CHAPITRE XI
Un gardien de la propriété avertit Marie Ossipovna que son mari et son fils avaient résolu de passer à l’aoul toute la journée suivante, et qu’ils ne rentreraient que le lendemain. Tania se souciait peu de dîner en compagnie de sa belle-mère et prétexta une migraine pour exiger qu’on lui servît son repas dans sa chambre. Ayant mangé, elle se rendit dans le salon de l’aïeule. Les fenêtres de Suzanne étaient éclairées. Mais, comme elle le prévoyait d’ailleurs, aucune silhouette ne vint animer les carreaux. Selon Oulîta, les nouvelles de la malade étaient rassurantes. On attendait l’arrivée de Volodia.
Comme Tania s’apprêtait à quitter son poste d’observation, un petit homme en redingote et en chapeau haut de forme sortit de l’hôtel et monta dans une voiture découverte. Il tenait une valise à la main. C’était le docteur. Tania retourna dans sa chambre.
Jusqu’à une heure avancée de la nuit, elle tricota une brassière pour l’enfant de Suzanne. Elle pensait à Volodia qui, sans doute, avait déjà reçu le télégramme alarmant du docteur. Était-il impatient de retrouver Suzanne ? Avait-il été prévenu de l’attentat contre Michel ? Craignait-il une vengeance ? Il n’y aurait pas de vengeance. Mais une réconciliation générale. Aujourd’hui, Tania en était sûre. Lorsque Oulîta vint pour la déshabiller, elle l’accueillit en riant.
— Tu vois, dit-elle. Mon mari n’est pas là, et je suis heureuse.
— Oui, oui, dit Oulîta, il faut se dépêcher de rire. Après, il y aura bien assez de raisons pour pleurer.
— Quelles raisons ?
— Eh ! sait-on jamais !
— Tu as appris quelque chose ?
Oulîta se moucha bruyamment et détourna la tête.
— Quoi ? Qu’y a-t-il encore ? s’écria Tania.
La vieille hésita une seconde, puis murmura très vite :
— Il vaut mieux que tu saches. Le gardien qui est venu de la propriété nous a tout raconté. Tchass a retrouvé les bandits sur la route. Et nos deux messieurs ont décidé de tuer Bourine s’il remettait les pieds à Armavir.
Tania eut l’impression que la chambre devenait obscure. Les battements de son cœur se répercutaient à travers tout son corps. Elle en éprouvait le choc jusque dans ses oreilles. Elle dit enfin :
— Mais… voyons… ce n’est pas possible… Suzanne est malade… Le docteur a télégraphié à Volodia de rentrer d’urgence…
— C’est une misère, dit Oulîta.
— Il est peut-être temps encore de le prévenir… Qu’il attende un peu… Suzanne comprendra… Oh ! mon Dieu… Vite, vite, cours à la poste… Je vais te donner le texte d’un message…
— Volodia Bourine est arrivé par le train de ce soir, dit Oulîta, il est auprès de sa femme…
Et, comme Tania reculait, blême, décoiffée, les yeux lourds de larmes, la servante ajouta avec une brusquerie sévère :
— On verra… Ce sera peut-être mieux ainsi… Ce sera plus propre…
Tania ne put dormir de la nuit. Il lui semblait qu’elle s’était engagée dans un labyrinthe. Malgré tous ses efforts, elle revenait à la même place, et les mêmes paroles heurtaient son tympan « Michel va tuer Volodia. » Alors, elle se levait, allumait toutes les lampes et s’observait dans la glace, comme si la contemplation de son propre visage dût lui procurer un peu de répit. Mais son visage lui faisait peur. Elle ne le reconnaissait pas. Elle apercevait devant elle une femme traquée, au regard implorant : l’image même du scandale qui se préparait. Puis, elle ouvrit violemment la fenêtre pour respirer l’air de la nuit. La cour intérieure était déserte sous le clair de lune. Aucun son ne montait de la ville assoupie. Une tristesse laide pesait sur Armavir. Tania se mit à haïr ces maisons, ces pierres, ces hommes et ces femmes qui entretenaient son tourment. Elle avait envie de crier, de mordre. Et, en même temps, une lassitude abominable la détournait du moindre effort. Plus tard elle se laissa glisser sur une chaise et demeura immobile. Une sueur froide perlait à la racine de ses cheveux. Dans sa tête sonore et creuse, défilaient des figures terribles. Elle assistait à la querelle de Michel et de Volodia. Elle entendait le coup de feu. Elle voyait Volodia chanceler et fléchir comme un pantin fauché. Des bulles de sang crevaient entre ses dents. Il marmonnait des choses tendres et affreuses. Il mourait. Arrivée à ce point de ses réflexions, Tania eut un soubresaut. Une douleur vraiment physique lui trouait le ventre. Dans son affolement, elle psalmodiait :
— Volodia ! Volodia !
