En effet !... Jeune homme folâtre, il avait d'autres idées en tête.
Loménie-Chambord riait.
– C'était donc bien vous, Madame, la ravissante enfant qu'il amena en la chaire de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, pour lui voler quelques baisers, et peut-être plus encore... souhaitait-il, n'ayant pu trouver d'autre chambre d'amour dans la ville occupée par la Cour et ses équipages. Ébats qui furent interrompus par l'apparition de M. Vincent de Paul, qui, ce jour-là, priait en cette église. Le saint prêtre avait sermonné les jeunes fous.
Angélique riait aussi, quoiqu'un peu rose au souvenir de cette anecdote de son adolescence. Loménie poursuivit son récit :
– Henri de Rognier, conscient d'avoir vécu un moment hors du temps, sous le regard de ce saint homme, m'avoua que c'était moins la rencontre de M. Vincent que celle de la jeune inconnue qui avait présidé à sa métamorphose. Il se débattit longtemps contre l'emprise de ce souvenir. C'était un souvenir impérissable, disait-il. Il tomba malade. Il se crut envoûté. Un jour il comprit qu'en la personne de l'adolescente inconnue dont il ne savait que le seul prénom : Angélique, il avait rencontré le véritable amour. Et comprenant aussi qu'il ne retrouverait jamais cet amour, qu'aucune autre femme ne pourrait lui inspirer un tel sentiment, et que de toute façon, il était inutile de chercher à la retrouver que dans le siècle, parmi les folies de la Cour, un tel amour ne pouvait ni se vivre, ni se préserver, il décida de rejoindre le service de Celui qui est la source de tout Amour, et se fit Chevalier de Malte.
– Eh bien ! Voilà une édifiante histoire. Je suis heureuse d'apprendre que je ne suis pas seulement responsable de désordres, comme vous le prétendez. Qu'est-il advenu de lui ?
– Officier sur les galères de Malte, au cour d'un combat avec les Barbaresques, il fut capturé et connut la mort de nos frères : lapidé sur les hauteurs d'Alger.
– Pauvre petit page !
Elle dit, songeuse :
– Je l'avais oublié.
– Ah ! fit Loménie avec un cri soudain. C'est cela qui ajoute à votre séduction. Votre indifférence presque cruelle. Combien vous êtes oublieuse de tous ceux à qui vous plantez votre souvenir comme une dague qu'ils ne peuvent ensuite s'arracher du cœur. Vous êtes oublieuse, vous l'avouez vous-même. Sauf d'un seul !
Il la considéra avec une interrogation anxieuse dans le regard.
– Pour les autres, qu'êtes-vous ?...
Puis, sans attendre sa réponse, il murmura avec exaltation.
– Un signe de contradiction. Un appel, un cri qui nous arrache à nous-mêmes comme pour ce jeune Rognier.
– Ah ! Ne commencez pas à vous tourmenter, protesta Angélique. Vous aussi vous vous noyez dans les contradictions, Messieurs, tels que je vous vois tous égoïstes et ingrats, pleurant sur ce que vous n'avez pas eu, et ne sachant vous réjouir de ce qui vous a été accordé.
« Vous me parlez comme si j'avais passé ma vie à distribuer des blessures de cœur, à plaisir, et sans avoir moi-même souffert d'amour.
« Dieu soit loué, que de tous, un seul, j'ai pu l'aimer de façon inoubliable. Il ne fut pas toujours à mes côtés et j'ai souffert ces tourments de l'absence que vous vous croyez seul à éprouver.
– Je sais. Bienheureux est-il celui que vous n'avez pu oublier. L'amour qui vous unit est de ceux qui font croire à l'inexprimable. Hier soir, je vous regardais l'un près de l'autre, et sans cesse vos yeux s'assuraient de la présence de l'autre ou se réjouissaient à sa vue. Le soir où nous arrivâmes avec M. d'Avrensson, je vous ai aperçus, vos deux silhouettes unies en un baiser, au balcon du château-arrière, et une douleur dont je ne comprends pas le sens m'a poigné. Je me croyais guéri, immunisé par ma rancune envers vous. Et vous êtes là ! Et à nouveau, je me sens meilleur et heureux de vivre. Vous triomphez toujours avec votre beauté blonde. Vous triomphez sans même vous donner la peine de vouloir conquérir. Inconsciente des ruptures que vous avez consommées, des tragédies que vous avez déclenchées, des destins dont vous avez changé le cours ! Il avait raison de vous voir invincible et détruisant son œuvre. Il meurt au poteau de tortures, en vous maudissant, et vous n'attachez pas d'importance au terrible anathème qu'il a lancé contre vous à l'heure de sa mort ?
