Margont tournait en rond dans son logement. Lui qui avait connu l’immensité du désert durant la campagne d’Égypte, les plaines sans fin de Russie, il suffoquait dans cette cage à poules. Par moments, le jeu des ombres et son imagination exacerbée s’associaient pour modifier la couleur des lieux. Les murs prenaient une tonalité légèrement ocre, se rapprochaient comme pour le broyer et il se retrouvait à nouveau dans sa cellule monastique de Saint-Guilhem-le-Désert. Semblant appartenir à un autre monde, Lefine était allongé sur la paillasse. Margont avait insisté pour qu’il l’accompagne jusque chez lui.
— Je peux m’en aller, maintenant, chevalier ? ironisa Lefine.
— Non, j’ai besoin de toi.
— Ça n’est pas très malin de m’obliger à être ici.
— On n’a plus le temps d’être malins. Ou plutôt, il faut être différemment malins.
Lefine se leva prestement et s’avança vers son ami, tel un chat au repos qui bondit sur ses pattes, car il pressent un danger. Margont lui fît face.
— Tu n’es pas obligé d’accepter le plan que je vais te proposer...
— J’ai déjà envie de refuser...
— Notre enquête est comme une course imposée par la situation militaire et je sens que nous sommes en train de nous faire dépasser.
— Forcément, avec ce canard boiteux de Joseph...
— Si la population réalisait que la guerre est à nos portes, elle s’empresserait d’acheter tout ce qui se mange et le coût des denrées deviendrait incontrôlable ! Or les prix n’ont pas augmenté, ils n’ont même pas frémi ! Tout Paris est aveugle ! Pratiquement personne ne se préoccupe de la défense... L’impréparation offre une grande marge de manoeuvre aux groupes monarchistes déterminés...
Lefine songea qu’il y avait peut-être là quelque affaire formidable à réaliser. Acheter des poules aujourd’hui et les revendre le quintuple dans deux semaines ?
— Mais quel est votre nouveau plan qui, visiblement, me concerne ?
— Avec tout ce que ces royalistes ont vécu, ils ont appris à se protéger. Je ne me fais pas d’illusion, je n’ai été admis qu’en surface. On m’écoute, mais on ne me révèle rien. Tout est cloisonné, chaque membre est au courant d’une chose que son voisin ignore, et vice versa. Ce groupe fonctionne un peu comme une commode qui recèle bien des secrets et chacun n’a accès qu’à un ou deux tiroirs qui lui sont réservés. Seul Louis de Leaume doit avoir une vue d’ensemble des plans du groupe – et encore, je n’en suis pas entièrement convaincu ! J’ai été accepté dans le comité directeur, mais on ne m’a pas dit un mot au sujet de ce projet d’assassinats visant à déstabiliser la défense de Paris. J’avoue que je croyais que les partisans de cette méthode expéditive m’en parleraient, dans l’espoir de me gagner à leur cause et de faire ainsi pencher la balance en leur faveur. Bien sûr, on se méfie de moi. Cependant, on sent qu’ils ont aussi envie d’agir. Donc, en résumé, ce groupe prépare deux plans. Le premier : mener des actions de propagande pour soulever une partie des Parisiens en faveur du roi. Le second : employer le moyen des meurtres – heureusement, certains membres ne sont pas d’accord pour l’instant. Et s’il en existait un troisième ?
— Sur quoi vous fondez-vous pour envisager cela ?
— Louis de Leaume et Jean-Baptiste de Châtel ont tous deux une personnalité propice à l’action et à la violence, même si c’est pour des raisons différentes. Ce sont des ultras et les deux plans que je viens de citer ne sont sans doute pas assez efficaces pour eux.
— Tuer des gens, ce n’est pas faire assez preuve d’intransigeance ?
— Non. Pas pour de tels fanatiques.