Au bout d’un moment, il lui parut que cet appel monotone endormait son chagrin. Elle devenait plus raisonnable. Ses idées s’ordonnaient selon une logique bienfaisante. Elle se dit, tout à coup, que rien n’était encore perdu. Il suffisait qu’elle courût avertir Volodia du danger qui le menaçait. Et il quitterait la ville avant le retour de Michel. Cependant, la pensée d’avoir à se présenter, en pleine nuit, dans la chambre de Volodia et de Suzanne lui était pénible. À plusieurs reprises, elle résolut de se coiffer, de s’habiller, de sortir. Mais, chaque fois, une espèce de honte écœurante la retenait. Pour excuser sa lâcheté, elle se répétait que Michel n’arriverait pas avant midi et qu’elle aurait le temps de prévenir Volodia dans la matinée. Elle finit par se recoucher en attendant le jour.
À l’aube, elle se réveilla en sursaut et sonna sa femme de chambre. Puisqu’il lui était désagréable de se rendre elle-même chez Volodia, elle enverrait Oulîta à sa place. Comment n’avait-elle pas songé plus tôt à cette solution facile ? Sans attendre l’arrivée de la servante, elle griffonna un billet pour expliquer la décision de Michel et supplier Volodia de partir. Elle cachetait l’enveloppe, lorsque Oulîta pénétra dans la pièce, l’œil endormi, la savate traînante.
— C’est bon, dit la vieille. J’irai. Il faut éviter le pire. Mais, si je me fais jeter à la porte par notre maître, ce sera ta faute…
— Ne parle pas tant et va te préparer, dit Tania.
— Faut que je me lave, que je m’habille… et que je t’habille aussi…
— Je m’habillerai moi-même.
À sept heures du matin, Tania était prête et, ne sachant que faire, descendit à la salle à manger. Marie Ossipovna buvait son thé kalmouk, seule, au bout de la grande table déserte.
— Tu es bien matinale, dit-elle en voyant Tania.
— Je ne pouvais plus dormir.
— Oui. Tes yeux sont rouges. Tu n’es pas jolie. Et tu as mis la robe que je n’aime pas. Blanche Béjine, la femme du notaire, a une robe dans ce genre. Affreuse !
Pour détourner la conversation, Tania demanda :
— Blanche Béjine est bien la nièce de Véra Karlovna, n’est-ce pas ?
Marie Ossipovna la foudroya d’un regard de vieux corbeau royal :
— Sottise ! Véra Karlovna n’est même pas d’ici. C’est une femme d’Odessa. Une femme de rien du tout.
À ce moment, la porte s’entrebâilla, Oulîta parut sur le seuil et fit signe à Tania de la rejoindre. Marie Ossipovna, qui n’avait rien remarqué, continuait de mastiquer sa tartine.
— Vous m’excusez, dit Tania.
Et, d’un pas vif, elle sortit de la pièce. Oulîta l’attendait dans le couloir. Elle avait une attitude humble et reniflait bruyamment.
— Alors ? demanda Tania. Parle. Pourquoi restes-tu devant moi comme une souche ? As-tu remis la lettre ?
Oulîta porta un mouchoir devant son nez, lança un coup d’œil épouvanté à sa maîtresse et dit d’une voix basse :
— Elle est morte.
— Quoi ? murmura Tania.
— Oui, dans… dans la nuit… une hémo… hémorragie plus forte…
Tania avait saisi la vieille par le bras et la secouait de toutes ses forces, en répétant :
— Tu mens !… Tu mens !…
— Je te le jure… sur la tête de mes parents, barinia… Maintenant, on l’a déjà arrangée sur son lit… Le prêtre est venu… Je croyais que tu l’avais vue passer… Je l’ai regardée… si… si petite… Hô, hô !…
Tania lui lâcha le bras et s’adossa au mur en grommelant :
— Va-t’en… Laisse-moi seule…
Tout son être tremblait si fort qu’elle se crut sur le point de défaillir. Au bout du couloir, les marches de l’escalier se pliaient et se dépliaient comme les soufflets d’un accordéon. Morte ! Suzanne était morte ! La frêle et pâle petite Suzanne, qui souffrait avec tant de docilité, qui tricotait si gentiment à la fenêtre ! Non, ce n’était pas possible ! Il fallait aller là-bas, vite, vite ! Sûrement on pouvait la sauver encore !
Des larmes jaillirent de ses yeux. Elle se précipita nu-tête hors de la maison. Comme une folle, elle traversa la rue, pénétra dans l’hôtel, bouscula le portier qui lui barrait la route, et gravit l’escalier en courant. Arrivée au premier étage, elle s’aperçut qu’elle ignorait le numéro de la chambre, et redescendit quelques marches. Elle cria :
— Le numéro ?
— Quel numéro ? demanda le portier.
