Lucie peinait à émerger. Douche, café, rien n’y fit. Seul le mot « autopsie », abandonné sur son répondeur, la secoua définitivement. 11 h 42, elle n’avait pas entendu la sonnerie du téléphone, catastrophe !
Elle plongea dans des vêtements propres — jean, tee-shirt, pull à col roulé —, attrapa son Sig Sauer et rejoignit sa Ford d’un pas rapide. L’heure était à l’accalmie, mais l’orage avait fait de nombreux dégâts. Vitres éclatées, arbres déracinés, toitures arrachées. Quant au ciel, il gardait la couleur lugubre d’une aile de grive.
Elle passa un coup de fil à Maud, la nourrice, pour échanger quelques mots tendres avec ses petites. Leur dire que ce soir, elles joueraient ensemble après le travail. En raccrochant, elle ressentit un pincement au cœur.
Quatre heures à peine après s’être couchée, Lucie débarqua de nouveau dans les sous-sols de l’hôpital Roger Salengro. À l’institut médico-légal, cette fois. Un antre de catelles[7] blanches, de bacs à déchets et d’acier inoxydable. Elle détestait venir ici. Même si quelque part au fond d’elle-même, très loin dans les replis de son cerveau, s’ouvrait à chaque fois une petite lucarne dans laquelle elle ne pouvait s’empêcher de s’engouffrer.
L’exploration des chairs avait largement commencé. Corps ouvert en Y, des épaules au pubis, crâne scié, organes exposés sur des balances ou sur des plateaux. La vieille Renée Dubreuil était devenue un coffre ouvert, qu’un cambrioleur au masque vert et aux gants de latex poudrés avait brusquement forcé. Et dévalisé.
Lucie fit un signe à Kashmareck et à Salvini, officier de police technique et scientifique. Elle reconnut sur-le-champ le jeune légiste, Luc Villard, qui lui tournait pourtant le dos. En revanche, le quatrième homme, habillé d’un pull camionneur remonté jusqu’au cou, au visage aussi sec et tendu qu’une toile de jute, ne lui disait absolument rien.
— On dirait que j’arrive un peu tard, dit Lucie en étalant une crème mentholée sous ses narines, à disposition près de l’entrée.
— Ce n’est pas trop votre style de manquer une autopsie, rétorqua Villard en se retournant. Je crois que si vous deviez payer pour entrer ici, vous viendriez tout de même. Je me trompe ?
Lucie se mit à rougir.
— Faut pas exagérer. Je fais mon job, c’est tout.
Villard sortait tout juste de la faculté de médecine Henri-Warembourg, à trois cents mètres de Salengro, après ses cinq ans d’études plus cinq autres de spécialisation en médecine légale. Arrogant, un brin dragueur, mais compétent. C’était le seul en tenue réglementaire : casaque chirurgicale, surbottes, pyjama de bloc, deux paires de gants, dont l’une anti coupures.
— Dommage, vous avez manqué le plus intéressant, ajouta-t-il, moqueur.
Kashmareck fit rapidement les présentations entre Lucie et l’inconnu au menton anguleux.
— Le lieutenant Turin nous arrive de Paris. Il bossait sur le dossier Professeur au moment des faits. Et il connaît bien Manon Moinet. Elle s’était rapprochée de lui et de l’enquête après le meurtre de sa sœur. Elle l’a aidé à comprendre les délires mathématiques du Professeur.
— Parce que les Parisiens reprennent l’enquête ? répliqua Lucie en saluant son collègue.
— S’il est vraiment question du Professeur, ce qui ne paraît plus réellement laisser de doute, alors ouais, en partie, répondit Turin.