– L'a-t-il seulement prononcé ?...
– Vous taxeriez le Père de Marville, de mensonge ?...
– Non, mais...
Comment lui communiquer l'impression dont elle n'avait jamais pu se défendre qu'un mensonge rôdait comme un ver à l'intérieur de ce fruit ?
Malgré son côté tragique, la scène qui s'était déroulée dans l'antichambre de Mistress Cranmer, à Salem, lui laissait un souvenir mitigé, celui d'avoir assisté à une comédie macabre volontairement outrée, s'il n'y avait eu le jeune Canadien Emmanuel Labour, s'abattant terrassé par un évanouissement qui n'était pas feint. Peu après il mourut dans des circonstances mystérieuses. À part cela, on se serait cru au spectacle.
Et à l'instant même elle devait se mordre les lèvres pour ne pas sourire car, plus elle songeait à cet affrontement, plus le côté cocasse où c'était à qui, entre les personnages symboles du papisme et du calvinisme puritain, le jésuite et le docteur en théologie biblique, Samuel Wexter, c'était à qui rivaliserait de fanatisme tandis qu'un géant sauvage iroquois, pieds nus sur le dallage noir et blanc étincelant, touchait de l'aigrette de sa chevelure hérissée les solives bien cirées d'un home de Nouvelle-Angleterre, tandis que, sur les marches de l'escalier, comme sur les gradins d'un théâtre, s'étageaient, assises, les femmes de la maison parmi lesquelles deux quakeresses magiciennes, Ruth et Nômie, et elle-même, en robe d'accouchée.
Les imprécations du jésuite l'avaient moins touchée qu'elles ne l'avaient étonnée. Elles s'estompaient jusqu'à l'oubli. C'était à partir de ce moment-là qu'elle avait senti que se renversait le mouvement du flot, qui n'avait cessé de monter vers eux en leur portant des coups, que le reflux commençait, car ce qui comptait c'était le message contenu dans le wampum que le chef des Cinq-Nations iroquoises, Outtaké, envoyait à Joffrey de Peyrac.
« Ton ennemi n'est plus. »
Près d'elle, le chevalier de Malte, un instant distrait par l'histoire d'Henri de Rognier, retournait à sa hantise.
– Sébastien disait : notre but est de faire régner sur toute la Terre une seule foi. J'aurais dû le soutenir jusqu'au bout.
Elle posa la main sur son poignet.
– Mon cher Claude, nous sommes, vous et moi, les héritiers de près de deux siècles de guerres de religion qui ont noyé l'Europe dans le sang, et n'ont rien résolu quant à faire régner une seule foi. Ne pourrions-nous essayer de construire le Nouveau Monde en paix ?...
– Le peut-on ? Il est vrai que vous êtes assez convaincante. Et je ne le nie pas... Si l'on vous écoutait... C'était aussi ce que Sébastien redoutait en vous de détourner les esprits de la grande œuvre d'évangélisation. Il considérait comme un danger que votre séduction couvrît une intelligence politique.
– Politique ? s'exclama-t-elle.
L'entendant rire, il se tourna vivement vers elle, et elle retrouvait son vrai regard, brillant et doux, plein d'intérêt pour tout ce qui venait d'elle et cette expression qu'il avait parfois à sa vue, à la fois rêveuse et éblouie, comme si, découvrant un aspect inusité de la création, il se fût interrogé sur les chemins inconnus, mais pleins de charmes, où leur rencontre le portait à s'engager.
– Votre rire ! Il semble rejeter tous nos tourments à l'obscurité, et nous révéler la volonté d'amour de Dieu à notre endroit.
