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Voici Bordeaux en cette fin d’après-midi du vendredi 14 juin 1940.

C’est la capitale des débâcles, là où sont venus se réfugier, en 1870 et durant quelques semaines en 1914, tous les fuyards du Paris gouvernemental, cette foule où le noir officiel des complets vestons côtoie les toilettes claires des femmes élégantes.


La voiture de De Gaulle roule au pas, sur l’unique pont qui enjambe la Garonne, puis dans les rues embouteillées du centre de Bordeaux.

Les voitures des hauts fonctionnaires, des ministres, s’entassent cours de l’intendance, devant les grands hôtels où l’on se bouscule pour obtenir une chambre. Pétain est au Grand Hôtel. Les ministres sont à l’hôtel Splendid. Paul Reynaud s’est installé rue Vital-Carles, au siège de la région militaire.

La ville est comme un vase qui déborde et qu’on continue à remplir.

Ici, à chaque pas, on croise un personnage.

Adrien Marquet, le maire de la ville, le complice de Laval, héberge à la mairie les « conspirateurs », ceux qui veulent comme lui qu’on en termine avec les combats.

Il parle haut : « La fin de la guerre est un impératif », dit-il.

Jean Ybarnégaray, ministre d’État, que de Gaulle imaginait partisan de la lutte, proclame :

« Pour moi, ancien combattant, rien ne compte que d’obéir à mes chefs, Pétain et Weygand. »

Le généralissime vient d’arriver à Bordeaux. Il a rencontré Pétain. Il ne veut pas d’un cessez-le-feu, ni d’une capitulation de l’armée, mais d’un armistice qui sauve l’honneur de l’armée, et couvre d’opprobre ces politiciens qui ont lancé le pays dans la guerre. Il faut qu’ils soient emportés par la débâcle. On tire la chasse et ils disparaissent ! Et cette vidange permettra de voir surgir un nouveau régime politique.

Quant à l’Angleterre, « dans trois semaines, elle aura le cou tordu comme un poulet », dit Weygand.

Le maréchal Pétain, l’amiral Darlan, sont du même avis.

Et la comtesse Hélène de Portes harcèle Paul Reynaud pour qu’il rallie le camp des partisans de l’armistice, où se trouvent ses amis, Paul Baudouin, Bouthillier, le ministre des Finances.

La comtesse répète ce que Weygand dit :

« Vous faites tuer des hommes pour rien. Combien cela va-t-il durer ? »


Car des fragments des armées françaises brisées continuent de combattre avec un héroïsme désespéré.

Il suffit d’une poignée d’hommes autour d’une mitrailleuse, de l’autre côté d’une rivière. Il suffit de quelques tanks pour arrêter trois ou quatre heures les Panzers allemands. Puis la machine puissante déferle, écrase les héros.

Von Kleist est aux portes de Bourges. Von Reichenau s’apprête à prendre Orléans et à franchir la Loire. Guderian entre dans Besançon.


Pendant ce temps, à Bordeaux, on conspire, on murmure que Paul Reynaud a dû pendant un dîner dans la salle à manger de l’hôtel Splendid envoyer deux verres d’eau au visage de la comtesse de Portes, affolée, hystérique.

« Une dinde », murmure de Gaulle.

Il voit Reynaud.

« Si vous restez ici, vous allez être submergé par la défaite, lui dit-il. Depuis trois jours, je mesure avec quelle vitesse nous roulons vers la capitulation. »

Il accule Reynaud, l’informe que les adversaires de l’armistice ne sont pas en sécurité à Bordeaux. Marquet dirige la police municipale. Pétain et Weygand tiennent l’armée.

« Je vous ai donné mon modeste concours, ajoute de Gaulle. Mais c’était pour faire la guerre. »

Reynaud se redresse.

Il ira à Alger, affirme-t-il. Il veut continuer la guerre aux côtés de l’Angleterre. La France est liée à elle par le traité du 28 mars. Pas d’armistice ou de paix séparés.

« Dans ces conditions, dit de Gaulle, j’irai demain à Londres. Où vous retrouverai-je ?

