CHAPITRE XVIII. PIÈGES

— Amélie ? dit l’Étrangère. Connais pas.

À ce moment, le Major se frappa légèrement le front de la paume de la main et reprit.

— Continuez, Mademoiselle, je vous écoute.

— Je me nomme, dit la jeune fille, Arielle Cornovant. Je suis née boulevard Sébastopol, le 16 mai 1926 à onze heures. J’ai déjà servi chez le financier Pompasoult, chez le baron Lacloche et chez le Nonce du Pape. J’ai d’excellents certificats. Croyez-vous que j’aie une chance ?

Le Major sonna.

— Dunœud, dit-il au valet qui entrait, voyez avec Mademoiselle. C’est pour la place de bonne.

— Heureusement que j’ai trouvé ce prétexte pour m’en débarrasser, dit-il encore lorsqu’elle eut quitté la pièce. Sérafinio et Adelphin, sortez de vos cachettes, continua le Major.

Le Comte rampa péniblement dans la pièce et se frotta les reins avec énergie pour retrouver la souplesse usuelle de ses mouvements. Sérafinio avait disparu.

— Nom d’un membre ! cria le Comte.

— Du Cercle Interallié, sans doute ? commenta ironiquement le Major.

— Au fait… murmura Adelphin.

Et il siffla dans ses doigts. Il s’essuya ensuite les doigts sur le dos d’un fauteuil, car il salivait mauve. La levrette apparut, Sérafinio la suivait de près.

— Tu m’as sauvé, dit Alvaraide. Ces chiens-là, c’est insatiable.

— Assez ! tonna le Major. Nous sommes ici pour travailler. Montrez-moi le barbarin.

Quand il tint le précieux engin, sa physionomie s’éclaircit d’un coup.

— Ça y est, dit-il. Il est faux. Pas besoin d’être très malin pour deviner qui…

Il décrocha le téléphone.

— Allô ! Antioche Tambrétambre ? Bonjour, ami très cher. Prends la Cadillac et nos deux mitraillettes et viens me rejoindre. Où ? Mais ici, voyons, ne fais pas l’âne.

Il raccrocha.

— Dans quelques heures, conclut-il, nous serons fixés. Comte, et vous, le Sérafin, mettez des costumes de voyage.

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