16.

Recroquevillée derrière un arbre, Emma se plaqua la main sur la bouche. Ne pas hurler ! « Crie… Crie une seule fois et t’es morte… »

Ouvrir, fermer. Ouvrir, fermer. Faire circuler le sang dans les doigts. Ouvrir, fermer. Et repartir.

« Tu dois repartir. Repars ou tu vas crever. Les traces de pneus… Suis les traces… Tes empreintes. Il va te traquer. Te rattraper. Te saigner ! »

La lutte acharnée d’un organisme en milieu hostile. La peur.

Le soleil blanc, froid, sur cet horizon de troncs nus et de branches entremêlées, jusqu’à l’infini.

Une forêt de cauchemar.

Emma s’arrêta à nouveau, l’écume aux lèvres. L’air glacé lui ravageait tout l’intérieur. Une douleur par-delà les sons, les lumières. Une souffrance qui détruisait tout sur son passage. Elle était sur le point d’abandonner, de laisser la Chose la rattraper. La Chose, qui avait surgi, devant elle, abattant ses griffes démesurées en zébrures d’acier. La Chose, qui avait manqué de la transpercer. La Chose, à ses trousses.

« Neun, archt, sieben, archt, vier… 98784… 98784… » Cette série de chiffres qui n’arrêtait pas de circuler dans sa tête. Ces chiffres, face à elle, sur son compteur kilométrique, au moment de l’accident. Ce nombre, qui l’avait précipitée contre un arbre.

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