CHAPITRE II

— Volodia ! Volodia ! Ne partez pas ! dit Tania.

Mais la porte claqua lourdement et elle entendit les pas du jeune homme qui s’éloignait sur le gravier de l’allée.

Tania demeura un instant dans l’antichambre, le cœur malade, les yeux brûlés de larmes. Puis, elle se rua dans le salon et ouvrit brutalement la fenêtre. Elle vit la haute silhouette de Volodia traverser le jardin, s’approcher de la grille. Il se tenait très droit, les épaules raides, le col dégagé.

Au moment de gagner la rue, il tourna la tête, et elle aperçut, l’espace d’un éclair, son visage étroit et pâle, aux oreilles écartées. Il y avait sur cette figure une expression de colère honteuse qui bouleversa la jeune fille. Elle gémit :

— Oh ! Oh !

Puis, elle cacha son front dans ses mains chaudes et se contraignit à penser. Mais il était trop tard pour penser. Il était trop tard aussi pour agir. C’était fini. Tania fit quelques pas en titubant et se laissa tomber en boule dans la bergère bouton d’or. Ses lèvres étaient gonflées et salées de larmes. Sa gorge lui faisait mal. Elle ne comprenait pas encore le sens exact de son aventure. Elle aimait Volodia depuis des années. Depuis des années, elle rêvait du jour où il lui demanderait sa main. Mais voici que Volodia était venu en effet, grave et joyeux, pour lui proposer d’être sa femme. Elle l’avait écouté, la tête basse. Longtemps. Et, lorsqu’il s’était tu, elle avait eu peur de lui. Peur, comme jamais elle n’avait eu peur de personne. Peur, comme on n’a peur qu’en songe ou dans une chambre noire. Elle lui avait dit : non. Pourquoi avait-elle éconduit ce garçon amoureux ? Pourquoi avait-elle renoncé au bonheur qu’elle appelait quotidiennement dans ses prières ? Elle évoquait furieusement le souvenir de leurs dernières rencontres, de leurs baisers furtifs, des billets glissés sous la table, tandis que Zénaïde Vassilievna servait le thé et feignait d’ignorer leur manège.

Les parents de Tania étaient favorables à l’idée de ce mariage. Pour eux, comme pour tous les parents d’Ekaterinodar, Volodia était le meilleur parti de la ville. Jeune, riche, intelligent et beau, il offrait toutes les qualités propres à calmer les exigences d’une belle-famille éventuelle. On lui pardonnait même l’avarice de sa mère, sachant que cette fortune épargnée lui reviendrait intégralement à la mort d’Olga Lvovna. Il était le gendre d’élection de toutes les belles-mères, le héros secret de toutes les vierges disponibles de la cité. Et ce jeune homme, doué de tant de vertus, aimait Tania et était aimé d’elle. Alors ? Quoi ? Que s’était-il passé ?

Peut-être était-ce la perfection même de Volodia qui l’avait effrayée ? Lorsqu’elle l’avait vu paraître, une heure plus tôt, dans la pièce, elle avait éprouvé une impression d’étouffement et d’humilité. Il s’était assis devant elle, et il lui avait dit :

— Tania, je suis venu pour vous parler d’un projet qui m’enchante et qui, je pense, ne vous déplaira pas…

Et, tout à coup, elle avait compris qu’elle ne l’aimait plus. Non, ce n’était pas à ce moment-là qu’elle avait décidé de rompre. C’était plus tard, lorsqu’il s’était levé, en tirant un peu ses manchettes, et qu’il avait murmuré gaiement :