— À Alger », répond Reynaud.


Dans la grande salle à manger de l’hôtel Splendid, de Gaulle s’est attablé en compagnie de son aide de camp, le lieutenant Geoffroy de Courcel.

La salle décorée de miroirs et de tentures poussiéreuses amplifie le brouhaha. Ils sont tous là, Hélène de Portes, Pétain, Baudouin, Chautemps.

Il ne faut pas se laisser engloutir dans cette atmosphère. Ici, l’on se goberge alors que les Allemands défilent sur les Champs-Élysées et que les fanfares de la Wehrmacht résonnent sous les voûtes de l’Arc de triomphe.

De Gaulle se lève. Courcel lui annonce qu’il n’a pu trouver d’avion pour Londres. Il faudra rouler jusqu’à Brest, et de là embarquer sur un navire de guerre. Il faut partir cette nuit.

De Gaulle s’approche de la table où achève de dîner le maréchal Pétain.

De Gaulle, sous-lieutenant tout juste sorti de Saint-Cyr, avait servi avant l’été 1914 sous les ordres du colonel Pétain, commandant le 33e régiment d’infanterie d’Arras.

Puis la guerre, Verdun, l’appui de Pétain à de Gaulle avant la brouille des années trente.

Maintenant, c’est « l’extrême hiver » de la vie du Maréchal.

Les deux hommes se serrent la main sans échanger un mot.

L’aube du samedi 15 juin se lève, la voiture de De Gaulle roule vers Brest, à contre-courant du flot des réfugiés.

Entre Rennes et Brest, on longe des fantassins anglais et canadiens qui se replient et vont s’embarquer à Brest, d’autres le feront à Saint-Malo, à Saint-Nazaire. Près de 197 000 hommes et 300 canons en quelques jours échapperont ainsi aux Allemands.

Le général Alan Broke, vétéran de Dunkerque, a imposé à Churchill ce retrait. Le Premier Ministre voulait ne donner aucun prétexte aux Français de rompre le traité du 28 mars. Mais, inexorablement, la France s’enfonce dans la débâcle.


En Bretagne, à Paimpont, de Gaulle rend visite à sa mère, malade. Elle a connu 1870, la trahison de Bazaine. L’humiliation. Mais elle est pleine d’espérance.

Puis de Gaulle retrouve pour quelques dizaines de minutes son épouse et ses enfants réfugiés à Carantec.

« Ça va très mal, dit-il à Yvonne de Gaulle. Peut-être allons-nous continuer le combat en Afrique, mais je crois plutôt que tout va s’effondrer. Je vous préviens pour que vous soyez prête à partir au premier signal. »


À Brest, il embarque sur le contre-torpilleur Milan. Le navire transporte une cargaison d’« eau lourde » que le ministre de l’Armement, Raoul Dautry, envoie en Angleterre, pour soustraire aux nazis cet élément nécessaire à la fabrication d’armes nouvelles qui pourraient être terrifiantes et décider du sort de la guerre. De Gaulle est sur la passerelle.

Les mots de Churchill lui reviennent : « L’homme du destin », a dit le Premier Ministre.

La route sera longue.


Alors que dans la journée du samedi 15 juin, de Gaulle roule vers Brest, puis à bord du Milan vers Plymouth, à Bordeaux, Pétain, Weygand avancent résolument vers leur but, ne trouvant en face d’eux qu’un Paul Reynaud décidé à continuer la guerre, mais s’égarant dans le labyrinthe de ses manœuvres et de ses hésitations.


Il réunit un premier Conseil des ministres ce samedi 15 juin.

Camille Chautemps, sincère et madré, ne se démasque pas, évoque, la voix tremblante, la souffrance de « nos soldats » exposés presque sans défense au feu de l’ennemi.