— Celui des Bourine.
— Chambres 37, 39 et 41, dit l’homme en soulevant sa casquette.
Et il ajouta :
— Le corps est dans la chambre 37.
Tania reprit son ascension en grognant des paroles incohérentes. Des inconnus, graves et noirs, étaient assemblés sur le palier du troisième étage. Ils discutaient entre eux :
— L’hémorragie devenait de plus en plus violente… Une insertion anormale du placenta… On aurait pu… Mais d’autre part, mon cher confrère…
La porte n° 37 était entrebâillée. Tania poussa le battant d’une main ferme et s’arrêta, stupide, sur le seuil. Les rideaux étaient tirés. La pièce, impersonnelle et laide, avec ses meubles de bois marron, son lit de fer, son armoire ventrue, baignait dans une lueur vague de crépuscule. Des cierges allumés encadraient la couche funèbre. Leurs flammes se couchaient au gré des courants d’air, et des ombres ovales dansaient sur les murs nus. Une odeur d’éther, de cire brûlée et d’encens emplissait la chambre. Sur le lit, une personne était étendue de tout son long, raide et menue comme une poupée. Sa robe était de voile blanc. Ses mains de porcelaine tenaient une icône brune et dorée. Tania ne reconnut pas Suzanne. Elle fit un pas et, tout à coup, elle aperçut la figure dans le creux des coussins. Une toute petite figure, sereine et douce, au nez retroussé. Les bandeaux lustrés serraient les tempes. Les paupières basses épousaient exactement la forme de l’œil. Tania se pencha un peu, attirée, fascinée par ce masque de pâleur fine. Alors, elle vit que la bouche close souriait un peu. Ce sourire conférait à tout le visage une expression grave et mûre. Suzanne, qui n’était qu’une enfant, était devenue soudain quelqu’un de très âgé, de très averti, de très fort. Les rôles étaient renversés. Elle dominait à présent de son grand mystère ceux-là mêmes qui l’avaient négligée et n’avaient pas craint de lui faire du mal. Elle savait tout, et eux, les vivants, les méchants, les nerveux, s’agitaient comme des marionnettes autour de son sommeil.
Tania avait honte de son corsage corail, de sa jupe havane, devant ce cadavre innocent. Elle avait envie de demander pardon à Suzanne de sa coquetterie et de sa chance.
— Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas vrai !
Ses jambes tremblaient. D’un doigt léger, elle toucha la joue de la morte, et le contact de cette peau glacée et souple lui souleva le cœur. Suzanne était ailleurs. Elle n’avait laissé à sa place que cet objet de chair froide modelé à son image. Elle n’avait légué aux hommes que ce qu’ils étaient capables de comprendre, d’aimer et de pleurer un peu.
Comme Tania détournait la tête, elle vit, sur le coin d’une petite table, une brassière inachevée, avec les aiguilles plantées dans l’ouvrage. Plus que l’aspect de la morte, ce travail abandonné, cette épave d’une existence finie, étaient pitoyables. Hébétée, Tania s’écarta du lit.
Alors, seulement, elle aperçut un corps effondré, tassé dans le fauteuil, près de la fenêtre : Volodia. Elle n’avait pas songé à lui, en pénétrant dans la chambre. Et lui, abîmé dans son désespoir, n’avait même pas remarqué qu’il n’était plus seul. Aux pieds de Volodia, traînait une enveloppe déchirée ; un peu plus loin, sur le parquet, la lettre que Tania lui avait écrite. Il était donc au courant des résolutions de Michel. Et, cependant, il ne pouvait s’arracher au spectacle de sa femme morte. Cette pensée traversa Tania comme un trait de feu. « Il l’aime… Il la pleure… Et moi je suis là… inutile… Si je lui dis de partir, il ne m’écoutera pas… Pourtant, il faut lui dire… »
Le silence écrasait Tania comme un drap mouillé. L’odeur de la cire et de l’éther lui serrait les tempes. La flamme des cierges s’inclina soudain. Une ombre folle bondit au plafond. Tania saisie d’effroi, se tordit les mains et gémit :
— Suzanne !
Cet appel la réveilla de sa propre torpeur. Épouvantée, elle vit la forme sombre, enfoncée dans le fauteuil, qui se dépliait d’une secousse. Deux mains s’écartaient, retombaient. Un visage d’homme apparaissait et se tendait vers elle : le visage de Volodia. Ses joues livides étaient envahies de barbe. Ses lèvres pâles tremblaient. Il y avait dans ses yeux une expression de douleur et d’étonnement indicibles.
Tania, immobile et glacée, le regarda s’avancer vers elle d’un pas pesant. Il avait les épaules basses. Son faux col était froissé. Il s’arrêta devant la jeune femme, la considéra bien en face d’un air égaré. Puis, il dit très calmement :
— Voilà, elle est morte. Ils l’ont tuée. Nous l’avons tous tuée.
