Avant d’aller se coucher le mercredi soir, Caitlin avait paramétré une alerte Google sur toute information contenant le mot « Webmind », en sélectionnant « selon l’actualité » pour recevoir un mail dès l’indexation de l’info. Quand elle réussit à se tirer du lit à huit heures le lendemain, elle trouva 1 143 e-mails dans sa boîte. Elle ne pouvait pas les lire tous, ni même les survoler.
Et c’est alors qu’elle fut frappée par un constat : il lui était impossible de lire toutes les infos sur un sujet donné, alors que Webmind pouvait le faire sans effort tout en se livrant à d’innombrables autres tâches. Il pouvait accorder à des centaines, des milliers, voire des millions d’individus le même niveau d’attention qu’à elle, en jonglant avec autant de relations personnelles que nécessaire, sans même être ralenti. Il pouvait donner à chacun l’impression d’être spécial, tout comme elle. Caitlin n’était pas vraiment sûre que ça lui plaise…
Au bout d’un moment, elle fit un clic droit – ah, qu’est-ce que c’était pratique ! – sur quatre liens au hasard, et les ouvrit sous Firefox dans quatre onglets différents. Elle commença à lire les articles. Elle avait encore du mal à parcourir un texte des yeux, mais chaque occurrence du mot « Webmind » étant surlignée, elle pouvait aller directement aux passages intéressants.
Le premier venait du Detroit Free Press :
… censé provenir d’une entité qui se présente sous le nom de « Webmind ». Mais les experts mettent en garde contre une telle affirmation.
Rudy Markov, professeur d’informatique à l’université du Michigan, a déclaré : « Le langage utilisé dans le message est terriblement proche de l’anglais courant. On s’attendrait à un style plus recherché et précis de la part d’une machine. »
Et Gunnar Halvorsen, dont le blog « IA, hou lala ! » est depuis longtemps le favori de ceux qui s’intéressent à l’intelligence artificielle, dit que les similitudes entre la structure du Web et celle du cerveau humain ont été fortement exagérées.
« On pourrait tout aussi raisonnablement s’attendre à ce que le réseau routier, qui contient plein de choses qu’on appelle des artères, se mette à pomper du sang », a-t-il écrit dans un billet aujourd’hui.
Mais Paul Fayter, un spécialiste de l’histoire des sciences à l’université York de Toronto, a déclaré : « Teilhard de Chardin l’avait prédit il y a plusieurs dizaines d’années, quand il a décrit sa noosphère. Je ne suis pas du tout étonné de la voir enfin se concrétiser. »
Caitlin cliqua sur l’onglet suivant. Celui-ci contenait un article du New Scientist en ligne.
… mais il s’est avéré difficile de remonter à la source des messages de Webmind. Les logiciels standard tels que Traceroute n’ont rien donné.
« Il ne fait aucun doute que des robots de réseau sont impliqués, a déclaré Joging der Singh de BT. C’est la méthode classique pour masquer la véritable origine d’un message. »
Et la disparition des spams ne l’impressionne pas particulièrement. « Cela fait longtemps qu’on sait que la grande majorité des spams n’est générée que par quelque deux cents spammeurs tout au plus, dit-il.
Ils sont sans aucun doute nombreux à se connaître, et peuvent avoir décidé de suspendre leurs envois pendant une journée afin de mieux faire ressortir un certain message. Je dois cependant avouer que leur motivation me laisse perplexe : en l’occurrence, il n’y a eu pour l’instant aucune demande d’argent à qui que ce soit. »
Cet article fit sourire Caitlin. Elle savait que le principe de Traceroute était de modifier la valeur de la durée de rétention contenue dans l’en-tête des paquets de données, ces petits blocs d’information circulant à travers l’Internet. Mais Kuroda et elle pensaient que la conscience de Webmind résidait dans la nuée de paquets mutants dont les compteurs de durée ne pouvaient être manipulés à l’aide d’instructions ordinaires.