Sa voix aussi était sèche, et plutôt celle d’un contre-ténor que d’un baryton. Il poursuivit :
— C’est l’antenne lilloise qui enquête, mais on centralise chez nous. J’interviens en soutien et comme coordinateur, puisque le dossier Professeur, c’est moi…
Lucie ne se sentait pas à l’aise face à ce gars de terrain, mal rasé, tranchant dans ses gestes. Elle se plaça néanmoins à ses côtés pour observer le cadavre. Immédiatement, elle sentit une fascination malsaine la gagner. Attirance morbide, aurait dit un psy. Elle détestait les psys. Et le morbide. Et pourtant… Impossible de s’en défaire, pire qu’une malédiction.
Inconsciemment, elle toucha l’arrière de son crâne. Sa longue cicatrice semi-circulaire. Alors, elle se rappela les fermes en nid-d’abeilles, les odeurs, le plafond écrasant, les membres déformés sous le verre des bocaux… Figés à jamais dans son esprit.
— Qu’est-ce que ça donne ? demanda-t-elle soudain sans quitter des yeux le corps ouvert sur la table.
Le légiste aux lunettes design, sans monture, se tourna vers le commandant.
— Je ré-explique vite fait ? demanda-t-il.
— Allez-y, je vous en prie.
— Très bien. J’estime l’heure du décès entre 10 heures et 13 heures, hier, le 24 avril. La rigidité cadavérique était encore bien en place, avec néanmoins un léger début de putréfaction. Estimation renforcée par la température corporelle et la concentration en potassium dans l’humeur vitrée.
— Au moins une quinzaine d’heures avant l’ultimatum de 4 heures laissé dans la cabane de chasseurs… releva Lucie. Il l’avait donc déjà tuée depuis longtemps au moment où nous avons retrouvé Manon Moinet.
— Soit, riposta Turin. On en causera plus tard. Poursuivez, docteur.
— Partons du haut, si vous le voulez bien. Concernant le scalp, je n’aurais pas fait mieux. Incision précise au niveau de la zone occipitale, l’ensemble du cuir chevelu est alors venu d’une simple traction de l’arrière vers l’avant, comme une chaussette qu’on enlève. La technique n’a pas changé. On pratiquait déjà de cette façon au temps des Scythes, six ou sept siècles avant Jésus-Christ.
Il désigna le visage tuméfié.
— Suivons le circuit des éléments que son tortionnaire l’a forcée à ingérer. La muqueuse oculaire est légèrement cyanosée, ainsi que la langue qui, elle, est en plus lacérée de centaines de micro-coupures. Ces coupures ont également endommagé le palais, le larynx, et on les retrouve aussi dans une partie du système digestif, de l’œsophage à l’estomac. Elles ont provoqué des hémorragies internes qui, à elles seules, suffisaient à la tuer.
Face à Salvini, Lucie se pencha au-dessus de la table aspirante, où s’écoulaient encore des fluides aussi noirs que la mûre. Elle fouilla des yeux l’intérieur de la carcasse. Le poitrail de la victime ressemblait à deux grandes lèvres figées, les côtes avaient été sciées de façon brutale. Un être humain, réduit à l’état de vallée organique.
Villard se décala, une tige télescopique à la main, et désigna les bassines derrière Lucie.
— Visez-moi cette rate. Totalement hypertrophiée, huit fois son volume normal. Le foie est congestif, rouge violacé, et le pancréas hémorragique, d’un autre rouge, plus foncé.
Autres bassines, autres organes. Le puzzle Dubreuil.
— Les reins aussi ont souffert. Congestion rénale bilatérale.
Le commandant Kashmareck ne cessait de promener ses doigts sous son menton, l’air à la fois grave et lointain, Salvini restait impassible, tandis que Turin s’était éloigné vers le fond de la pièce, pour s’adosser contre le mur carrelé, façon Dick Rivers en pose pour une photo rock. Il soupirait régulièrement, ses pupilles de fouine écrasées sur Lucie. Elle se sentait observée, jugée par cet inconnu monté de la capitale.
— Empoisonnement ? Se hasarda-t-elle.