Et, tout à coup, comme un homme ivre, il s’écroula aux pieds de Tania et baisa le bas de sa jupe.
— Morte, morte, c’est fini, râlait-il.
Tania le releva doucement.
— Oui… oui… Merci… Excusez-moi, balbutiait Volodia en se redressant. Comment était-ce déjà ? « Mon pauvre ami », a dit le docteur… Il m’a dit « Mon pauvre ami », et il m’a serré la main…
Tania sentait, tout proche de son corps, ce grand corps lourd que les hoquets ébranlaient, tels des coups de cognée. Volodia pleurait comme un enfant, avec des reprises gémissantes et des reniflements. Il n’était plus l’orgueilleux, l’irresponsable et charmant Volodia des beaux jours, mais un pauvre bonhomme assommé de chagrin. Il bredouillait sur un ton de litanie plaintive :
— Hier soir encore, elle me parlait… Et maintenant, je suis seul… Pourquoi est-elle morte ?… Peut-être parce que je ne l’aimais pas assez ?… Ou parce que c’était mieux ainsi ?… Hein ! Hein ! dites-moi ?… Mais qu’a-t-elle eu de la vie ?… La chambre d’hôtel et la grossesse… Et voilà tout… Alors, où est la justice ?… Moi, je suis une brute et j’existe… Et elle… elle !… Oh ! Personne ne l’a connue !… Moi-même, je ne la connaissais pas… je ne l’appréciais pas… je m’ennuyais avec elle… je disais « Suzanne, fais ceci… Suzanne, je te quitte pour quinze jours… Suzanne !… »
Il s’arrêta pour souffler et murmura de nouveau :
— Suzanne… Suzanne… un petit nom… C’est tout ce qu’il me reste… Elle était si douce… elle a tant souffert… Oh ! ç’a été atroce !… Ce médecin… Ce sang… J’ai tout vu, vous savez ?… tu sais ?… Non, je ne veux pas m’en souvenir… Ma petite fille, pardonne-moi, pardonne-nous !...
— Elle vous a déjà pardonné, dit Tania d’une voix faible.
Volodia releva la tête. Ses cheveux blonds lui pendaient sur les oreilles. De sa bouche ouverte s’échappait une haleine de fièvre. Il fonça les sourcils, comme s’il eût essayé de comprendre quelque chose de très difficile. Il dit :
— Oui… Oui… Elle m’a pardonné, et elle est morte… Elle est morte de m’avoir pardonné… Elle n’avait pas le droit de me pardonner… Personne n’a le droit de me pardonner…
Instinctivement, Tania lui posa la main sur le front. Il sourit et proféra dans un soupir :
— Tu ne me repousses pas ?… Tu as pitié de moi ?… Cette nuit, j’ai aidé à coiffer ses cheveux…
Tania baissa les paupières. Les larmes coulaient de ses yeux, abondantes et calmes. L’espace d’un instant, il lui sembla même qu’elle était heureuse. Pourtant, elle n’avait pas le droit d’être heureuse. Et il n’y avait pas de raison qu’elle le fût. Volontairement, elle tournait le dos à la morte. Elle regardait Volodia.
— Calmez-vous, dit-elle. Il faut vous ressaisir…
— Oui, dit-il, c’est nécessaire… Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs… Ah ! oui… J’ai eu votre lettre… Merci…
— Vous allez partir ?
Il hocha la tête :
— À quoi bon ?… Si vous saviez… Hier soir, on lui a servi du bouillon dans une tasse… Et avec ça… oui… une biscotte… Elle a juste mangé un petit bout… Pour me faire plaisir… Elle voulait encore me faire plaisir, tu comprends ?…
Il allongea le bras et désigna une tasse sur la table :
— La tasse est encore là.
Le grincement de la porte le fit sursauter. Il se retourna, et ses prunelles devinrent hagardes. Ses mains remontèrent nerveusement jusqu’à sa bouche.
— Toi ? dit-il enfin.
Michel était sur le seuil de la chambre. Il se tenait très droit. Son visage était sec. Ses yeux brillaient d’une lueur fixe. Tania voulut s’élancer à sa rencontre, mais ses genoux fléchirent et elle dut s’appuyer au mur. Elle cria dans un souffle :
— Michel ! Il ne faut pas ! Tu n’as pas le droit !…
Mais Michel ne répondit rien. Son regard glissait de Volodia à Tania et de Tania à la morte. On entendait sa respiration régulière. Il fit un pas. Le plancher craqua sous son talon. Puis il leva la main droite et se signa lentement.
— Elle est morte à trois heures du matin, dit Volodia d’une voix enrouée.
— Je sais, dit Michel.
Et, comme Volodia chancelait sur ses jambes, il s’approcha de lui et le serra maladroitement dans ses bras.