41.

Jamais les équipes de police de Brest n’avaient tant peiné à investir une scène de crime. Il avait fallu affronter la mer démontée, puis transporter le matériel — halogènes à batterie, crimescope, kits de prélèvement, pistolets à sceller — en ramant dans les galeries sur plusieurs centaines de mètres avec pour seul repère les ondes du portable que Turin avait laissé allumé près du cadavre.

Un peu plus tôt, sur le quai du port de Perros-Guirec, après s’être changée, Lucie avait remis à Turin la culotte de Manon. Ce salaud avait fait jaillir la flamme de son briquet et, sous le regard haineux de sa collègue, y avait mis le feu. Un sourire malsain, plein de méchanceté et de sadisme, avait alors tordu les traits de son visage.

Tel était le prix de son silence. Lucie venait de pactiser avec le diable.

Puis, après un bon café et quelques biscuits, il avait fallu revenir ici, dans ces tunnels immergés, aux côtés d’un type qui la dégoûtait, sur qui elle avait envie de cracher.

Un seul objectif lui permettait de tenir. Sauver Manon. Sauver Manon. Sauver Manon.

Les fous de Bassan avaient définitivement déserté les lieux. La jeune flic se tenait à présent à proximité des scalps carbonisés en compagnie du commissaire Menez, personnage aux traits rugueux et à la longue moustache. Durant le trajet, Turin avait longuement expliqué la situation à l’officier breton, qu’il avait déjà croisé par le passé. Face à eux, le légiste considérait le corps suspendu. Chacun des policiers intervenant sur la scène de crime grimaçait devant le spectacle de cet homme éventré et devenu aussi blanc qu’un sac de plâtre.

— Le Professeur, vous dites ? fit Menez d’un ton sceptique en se retournant vers Turin.

Sans dégoût apparent, il renifla le cadavre et plissa le nez.

— Non, non, je ne crois pas qu’il s’agisse là de l’œuvre du Professeur.

Turin écarquilla les yeux.

— Pardon ? demanda-t-il en haussant la voix. Et qu’est-ce qu’on fout ici, à votre avis ?

Le Parisien fit un mouvement du bras, rouge de colère.

— Regardez autour de vous, merde ! On est dans une grotte où chaque centimètre carré est couvert de formules mathématiques ! Les scalps arrachés aux six victimes sont là, derrière vous ! Qu’est-ce que c’est tout ça, si c’est pas son territoire ? Et que dire de Moinet ? Il est raide, je vous signale ! Qui l’a assassiné aussi cruellement, s’il ne s’agit pas du Professeur ? Qui lui a bourré le buffet de calamars ? Le boulanger du coin ?

Menez garda un calme déconcertant.

— Comment expliquez-vous sa dépigmentation partielle ? répliqua-t-il simplement.

— Sa dépigmentation ?

— Oui, sa dépigmentation. Toutes ces taches blanches sur sa peau.

— Et ses yeux… ajouta Lucie. Quand je suis arrivée, l’un d’eux était encore épargné… Et l’iris était quasiment transparent… Comme celui d’un albinos.

— Merde, j’avais complètement zappé ! s’exclama Turin. Vous voulez dire que…

Menez acquiesça.

— Je vois que ça vous revient en mémoire. Cette odeur caractéristique, sur sa peau. L’assassin l’a frottée avec plusieurs composés chimiques, qu’il a aussi probablement versés dans les yeux. Ces produits sont, j’en mettrais ma main à couper, un savant mélange de…

— De phénol et d’acide fluorhydrique, l’interrompit Turin. On n’oublie pas des trucs pareils…

Menez acquiesça de nouveau et s’adressa à Lucie :

— Le phénol possède cette particularité de dépigmenter la peau. On l’utilise, très dilué, pour le peeling, une technique de rajeunissement cutané. Mais là, il a été employé avec des concentrations beaucoup plus fortes, dans un tout autre dessein. Un dessein immonde.

Il désigna une des taches blanches au niveau du cou.