Margont ajouta :
— J’ai l’impression de les comprendre tous les deux, tu sais. Parce que je partage avec eux un trait de caractère fondamental : l’idéalisme. Oh, certes, il ne s’agit pas des mêmes idéaux ! Cela fait que je me sens à la fois proche et loin d’eux. Il n’y a rien de plus beau que l’idéalisme. Mais il n’y a rien de pire non plus. Si tu regardes l’histoire de l’humanité, c’est l’idéalisme qui nous a apporté un grand nombre de progrès, d’améliorations, de bonds en avant... Mais on lui doit aussi une si longue liste de carnages et autres abominations... Pour eux, ces deux plans ne constituent pas un alcool assez fort pour étancher leur soif d’action.
Lefine essayait de rassembler ses idées. Voilà encore une demi-heure, il avait une vision claire de la situation. Maintenant, tout était en désordre ! Son esprit était une mare habituellement sereine dans laquelle Margont venait jeter ses hypothèses comme des pavés, soulevant boue et vase.
— Mais Charles de Varencourt nous informe et le bougre aime l’argent...
— Est-il seulement au courant ? Ou alors il a peur de parler, ou bien il attend que les prix montent... À moins qu’il ne soit dans les deux camps à la fois, afin d’être sûr de se retrouver du côté des gagnants.
— Je ne vois toujours pas ce que vous attendez de moi...
— Quand les choses ne bougent pas assez vite, parfois, il faut donner un bon coup de pied dans la fourmilière...
— Et le coup de pied, c’est moi...
— Ce groupe est semblable à un liquide qui mijote sur le feu des événements. Si l’on attend que la flamme soit plus vive pour qu’il se manifeste, il sera trop tard. Non, je propose de rajouter un ingrédient – toi ! ― pour créer une instabilité qui les obligera à abaisser leur garde.
— Ah, vous voulez jouer les alchimistes ! Seulement, à vouloir manipuler du soufre dans l’espoir de transformer le plomb en or, vous savez combien d’entre eux ont explosé avec leurs mélanges ?
— Tu n’es pas obligé d’accepter. Si tu es d’accord, tu n’as qu’à rester ici avec moi. Je sais que l’on me surveille régulièrement : tu finiras par être repéré. Sinon, tu peux t’en aller.
Lefine était plus partagé que jamais. Son instinct de survie lui criait de se précipiter vers la porte. D’un autre côté... Il était toujours persuadé que, dans les situations difficiles, Margont n’allait pas s’en sortir sans son aide. Et il ne voulait pas perdre son meilleur ami. Parce que, quand le monde napoléonien aurait définitivement volé en éclats, quand tout se serait effondré, quand la Révolution ne serait plus qu’un vieux souvenir, un fantôme pesant que plus personne n’oserait évoquer, que lui resterait-il à part Margont, Saber, Brémond et Pique-bois ? Ainsi, Margont songeait au macrocosme abstrait des idéaux universels, Lefine au microcosme concret de son nombril. Margont affectait de poursuivre ses déductions. Mais Lefine voyait bien qu’en réalité ses pensées se centraient sur cette question : son ami allait-il accepter ? Margont avait beau être complexe et se lancer dans des raisonnements élaborés, parfois, il était transparent. Et, dans ces moments-là, il ne s’en rendait même pas compte.
— C’est bon, c’est d’accord. Mais cela va coûter bien cher à Joseph ! On va me les payer, mes soldes de fin 1812, de 1813 et de début 1814, et avec des intérêts encore !
— Je te remercie, Fernand ! Mais alors, qui aura accès aux rapports de police ?
— Toujours moi. Je saurai faire en sorte que l’on ne puisse pas me suivre quand je me rends chez Natai.
— Très bien. Tu n’as qu’à me côtoyer de temps en temps, et les Épées du Roi auront tôt fait de te remarquer. Faisons le point. Justement, au fait, où en est-elle, la police ?
— J’ai lu une copie du rapport des inspecteurs de la Police générale chargés d’enquêter sur la mort de Berle. Leurs investigations concernant le colonel – interrogatoires des domestiques et des proches, vérification de sa fortune, lecture de ses courriers... ― n’ont rien donné. Pas de liaison, pas de dettes, pas d’ennemis en colère contre lui au point de le mutiler et de l’assassiner...