Pourtant, l’idée que le nettoyage des spams ait pu être le fait de spammeurs lui aurait paru complètement absurde même si elle n’avait pas su la vérité. Les gens étaient prêts à croire à des millions d’idioties sur la base de preuves bien plus fragiles que ce que Webmind avait pu apporter à l’appui de son existence. Elle n’arrivait pas à comprendre leur scepticisme actuel.
Elle se souvint d’une fois où elle était allée avec son père dans une librairie, à Austin. Il l’avait surprise lorsqu’il avait soudain dit à voix haute : « Madame, il n’en existe pas d’autre sorte. »
Caitlin lui avait demandé de lui expliquer ce qui se passait. « C’était une dame qui regardait un livre intitulé L’Astrologie pour les nuls », lui avait-il répondu. Les gens pouvaient croire à ce genre de choses, mais pas à Webmind ?
Caitlin et sa mère passèrent la matinée à répondre aux questions de Webmind. Il recevait un véritable déluge d’e-mails, et voulait des conseils sur les réponses à donner à bon nombre d’entre eux.
Mais vers midi, elles eurent absolument besoin de faire une pause – elles avaient toutes les deux sauté le petit déjeuner, et elles mouraient de faim. Tandis que sa mère préparait des sandwichs, Caitlin évoqua un sujet qui lui trottait dans la tête depuis quelques jours.
— Alors, maman, heu… j’ai dit à Bashira que tu faisais partie de l’Église unitarienne.
Tout est fascinant, quand on le voit pour la première fois… Caitlin regardait sa mère étaler une matière jaune sur les tranches de pain.
— Je plaide coupable, répondit sa mère.
Caitlin avait bien remarqué, du temps où ils habitaient Austin, que sa mère disparaissait plusieurs fois par an pour participer à des « fraternités » – parfois un soir de semaine, et parfois un week-end entier –, mais c’était pratiquement tout ce qu’elle en savait.
— Mais, hem, dis-moi, en quoi ça consiste, exactement ? Bashira m’a posé la question, mais je n’ai pas su quoi lui répondre.
— En résumé ? Les unitariens sont des chrétiens qui ne croient pas que Jésus-Christ ait été de nature divine.
Caitlin fut très surprise.
— Alors, comme ça, tu es chrétienne ?
Sa mère posait maintenant des tranches de viande sur le pain.
— Plus ou moins. Mais ça s’appelle l’unitarisme par opposition au trinitarisme – pour nous, pas de papa ni de fiston, et pas non plus d’esprit déguisé en colombe.
— Mais les chrétiens ne sont-ils pas censés porter une croix ?
— Ma foi, oui, peut-être, s’il y a des vampires dans les environs.
Caitlin réfléchit un instant.
— Des chrétiens qui ne croient pas que le Christ était divin ? Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Si on ne croit pas que Jésus était le fils de Dieu, alors… alors…
Sa mère versa du lait dans deux verres.
— Tu n’as pas besoin de croire que Darwin était divin pour être une darwinienne – il te suffit de considérer que ce qu’il a enseigné paraît raisonnable.
— Ah, oui, je vois.
Sa mère fit signe à Caitlin d’aller dans la salle à manger, où elle apporta deux assiettes contenant chacune un sandwich, puis les verres de lait.
— Jésus est celui qui a dit : « Bénis soient les artisans de paix », dit-elle. Ça me paraît vraiment très bien. (Elle mordit dans son sandwich.) En fait, il y a une bonne base théorique pour ça, dans la théorie des jeux. Un type qui s’appelait Robert Axelrod a organisé un jour un tournoi dans ce cadre-là. Il a demandé aux gens de proposer des programmes informatiques destinés à jouer les uns contre les autres dans un dilemme du prisonnier par itérations – c’est-à-dire qu’on joue plusieurs coups successifs. Il cherchait à savoir quelle pouvait être la solution optimale à ce fameux dilemme.
Caitlin prit une bouchée de son sandwich et – ah, ce truc jaune, c’était de la moutarde.