— Empoisonnement, ouais, embraya Turin en anticipant la réponse du légiste. J’ai déjà vu le même tableau, il y a quatre ans…
Il baissa les paupières, puis ajouta :
— Votre poison, c’est de la strychnine.
Villard n’appréciait pas qu’on lui vole la vedette. Il objecta, d’un ton sec :
— Cela reste à confirmer ! J’ai envoyé des prélèvements du contenu stomacal liquidien à la toxico. Le spectre de masse et la chromato devront valider votre hypothèse.
Il s’adressa à Lucie, en ôtant ses lunettes pour en nettoyer les verres.
— Je leur ai fait aussi parvenir des échantillons de sang, d’urine et de poils, à défaut de cheveux, pour la recherche de drogues ou de composés médicamenteux…
— À l’époque, on avait parlé d’empoisonnement à la mort-aux-rats, se rappela Lucie en considérant son collègue parisien.
— Déformation des médias… Il s’agissait bien de strychnine.
— Et cette strychnine, de quoi s’agit-il exactement ?
C’est Villard qui dégaina le plus rapidement.
— Vous n’avez jamais lu Agatha Christie ?
— Pas trop mon style.
— Vous devriez. Un poison très à la mode dans les années cinquante, car très facile à obtenir. La strychnine appartient au groupe des rodenticides, on l’utilise pour l’élimination des petits animaux sauvages dits nuisibles. Pour info, elle est transportée par les globules rouges et, après avoir quitté la circulation sanguine, se fixe au niveau rénal et hépatique. C’est là qu’elle se transforme et attaque le système nerveux. À forte dose, elle est mortelle. Vomissements, défécation, spasmes musculaires au bout de dix à vingt minutes, puis convulsions, avant l’asphyxie. Bien évidemment, on reste conscient jusqu’au bout, sinon ce ne serait pas drôle.
Il ôta sa double paire de gants.
— Et, je précède votre question, oui, on peut s’en procurer. Elle est interdite à la vente depuis peu et tous les mouvements de strychnine sont aujourd’hui contrôlés par les autorités phytosanitaires, mais les circuits détournés pour en obtenir sont nombreux. Officines, laboratoires, Internet, pays étrangers, ou, plus simplement, dans nos bonnes vieilles fermes, qui en ont encore des stocks inimaginables dans leurs granges.
— Et la strychnine aurait provoqué de telles lésions ? demanda Lucie. La langue, les lèvres sont quand même salement amochées…
Villard secoua négativement la tête et pointa du doigt une coupelle.
— Voici la bizarrerie qui fait la réelle originalité du crime, et qui laisse penser que nous avons affaire à un beau détraqué. J’ai retrouvé ce composé gris-noir en grosse quantité dans le système digestif, l’estomac notamment. Au départ, j’ai cru à du silex, qui aurait été cassé en éclats tranchants, de taille plus ou moins importante.
Le médecin en saisit un échantillon avec une pince.
Lucie s’approcha. Kashmareck et Salvini la suivirent, le visage irrévocablement fermé. Le commandant songeait aux conséquences de cette première nuit d’épouvante. Un tueur en série de retour. Ce qui portait leur nombre à deux, avec le « Chasseur de rousses ». Cela risquait de faire du bruit au ministère de l’Intérieur. Et de transformer leurs journées en un véritable enfer.
— Mais dans l’estomac, j’ai prélevé ce morceau plus gros que les autres, poursuivit le légiste.
Lucie fronça les sourcils.
— On dirait une…
— Spirale. Celle d’un fossile, apparemment. Je vais transmettre des scellés à un ami, au laboratoire de paléontologie et stratigraphie, à l’université Lille I.
