21.

Il ne parle pas. Trop de souvenirs, trop de questions qui l'étouffent. Cette route vers le sud, il l'a tant de fois parcourue, aux moments les plus importants de sa vie. Il se rendait ou revenait de Corse, jeune officier, il gagnait Nice et l'armée d'Italie, ou bien Toulon avant le départ pour l'Égypte. Et il l'a aussi remontée vers Paris, lorsqu'il roulait, avec Marmont près de lui, dans la même voiture, après avoir échappé aux croisières anglaises, après l'Égypte, vers le pouvoir. C'est toute sa vie qui défile. Marmont est devenu le maréchal Judas.

Il se penche. Il a besoin de ce souffle pour chasser ces souvenirs. Il voit le long cortège des quatorze voitures, puis la foule, qui paraît hésiter et tout à coup l'acclame. Elle se presse dans les rues de Fontainebleau, de Nemours, de Montargis.

À Briare, lorsqu'il descend devant l'hôtel de la Poste, les cris éclatent. « Vive l'Empereur ! » On insulte les commissaires étrangers dont on reconnaît les uniformes. « Dehors les Russes ! » « À mort les Autrichiens ! »

Il baisse la tête. Cette houle ne porte plus son destin.

Il veut souper seul.

Le lendemain matin, alors que la foule est encore rassemblée autour des voitures, il écrit :

« Ma bonne Louise,

« Je me porte bien. Je me rends à Saint-Tropez, je pars dans une heure. Je ne resterai pas en route, je pense que je serai rendu dans quatre jours. Je suis très content de l'esprit de la population, qui me montre beaucoup d'attachement et d'amour. Je n'ai pas de tes nouvelles depuis le 18. Le courrier du Palais n'est pas arrivé, ce que j'attribue au défaut de chevaux. Adieu, mon amie, porte-toi bien. Donne un baiser à mon fils et ne doute jamais de

« Nap. »

À Nevers, des officiers l'entourent, les larmes aux yeux. À Roanne, à Tarare, la foule est dense, chaleureuse. Les voitures avancent au pas dans les rues étroites. Il se penche. Tous ces visages tournés vers lui, comme au temps de la gloire. Où est sa défaite ? Il écoute sans répondre ces gens qui l'interpellent.

« Qu'allons-nous devenir sous un gouvernement maîtrisé par les Anglais ? Et nos manufactures ? Qui achètera nos toiles ? »

De la foule, des voix montent : « Conservez-vous pour nous ! L'année ne passera pas que vous ne reveniez en France. Nous le voulons. Vive l'Empereur ! »

Il se rencogne dans sa voiture. Bertrand murmure quelques mots, auxquels il ne répond pas.

Il a abdiqué. Il n'est plus que le souverain de l'île d'Elbe.

À Salvigny, à deux heures de Lyon, il fait arrêter les voitures. Il ne veut traverser la ville que durant la nuit. Il ne veut plus de manifestations.

Il fait quelques pas seul, sur la route, au milieu de la campagne. Les voitures immobilisées occupent toute la rue de la ville.

Il voudrait déjà être parvenu dans l'île. Oublier, puisqu'il l'a décidé et qu'il le faut.

Mais quand les voitures parviennent au carrefour de la Guillotière, la foule est là, rassemblée, qui crie encore « Vive l'Empereur ».

Il se penche. Qu'on passe, qu'on ne s'arrête pas.

À l'aube du dimanche 24 avril, il traverse Vienne.

Il reconnaît ces parfums du Sud, cette douceur de l'air printanier, ces couleurs d'un vert léger, c'est comme s'il s'enfonçait dans son enfance et sa jeunesse.

Il s'arrête à Péage-de-Roussillon. Pendant qu'on prépare le déjeuner dans l'auberge, il se promène dans ce paysage familier. Le passé qu'il a connu ici au bord du Rhône semble si proche, comme s'il n'avait rien vécu, rien subi, au fond de l'Allemagne, dans les plaines de Pologne et en Russie.

Comme s'il n'avait pas dormi dans les châteaux et les palais.

Il traverse Saint-Vallier et Tain, et tout à coup apparaît sur la route une voiture tirée par six chevaux précédés de deux courriers. Le convoi s'arrête, comme la voiture. Un homme descend, qui s'avance, tête basse et pas lourd. C'est Augereau, maréchal, duc de Castiglione !

Un homme qui m'a trahi, qui a fait arborer la cocarde blanche, qui a lancé une proclamation à ses soldats en dénonçant le « joug tyrannique de Napoléon Bonaparte », mon despotisme. Lui, qui m'a aussi accusé « d'avoir immolé des millions de victimes à ma cruelle ambition » et de n'avoir pas su « mourir en soldat ».

Voilà que le destin le place sur ma route. Augereau n'ose pas lever la tête, me regarder dans les yeux.