— Quatorze programmes ont été proposés, poursuivit sa mère, et au grand étonnement d’Axelrod, c’est le plus simple – cinq lignes de code seulement – qui a gagné. Il s’appelait « Œil pour œil », et avait été écrit par Anatol Rapoport, qui travaillait à l’université de Toronto. Œil pour œil adoptait une approche très élémentaire : commencer par coopérer, et jouer ensuite ce que l’adversaire venait de jouer le coup précédent. Autrement dit, le programme joue le premier coup comme une colombe, et ne devient un faucon que s’il en rencontre un autre. Mais dès que l’adversaire renonce à la défection, le programme redevient coopératif – il apporte la paix, tu comprends ?
— C’est cool, dit Caitlin la bouche pleine.
— Axelrod a passé un bon moment à essayer de comprendre pourquoi Œil pour œil battait tous les autres programmes. Il a fini par conclure que c’était parce qu’il associait la gentillesse, l’esprit de vengeance, le pardon et la transparence. Sa gentillesse consistait à ne jamais être le premier à choisir la défection. Son esprit de vengeance – le fait de choisir la défection si l’adversaire venait d’y recourir – dissuadait l’autre joueur de recommencer. Sa capacité à pardonner, à ne pas tenir rancune à l’autre une fois que celui-ci coopérait de nouveau, permettait de rétablir la confiance mutuelle. Quant à la transparence, Axelrod voulait dire par là que cette stratégie était facilement compréhensible pour son adversaire.
Caitlin réfléchit un instant à la façon dont un tel résultat – assez complexe, et impliquant même un certain esprit moral – pouvait émerger de quelque chose d’aussi simple. Cela lui rappelait…
Mais oui, bien sûr !
Cela lui rappelait les automates cellulaires et les processus qu’elle avait pu observer en toile de fond du Web, le phénomène qui semblait avoir donné naissance à Webmind : une règle, ou un ensemble de règles simples, qui conduisait les paquets de données à osciller entre deux états distincts, donnant lieu à des motifs complexes. Était-il possible que la règle sous-tendant la conscience de Webmind soit une sorte de dilemme du prisonnier aux itérations infinies, ou un problème analogue de la théorie des jeux ? Ce serait vraiment cool…
Mais un autre point l’intriguait.
— Tu parlais d’artisans de paix, mais cet Œil pour œil est plutôt violent, non ? Ça revient à se taper dessus, ni plus ni moins.
— Oui, c’est une façon de voir les choses. Dans la loi du talion, il y a bien l’idée de représailles.
— Et tu m’as dit aussi que ça avait un rapport avec Jésus. L’histoire des représailles, ça fait vraiment Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, Jésus dit que, heu… que ce n’est pas bien.
Caitlin fut absolument ébahie quand sa mère cita l’Évangile – sans doute mot pour mot. C’était la première fois qu’elle l’entendait faire ça.
— « Vous avez entendu qu’il a été dit : “Œil pour œil, dent pour dent.” Mais moi, je vous dis qu’il ne faut pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui l’autre. »
— Hmm… fit Caitlin. Oui, c’est ça. (Elle réfléchit un instant.) Alors, est-ce qu’il y a une stratégie correspondante dans la théorie des jeux ?
— Oui, c’est celle qu’on appelle « Toujours Coopérer », disons la stratégie TC : quoi que fasse l’autre, tu coopères. Sauf que…
— Oui ?
— Eh bien, ça va un peu plus loin que ça. Les versets suivants disent : « Et si quelqu’un veut te traîner en justice, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. » Il ne s’agit donc pas seulement de leur donner ce qu’ils veulent, mais de leur en donner encore plus. On pourrait appeler ça le Double TC, en quelque sorte.
— Mais… hmm… fit Caitlin en fronçant les sourcils. On ne doit pas pouvoir jouer le Double TC très longtemps. On finit par ne plus rien avoir. (Mais soudain, elle comprit.) Ah, mais c’est la base du christianisme, ça ! La récompense ne s’obtient pas dans cette vie, mais dans la suivante.