— Avec l’acide fluorhydrique, le phénol pénètre la peau sans l’abîmer, se glisse dans les couches profondes du derme et le détruit, provoquant des brûlures insoutenables. Une torture terriblement efficace, comme si on vous rabotait de l’intérieur avec du papier de verre. Avec le lieutenant Turin, nous nous sommes déjà rencontrés à ce sujet, voilà quelques années. Je travaillais sur Nantes, avant que… le dossier Chasseur ne soit traité par un autre collègue. Turin traquait le Professeur, et je traquais le Chasseur de rousses. Il était venu me voir afin de vérifier que l’un ne pouvait être l’autre. Ce que nous avions formellement exclu.

— Exact… marmonna Turin. Le Chasseur de rousses…

Le commissaire breton lut la surprise dans les yeux de Lucie.

— Eh oui, le Chasseur, cher lieutenant. Ces brûlures chimiques font partie des réjouissances qu’il inflige à certaines de ses victimes. J’avoue être autant dérouté que vous, mais cet homme suspendu au bout de sa corde n’est pas passé entre les mains de votre Professeur…

— Mais…

Lucie et Turin échangèrent un regard dépité. Ils cherchaient le Professeur, et c’est le Chasseur qu’ils trouvaient.

La jeune flic s’attarda sur les équations carbonisées. Les mathématiques, encore et toujours… Si seulement Manon pouvait être là !

— Quand est-ce qu’arrive le mathématicien ? demanda-t-elle en se tournant vers Menez.

— Sous peu, avec une autre navette.

— Commissaire, expliquez-moi comment le Chasseur fonctionne réellement. Les détails de son mode opératoire, ses habitudes, ses victimes…

Menez s’approcha des scalps en prenant garde à ne pas gêner le travail des techniciens occupés à sceller des échantillons — cheveux, cendres, poils — dans des sacs hermétiques.

— Les victimes sont toujours des jeunes femmes célibataires, rousses, mignonnes, qui habitent aux alentours de Nantes. On les retrouve, quelques jours après leur enlèvement, sur la côte Atlantique, entre Saint-Nazaire et La Rochelle, violées post mortem, couvertes de brûlures. D’après les légistes, tout y passe : le feu, les cigarettes, les liquides bouillants, l’électricité, les produits corrosifs… Il choisit à chaque fois des supplices qui lui permettent de faire durer… Comment dire…

— Sa jouissance…

— Oui, sa jouissance. Il s’arrange pour qu’elles restent en vie afin de pouvoir recommencer ses tortures, jour après jour. Nous pensons par ailleurs que certaines des victimes ont tenté de se suicider… Elles s’étaient lacéré les veines des poignets avec les moyens du bord… leurs propres ongles…

D’un hochement de tête, à la demande du légiste, le commissaire ordonna qu’on décroche le cadavre.

— Il a des connaissances évidentes en chimie mais malheureusement pour nous, cette piste n’a rien donné car on se procure assez facilement les composés qu’il emploie, dans les laboratoires scolaires, les instituts pharmaceutiques…

Il grimaça, puis ajouta :

— Et le séjour des corps dans l’océan ne nous aide pas non plus. Leur immersion efface toutes les traces — ADN, cheveux ou squames de peau — qu’aurait pu abandonner l’assassin. Sinon, le légiste a aussi à chaque fois noté un truc bizarre : une concentration sanguine très élevée dans le cerveau, et très faible dans les membres inférieurs. Ce qui semble indiquer que ces femmes sont mortes à l’envers… La tête vers le bas, si vous voulez…

Turin s’énerva d’un coup.

— Mais putain ! On est quand même bien chez le Professeur ici ! Et je ne peux pas imaginer une seule seconde que lui et le Chasseur soient une même personne ! Tout nous prouve le contraire ! Les études menées par les spécialistes, les modes opératoires, le profil des victimes, les lieux ! On n’aurait pas pu se gourer à ce point !

