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« En escalade, la vie ne tient souvent qu’à un fil. »

Jonathan Touvier, auto-interview pour Extérieur, 1990

Un râle résonne dans mes oreilles. Larmes aux yeux, je me redresse, en manque d’air, retourne le petit Arabe et me mets à appuyer sur sa poitrine en hurlant.

— Farid ! Farid !

Ma bouche s’abat sur les lèvres tièdes, je souffle, la poitrine inerte se gonfle puis s’affaisse.

— Respire ! S’il te plaît ! Bats-toi ! Bats-toi ! Bats-toi !

Je m’épuise, je ne veux pas faire demi-tour, jamais. Mon front sue. Des perles gouttent sur le torse blanc. Je ne cesse pas d’appuyer, avec les poings, autant que Michel cogne sur le glacier. Je tabasse la poitrine en criant. Le corps bondit comme une poupée de chiffon.

Je suis à bout de forces. J’arrête tout.

Farid est mort. Je pleure longtemps sur sa poitrine.

Bien plus tard, je pose mes doigts sur ses paupières et les baisse délicatement.

Comme Pok, son histoire se termine dans mes bras.

Vérité l’a eu.

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