Il pleure.

- Où vas-tu comme ça ? Tu vas à la Cour ? Ta proclamation est bien bête, pourquoi ces injures contre moi ?

Le temps a bien passé depuis notre jeunesse. Augereau n'est plus qu'un vieux soldat qui a vieilli vingt ans sous mes ordres. Et me trahit.

Il suffit de lui tourner le dos.

Sur les bords de la route, une compagnie d'infanterie présente les armes. Un capitaine s'avance.

- Avez-vous rencontré ce misérable ? dit l'officier. Il a eu le bon nez de ne pas attendre votre arrivée à Valence, les troupes étaient résolues à le fusiller devant vous.

- Votre général..., commence Napoléon.

- Vous et la France n'avez pas de grand ennemi ; nous avons été vendus à deniers comptants ! crie le capitaine.

Je ne veux pas imaginer ce qui serait encore possible avec ces hommes-là, qui me sont fidèles.

Il reste cependant penché à la portière. Ici, tout parle à sa mémoire. Il a parcouru toutes ces routes, il connaît ces villes. À Valence, des régiments lui rendent les honneurs.

Comme si je n'avais pas abdiqué.

Certains de ces hommes sanglotent, d'autres crient « Vive l'Empereur ».

Au relais de Loriol, il dit d'une voix forte :

- Mes amis, je ne suis plus votre Empereur. Il faut crier « Vive Louis XVIII ».

On l'entoure. On lui prend les mains, on les serre, on les embrasse.

- Vous serez toujours notre Empereur.

Il se dégage.

- S'il y avait vingt mille hommes comme moi, lance un cuirassier, nous vous enlèverions, nous vous remettrions à notre tête.

Napoléon se détourne, remonte en voiture.

- Ce ne sont pas vos soldats qui vous ont trahi, crie un fantassin, ce sont vos généraux !

Il ne peut s'empêcher de trembler, d'être envahi par l'émotion.

- Ces hommes me font mal, murmure-t-il à Bertrand.

À Montélimar, dès qu'il descend de voiture, il sent que l'atmosphère a changé. La foule est plus curieuse que favorable. Le sous-préfet s'approche. C'est un petit homme qui semble terrorisé. Tout le pays du Rhône est hostile, dit-il. Les Anglais ont été accueillis à Marseille en triomphateurs. À Avignon, à Orange, à Orgon, à Lambesc, partout des royalistes venus de Paris ont rassemblé leurs partisans. Ils veulent assassiner l'Empereur. Les monuments à sa gloire sont brisés. On le pend en effigie. On crie « Vive le Roi, à bas le tyran ».

Napoléon écoute. Il attendait cela depuis le départ de Fontainebleau.

S'ils le peuvent, ils me tueront.

Trop d'hommes, trop de soldats l'aiment encore, il vient de le voir. Mais il secoue la tête quand le sous-préfet propose de changer d'itinéraire, de passer par Grenoble et Sisteron.

On traversera simplement Avignon à l'aube.

Attelons, partons.

Mais à Orange, on hurle : « Vive le Roi ! » Au relais, près d'Avignon, la foule est là qui crie : « À bas le tyran, le coquin ! »

En ville, une troupe de plusieurs centaines d'hommes attend le passage du convoi pour l'attaquer. On longera donc les remparts d'Avignon.

À Orgon, une potence a été dressée. Un mannequin en uniforme français maculé de sang y est pendu.

- Voilà le sort du tyran ! crie la foule.

Napoléon se tient immobile. Il ne voulait pas vivre cela, cette honte, cette haine, cette impuissance, ce discours que le commissaire russe Chouvalov adresse à la foule qui entoure la voiture pour la calmer. Elle a commencé à lancer des pierres sur le véhicule, à le secouer en criant : « À mort le tyran ! »

Moi, menacé par des citoyens français et protégé par un officier étranger !

La voiture repart, s'arrête peu après. Un cavalier s'approche. La région tout entière est parcourue, dit-il, par des agents de Paris qui veulent tuer l'Empereur. On affirme qu'ils sont envoyés par le prince de Bénévent. On attend un certain Maubreuil, qui doit recruter des assassins, monter un guet-apens entre Aix et Fréjus.

Talleyrand le Blafard qui veut ma mort.

Napoléon descend de voiture, passe une redingote bleue, coiffe un chapeau rond et arbore une cocarde blanche. Puis il saute en selle. Il va parcourir ces routes seul, traversant Lambesc, où un groupe l'interpelle :

- Où est la voiture de l'Empereur ?

Il fait un geste vague, pique des éperons.

Je ne mourrai pas ainsi, comme un animal qu'on traque.

Il galope jusqu'à Saint-Cannat.

