Margont raconta ce qui s’était passé à Palenier, qui, à son tour, informa Joseph. Quand ce dernier apprit que les Épées du Roi projetaient d’assassiner son frère, il entra dans une colère épouvantable. Sous ses cris et ses critiques, on percevait la peur. Il abattit aussitôt toutes ses cartes d’un seul coup, mais ne parvint pas à remporter la partie.
Les membres de sa police personnelle investirent divers logements où l’on pensait que des membres des Épées du Roi se cachaient, mirent la main sur des suspects... La « trésorerie » fut découverte et on arrêta l’homme qu’avait blessé Margont. Cependant, ce prisonnier ne put rien révéler. Leaume, avec sa manie du secret, ne l’avait informé de rien. Celui sur qui avait tiré Lefine s’était enfui avec les autres. Il avait semé une traînée de gouttes de sang dans les escaliers. Cette piste sanglante s’interrompait dans la cour, le fuyard ayant dû prendre soin de contenir l’hémorragie avec un mouchoir. Lefine pensait que l’on retrouverait non loin de là le cadavre de Charles de Varencourt. Ce ne fut pas le cas. Margont émit l’hypothèse que le long laps de temps mis par les agents de Joseph pour encercler les lieux – car Lefine avait eu du mal à retrouver cette bâtisse – avait prouvé aux autres l’innocence de Charles de Varencourt. Ou alors, il avait réussi à s’échapper en profitant de la panique.
Des meneurs, seule Catherine de Saltonges fut arrêtée, le plus simplement du monde. Elle avait regagné son domicile, où la police de Joseph avait fait irruption un peu plus tard, alors qu’elle rassemblait ses affaires pour quitter Paris, croyant disposer de plusieurs heures avant que les chefs de Margont et de Lefine ne s’inquiètent de leur disparition. Si bien que c’était la moins coupable qui avait été prise, justement parce qu’elle avait refusé d’assister à un double meurtre ! On l’avait conduite à la prison du Temple, où Palenier l’interrogeait – sans la maltraiter, avait-il juré sur l’honneur, quand Margont s’était inquiété du sort qui attendait la prisonnière.
Margont allait la questionner à son tour. Mais, éprouvé par les derniers événements, il se rendit d’abord avec Lefine dans leur caserne, pour apaiser sa rage et ses peurs et élaborer une tactique qui amènerait Catherine de Saltonges à parler. Car il ne doutait pas qu’en ce moment même, elle tenait tête aux agents de Joseph.