— Oui, pour beaucoup de chrétiens, en tout cas.
— Mais si tu ne crois pas que le Christ est divin, est-ce que tu crois au paradis ?
— Non. Une fois qu’on est mort, c’est fini.
— Mais dans ce cas, est-ce que le Double TC – ou même le TC tout court – a vraiment un sens pour un unitarien ? Pour quelqu’un qui ne croit pas à une récompense dans l’au-delà ? Le Double TC ne peut pas gagner, à moins qu’on ne joue contre des gens qui utilisent la même stratégie. Et dans le scénario que tu as décrit, ce n’est manifestement pas le cas : on commence par te frapper sur la joue droite, donc tu sais que ton adversaire est prêt à choisir la défection au moins une partie du temps. Dans ces conditions, quelle est la justification logique de tendre la joue gauche, en termes de théorie des jeux ? L’autre type va forcément encore te taper dessus.
Sa mère haussa les sourcils.
— Ah, mais tu vois, il y a un point qui t’a échappé. Les jeux les plus faciles à modéliser sont ceux dans lesquels il n’y a que deux joueurs. Mais dans la vraie vie, il y en a beaucoup plus que ça, un nombre variable. Tu peux perdre beaucoup contre un joueur, mais gagner plus que tu ne l’espérais avec un autre. La personne A peut être cruelle avec toi, mais la personne B, voyant cela, peut être beaucoup plus généreuse justement pour cette raison. Et quand tu joues avec beaucoup de gens, le jeu se prolonge indéfiniment – et ça fait une différence énorme. Les exemples de l’Ancien Testament ne peuvent pas se répéter bien longtemps : œil pour œil ne permet de jouer que deux coups… après ça, tu n’en as plus. Même avec dent pour dent, tu as droit à trente-deux coups au maximum. Caitlin but une gorgée de lait, et sa mère poursuivit :
— C’est bien là le problème avec les jeux itératifs à deux joueurs : ils ont forcément une fin. Quelquefois, ils se terminent par abandon des joueurs, comme dans le cas du dollar mis aux enchères, une fois qu’ils ont compris l’absurdité de la situation. Ils peuvent aussi se terminer par manque de temps.
« En fait, il y a le cas célèbre d’un théoricien des jeux qu’IBM avait invité pour animer des travaux pratiques de management. Il avait réparti les participants en plusieurs équipes, pour les faire jouer à des jeux dans lesquels la coopération était la meilleure stratégie – c’était le message qu’il voulait leur faire passer.
« Tout se déroula très bien, jusqu’à ce que la fin du séminaire approche. Tout à coup, une des équipes changea complètement de comportement et choisit systématiquement la défection, ce qui lui permit de gagner. L’équipe adverse se sentit tellement trahie qu’il fallut envoyer ses membres en psychothérapie, et ce n’est que des mois plus tard qu’ils acceptèrent de travailler de nouveau avec leurs anciens adversaires.
— Eh ben, dis donc… fit Caitlin.
— Mais si tu considères l’humanité entière comme formant l’ensemble des joueurs potentiels, ton interaction ne se termine pas du simple fait qu’un joueur donné se retire. C’est pour cette raison que la réputation qu’on a est si importante. Tu as déjà eu l’occasion d’acheter des objets sur eBay, et c’en est une parfaite illustration : la façon dont tu t’es comportée avec d’autres gens apparaît dans ton profil d’évaluation. Le monde entier est au courant si tu choisis la défection. Nous sommes tous interconnectés en une sorte de…
— … réseau mondial, comme le Web ? dit Caitlin. Sa mère sourit.
— Exactement dit-elle. (Elle avala sa dernière bouchée de sandwich et ajouta :) Et justement, à ce propos, il est temps que nous retournions là-haut.
— Très bien, dit Tony Moretti en faisant les cent pas dans la salle de contrôle de WATCH. Vos rapports. Shel, à toi l’honneur.
