Le 25 mars, Napoléon se trouvait près de Wassy et s’interrogeait sur les intentions de ses adversaires. Vers Bar-sur-Aube, Brienne-le-Château, Joinville, Montier-en-Der, Saint-Dizier : partout, il avait expédié en reconnaissance des détachements de cavalerie.
Enfin, on repéra l’ennemi ! Du côté de Saint-Dizier ! L’Empereur exultait, persuadé que les Alliés entamaient un mouvement rétrograde pour protéger leurs communications. Avide de maintenir une forte pression sur eux, il lança aussitôt son armée dans cette direction, croyant fondre sur une avant-garde qui était en réalité une arrière-garde d’arrière-garde.
En revanche, à plusieurs lieues de là, les maréchaux Marmont et Mortier, qui avaient été séparés de Napoléon par les affrontements et les manoeuvres des jours précédents et qui espéraient le rejoindre avec leurs vingt mille hommes, s’aperçurent que l’armée de Bohême et celle de Silésie – en tout maintenant deux cent mille soldats ! ― étaient venues se placer entre l’Empereur et eux. Ils se replièrent aussitôt, poursuivis par les Alliés. En moins de quarante-huit heures, attaqués à plusieurs reprises, ils perdirent huit mille hommes... Mais, contre toute attente, les gardes nationaux, que l’ennemi ne prenait pas au sérieux, se battirent avec détermination et efficacité. Marmont et Mortier poursuivirent leur retraite héroïque. Ils ne pouvaient plus faire qu’une seule chose : rejoindre Paris. Ils amèneraient bientôt un renfort inespéré à la capitale.
Napoléon fila à une telle allure sur Winzingerode qu’il prit celui-ci de vitesse. Dès le 26 mars, la cavalerie française s’abattit sur ses cosaques. Des canons se mirent à accabler les Russes, ceux de l’artillerie à cheval, qui s’était déjà placée en position. Winzingerode se réjouissait de voir que son plan fonctionnait, mais il était dépassé par son propre succès ! Trop de Français, trop vite ! Il voulut établir une position solide à Saint-Dizier pour les contenir. Il était de la plus haute importance qu’il tienne bon pour continuer à berner l’Empereur. Mais les Français survenaient déjà en ordre de bataille : Macdonald, la Garde impériale... L’infanterie du maréchal Oudinot jaillissait en torrent de la forêt de Val et se dirigeait sur la ville. Winzingerode fut vivement délogé de Saint-Dizier, perdant des hommes et de l’artillerie, puis à nouveau repoussé, et encore bousculé. Les dragons de la Garde impériale et quelques mamelouks galopaient à sa poursuite, chargeant tout ce qui s’opposait à eux ; l’armée française suivait cette cavalcade et fondait sur lui dès que ses troupes essayaient de se ressaisir ; Napoléon croyait avoir saisi l’armée de Bohême au col et la malmenait de toutes ses forces. Mais il se retrouva avec de la paille dans les mains : il ne secouait qu’un épouvantai !, un leurre...