— Tania, j’ai l’honneur de vous demander votre main…

Il n’avait pas achevé sa phrase, et Tania savait déjà que cette union était impossible. Elle le savait contre toute raison. Était-ce l’intonation railleuse de Volodia, ou la vue de son pantalon au pli impeccable, qui l’avait avertie du danger ? Elle eût été bien en peine de le dire. Vingt détails subtils l’avaient écartée de Volodia. Il continuait de parler d’une voix agréable, et la distance augmentait entre eux. Tania s’efforçait d’imaginer l’existence en commun auprès de Volodia. Ce qu’il disait était beau. Ce qu’il faisait était bien. Tout en lui était trop beau et trop bien pour elle. Il n’y avait pas d’équilibre. En se mariant avec elle, Volodia donnait plus qu’il ne recevait, perdait au change. « Avec lui, on a toujours l’impression d’être l’obligée ! » Elle eût souhaité le plaindre. Mais il n’était pas à plaindre. Il ne serait jamais à plaindre. On ne pouvait que l’admirer. Et elle se refusait à aimer dans l’admiration. Elle ne voulait pas se perdre dans le rayonnement d’un mari avantageux, mais apporter un peu de lumière à un être triste et disgracié qui ne vivrait que pour sa présence. Elle avait peur de prendre la succession d’Olga Lvovna dans la lignée des épouses ternes et malheureuses des Bourine. Sûrement, c’était la pensée d’Olga Lvovna qui l’avait effarouchée à ce point. Mais pourquoi n’y avait-elle pas songé plus tôt ? Pourquoi avait-elle attendu la demande officielle de Volodia pour repousser ses avances ? Et pourquoi était-elle si triste, puisqu’elle ne l’aimait pas ?

Les idées viraient dans sa tête, et le salon participait à ce tournoiement moléculaire, avec ses petites tables d’acajou, le portrait du grand-oncle, ami de Joukovski, et les silhouettes noires dans leurs cadres ovales. Elle tentait en vain d’arrêter cette sarabande et de se justifier. Il lui semblait brusquement que Volodia n’était pas venu, et que tout cela était un cauchemar, et que la vie allait reprendre, douce et simple, comme par le passé. Elle fut soulagée, le temps d’une seconde. Puis un souvenir exact accéléra le désordre de son esprit :

— Je lui ai dit : “ Non, Volodia, je vous aime bien, mais je ne serai pas votre femme. ”

Elle répétait cette phrase, avec l’intonation même qu’elle lui avait donnée, quelques instants plus tôt. Volodia était devenu très pâle. Ses lèvres avaient tremblé. Et elle l’avait entendu répondre d’une voix rauque :

— Ah ! dans ce cas… Mais avouez que j’aurais pu supposer…

Comme elle l’avait fait souffrir ! Comme elle souffrait de l’avoir fait souffrir !

Elle se tordit les mains.

— Volodia ! Je t’aime, je t’aime. Reviens, dit-elle sans conviction.

Le tissu rugueux d’un coussin lui grattait la joue. Son nez était humide. Elle n’était plus une jeune fille de dix-huit ans qui repoussait une demande en mariage, mais une enfant fautive et malchanceuse, la petite Tania, blottie dans la bergère bouton d’or du salon. Que de fois elle s’était réfugiée à cette même place, dans cette même pose, pour savourer un chagrin futile et attendre les réprimandes de maman ! Elle n’avait pas changé. Et l’odeur un peu moisie de l’étoffe n’avait pas changé, ni les clous de cuivre de la bergère dont elle savait exactement le nombre. Elle se sentait si faible, si minuscule, si fanée. Son nom même, Tania, lui paraissait mièvre et ridicule à souhait. Est-ce qu’on pouvait vivre avec ce nom gracile au-dessus de la tête ? Pourquoi fallait-il toujours réfléchir, prévoir, choisir, refuser ? Elle n’était pas faite pour ces luttes mesquines. Elle était trop petite, trop douce… D’un doigt paresseux, elle suivit les broderies épaisses du coussin. Sur un fond de velours jaune, sa mère avait brodé trois oiseaux verts, perchés sur trois sapins rouges. Ce coussin était un ami de Tania. Au même titre que les silhouettes de papier noir et la marche branlante du perron. Elle poussa un soupir profond et éprouva l’envie de retrouver ses poupées, reléguées au grenier depuis l’année dernière. L’une d’elles, surtout, était séduisante : une Parisienne aux cheveux blonds et au nez rongé de crasse. Son nom était Léocadie. Pourquoi n’avait-elle plus le droit de jouer avec Léocadie ? Depuis qu’elle avait répudié Léocadie, elle était malheureuse.