Reynaud étudie la possibilité d’un cessez-le-feu. Aussitôt, Pétain prend la parole, « cette capitulation serait un déshonneur pour l’armée, c’est au gouvernement qu’il incombe de conclure un armistice : ce n’est pas à l’armée de déposer les armes ». Chautemps, parlementaire roué, coutumier des compromis, dit, patelin :

« Je suis convaincu que les conditions mises par les Allemands à la conclusion d’un armistice seront inacceptables. Encore faut-il en faire la démonstration. Pour cela il faut les demander. Lorsque cette démonstration sera faite, le peuple français comprendra que le gouvernement n’a pas d’autre issue que de quitter la France et tous les ministres suivront en Afrique du Nord. »

Reynaud refuse, mais quatorze ministres contre six sont favorables à la proposition de Chautemps.



« J’ai quelques secondes de débat intérieur qui sont les plus graves de ma vie publique, confie Reynaud. Si je refuse de faire cette démarche, je serai remplacé dès aujourd’hui par Chautemps ou par Pétain, et c’est à mon avis l’armistice certain. »

S’il accepte la proposition de Chautemps, Reynaud consultera Londres. Les Anglais refuseront cette démarche. Nous resterons liés par le traité du 28 mars.

« C’est une chance pour la France que je n’ai pas le droit d’écarter. »

Reynaud se souvient du conseil que de Gaulle lui a donné hier soir avant de partir pour Londres :

« Faire la guerre sans ménager rien ou se rendre tout de suite, il n’y a d’alternative qu’entre ces deux extrémités. »

Reynaud veut faire la guerre, mais il reste un parlementaire persuadé que, même s’il devait démissionner, il reviendrait au pouvoir, seul capable de rallier une majorité autour de lui.

Après, après seulement, on pourrait partir pour Alger.


Il est 21 h 30, ce samedi 15 juin.

Winston Churchill, sa fille Diana et le secrétaire du Premier Ministre John Colville dînent aux Chequers, la résidence d’été du Premier Ministre. Le début du dîner est lugubre. On vient d’apprendre que les Français préparent une nouvelle demande d’autorisation de conclure une paix séparée.

Puis le champagne, le cognac et les cigares font leur effet.

« Nous allons certainement connaître une guerre sanglante, dit Churchill. J’espère que notre peuple saura résister aux bombardements… »

Il marche dans le jardin en compagnie de Diana, parmi les buissons de roses.

Le secrétaire lui annonce que la situation empire en France, que Reynaud semble perdre pied.

« Il faut dire aux Français, tonne Churchill, que s’ils nous laissent leur flotte nous ne l’oublierons jamais, mais que s’ils se rendent sans nous consulter nous ne leur pardonnerons jamais. Nous les traînerons dans la boue pendant un millénaire ! »

Il hausse les épaules, s’ébroue.

« Ne le dites pas tout de suite », ajoute-t-il.


En ce début de matinée du dimanche 16 juin, de Gaulle qui a débarqué à Plymouth arrive à Londres.

Les dernières nouvelles de France sont accablantes.

Les Allemands ont atteint les monts du Perche, à l’ouest, et bientôt Rennes et Brest ! À l’est, Guderian a pris Besançon. La Loire est devenue le front. Orléans est tombé.

Ce dimanche 16 juin, Rommel écrit :

« Très chère Lu,

« Avant de partir en direction du sud ce matin (5 h 30), j’ai reçu votre chère lettre du 10 dont je vous remercie de tout mon cœur.

« Maintenant que Paris et Verdun sont tombés et que la ligne Maginot a été percée sur un large front près de Sarrebruck, la guerre semble lentement tourner à une occupation plus ou moins pacifique de la France entière.

« La population est pacifique et, à certains endroits, très amicale. »


Mais les routes par lesquelles le flot de réfugiés, désespérés, s’écoule sont ensanglantées par les bombardements, les mitraillages de la Luftwaffe et des avions italiens qui, ce dimanche 16 juin, se joignent aux charognards, bombardant La Charité-sur-Loire et Gien, à basse altitude.

« Il faut agir », répète de Gaulle.

L’ambassadeur de France à Londres, Corbin, et Jean Monnet – négociateur officieux entre la France, les Anglais et les Américains – exposent à de Gaulle un plan d’Union de la France et de l’Angleterre, entraînant la fusion de leurs pouvoirs publics, la mise en commun de leurs ressources et de leurs pertes, la nationalité partagée pour chaque citoyen, la liaison complète entre les destins respectifs des deux nations.

