CHAPITRE XI
Comme il n’était plus question pour Michel de retourner chez les Bourine, il se fit conduire directement de la roseraie à l’hôtel de Saint-Pétersbourg, proche de la gare. Ayant loué la plus belle chambre de l’établissement, il écrivit une lettre vague et cérémonieuse à la mère de Volodia pour lui expliquer son changement d’adresse et la prier de confier ses valises au porteur de l’hôtel. Le soir même, le porteur amenait les bagages de Michel et lui remettait un billet de Mme Bourine, conçu en ces termes :
Je souhaite que vous n’ayez pas à vous repentir de votre décision. Volodia n’est pas encore rentré.
Aussitôt, Michel redouta le pire. Volodia était un garçon emporté, orgueilleux. Après la correction que Michel lui avait infligée, il était capable de se suicider ou d’aller insulter la famille Arapoff à domicile. Michel dîna de mauvais appétit au restaurant de l’hôtel et, aussitôt après, expédia un commissionnaire chez les Bourine, avec ordre d’interroger le concierge de la maison en lui promettant un pourboire substantiel. Les nouvelles que rapporta le commissionnaire étaient rassurantes. Volodia venait de rentrer ivre mort, la lèvre ouverte et l’œil poché. Il s’était enfermé dans sa chambre. Mme Bourine lui avait fait monter une bouteille d’eau gazeuse et un sachet de bicarbonate de soude. Michel était à la fois rasséréné et déçu par cette fin sans gloire. Il se coucha tôt et résolut de laisser passer quelques jours avant de revoir Tania. Quelle que fût la qualité de son affection pour la jeune fille, il ne pouvait oublier qu’elle était responsable de sa brouille avec Volodia, et cette pensée lui était pénible. Il se disait aussi que, le secret de ses rendez-vous ayant été découvert, il valait mieux, pour préserver la réputation de Tania, s’imposer momentanément une prudence exemplaire. Peut-être même eût-il été sage de quitter la ville pour une semaine ou deux ? Enfermé dans ce dilemme, Michel se surprit à regretter que Volodia ne fût pas là pour lui donner un conseil amical. Il dormit mal et rêva toute la nuit de visages haineux et de roses piétinées. Le lendemain, il écrivit à Tania pour la prier de retarder leur prochaine entrevue. Il ne fixait pas de date précise. Il affirmait qu’il lui écrirait encore.
Chaque matin, Tania inspectait fiévreusement le courrier. La seule lettre qu’elle reçut en l’espace d’une semaine fut une longue missive de Lioubov. Par l’entremise de l’amie qui chaperonnait Tania, Lioubov avait appris le scandale de la roseraie. Elle se demandait si elle n’en était pas indirectement responsable. En effet, le jour même de la querelle, Kisiakoff, de passage à Ekaterinodar, avait rencontré Volodia et avait tenté de le raisonner. Pour calmer la rancune du jeune homme contre la famille Arapoff il lui avait dit que Tania ne méritait pas d’être aimée, qu’elle n’avait pas tardé à s’enticher de Michel Danoff et qu’il savait le lieu de leurs rendez-vous. « J’avais tout raconté à mon mari, écrivait Lioubov, mais sans penser à mal. Pouvais-je imaginer qu’il renseignerait Volodia sur vos manigances ? Ah ! que je suis malheureuse de t’avoir causé du tort. N’importe, il vaut mieux que les choses se soient passées ainsi. Ce Michel n’était pas un homme pour toi. Je l’ai jugé dès le premier coup d’œil. Compte sur moi, ma chérie, je te trouverai un époux digne de tes mérites. Un garçon fort, respectueux, intelligent et fortuné. Qui sait ? Peut-être Volodia, piqué par la jalousie, reviendra-t-il à d’autres sentiments ? Je souhaite de tout cœur que tu te réconcilies avec Volodia. Tu sais que mon mari doit beaucoup à sa mère. Je t’expliquerai. Tout près de chez nous, il y a un cantonnement de cosaques. Parmi les officiers, je peux te citer… »
Tania n’en lut pas davantage et fondit en larmes :
— Elle l’a fait exprès ! cria-t-elle. Exprès ! Et Kisiakoff aussi l’a fait exprès ! Tout le monde me déteste ! Michel lui-même ne veut plus de moi !
