Le compagnon d’Adelphin se nommait — pourquoi le celer plus longtemps — Sérafinio Alvaraide. De haute taille, les épaules bosselant l’habit bien coupé, il semblait bâti à coups de pied dans le cul. Une physionomie tourmentée, qu’animait un regard sauvage, lui conférait un caractère d’originalité ardente qui faisait rechercher sa compagnie par les dames de grand tempérament. Une monstrueuse sexualité irradiait de tous les pores de cet homme au rire merveilleusement subtil qui, par de savants exercices, avait développé sa résistance au point de pouvoir saillir une percheronne de un mètre soixante-quinze au garrot sans en pâtir le moins du monde. Ses allures de centaure débridé lui permettaient de supporter les regards concentriques de toute une assemblée avec une aisance à nulle autre pareille. Frémissant, il allait dans la vie comme un sifflet à deux sons, brutal et cosmétique. En le voyant passer, les gardiens de l’ordre retiraient leur casque et les petits enfants s’arrêtaient de crier.
Sérafinio et Adelphin s’étaient connus quelques années auparavant par une belle après-midi d’été sur la plage de Jusant-les-Pins. Sérafinio gisait à plat ventre (pour les convenances) dans le sable d’or pâle. Adelphin marchait rêveusement, le regard perdu vers les lointains céruléens où naissent et meurent les espoirs de retour. Adelphin avait buté sur le corps étendu de Sérafinio. De ce premier contact, une longue amitié était née, jamais démentie (par quoi) malgré les différences foncières de ces deux natures de vanadium.
Ajoutons à cela qu’Alvaraide et Beaumashin ne se voyaient que rarement et nous aurons une idée sensiblement exacte de leurs relations.