— Et pourtant, intervint Lucie avant de se tourner vers Menez, sans la moindre considération pour son homologue parisien, Karine Marquette s’est fait violer post mortem alors que le Professeur n’avait auparavant jamais violé personne. Elle n’était pas rousse, c’est vrai, mais elle correspondait quand même à la catégorie recherchée par le Chasseur : jeune, dynamique, jolie, célibataire. Après ce meurtre, le Professeur a arrêté toute activité, un acte contre nature chez les tueurs en série, et le Chasseur a pris le relais dans les mois qui ont suivi. Et aujourd’hui, de nouveau, le Professeur… A-t-on affaire à deux individus distincts qui se connaissent et se réunissent ici ? Ou à une seule et même personne qui agirait selon deux protocoles différents suivant ses motivations ?

— C’est complètement con ! dit Turin.

Ignorant la remarque, Lucie se mit à observer les équations sur les parois.

— On dirait qu’il n’a pas eu le temps de tout brûler. Peut-être la peur de se retrouver coincé ici, avec la marée montante, ou la crainte de se faire prendre… Regardez… Il a probablement supprimé les éléments essentiels, afin, je ne sais pas, qu’on… qu’on ne comprenne pas. Ces équations lui font peur… Elles doivent signifier quelque chose, ouvrir une piste capable de le compromettre.

— Mais pourquoi il se serait amusé à les inscrire dans ce cas ? demanda Menez.

— Sûrement un moyen pour lui d’exprimer sa domination. Sur les autres, sur le monde, sur nous. Rappelez-vous les croix sur la spirale de Bernoulli. La carte des meurtres, exposée au grand jour, sans que personne n’en saisisse le sens. Peut-il exister plus grande satisfaction que de se moquer de cette façon de ses poursuivants ? Et de prouver qu’il est le maître du jeu ? Il jouit de ce qu’il a fait ! Il en est fier ! À chaque minute, à chaque seconde, il revit ses crimes ! Et il n’y a aucune explication rationnelle à ça !

— C’est bon, Henebelle, c’est bon ! grogna Turin en levant les bras devant lui. Pas besoin de nous faire votre cinéma ni de vous mettre dans un état pareil !

Lucie chevaucha une flaque et effleura la roche sur sa droite. D’autres équations, aux trois quarts brûlées. Elle dut subitement s’asseoir, prise d’un vertige. Manque de sommeil, de nourriture.

— Vous allez tenir ? lui demanda Menez.

— Oui, oui, ça va… mentit-elle. C’est juste que cette enquête est en train de me mettre sur les rotules…

Turin s’éloigna d’un pas nerveux. Sa voix résonna contre les parois quand il cria :

— Mais qu’est-ce que Moinet vient encore foutre là-dedans ? Il ne peut pas être le Professeur, il n’était physiquement pas présent au moment du meurtre de sa sœur ! Ni le Chasseur, puisqu’il vient de se faire buter par le Chasseur ! Mais on est dans une foire ou quoi ?

Lucie se massait les tempes. Elle répondit :

— Il n’est peut-être ni l’un ni l’autre, mais on a toujours vu son spectre dès qu’on s’approchait un peu trop près de cette affaire. Il a trompé Manon depuis le début. Il l’a empêchée de fouiller le passé, il ne voulait pas qu’elle remonte jusqu’au Professeur. Il savait pour la tombe de Bernoulli, à Bâle, et jamais il n’a rien dit… Et puis… il y a ce burin, dans l’un de ses appartements, qui a probablement servi à décrocher l’ammonite ingurgitée par Dubreuil… Sans oublier qu’il n’était pas au bureau, quand la vieille sadique a été tuée…

Elle tourna la tête en direction du cadavre et ajouta :

— Et maintenant, le voilà ici, à proximité des scalps, dans une caverne couverte d’inscriptions mathématiques… Ces inscriptions qu’on a cherché à brûler, à dissimuler… Qui a fait ça ? Le Chasseur ? Le Professeur ? Ce fichu cambrioleur ? Frédéric Moinet ? Les quatre ? Dans tous les cas, il est évident que Frédéric, ainsi que le ou les meurtriers, se connaissaient, qu’ils partageaient des secrets, ou tout au moins le secret de cette grotte. Qui a enlevé Manon ? Qui a voulu l’étrangler ? Qui a volé le disque dur dans l’appartement de Frédéric ? Tout est lié…

Elle pointa l’index vers les parois.