Shelton Halleck était penché en avant, les bras croisés devant son clavier. Il était manifestement épuisé.
— Nous avons passé au crible tout ce que Caitlin Decter a pu écrire sur le Web. Et tout ce que Malcolm et Barbara Decter, et le professeur Kuroda, ont écrit eux aussi. Mais nous n’avons trouvé aucune indication sur la façon dont Exponentiel fonctionne, ni rien qui vienne contredire les explications que Decter a données aux agents du CSIS. Rien non plus qui les confirme, d’ailleurs.
— Bon, très bien, dit Tony. Aiesha, tu as quelque chose pour nous ?
Elle avait l’air un peu plus réveillée que Shel, mais elle avait la voix cassée.
— Oui, peut-être bien, ça reste à voir, dit-elle. Il y a quelques jours, Caitlin a eu une vidéoconférence avec une cartographe de l’Internet qui travaille au Technion, une certaine Anna Bloom. (Un dossier apparut sur l’écran géant du milieu, montrant la photo d’une femme aux cheveux gris.) À l’époque, nous n’avions pas encore mis Caitlin sous surveillance, et nous n’avons donc pas d’enregistrement de leur conversation – mais je ne vois vraiment pas pour quelle raison une jeune fille au Canada discuterait avec une spécialiste du Web en Israël si ce n’est pour parler de la structure d’Exponentiel.
— On pourrait demander au Mossad de parler à cette femme, dit Tony. Le Technion se trouve à Jérusalem.
— Non, rectifia Aiesha, il est à Haïfa. (Elle jeta un coup d’œil aux horloges murales.) Il est presque onze heures du soir, là-bas.
— Il n’y a pas une seconde à perdre, dit le colonel Hume. Laissez-moi l’appeler directement – juste une petite conversation entre informaticiens. Il n’est plus temps de finasser.
La messagerie instantanée de Caitlin fit entendre son petit bip, et les mots Mind-Over-Matter est maintenant en ligne apparurent. Elle sentit son pouls s’accélérer.
Hello, écrivit-elle.
Salut ! répondit Matt. Ta journée a été bonne ?
Super, ty.
J’ai les trucs de ton casier. OK si je passe te les déposer ?
Caitlin fut étonnée que son cœur batte si fort. Elle réfléchit un instant, cherchant quelque chose de spirituel ou de sexy à répondre, mais elle s’en voulut d’hésiter comme ça. Le pauvre Matt devait être sur des charbons ardents ! Oui, bien sûr ! répondit-elle, et pour se faire pardonner de l’avoir fait attendre, elle ajouta une brochette de smileys.
Woot ! écrivit-il. Dans une demi-heure, OK ?
Cette fois, elle répondit immédiatement : OK.
Je te quitte. *poof*
Caitlin traversa le couloir pour rejoindre sa mère dans son bureau, où elle bavardait avec Webmind.
— Quelqu’un de ma classe va passer, dit Caitlin. Sa mère releva un instant les yeux de son clavier.
— Qui est-ce ?
Caitlin se sentit un peu gênée.
— Heu, quelqu’un de mon cours de maths. Mais sa mère avait vu clair dans son jeu…
— C’est un garçon, dit-elle.
— Heu, oui.
— Trevor ?
— Oh, non ! Ne te fais pas de bile, maman, il n’est pas près de remettre les pieds ici, celui-là.
— Bon, très bien.
Et c’est alors que Caitlin vit de nouveau cette expression : sa mère s’efforçant de ne pas sourire.
— Mais tu sais, ma chérie, ajouta-t-elle, tu pourrais peut-être te faire un brin de toilette.
Ah, bon sang ! Elle s’était tellement concentrée sur Webmind qu’elle ne s’était même pas brossé les cheveux aujourd’hui, et elle vit qu’elle portait sans doute le tee-shirt le plus infâme de sa collection… Et – beurk ! – cela faisait deux jours qu’elle n’avait pas pris de douche ! Elle se précipita vers la salle de bains.