– Voilà qui est grand. Mais sans me charger, après de si noirs pouvoirs, de si saintes influences, vous pourriez au moins vous arrêter à un moyen terme, celui que je vous propose : considérer que notre présence au Nouveau Monde et notre ingérence, si vous l'appelez ainsi, ont apporté jusqu'ici plus de bien que de mal, plus de paix et de réussites que de désordres et de désastres. Le rôle d'un moine guerrier n'est-il pas de se battre pour la paix des peuples et des opprimés ? Assumer la guerre de défense est une œuvre pie, et il faut en considérer les objectifs et la nécessité avec soin, et ne se résoudre au glaive qu'en dernière ressource, vous le reconnaîtrez. Intelligence politique, dites-vous. Eh bien soit ! Si vous appelez politique le fait qu'une femme se permette de réfléchir au sort du monde et à l'avenir que les souverains de la Terre préparent à ses enfants, j'estime qu'elle a raison. C'était une obligation impérative pour une femme que d'envisager en quelle société allaient devoir vivre les enfants qu'elle avait mis au monde.
Angélique affirma que la responsabilité d'une femme lui semblait plus grande encore en ce domaine que celle des hommes, et d'ailleurs, chez les Iroquois, les femmes avaient leur mot à dire. Mais si le Père d'Orgeval, en ce qui la concernait, l'avait envisagée comme menant les troupes au combat, non, ce temps était passé pour elle.
– Vous n'en avez pas moins arrêté les troupes, fit-il, en tirant sur mes hommes au gué de Katarunk ?
– C'était une question d'habileté au tir. La décision de vous arrêter venait de mon époux. Je ne connaissais rien à l'Amérique que je croyais déserte, hélas, ou pour le moins peuplée de réfugiés, comme nous qui n'auraient d'autres ennemis à combattre que la marâtre nature sauvage. Hélas ! Je me trompais bien.
« Ce n'était pas assez de l'hivernage et des rivalités déjà bien établies entre la France et l'Angleterre. Il fallait encore que nous nous mesurions à un saint. Je ne suis qu'une femme, vous dis-je.
– Et une femme adorable.
À nouveau bouleversé devant elle, il lui baisa la main au vol.
– Pardonnez-moi ! Je ne suis qu'un cuistre. Ma conduite n'a pas d'excuses.
*****
Ainsi, ils passèrent une partie des deux journées suivantes à discuter soit à terre, marchant le long de la place, soit à bord de L'arc-en-ciel, faisant les cent pas sur le pont après un repas partagé avec le comte de Peyrac et les officiers, ou au sortir d'un office entendu dans la petite chapelle.
Parfois ils riaient, retrouvaient la connivence d'une amitié déjà longue et qui s'était créée spontanément, parfois Loménie retombait dans ses mélancolies et ses angoisses, comme s'il se fût subitement éveillé au bord d'un précipice.
Un fantôme était entre eux, mais grâce à ces entretiens, Angélique était parvenue à lui faire regarder la situation de façon plus lucide et sans faux-fuyant. Elle parvint à lui faire avouer qu'il reconnaissait que Sébastien d'Orgeval avait toujours professé envers les femmes un sentiment de méfiance et, sous des dehors policés, et parfois charmeurs à leur égard, une hostilité foncière.
– Il était si malheureux, soupira Loménie. Orphelin de mère, je sus d'après ses confidences que son enfance n'avait été entourée que d'horribles créatures féminines, grossières ou possédées par l'esprit du Mal, lubriques et même sorcières. Se méfiant de la Femme, il se méfiait de la Beauté et plus encore de l'Amour...
– Une trilogie à laquelle il semblait avoir voué une haine sans merci.
Le mot « haine » parut avoir choqué Loménie, mais il se retint de la contredire.
Ils marchaient ce soir-là à nouveau en direction du Saguenay, après un office du soir qui avait rassemblé pour le chapelet de la Vierge Marie, des moissonneurs harassés et des sauvages nouvellement débarqués du Haut-Saguenay, avec leurs fourrures pour la traite.
Demain, le comte de Loménie reprendrait le chemin de Québec, tandis que la flotte des gens de Gouldsboro, ayant rassemblé ses équipages, mettrait à la voile pour continuer de descendre le fleuve-mer Saint-Laurent jusqu'au golfe du même nom.
Ils échangeaient des paroles, moins pour se convaincre que pour échanger leurs impressions, s'avouer inquiétude et tristesse partagées.
– Vous êtes une créature de lumière, répétait le comte de Loménie, vous ne pouvez pas comprendre ce personnage.