— Si Volodia savait que, l’année dernière, je m’endormais encore avec ma poupée ! murmura-t-elle.

Et, aussitôt, elle se dit que Volodia ne le saurait jamais, parce que Volodia ne viendrait plus chez eux et qu’elle ne le verrait plus, peut-être jusqu’à la mort. À cette idée, un frisson la parcourut et elle crut défaillir car son cœur s’arrêtait de battre. La vie sans Volodia ? Mais c’était impossible ! Comment accepter que du jour au lendemain, cet être charmant devînt un ennemi ? Que lui resterait-il, si elle n’avait plus son regard, son rire, le son de son pas vigoureux dans l’allée ? Un vide immense l’entourait. Elle était seule et elle avait peur. Elle dit avec désespoir :

— Et c’est moi ! C’est moi qui l’ai chassé ! Mais je suis folle !

Elle se frappait la tête à deux poings pour se punir. Des sanglots crevaient dans sa gorge. Une porte claqua au premier étage. Zénaïde Vassilievna sortait de la lingerie.

— Maman ! hurla Tania.

Déjà elle était debout, courait vers la porte, gravissait l’escalier en reniflant ses larmes.

Zénaïde Vassilievna venait à peine de regagner sa chambre, lorsque surgit devant ses yeux une Tania inconnue, aux cheveux défaits, au visage marbré de taches roses. D’un seul élan, Tania se rua sur sa mère et s’effondra contre son épaule en criant :

— Maman, maman, il est parti…

— Qui « il », ma chérie ?

— Volodia… Il était venu me demander ma main, et il est parti…

— Il aurait pu s’adresser à moi…

— Il le voulait… Mais il ne l’a pas fait, et il est parti… Tout ça parce que, parce que…

— Parce que quoi ?

— Parce que j’ai refusé ! bafouilla Tania entre deux hoquets.

Zénaïde Vassilievna s’assit au bord du lit, attira sa fille et lui tamponna les paupières avec son mouchoir qui sentait la violette.

— Là, là, disait-elle. Il ne faut pas pleurer. Ce n’est pas un drame.

Puis elle prit une carafe d’eau sur sa table de nuit, en versa deux doigts dans un verre très haut à filet d’or et tendit le verre à Tania.

— Bois, mon enfant. Nous parlerons lorsque tu seras calmée, dit-elle en lui caressant les cheveux.

Le verre tremblait entre les mains de Tania, cognait ses dents à petites secousses. Elle perdait le souffle. Sa mère l’obligea facilement à s’allonger sur le lit, le buste soutenu par des oreillers, les pieds recouverts d’un plaid.

— Tu es si gentille, ma-a-man, bégayait Tania. Jamais je n’oublierai comme tu es gentille. Et moi, je suis si méchante ! Je ne sais que faire de la pei-eine ! Oh ! Oh !

Zénaïde Vassilievna attendit patiemment la fin de la crise et posa une paume fraîche sur le front brûlant de Tania.

— À présent, dit-elle, raconte-moi ce qui s’est passé entre vous. Volodia te faisait la cour depuis des années. Tu paraissais l’aimer et, sans doute, t’aimait-il aussi. Ton père et moi, nous devinions bien que votre petite intrigue se terminerait par une demande en mariage. Mais j’avoue que je ne prévoyais pas un refus de ta part. Pourquoi as-tu refusé ?

— Je ne sais pas, soupira Tania.

— Tu ne l’aimes plus, peut-être ? Tu ne le trouves plus à ton goût ?

— Oh ! si, maman !

— Eh bien ?

