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Le Voyageur était assis, seul, dans le salon sombre et froid. Ça sentait l’endroit déserté, comme les maisons des morts. Il laissa errer ses yeux tout autour de la pièce, imaginant un passé autrefois plein de vie.

Dans un coin, la poussière s’amoncelait sur une télévision. Un livre de coloriage et un assortiment de crayons et de stylos étaient posés sur la table près de la fenêtre. Une plante crevée gisait sur le flanc devant la cheminée ; son pot répandait une langue de terre dans le foyer.

Le Voyageur s’essuya l’œil avec un mouchoir en papier et grimaça. La brûlure l’élançait, en rythme avec la douleur qui lui déchirait l’épaule. Pourtant, il s’était rincé à l’eau avant d’arriver chez la femme. Il ne voyait presque plus rien de cet œil même en clignant de la paupière comme un malade. Son bras droit s’était raidi. Ce petit connard de Toner s’était débattu au-dessus de la baignoire et lui avait à moitié démis l’épaule, en plus de la blessure au bras.

Son portable sonna.

« Changement de plan, annonça Orla O’Kane. La femme et la môme vont être accompagnées.

— Par qui ?

— Le flic. Il les accueille au City Airport. Filez là-bas et surveillez-les. Il est malin, il ne les emmènera pas à l’appartement. J’imagine qu’elle voudra voir son père à l’hôpital.

— Je fais quoi du flic ?

— Il en sait trop. Occupez-vous de lui aussi. Vous rendrez service à un de nos amis et vous toucherez un bonus.

« Un bonus ? » Le Voyageur sourit, l’œil larmoyant. « J’ai pas besoin d’un bonus. Ce sera avec plaisir. »

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