CHAPITRE XXIV. ENVOL D’UN CHAT

À neuf heures du soir, la petite bonne de Monsieur Grinchepédosque, gros bijoutier de la rue Daranatz, mit la tête à sa fenêtre pour s’assurer que Jaccopo Bédarritz, son ami, l’attendait bien à la quatrième borne. Elle n’eut que le temps d’allonger le bras pour attraper au vol et par la peau du cou, un chat de gouttière de teint indéfinissable que le pare-chocs d’une somptueuse voiture blanche venait de projeter dans les airs sans autre dommage qu’une légère ébourrification des plumes de la queue.

Ce chat provenait du croisement de Mirus Premier avec un lointain descendant du fruit des amours de la poule et du lapin que nous a narrées Réaumur dans ses pages choisies (Collection dirigée par Jean Rostand). Tous les chats de cette famille avaient des plumes à la queue. Joyce (Ulysse, page 985) affirme que cette déformation ne va pas sans un secret contentement ressenti à la base de la colonne vertébrale, dans la position défécatoire, mais nous n’avons jusqu’ici jamais pu vérifier cette assertion qui semble bien caractéristique du génie de l’irlandais.

La petite bonne (elle s’appelait Maria) offrit au chat une tasse de camomille qu’il accepta avec reconnaissance, et descendit rejoindre son amant qui l’accepta avec reconnaissance.

Le Major et ses compagnons — car c’était eux — foncèrent à travers les rues tortueuses et mal pavées de la ville. Après avoir tourné autour de l’église ils se perdirent dans un chemin à peu près désert et la voiture stoppa devant une porte basse soigneusement bardée d’affiches municipales.

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