CHAPITRE VIII. QUE NON ASCENDAM… ?

Profitant d’une pause dans les déchaînements harmoniques de l’orchestre, composé de deux musiciens dont l’un lisait à voix haute les partitions que son camarade, aveugle, exécutait, Adelphin entraîna son ami au buffet.

— Alors ? lui dit-il.

— Tu ne peux comprendre… dit Sérafinio.

— Ah ? approuva Adelphin, sans comprendre.

— Cette femme… la Baronne…

— Eh bien ?

— Ah ! rugit Sérafinio, il y a des moments où on a envie de dire… !

— Calme-toi, ami, dit Adelphin. Viens plutôt dans un coin retiré. Nous y converserons en paix.

— Bien dit ! gronda l’autre, sourdement.

Saisissant discrètement cinq bouteilles de champagne et plusieurs assiettes de petits gâteaux, Adelphin entraîna son acolyte vers les régions supérieures.

Ils gravirent une centaine de marches et s’arrêtèrent au premier étage sur un palier doucement éclairé par une coupe de cristal ambré reproduisant dans ses moindres détails le sein gauche de Penthésilée, celui qu’elle s’était fait enlever pour tirer des coups avec son arc.

Après un bref regard à cette œuvre d’art, Sérafinio saisit le bras d’Adelphin qui laissa choir dix-sept macarons et quatre babas au rhum et le mena vers une porte d’apparence anodine sous laquelle un rai de lumière ne filtrait pas, indiquant avec une bonne approximation que la pièce correspondante était vide.

Adelphin, de son index gauche libre, fit jouer la gâchette et la porte s’ouvrit sans bruit. Avisant une table de bridge, éclairée par la lumière du palier, il y déposa son butin, alla ramasser les gâteaux renversés quelques instants auparavant et les précipita dans la cage de l’escalier sur le crâne poli d’un ancien sapeur de la Garde qui s’épongeait précisément l’occiput avec une rame de papier brouillard.

Il rejoignit Sérafinio dans la pièce qu’ils avaient décidé d’annexer et referma sur eux deux la porte, à double tour.

Le sapeur de la Garde avait pris une autre rame.

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