– Mais vous aussi, Claude, vous êtes, vous avez été un enfant de lumière. Et je pense que c'est pourquoi il vous aimait, lui, ce sombre adolescent du Dauphiné, il avait besoin de vous, que vous soyez là pour l'éclairer. Il vous a attiré en Canada pour cela. Ne vous laissez pas entraîner dans les ténèbres de sa tombe.
– Comment savez-vous qu'il était du Dauphiné ? demanda Loménie surpris.
– On... on me l'a dit... je crois.
Mais elle pensait qu'elle en savait beaucoup plus long sur l'enfance de Sébastien d'Orgeval que Loménie lui-même. Et il la considérait avec un mélange d'inquiétude et d'admiration, comme si le reprenait sa crainte dont avait voulu le convaincre d'Orgeval qu'elle avait des pouvoirs de divination satanique ou d'habileté machiavélique.
– Quoi qu'il en soit, reprit-il, on dirait que votre apparition a fait mourir entre nous, lui et moi, cette entente, a brisé ce lien qui nous unissait depuis notre jeunesse et nous avait aidés jusqu'ici à vivre et à magnifier notre vie sur les chemins de la conquête des peuples et du service de Dieu.
« Me retrouvant à Ville-Marie après l'annonce de sa mort, je vis ma misère. J'avais tout perdu. Vous m'échappiez en tant que femme qui avait inspiré mon cœur, car vous étiez l'épouse d'un autre auquel il était vain de vous disputer. Et lui aussi m'échappait, mon frère que j'avais laissé, exilé au loin, sans que j'élève la voix pour le défendre. En me prononçant pour vous, je l'ai blessé. Je n'ai pas cherché à m'expliquer avec lui. Je ne pouvais lui parler de ce que je vous devais.
« Et encore aujourd'hui, je me sens coupable d'être prêt à tout pour n'obtenir de vous qu'un sourire, un geste d'amitié comme celui que vous avez eu l'autre soir pour moi. Pas plus, je vous l'affirme, et cela est absurde.
– Absurde !... Pourquoi ? Ce qui est absurde, c'est de vous sentir coupable de si peu de chose... Les gestes d'amitié réchauffent le cœur. Il est doux de nous sentir environnés de sympathie et n'est-ce pas aussi naturel que de nous sentir blessés par l'antipathie. N'aurions-nous droit qu'aux désagréments, dans nos rapports avec nos semblables ? Dans votre crainte des sentiments affectueux, votre rigorisme deviendra bientôt pire que celui des puritains, calvinistes, ou gens de Réforme que vous blâmez tant.
– La chair..., commença Loménie.
Mais Angélique éclata de rire en criant :
– Assez, assez de sermons !... La chair... C'est merveilleux. Heureusement que nous sommes chair.
Et l'entraînant par la main, elle le conduisit jusqu'à l'extrémité du promontoire.
– Et maintenant, regardez !...
– Quoi donc ?
La falaise tombait à pic sur le plan d'eau, s'évasant à l'embouchure du Saguenay. Plus en amont, les flottilles de canoës avaient été tirées au sec sur l'étroite grève. Mais de ce côté, large ouvert, le ciel était encore clair, d'un jaune de citronnelle, et la surface du fleuve brillait comme une laque chinoise.
– N'y aurait-il que la beauté de cet horizon à contempler que vous, religieux, devriez en être ému. Mais il y a plus. Je sens qu'elles sont là.
– Qui, elles ?...
– Attendez...
Au même instant, ils virent une silhouette assombrir l'estuaire, glissant sous l'eau et disparaissant, puis d'autres dans une danse harmonieuse qui tenait du songe, jusqu'au jaillissement d'un dôme argenté ruisselant qui bomba comme une île jaillissant des profondeurs de la mer, pour replonger, en dressant vers le ciel une queue impérieuse aux nageoires gémellaires en forme d'ailes.
– Les baleines !
Le spectacle était rare. Les baleines avaient fui depuis plus d'un demi-siècle. Mais il arrivait que des mères revinssent vers les profondeurs glacées du Saguenay pour y mettre au monde leurs petits, ou pour y batifoler en paix, gaiement avec quelques compagnes.
Angélique se promit qu'un jour, elle reviendrait avec les jumeaux, lorsqu'ils seraient plus grands.