Pierre Bolowski. Il possède les accréditations pour travailler avec la scientifique. En tout cas, ces éclats ont ravagé tout l’intérieur du corps, un peu comme si elle avait ingurgité des lames de bistouri. J’ose à peine imaginer sa souffrance. En plus, avec les vomissements, l’effet dévastateur des éclats tranchants a été renforcé… Mélangez des vêtements et des couteaux dans une machine à laver, mettez-la en marche, vous obtiendrez le même résultat.
— J’ai remarqué un tatouage sur l’épaule de Manon Moinet. Un coquillage en forme de spirale… La même spirale que celle-ci.
Elle se tourna vers Turin. Toujours plaqué sur son mur, il jouait avec une cigarette éteinte, qu’il lançait puis rattrapait.
— Y a-t-il un rapport ? lui demanda-t-elle.
— Probable… J’allais justement en venir à ces coquillages au moment de votre arrivée. C’était un élément sensible du dossier. On pense que le Professeur posait… Parlons plutôt au présent… pose son problème sur une ardoise, et force ses victimes à ingurgiter régulièrement des coquilles de nautiles broyées, alors que les malheureuses se tuent, c’est le mot, à résoudre ses saloperies d’énigmes. Je vous laisse imaginer comme il doit être facile de réfléchir alors qu’on vous laboure la langue et le larynx, et qu’on menace de vous buter à chaque seconde. Puis, quand son « jeu » est terminé, quand cet enfoiré estime avoir suffisamment pris son pied, il les finit à la strychnine avant d’embarquer un souvenir, pour satisfaire ses petits fantasmes de pervers : le scalp.
D’un mouvement rapide de la main vers l’arrière de son crâne, Kashmareck donna du tonus à sa brosse.
— Vous avez parlé de coquilles de… nautiles ?
— Exact. Un mollusque céphalopode assez rare, qui vit dans les profondeurs du Pacifique depuis plus de cinq cents millions d’années.
Il daigna enfin s’approcher, enfila un gant et s’empara du fragment entre son pouce et son index.
— Mais on dirait que pour son come-back, il manquait de nautiles… et qu’il s’est contenté de choisir un fossile du même genre…
Il s’adressa à Lucie, d’un air provocateur :
— J’ai entendu parler de vos exploits, quand vous n’étiez que simple brigadier. De cette « chambre des morts ». De votre… capacité d’analyse. Nous, on disposait pas vraiment de profilers, à l’époque… Mais balancez-moi donc ce que vous en pensez, ça m’intéresse.
— Chef… J’étais brigadier-chef, répliqua-t-elle sèchement. Et pour le moment, vu ma connaissance du dossier, je n’en pense pas grand-chose. Du moins, rien qui puisse vous intéresser.
— Peut-être qu’il faudra vous y mettre, alors, et vite fait. Parce que vous allez bientôt vous rendre compte que le Professeur n’est pas un tueur comme les autres. Il est… à part.
— Dans ce cas, il est pour moi.
L’orage n’était plus dehors, mais dans la pièce. Kashmareck tempéra tout son petit monde en ramenant l’attention sur le jeune légiste, un peu esseulé au milieu de ses viscères.
— Autre chose, docteur ?
— Pas pour le moment. Je vais remettre les organes en place avant d’établir le certificat de décès. Je faxe mon rapport au procureur en fin d’après-midi. Et je vous préviens dès que j’ai du neuf de la toxico et du paléontologue.
En sortant, Lucie ne put s’empêcher de jeter un dernier coup d’œil au cadavre. Là, au niveau de la boîte crânienne, le cerveau. Cette même matière blanchâtre qui avait ordonné la torture d’enfants. Pourquoi ?
Une fois à l’extérieur, sous les rouleaux gris du ciel, Turin offrit une cigarette au commandant et à Salvini. Lucie, elle, refusa.
— Sportive ? fit le Parisien en rangeant son paquet dans la poche intérieure de son perfecto.
— On devrait tous l’être dans la police, non ?
La main de Turin trembla légèrement lorsqu’il alluma son brûle-poumons. Ses doigts jaunes de nicotine auraient pu éclairer une route en pleine nuit.
