— Have a drink ! said the Major, while Antioche was bursting into the room.
— Sorta seems to suit me like a Persian rug, said Antioche.
Then came Dunœud with a tray, on which a big glass was standin’half full with rye[2].
Antioche prit le verre et le vida d’un trait.
Un peu plus, dit-il à Dunœud. J’ai soif.
Il se tourna vers le Major.
— Alors, vieille noix, tu es prêt ?
— Partons, dit le Major.
Le Comte et Alvaraide redescendaient l’escalier du premier étage, revêtus d’élégants costumes de tweed violâtre à carreaux jaunes. Adelphin portait en outre un béret basque blanc, enfoncé jusqu’aux oreilles. Sérafinio, plus mâle, avait un feutre gris coquettement orné d’une plume de plumeau rouge et incliné à 60°, sur l’horizontale et sur la tête.
Vous avez vos revolvers ? dit le Major.
— Oui ! répondit Sérafinio.
— Donnez ! ordonna le Major.
Il enleva les chargeurs, s’assura qu’il n’y avait pas de cartouches dans le canon des armes, et rendit les revolvers à leurs possesseurs.
— Moins dangereux, commenta Antioche.
Et les deux autres approuvèrent.
Les quatre hommes prirent place dans la somptueuse voiture et, à soixante-dix milles à l’heure, Antioche repassa la grille, en marche arrière. Un bref virage, et la machine fonça sur le boulevard.
— Où allons-nous ? demanda Antioche au bout de cinq minutes.
— Là, répondit le Major. Nous sommes arrivés.
L’auto stoppa devant un immeuble à huit étages dont on devinait la population grouillante.
Au moment où le Major, descendu seul, pénétrait dans l’entrée, une assistante sociale en uniforme descendait l’escalier de ciment armé. Il n’y fit pas attention et monta jusqu’au cinquième.
La porte, en tôle ondulée, portait une plaque de carton à chapeau gravée sur laquelle on lisait ces mots :
Le Major donna un grand coup de pied dans la tôle qui tomba en désuétude, et pénétra dans l’appartement d’Isaac.
Celui-ci lisait une traduction du Talmud en langue verte, car il voyait rouge et souffrait de daltonisme.
— Bonjour ! dit le Major.
— Comment vas-tu ? dit Isaac.
— Que vaut ce barbarin ? demanda le Major.
— Je vais te dire ça, grogna l’autre.
— Vite ! Je suis pressé.
Il est faux, soupira Isaac au bout d’un quart d’heure. Tout compte fait il ne doit pas valoir plus de onze millions.
— De dollars ? compléta Jacques.
— Non ! de livres sterling. Je suis preneur à cinquante francs, si tu veux le vendre.
— Trop aimable, grogna à son tour le Major. Pas un mot à personne, ajouta-t-il.
— Bien sûr dit Isaac.
— Tu permets ? dit le Major en tirant sa mitraillette. Je serai plus tranquille.
Il déchargea son arme sur Isaac qui gargouilla quelques secondes et se tut.
— Au revoir, vieux, dit le Major en s’en allant.