— Ce que je vais dire n’aurait absolument aucun sens en d’autres circonstances, mais ces équations sont peut-être ce fameux maillon qui nous manque depuis le début…

Ils entendirent une barque qui arrivait derrière eux. Des policiers en uniforme encadraient un type recroquevillé, au visage creusé par les jeux d’ombre et de lumière. Il portait un imperméable dont le col montait par-dessus sa barbe grisonnante. Le commissaire Menez s’approcha et l’aida à sortir de l’embarcation.

— Merci de vous être déplacé si tôt et avec de telles conditions météo, dit le flic.

Il se positionna devant lui et expliqua :

— Tentez de faire abstraction de… ce qu’il s’est passé ici. Ne cherchez pas à comprendre la raison de ce carnage et concentrez-vous juste sur ce qu’il reste des formules épargnées par les flammes… Essayez de… nous expliquer ce qu’elles signifient.

Pascal Hawk, la quarantaine, acquiesça, l’air grave, les lèvres pincées. Se focaliser sur sa tâche, uniquement. Ne pas penser à… cette chose, couchée sur le sol, et ouverte de part en part… Ne plus voir le sang… Les parois, juste les parois…

— Il ne reste pas grand-chose d’intact, déclara-t-il après un coup d’œil circulaire.

— Essayez quand même. On nous a dit que… vous étiez l’un des meilleurs mathématiciens du coin.

Hawk sortit un carnet et un stylo de la poche de son imperméable et se mit à l’ouvrage.

Pendant de longues minutes, il partit dans son monde. Il se penchait, se relevait, prenait des notes, partait à droite, puis à gauche, revenait sur ses pas… Ses doigts effleuraient la pierre, caressaient les myriades de chiffres comme des trésors précieux.

— C’est absolument prodigieux, répétait-il. Sublime…

Soudain, alors qu’il se retournait pour étudier la fin d’une série d’équations, il se retrouva nez à nez avec la dépouille de Frédéric. Voyant sa détresse, Menez se précipita, le prit par l’épaule et l’entraîna plus loin.

— Qu’on me couvre ce corps, merde ! s’écria le commissaire.

Il regarda le mathématicien.

— Ça va aller ?

— Pas… Pas vraiment, non… Ce… C’est lui qui a rédigé cette démonstration ?

— Non. Enfin, j’en sais rien…

D’un coup, Lucie se leva et observa attentivement le délire mathématique. Pas les formules pour elles-mêmes, mais la manière dont elles avaient été tracées.

— C’est bien possible, lança-t-elle. Oui, c’est bien possible qu’il ait écrit tout ça ! Il est gaucher, et l’écriture des gauchers… penche toujours à l’opposé de celle des droitiers… Regardez !

— Moinet n’est pas le seul gaucher au monde… répliqua Turin. Et puis, il lui aurait fallu un temps fou pour écrire tout ce bordel ! Et pas juste quelques heures…

— Qui vous dit qu’il a fait ça récemment ?

Un silence, avant que le mathématicien reprenne :

— Seigneur… Comment peut-on en arriver à de tels extrêmes ?

— C’est ce que nous cherchons à comprendre, fit le policier brestois. Alors, je vous en prie, aidez-nous. Dites-moi ce qu’il y a de si prodigieux dans ce micmac.

— Tout ce travail est remarquable. Une seule et même démonstration qui débute… là-bas, tout en haut, et qui se poursuit…

Il décrivit un grand arc de cercle avec son index.

— … jusqu’à l’opposé… S’il fallait retranscrire cela sur un cahier, il y en aurait pour des dizaines et des dizaines de pages.

Hawk se recula un peu, pour appréhender l’œuvre dans son ensemble.

— Malgré les passages brûlés… certains signes ne trompent pas. Le plus dommage, c’est que ce raisonnement… est totalement faux…

Menez inclina la tête.