Utopie, folie, mais peut-être un bon moyen d’encourager Reynaud à tenir tête aux défaitistes.

De Gaulle joint Reynaud au téléphone et, sans lui dévoiler la nature du projet, lui demande de retarder le Conseil des ministres jusqu’à 17 heures, ce jour, dimanche 16 juin.

« Vous seul, a dit Monnet à de Gaulle, pouvez obtenir l’adhésion de Churchill. Il est prévu que vous déjeuniez tout à l’heure avec lui. Ce sera l’occasion suprême. »


Sentiment d’urgence, nécessité d’agir. Et donc de rompre avec les prudences, les procédures habituelles.

Ainsi, de Gaulle donne l’ordre de détourner sur un port anglais le Pasteur qui, chargé de munitions, de milliers de mitrailleuses, d’un millier de canons de 75, se dirige vers Bordeaux.

Il lit, dans les yeux des officiers de la mission militaire française à Londres, l’effroi !

Mais le temps est à l’audace.


De Gaulle s’assied en face de Churchill dans la salle à manger du Carlton Club.

Le Premier Ministre ressemble à un rocher massif, enveloppé dans un costume gris à rayures roses dont les coutures semblent prêtes à se déchirer. Churchill accepte de présenter au Cabinet britannique le projet d’Union qu’il va soutenir.

« Dans un moment aussi grave, il ne sera pas dit que l’imagination nous a fait défaut. »

À 16 h 30, la décision est acquise. De Gaulle téléphone à Reynaud, expose le projet d’Union franco-britannique.

Ce peut être un tournant dans cette guerre et peut-être même dans l’histoire du monde.

« Allô, Reynaud, s’écrie Churchill, de Gaulle a raison. Notre proposition a de grandes conséquences. Tenez bon. »


De Gaulle doit rentrer d’urgence à Bordeaux. Il faut conforter Reynaud, organiser la prochaine réunion du Conseil suprême allié, sans doute à Concarneau. Churchill a prêté un bimoteur léger De Havilland Dragon à de Gaulle. Le général Spears est du voyage. L’avenir va se jouer dans les heures qui viennent.


À 17 h 15, ce 16 juin 1940, le Conseil des ministres se réunit, présidé par Albert Lebrun.

Reynaud lit le texte du projet d’Union franco-britannique d’une voix vibrante.

« … Les deux Parlements seront associés. Toutes les forces de la Grande-Bretagne et de la France, terrestres, maritimes ou aériennes seront placées sous un seul commandement suprême… Cette Union, cette unité concentreront toutes leurs énergies contre la puissance de l’ennemi où que soit la bataille – et ainsi nous vaincrons. »

D’abord, la stupeur et le silence, puis aussitôt la colère, les protestations.

« Nous ne voulons pas que la France devienne une domination britannique », lance Camille Chautemps.

« Plutôt devenir une province nazie, au moins nous saurions ce qui nous attend », dit un ministre, Ybarnégaray, peut-être.

Pétain est méprisant, il est debout. Il dit :

« C’est un mariage avec un cadavre. »

Les partisans de la paix à tout prix l’emportent, non parce qu’ils sont les plus nombreux – Reynaud ne fait pas voter les ministres – mais parce qu’ils sont les plus déterminés, que leur projet couve depuis des semaines voire des mois. Que l’atmosphère de Bordeaux leur est favorable. Que la peur gagne les partisans de la continuation de la guerre qui craignent l’arrestation par les policiers du maire Marquet, ou par les soldats de Weygand.


Reynaud se rend chez le président de la République, Albert Lebrun, à qui il présente sa démission, avec l’intention de reprendre les rênes du pouvoir car Pétain, Weygand et leurs séides ne pourront accepter les conditions allemandes.

Les présidents de la Chambre des députés et du Sénat, Herriot et Jeanneney, l’approuvent.

Reynaud est persuadé que la majorité des ministres – 14 – s’opposent à l’armistice.