— Pourquoi emploies-tu les mots dans cet ordre alors que nous savons que les brûlures ont eu lieu après la mort ? Les inspecteurs de la Police générale n’ont pas découvert cela ?
— Non...
— Ont-ils fini par apprendre que l’on avait trouvé un emblème royaliste épinglé sur la victime ?
— Non plus...
— Joseph coupe cette enquête en deux, et nous seuls disposons des deux morceaux.
— Il mise uniquement sur nous, dit Lefine. Comme nous le pensions, il n’y a pas eu de vol d’objets de valeur. Seuls ont disparu les écrits du colonel concernant la défense de Paris. La Police générale a éliminé la piste d’un crime perpétré pour des motifs privés. Elle est arrivée à la conclusion que le ou les assassins étaient des partisans royalistes. Les inspecteurs en sont là. Ils aboutissent là où nous avons commencé...
Margont lui raconta ce qu’il avait découvert durant la journée. Puis il lui lança le bouton avec un air de défi. Lefine l’attrapa en claquant des mains. Il l’examina avec attention, le faisant lentement tourner entre ses doigts, près de ses yeux.
— C’est un bouton de l’armée... Il y a un chiffre ou une lettre, ou plusieurs... C’est trop abîmé...
Son air devint de plus en plus dépité. Ce bouton qui recelait la solution d’une énigme était pareil à une coque de noix sur laquelle tous deux se cassaient les dents.
— Toi aussi, tu penses à un bouton d’uniforme, dit Margont. Seulement, des boutons en métal doré et décorés, des multitudes de soldats en portent... Ceux de l’artillerie à pied de la Garde impériale sont ornés de deux tubes de canon croisés et surmontés de l’aigle impériale. Ceux des grenadiers de la Vieille Garde ont aussi l’aigle impériale. Notre ami Jean-Quenin a toujours sur son habit son bouton de 1798 qui n’est plus réglementaire et qui arbore la mention « Hôpitaux militaires » et un bonnet phrygien surplombant le mot «Humanité »... Ses autres boutons ont un faisceau formé de trois baguettes autour duquel s’enroule le serpent d’Épidaure, surmonté du miroir de la prudence et entouré d’une branche de chêne et d’une autre de laurier. Ceux des douaniers sont également décorés, mais j’ignore ce qu’il en est dans le détail. Ceux de l’infanterie légère ont le numéro de leur régiment inscrit à l’intérieur d’un cor de chasse. Habituellement, ces boutons sont en étain, donc argentés. Seulement, je ne peux pas te certifier qu’il n’existe aucun régiment léger ayant, lui, des boutons dorés. D’autant plus que l’infanterie de ligne est supposée avoir des boutons dorés, mais plusieurs de ses régiments en ont des argentés. Et je ne connais pas la multitude des cas particuliers, les boutons de la marine, du génie...
— Quand on pense qu’on ne nous paie plus nos soldes et qu’on a des tenues d’un luxe pareil ! Tous les soldats pourraient avoir les mêmes boutons ! Mais non ! En plus, les règlements régissant les uniformes ne sont pas toujours respectés, tel régiment a ses manies, tel autre ses traditions, tel autre encore a improvisé avec les fournitures qu’il avait sous la main... Que notre cher colonel Saber dise tout à coup : « Je veux que tous mes soldats aient des boutons d’uniforme portant le numéro de notre légion en chiffres romains précédés d’un « S » pour « Saber » », et on est tous bons pour se les payer avec le peu d’argent qui nous reste...
— Ou peut-être que nous faisons fausse route. Il pourrait s’agir du bouton d’un somptueux habit civil. J’ignore comment un comte ou un baron s’habillait sous l’Ancien Régime... Toi qui as tant de relations, connais-tu quelqu’un qui pourrait nous aider ?
— Parfaitement ! J’ai un ami qui travaille dans l’intendance. S’il y a quelqu’un qui est susceptible de s’y connaître en boutons militaires, c’est lui.
— Je compte sur toi. Autre piste : le feu.