Jadis, il avait remonté ces routes porté vers la gloire. On criait : « Vive le général Bonaparte ! »

Et maintenant, il refuse de manger le dîner qu'on lui prépare parce qu'il craint d'être empoisonné, qu'on lui confirme que Maubreuil, l'agent de Talleyrand, serait posté en embuscade sur le chemin de Fréjus.

Il doit vivre. Il ne veut pas être égorgé par des enragés, des spadassins. Il regarde le général Koller. Il va revêtir l'uniforme autrichien, monter dans la voiture de ce commissaire. Ainsi, on déjouera les assassins.

À Saint-Maximin, il convoque le sous-préfet.

- Vous devez rougir de me voir en uniforme autrichien, dit-il. J'arrivais avec pleine confiance au milieu de vous, tandis que j'aurais dû emmener avec moi six mille hommes de ma Garde. Je ne trouve ici que des tas d'enragés qui menacent ma vie.

Il veut repartir aussitôt, gagner le département du Var, où on lui dit que les royalistes ne rencontrent que peu d'écho. Il passe dans sa voiture, regarde ce ciel limpide sous lequel il a chevauché de Toulon à Nice et lorsqu'il a débarqué à Fréjus, venant d'Égypte.

Tous ces souvenirs lui donnent la nausée.

Et voici Pauline, qui réside dans le château de Bouillédou, proche de Lucques.

Elle sanglote. Elle ne veut pas le voir ainsi déguisé en Autrichien. Il jette ses vêtements, revêt sa tenue de chasseur de la Garde, la serre enfin contre lui, la plus belle de ses sœurs. Ils parlent sans fin. Ils retournent à leurs origines, une île, Elbe, si proche de la Corse. Elle l'interroge, mais quand elle parle de Marie-Louise et du roi de Rome, il ne répond pas.

Il ne veut pas dire qu'il craint de ne plus les revoir.

Ils évoquent leurs frères, Jérôme, Joseph, qui ont, dit Pauline, l'intention de se rendre en Suisse, où Louis serait déjà arrivé. Leur mère est partie avec le cardinal Fesch pour Rome, où se trouve sans doute Lucien. Élisa est peut-être à Bologne. Caroline...

Il fait un geste. Il ne veut pas qu'on mentionne l'épouse de Murat, celle qui a poussé sûrement le roi de Naples à la trahison.

Pauline, en sanglots, dit qu'elle veut se rendre à l'île d'Elbe, vivre avec lui. Pauline la fidèle, alors que presque tous l'ont trahi. Il l'embrasse. Au bout de son destin, il retrouve la sœur qu'il aimait le plus. Comme si rien n'avait pu changer cela, presque comme si rien n'avait eu lieu dans leurs vies.

Le mercredi 27 avril 1814 à onze heures, il entre dans l'auberge du Chapeau Rouge, à Fréjus.

Rien n'a changé depuis ce mois d'octobre 1799 où, débarquant d'Égypte, il pénétrait dans cette salle, général maigre et déterminé, brûlé par le soleil, ayant échappé par miracle aux frégates anglaises.

Et aujourd'hui, c'est sur l'une d'elles, qu'il voit depuis la fenêtre de sa chambre mouiller dans la baie, qu'il va rejoindre l'île d'Elbe.

Il donne l'ordre de faire monter ses bagages à bord de l'Undaunted.

Une frégate française aurait dû assurer son transport, mais elle n'est pas encore arrivée, et après tout il se sent plus en sécurité à bord d'un navire anglais que sur un bateau où, peut-être, se sont glissés dans l'équipage des assassins que le comte d'Artois ou le prince de Bénévent ont pu recruter.

Il fait quelques pas sur les quais du port. La foule l'entoure avec respect.

Dans sa chambre, il reste longuement à la fenêtre. La mer. Si souvent il a longé ces côtes. Reconnaîtra-t-il encore, si la frégate passe la Corse, le parfum de l'île ?

Il aimerait revivre tout cela avec sa femme et son fils. En leur compagnie, il pourrait trouver la paix, dans ces paysages qui sont les siens.

Il commence à écrire.

« Ma bonne Louise,

« Je suis arrivé à Fréjus il y a deux heures. J'ai été très content de l'esprit de la France jusqu'à Avignon. Mais depuis Avignon, je les ai trouvés fort exaltés contre. J'ai été très content des commissaires, surtout du général autrichien et du Russe, fais-le savoir à ton père.

« Je pars dans deux heures pour l'île d'Elbe d'où je t'écrirai à mon arrivée. Ma santé est bonne, mon courage au-dessus de tout. Il ne serait affaibli que par l'idée que mon amie ne m'aime plus. Donne un baiser à mon fils.

« La princesse Pauline, qui est dans un château à deux heures d'ici, veut absolument venir à l'île d'Elbe pour me tenir compagnie, mais elle est si malade que j'ignore lorsqu'elle pourra faire le trajet.

« J'ai avec moi le grand maréchal Bertrand et mon aide de camp Drouot.