— C’est plutôt parce que je le trouve trop à mon goût. Quand il est venu et qu’il m’a demandé d’être sa femme, j’ai senti tout à coup que ce n’était pas possible, que je n’avais pas le droit d’accepter, que je ne serais pas heureuse d’être si heureuse…

— Qu’est-ce que tu me chantes là ?

— Maman, maman chérie, il faut me comprendre. Si on te proposait de devenir une impératrice, la femme la plus riche du monde, tu commencerais par être ravie, et puis tu aurais peur ; tu te dirais : « C’est trop beau pour moi. Je ne suis pas faite pour ce rôle. » Eh bien ! moi, c’est la même chose « C’est trop beau pour moi… Je ne suis pas faite pour ce rôle… »

Zénaïde Vassilievna éleva ses deux mains à hauteur de ses tempes et déclara :

— Ma fille est folle ! De mon temps, quand un jeune homme, dont on était éprise, vous demandait votre main, c’était une joie. À présent, il paraît que c’est une catastrophe !

Tania trépignait sous le plaid et tirait sa mère par la manche :

— Tu es bête, maman, tu ne comprends rien. C’est pourtant simple. J’admire trop Volodia pour l’épouser.

Zénaïde Vassilievna prit ses lunettes dans un étui, les ajusta méticuleusement et observa sa fille avec inquiétude :

— Tania, Tania, tu es une enfant nerveuse. Il faudra consulter ton père. Il te prescrira des gouttes. Moi, je ne suis pas un docteur, mais je ne vois pas pourquoi tu te désoles, puisqu’en refusant d’épouser Volodia tu n’as fait qu’agir suivant ta propre volonté.

— Mais c’est que je l’aime ! s’écria Tania.

— Allons bon ! Ma pauvre tête ! Enfin, c’est fait, c’est fait. Ne te chagrine plus. Volodia est assez joli garçon pour se consoler rapidement de son échec. Et toi, tu finiras bien par trouver un homme que tu aimeras assez peu pour l’épouser, suivant ta théorie…

Tania regarda le visage blanc et bouffi de sa mère. Les cheveux de Zénaïde Vassilievna étaient tirés en bandeaux sur ses tempes. Ses yeux myopes étaient déformés par les verres bombés des lunettes. Sur sa blouse marron, à plis fins, pendait un médaillon d’or, incrusté de pierres sibériennes. Zénaïde Vassilievna paraissait triste et fâchée.

— Tu es mécontente de moi, maman ? demanda Tania. Papa et toi, vous aviez beaucoup d’affection pour Volodia, n’est-ce pas ?

Elle reprit sa respiration et fronça les sourcils d’un air décidé :

— En somme, Volodia était le meilleur parti de la ville. Et moi, j’ai refusé de l’épouser.

— Il n’est pas question de cela, dit Zénaïde Vassilievna, agacée.

— Si, si, geignit Tania. J’ai refusé, et je reste à votre charge. Et papa gagne si difficilement notre vie…

Ses larmes coulaient sur ses joues. Elle hoqueta.

— Maman, pardonne-moi… Sinon, je m’enfuirai pour que vous ne dépensiez pas d’argent pour moi…

Zénaïde Vassilievna se signa rapidement et enlaça les épaules de sa fille d’un bras robuste :

— Vas-tu te taire, petite sotte ! Le Bon Dieu te punirait pour des sornettes pareilles ! Tu te marieras quand tu voudras, et avec qui tu voudras…

— Oui, oui, reniflait Tania.

— Après tout, tu as peut-être bien fait d’évincer Volodia. L’avenir te donnera raison.

— Est-ce que tu crois que ça fera un scandale dans la ville, quand les gens sauront ?

— Les gens se moquent bien de vos petites histoires !

— — Et papa ? Il sera très furieux ?