— Faux ? Comment ça, faux ?

— Il n’y est pas arrivé… Oh, il y avait de l’idée, une sacrée bonne idée, même ! Il est passé par les formes quadratiques binaires à coefficients, mais il a échoué.

— Les formes quadra machin, on s’en tape ! s’insurgea Turin. On veut juste savoir ce que cette merde signifie !

Le mathématicien tira sur sa barbe d’un geste précieux, considérant Turin d’un air pour le moins méprisant.

— Savez-vous au moins ce qu’est une conjecture ?

— Non, expliquez-moi parce que là, j’ai plus trop la tête à réfléchir !

— Une conjecture est une affirmation mathématique que l’on n’a jamais réussi à démontrer de façon formelle, mais dont on n’a jamais réussi à prouver non plus qu’elle était fausse. Vous avez face à vous une tentative de démonstration de la conjecture de Fermat, un problème mathématique très ardu qui a fait chauffer les esprits pendant près de trois cent cinquante ans. Des génies comme Euler, Gauss ou Kummer s’y sont cassé les dents. Pour faire réellement très simple, en prenant un cas particulier à trois dimensions, cette conjecture affirme qu’on ne peut pas partager un cube en deux autres cubes plus petits.

Il s’approcha de la paroi et désigna une équation.

— La formule originelle : xn + yn = zn. Magnifique… Vous avez raison, toute cette démonstration n’a pas pu être rédigée en une seule fois, ou en quelques heures. Cela a dû prendre des mois, voire des années de travail et de réflexion, même si c’était une voie sans issue. Je pense que votre… type venait ici régulièrement, afin d’y inscrire ses différentes avancées… Et c’était un as en mathématiques.

Hawk se tourna vers Lucie.

— Mais pourquoi il venait précisément ici, dans un lieu si glauque ? Ça, je me le demande. Je sais qu’on est censés apprécier l’isolement, nous, les scientifiques, mais là… C’est quand même un véritable parcours du combattant pour accéder à cette caverne !

— Manon m’a confié avoir souvent visité l’île avec son frère quand elle était plus jeune, reprit Lucie en s’adressant à ses collègues. Il y a fort à parier que Frédéric a découvert l’endroit à l’époque, sûrement par hasard, et qu’il a alors mis en place le stratagème des fous de Bassan et des calamars… Il a certainement cherché à se constituer un univers intime, un endroit à lui…

Menez et Hawk acquiescèrent, tandis que Turin gardait une raideur de statue.

— Le fait que… l’accès soit très compliqué ne rend l’aventure que plus excitante, continua la jeune flic. Elle la transforme en une expérience unique… Peut-être Frédéric ne venait-il pas seul ici. Un peu à la façon de… du Cercle des poètes disparus… Vous vous souvenez de ce film ? Ces jeunes qui se réunissaient dans une caverne pour débattre sur la poésie, le monde, la société ? Ils se sentaient… exaltés, au-delà du commun des mortels. Peut-être Frédéric venait-il ici avec celui ou ceux qui ont tué tous ces gens… Peut-être le Chasseur et le Professeur se sont-ils construits en cet endroit même.

Le cercle des poètes disparus… fit le mathématicien. Vous avez fichtrement raison, mademoiselle. Vous… Vous ne pouviez pas choisir meilleure image !

— C’est-à-dire ?

— Votre… cadavre… Ce Frédéric. Quel âge avait-il ?

— Aux alentours de trente-cinq ans. Pourquoi ?

Hawk garda le silence quelques secondes, avant d’annoncer :

— Aujourd’hui, la conjecture de Fermât n’en est plus une. Elle a été démontrée par Wiles, un mathématicien anglais, et s’est par conséquent transformée en théorème.

— Et alors ?

— Et alors ? La démonstration de la conjecture a été faite en 1994 ! Ce qui signifie que ces équations ont été inscrites là avant la résolution du théorème de Fermat-Wiles ! Que votre ou vos hommes venaient déjà ici voilà plus de treize ans ! Alors qu’ils étaient probablement étudiants !

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