— Quand je bossais aux Mœurs, je courais comme un dératé. Mais depuis que j’ai intégré la Crim… Ça fait plus de huit ans que j’ai pas enfilé une paire de baskets. La rue, ça c’est le vrai sport !
Lucie s’avança sous le porche. Ce type sortait d’un placard, pas possible autrement. Et le retour du Professeur venait de le dépoussiérer. En se retournant vers lui, elle le surprit à mater ses fesses. Il ne chercha même pas à regarder ailleurs.
Kashmareck tira longuement sur sa cigarette, avant de proposer :
— Bientôt 13 heures. On file à la boutique pour une messe générale avec toutes les équipes. Vous allez nous raconter à qui nous avons réellement affaire.
— Comme vous voudrez.
— D’après ce que m’a dit le proc, la presse est déjà sur le coup, et on va avoir droit à la télé. Les journaleux disposeraient de clichés de l’intérieur de la maison de Hem, avec tous ces numéros… Ces décimales de π.
— Comment ont-ils pu se les procurer ? demanda Lucie, stupéfaite.
— Sur Internet, répondit Salvini. Ça fait plusieurs semaines que des jeunes se rendent dans la maison, pour prendre ces chiffres en photo. Et après, ils postent les images sur leurs blogs. Ça fourmille sur pas mal de sites. Bonjour la confidentialité.
— Ça risque de foutre un sacré boxon, intervint Turin.
Kashmareck pulvérisa sa cigarette du talon et lui demanda :
— Vous nous accompagnez ?
Turin secoua la tête.
— Sorry, chef, mais je préfère largement la présence d’une jolie femme… Je monte avec mademoiselle Henebelle.
Il s’adressa à Lucie.
— Vous me raconterez où en est Manon aujourd’hui… Et puis, on discutera un peu plus de ce programme, MemoryNode…
— Je n’en connais pas beaucoup plus que vous. Et ne m’appelez pas mademoiselle, j’ai horreur de ça.
Avant de s’éloigner vers sa voiture, le commandant demanda une dernière chose :
— Au fait, pourquoi un nautile ?
Turin se retourna.
— Quoi ?
— Ces coquilles de nautiles, que le Professeur broyait… Pourquoi un mollusque rarissime, qu’on trouve uniquement dans le Pacifique ? Pourquoi pas des huîtres, des coquilles de moules, ou des cailloux tranchants, tout simplement ?
Turin écrasa à son tour son mégot avec le talon de sa botte.
— C’est Manon Moinet qui nous a mis sur la voie. On pensait que les victimes — hommes, femmes, brunes, blondes, petites, grandes — n’avaient absolument aucun rapport entre elles puisqu’elles étaient géographiquement très éloignées et ne se connaissaient pas. Métiers fondamentalement différents aussi. Chef de projet, professeur de physique, vendeuse, etc.
— Et donc, le lien entre les victimes ?
— Nous savons maintenant qu’il y en a un, mais nous ignorons lequel, malheureusement !
— Voilà qui est original, ironisa Salvini. Savoir qu’il existe une relation entre des victimes vraisemblablement choisies au hasard, et être incapable de dire lequel ! Ça va au-delà de l’entendement.
— Rien n’est conventionnel dans cette affaire, vous allez vite vous en rendre compte. Ce chaînon manquant est la clé, aucun doute là-dessus. Ne reste plus qu’à le découvrir.
Lucie était tout ouïe. Kashmareck se tapota le front.
— Mais bon sang, quel rapport avec un mollusque vieux de plusieurs millions d’années ?
— Vous aimez les maths ? demanda Turin.
— Je crois que la seule raison pour laquelle je suis devenu flic, c’est pour ne plus jamais en entendre parler.
— Eh bien, vous risquez d’être déçu. Le nombre d’or, ça vous dit quelque chose ?