Il brandit la Bible. Lefine se revit brièvement enfant – en pleurs, mais de rage ! –, traîné manu militari à l’église par son père, qui espérait que Dieu allait remettre dans le droit chemin cette « graine de voleur ». Depuis lors, il se tenait aussi loin que possible des Saintes Écritures. Margont, au contraire, en tournait les pages avec une aisance de prédicateur.
— Job, chapitre 1, verset 16 : «Il parlait encore quand un autre survint qui disait : « Un feu de Dieu est tombé du ciel, brûlant moutons et serviteurs. Il les a consumés, et seul j’en ai réchappé pour te l’annoncer. » »
Ses doigts s’agitèrent à nouveau.
— Lévitique, chapitre 10, versets 1 et 2 : « Or Nadav et Avihou, fils d’Aaron, prenant chacun leur encensoir, y mirent du feu sur lequel ils déposèrent du parfum. Ils présentèrent ainsi devant le Seigneur un feu profane qu’il ne leur avait pas ordonné. Alors un feu sortit de devant le Seigneur et les dévora ; et ils moururent devant le Seigneur. »
Lefine se sentait mal à l’aise. Il ne croyait pas en Dieu. Mais si celui-ci existait bel et bien et si la Bible était effectivement sa parole, Il ne ressemblait pas exactement à ce « Dieu de bonté et d’amour » pour lequel on avait l’habitude de le prendre... Inébranlable, Margont poursuivait et ses propos épars commençaient à s’assembler pour composer un ensemble aussi cohérent qu’inquiétant.
— Deutéronome, chapitre 5, versets 23 et 24 : « Lorsque vous eûtes entendu la voix au milieu des ténèbres, et tandis que la montagne était toute en feu, vos chefs de tribus et vos anciens s’approchèrent tous de moi, et vous dîtes : « Voici, l’Éternel, notre Dieu, nous a montré sa gloire et sa grandeur, et nous avons entendu sa voix au milieu du feu ; aujourd’hui, nous avons vu que Dieu a parlé à des hommes et qu’ils sont demeurés vivants. » »
« Ésaïe, chapitre 66, versets 15 et 16 : « Voici en effet le Seigneur : c’est dans du feu qu’il vient, ses chars pareils à une tempête, pour régler sa dette de colère par de la fureur et sa dette de menaces par les flammes du feu. Oui, c’est armé du feu que le Seigneur entre en jugement avec toute chair, et aussi armé de son épée : nombreux seront les êtres transpercés par le Seigneur. » »
Nouvelles pages. Plus les passages s’accumulaient, plus ils prenaient de la force, comme si, effectivement, chacun avait été un feu qui, venant s’ajouter aux autres, constituait un immense brasier.
— Jérémie, chapitre 5, verset 14 : « C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu des puissances : « Parce que vous tenez ces propos, de mes paroles qui sont dans ta bouche, je vais faire un feu, et de ce peuple, des fagots : le feu les dévorera. » »
« Et enfin, bien sûr, l’Apocalypse, chapitre 8, verset 5 : « L’ange prit alors l’encensoir, il le remplit du feu de l’autel et le jeta sur la terre : et ce furent des tonnerres, des voix, des éclairs et un tremblement de terre. » »
« Qu’en conclus-tu ?
— Que je préfère m’occuper du bouton...
Margont referma la Bible en la faisant claquer entre ses mains.
— Le feu possède une double symbolique dans les Saintes Écritures. Soit il a une valeur positive, il incarne la Parole de Dieu, le Saint-Esprit, l’esprit de Dieu... Soit, au contraire, il est l’illustration de sa Toute-Puissance, l’instrument de sa colère, la Colère de Dieu... Et si Jean-Baptiste de Châtel se croyait investi d’une mission divine ? Terrasser par le feu l’Antéchrist : Napoléon.
— Mais qui est-ce, exactement, l’Antéchrist ?