— Non. Je me charge de lui expliquer la chose…

Zénaïde Vassilievna tapota la joue de sa fille, et Tania ferma les paupières avec délices. Les larmes l’avaient épuisée, et elle se sentait ivre et vacante, comme à l’issue d’une longue maladie. Elle goûtait gravement le plaisir de rester là, pelotonnée contre sa mère, respirant son parfum d’eau de Cologne et de violette, écoutant le tintement discret de la montre. Elle rouvrit les yeux, étonnée de cette béatitude qui dénouait ses membres, allégeait son esprit. Une veilleuse brûlait au bord de la vieille icône noire et dorée, qui était fixée dans un coin reculé de la pièce. C’était avec cette icône que les parents de Constantin Kirillovitch avaient béni Zénaïde Vassilievna, le jour lointain des fiançailles de leur fils avec la petite institutrice, fraîche émoulue de l’Institut Smolny. Tania songea que sa mère avait été aussi une jeune fille tourmentée par l’amour, une jeune fille qu’on avait demandée en mariage, qui avait passé des nuits blanches avant de se décider, et qui avait tremblé à l’idée d’affronter sa belle-famille.

Cela paraissait tellement comique et attendrissant, que Tania jeta les bras au cou de sa mère et la couvrit de baisers affamés.

— Laisse-moi, laisse-moi, tu m’étouffes, criait Zénaïde Vassilievna en riant.

— Non, non, tant pis pour toi, tu es trop gentille, répétait Tania. Pourquoi es-tu si gentille ?

— Parce que j’ai beaucoup vécu, Tania.

— Et, avant d’avoir beaucoup vécu, est-ce que tu étais comme moi ? Raconte-moi l’histoire de ta jeunesse… de ton mariage avec papa…

Cette histoire, Tania la connaissait par cœur, mais ne se lassait pas de l’entendre, et elle gourmandait sa mère lorsque Zénaïde Vassilievna oubliait un détail ou abrégeait une description.

— J’étais toute petite encore, commença Zénaïde Vassilievna, lorsque mes parents, les von Smitten, qui étaient originaires de Hambourg, vinrent se fixer à Saint-Pétersbourg. Dès notre arrivée, ils me conduisirent à l’Institut Smolny. La règle de l’Institut, protégé par l’empereur, était aussi sévère que celle d’un couvent. Nous ne pouvions voir nos parents qu’aux jours de réception, et à travers un grillage épais. Nous ne pouvions sortir sous aucun prétexte…

Zénaïde Vassilievna parlait avec une voix enrouée. Ce qu’elle racontait était à peine croyable. Et, pourtant, elle n’inventait rien. Elle avait connu tout cela, elle avait aimé, souffert, espéré dans ces décors et ces musiques d’un autre âge. Et il ne restait aujourd’hui de ce passé exaltant qu’un souvenir un peu ridicule, un peu fané, dont elle disait elle-même avec un bon sourire : « Cela t’intéresse dont tant que cela, ma petite fille ? » Tania avait envie de pleurer d’affection, de pitié, de gratitude. Était-il possible qu’un jour viendrait où, assise elle-même au chevet de quelque gamine effrontée, elle lui relaterait ses propres aventures et murmurerait de temps en temps « Cela t’intéresse dont tant que cela, ma petite fille ? »

— Parle, parle encore, maman, dit Tania.

Et elle ajouta sauvagement :

— Plus jamais je ne te ferai de la peine !

Le jour baissait et les objets reculaient dans le temps, se prêtaient aux mains des fantômes.

— Tu vois cette icône, dit Zénaïde Vassilievna. Les parents de ton père m’ont bénie avec elle. Et, un jour, c’est avec elle que nous te bénirons…

Elle se tut. Un lampadaire à pétrole s’alluma en face de la maison. On entendit claquer la porte d’entrée. La voix forte d’Arapoff criait dans le corridor :

— Zina ! Zina ! Où es-tu ? J’ai des nouvelles de Nicolas !

— Ne lui réponds pas, maman, dit Tania. Reste encore un peu avec moi. Reste jusqu’à ce qu’il fasse tout à fait sombre, jusqu’à ce que je ne voie plus ton visage…

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