Mais il a sous-estimé la résolution de Pétain et Weygand, la résignation d’Albert Lebrun, le degré de préparation de la conspiration, car aussitôt Reynaud sorti, Lebrun reçoit Pétain.

« Pétain ouvre son portefeuille, raconte-t-il, et me présente la liste de ses collaborateurs. Heureuse surprise pour moi ! Je n’étais pas habitué à une telle rapidité ; je me rappelai non sans amertume les constitutions de ministères, si pénibles, auxquelles j’avais présidé pendant mon séjour à l’Élysée. »


Pétain est donc le président du Conseil, Chautemps le vice-président, Weygand est à la Défense nationale, Darlan à la Marine. Deux députés socialistes – après avoir consulté Léon Blum – font partie du ministère.

Sa constitution est achevée à 23 h 30, le dimanche 16 juin.

Il se réunit aussitôt et, à l’unanimité, il décide de mettre en œuvre la proposition Chautemps.

Baudouin, le ministre des Affaires étrangères, prend contact avec l’ambassadeur d’Espagne, Lequerica, et avec le nonce apostolique afin que Madrid et le Vatican annoncent à Berlin et à Rome la volonté française de connaître les conditions de l’armistice.

Hitler a, la veille, demandé à ses généraux et à ses diplomates de préparer une convention d’armistice.


De Gaulle a atterri, ce dimanche 16 juin, à 21 h 30, sur l’aéroport de Bordeaux.

Les pistes sont encombrées de véhicules. La débâcle a le visage de ce désordre.

Lorsque les membres de son cabinet venus l’attendre annoncent à de Gaulle la démission de Reynaud, le général sait qu’il faudra repartir dès demain matin, et le pilote anglais reste dans l’avion.

De Gaulle mesure au cours de cette nuit « épouvantable » les illusions de Paul Reynaud, les menaces qui se profilent. Il ne veut pas se laisser arrêter, il sait qu’on l’accuse déjà de trahison pour avoir détourné au profit des Anglais ce navire, le Pasteur, chargé d’armes !

Rue Vital-Carles, de Gaulle retrouve Paul Reynaud avec qui il n’échange que quelques mots.

Hélène de Portes passe, crie :

« On voulait que Reynaud joue les Isabeau de Bavière qui, au traité de Troyes, en 1420, a livré le royaume de France aux Anglais, eh bien non ! »

Elle triomphe, jubile.

« J’ai sous les yeux, dit de Gaulle, la trahison et dans le cœur le refus de la reconnaître victorieuse. »

Il approuve le directeur de cabinet de Paul Reynaud, Dominique Leca, qui dit :

« La sécurité d’aucun d’entre nous ne me paraît désormais assurée sur le territoire français au cours des prochaines journées. »


Il faut partir.

Le directeur de cabinet de De Gaulle, Jean Laurent, se fait fort d’obtenir de Dominique Leca 100 000 francs sur les fonds secrets. De Gaulle accepte, voit le général Spears. Geoffroy de Courcel décide de rester à ses côtés dans cette aventure au service de la France.


L’avion décolle le lundi 17 juin à 7 heures.

Il atterrit à l’aéroport de Heston, proche de Londres, à 12 h 30, après une escale à Jersey pour faire le plein de carburant.

Dans les rues de Londres, de Gaulle aperçoit les titres en lettres d’affiche des journaux : « France Surrenders ».

C’est comme s’il recevait une gifle.

Mais la France est ici, au combat ! Elle ne se rend pas !

Il sait qu’il sera seul et démuni de tout, « comme un homme au bord d’un océan qu’il prétendrait franchir à la nage ».

Il verra Churchill dans l’après-midi.


Le Premier Ministre britannique a cherché, dès 22 heures, à joindre Pétain, ne réussissant à obtenir la communication qu’à 2 heures du matin, ce lundi 17 juin.

Un témoin raconte :

« Je n’ai jamais entendu Churchill s’exprimer en termes aussi violents. Il pensait que le vieux Maréchal, insensible à tout le reste, réagirait peut-être à cela. Mais ce fut en vain. »

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