— Un homme conseillé par Satan. Il débutera de manière humble, puis se lancera dans une série effrénée de conquêtes, « abattra trois rois » ― d’après Daniel – et deviendra lui-même un souverain. Sa puissance grandira encore et s’étendra « sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue et sur toute nation », au dire de l’Apocalypse.
— Il y a d’étranges similitudes, en effet... Des coïncidences... Mais il n’en faut pas plus pour enflammer un esprit trop mystique.
— Il fera la guerre à Dieu et à l’Église ― Napoléon a annexé les États pontificaux à l’Empire et, sur son ordre, Pie VII a passé presque cinq ans en résidence surveillée, à Savone puis à Fontainebleau. Il essaiera de se faire passer lui-même pour un dieu. Mais son règne sera éphémère. Dieu le renversera avec aisance et rapidité. Tout cela est principalement raconté dans l’Apocalypse, parce que c’est la venue de l’Antéchrist qui déclenchera l’Apocalypse.
Il marqua une pause avant de reprendre d’une voix posée :
— Jean-Baptiste de Châtel semble vouloir appliquer la Bible à la lettre. De ce fait, en m’y plongeant moi aussi, c’est presque comme si je lisais directement dans ses pensées... Si l’on y songe, ce n’est guère étonnant qu’il n’ait que les Saintes Écritures en tête. S’il a passé plusieurs années dans les prisons de l’Inquisition avec pour seule activité la lecture de la Bible...
— Alors ce serait ça, le « troisième plan » : assassiner l’Empereur par le feu ?
— Les damnés ne sont-ils pas supposés brûler en enfer ? C’est une hypothèse. Châtel aurait ses motifs mystiques, mais d’autres membres pourraient le soutenir, pour des raisons politiques. Cependant, il y en a un autre qui pourrait bien être influencé par la Bible...
— Qui donc ?
— Louis de Leaume. Comme pour tout aristocrate, son enfance a été baignée par la religion. On devait le conduire à l’Église, lui parler de Dieu, lui citer la Bible... J’ignore quelle importance avait la foi pour lui à l’époque. Mais, par la suite, il est en quelque sorte mort, puis ressuscité, il s’est relevé d’entre les morts... Il est impensable qu’il n’ait pas fait le lien entre son histoire et celle de la résurrection du Christ. La question est donc : quelle est la teneur exacte de ce lien ? Y voit-il seulement une similitude, une coïncidence ? Ou un signe de Dieu ? A-t-il lui aussi basculé dans le mysticisme à outrance ?
— Il est sûr que l’on ne devrait jamais mélanger politique et religion...
— Tu parles d’or.
— Hélas, cet or-là ne me rapporte rien. Comment avez-vous fait pour trouver tous ces passages dans la Bible ? Vous n’avez quand même pas pu la lire en entier...
— J’y ai passé une partie de mes nuits. Mais c’est parce que je la connais bien que j’ai pu découvrir aussi vite ce que je cherchais. Mes années d’apprenti moinillon m’ont été fort précieuses...
Pour Lefïne, toute la culture religieuse de Margont constituait une inutile séquelle de son passé, une écharde qu’il avait renoncé à extirper de l’esprit de son ami. Margont, au contraire, y puisait une grande force, plus qu’il ne voulait l’admettre.
— Je suis sûr que nous n’avons pas assez exploré cette piste du feu, conclut Margont. Il faudrait trouver une façon différente d’aborder cette énigme...
Ils convinrent d’un rendez-vous le lendemain et se séparèrent.
Lefïne n’était pas parti depuis quelques instants que l’on tapa à la porte. Margont empoigna un pistolet et le pointa droit devant lui.
— C’est encore moi... annonça Lefine.
Margont lui ouvrit. Il fut bousculé par son ami que l’on poussait à l’intérieur et la petite pièce se retrouva bondée. Il y avait là Louis de Leaume, Jean-Baptiste de Châtel et Honoré de Nolant ainsi que deux autres hommes que Margont ne connaissait pas. Tous étaient armés et s’empressèrent de lui ôter son pistolet. Le vicomte de Leaume jubilait. Lefine déclara :
— J’ai amené quelques amis...