« Ton fidèle époux,

« Nap. »

Le départ tarde. Il demande au colonel Campbell, le commissaire anglais, de prévoir une frégate pour prendre Pauline « dans cinq ou six jours et la conduire à l'île d'Elbe ». Puis il écrit au général Dalesmes, qui commande l'île d'Elbe.

Elle va cesser d'appartenir à la Toscane pour devenir mon territoire. J'ai choisi le drapeau. Blanc, coupé par une bande diagonale rouge marquée de trois abeilles.

« Les circonstances m'ayant porté à renoncer au trône de France, écrit-il, sacrifiant ainsi mes droits au bien et aux intérêt de la patrie, je me suis réservé la souveraineté et propriété de l'île d'Elbe et des forts de Portoferraio et Porto Longone, ce qui a été consenti par toutes les puissances... Veuillez faire connaître ce nouvel état des choses aux habitants et le choix que j'ai fait de leur île pour mon séjour en considération de la douceur de leurs mœurs et de la bonté de leur climat. Ils seront l'objet constant de mon plus vif intérêt. »

Il a tant lu en quelques jours, à Fontainebleau, de livres traitant de l'île d'Elbe qu'il a l'impression de tout connaître de son histoire.

Il marche dans la chambre, s'arrête souvent devant la fenêtre pour regarder la mer.

Il sera là-bas sur l'île qui fut grecque et romaine, et de cette terre, l'Aithalia des Grecs, l'Ilva des Romains, il pourra voir les côtes de Corse.

Curieux destin que le sien. D'une île à l'autre.

Celle-ci sera pour moi l'île du repos.

Il voit entrer dans la rade la frégate française.

Le capitaine se présente à l'auberge peu après, revendique l'honneur de conduire l'Empereur.

Napoléon secoue la tête. Il ne veut pas naviguer sous le drapeau blanc, dit-il.

« Pour le roi de France, tant que le trône ne sera fondé que par les baïonnettes étrangères et qu'il ne se sera pas nationalisé par sa conduite et par l'opinion nationale, je n'aurai aucune estime ni considération pour lui. »

Il faut attendre que le vent se lève, et cette attente lui pèse. Il ne cesse de s'interroger. Marie-Louise et son fils viendront-ils ?

Quand foulera-t-il à nouveau le sol de France ?

Il fait quelques pas dans sa chambre, ce jeudi 28 avril, et tout à coup il est pris de nausées, le sol se dérobe, il vomit.

Il pourrait mourir là, seul. Il a le corps couvert d'une sueur froide. Il va à la fenêtre. Il se remet peu à peu.

Il écrit quelques mots à Marie-Louise.

« Le temps est beau et j'aurai une navigation douce. J'espère que ta santé te soutiendra et que tu auras le courage nécessaire. J'aurai un grand plaisir à te voir ainsi que mon fils. »

Mais les reverra-t-il jamais ?

« Adieu ma bonne Louise. Je te prie de donner un baiser bien tendre à mon fils et de faire mes compliments à toutes ces dames. Tout à toi.

« Ton affectionné et fidèle époux.

« Napoléon. »

Mais qu'il est difficile de s'arracher à la France !

Le vent est si faible que, monté à bord de l'Undaunted, il débarque à Saint-Raphaël.

On l'acclame.

Enfin, le vendredi 29 avril 1814, on met à la voile.

Il reste le plus souvent à la proue, ou bien il marche sur le pont. Il regarde s'éloigner les côtes françaises. Il s'accoude au bastingage. Il dit à Bertrand :

- Les Bourbons, pauvres diables, se contentent d'avoir leurs terres et leurs châteaux, mais si le peuple français devient mécontent de cela et trouve qu'il n'y a pas d'encouragement pour leurs manufactures, ils seront chassés dans six mois.

- Six mois ? murmure Bertrand.

Il ne répond pas.

Il passe les nuits sur le pont, dans la douceur de l'air chargé des senteurs de la végétation insulaire.

Voici, le dimanche 1er mai, Ajaccio à portée de canon. C'est le passé qui surgit, telle une Atlantide. Il fixe longuement du regard les quais du port, la forteresse. Ici, son destin a lancé ses premiers défis, fait rouler les dés.

On est en panne devant Calvi.

Il lui semble qu'il se sent mieux dans son corps depuis qu'il respire cet air, qu'il voit ces couleurs, cette montagne corse.

Enfin, le mardi 3 mai 1814, la frégate jette l'ancre à l'entrée de Portoferraio. Il enlève le chapeau de marin qu'il portait. Il coiffe son bicorne. Le voici en uniforme des chasseurs à cheval de la Garde impériale, sur lequel il porte l'étoile de la Légion d'honneur et la décoration de la couronne de fer de roi d'Italie.

Il est toujours un soldat et un souverain.

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