Elle pleura longtemps, étendue sur son lit, à plat ventre. Puis, elle se lava le visage et changea de robe. Elle se sentait vide et molle. Des pensées absurdes la traversaient, sans qu’elle y prît garde. Un moment, elle se demanda si elle s’appelait bien Tania Arapoff et si cette maison était encore la sienne. Elle sortit dans le corridor, poussa la porte de la chambre voisine, où Akim et Nina préparaient leurs devoirs. Akim leva vers elle un visage rond, marqué de taches de rousseur. Il avait quatorze ans et sa paresse était proverbiale.
— Si c’est pas malheureux de travailler par un temps pareil ! dit-il.
— Finis ton devoir, dit Nina, et puis nous jouerons aux dominos.
— Non, dit Akim, j’ai rendez-vous avec des copains au jardin municipal.
Tania connaissait bien ces « copains », fiers de leurs uniformes gris et de leurs casquettes à visières miroitantes. Ils traînaient par groupes dans les allées du parc, discutaient avec des voix enrouées par la mue, et bombardaient de petits cailloux les lycéennes assises sur les bancs de la promenade.
— Tu vas encore embêter les filles ? dit Nina.
— Oui ! dit Akim. C’est tordant ! Hier soir, il y en a une qui s’est mise à pleurer parce qu’on lui avait taché sa robe.
Nina, douce et pensive, secouait son visage éteint.
— Vous êtes odieux, dit-elle. Au gymnase, toutes les filles de ma classe se moquent de vous.
— N’empêche qu’elles sont ravies de voir qu’on s’occupe d’elles !
Tania écoutait son frère, sa sœur, et leurs propos ressuscitaient en elle l’époque heureuse où ses propres chagrins se limitaient à une réprimande de l’institutrice ou un regard sournois d’un élève du gymnase municipal. Des voix de jeunes filles anciennes remontaient du passé, avec un décor de salle de danse et de guirlandes : « Voilà les cavaliers ! » « Celui qui me choisira pour le troisième quadrille, je lui donne mon cœur ! »
Qu’elle avait donc rapidement vécu, distancé tout cela, et qu’il était étrange de constater que d’autres s’intéressaient encore à ces joies et à ces peines minuscules ! Elle se jugeait vieille, triste, en face de ces enfants exaltés. Les mêmes mots et les mêmes gestes servaient à tout le monde, et, au bout de tous les désordres de l’âme, il n’y avait que l’ennui et la mort. Elle bâilla, ramassa un morceau de buvard dans la corbeille à papier et se mit à le déchirer en lanières. « Et quand j’aurai fini de déchirer le buvard, qu’est-ce que je vais faire ? » se dit-elle. Elle eut peur, tout à coup, du néant de son existence. Akim s’était levé et jonglait avec deux règles.
— Regarde, disait-il, je les fais tourner trois fois en changeant de main. Essaie d’en faire autant.
Tania prit les règles, les jeta au plafond, et elles retombèrent sur le parquet à travers ses doigts insensibles.
— Quelle gourde ! criait Akim. Les filles, c’est formidable comme elles sont gourdes pour ces choses-là ! Sais-tu dire très vite « L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne ?… »
Il se promenait en rond dans la chambre et répétait en claquant des doigts :
— L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne… L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne…
— Tais-toi, Akim, dit Nina. Je ne peux pas terminer mon problème si tu cries. Va dans le couloir.
— Je vais où il me plaît. L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne. Tu sais qu’avant-hier je suis descendu du premier étage par la gouttière ? C’est pas toi qui en aurais fait autant ! L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne.
Tania se boucha les oreilles et sortit dans le corridor. Mais Akim la suivait en glapissant dans son dos :
— L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne ! L’eau de Catalogne des Colognes de Catala…
Il pouffa de rire :
— Tu as entendu ? Je me suis trompé ! J’ai dit l’eau de Catalogne ! Il faudra que je le raconte aux copains !
Comme Tania s’engageait dans l’escalier, il lui barra la route :
— Tu veux que je descende l’escalier sur la rampe ?
— Je veux que tu retournes à tes devoirs.
— Eh bien, non ! Je reste. L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne ! Tu es furieuse, parce que tu aimes quelqu’un. Je le sais ! Je le sais !
— Tant mieux pour toi.
— Moi, je n’aimerai jamais une fille, dit Akim. Elles me dégoûtent. Je veux être un Spartiate. Regarde.
Il se mordit le poignet jusqu’au sang.
— Tu vois, je n’ai pas crié. L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne ! L’eau de Cologne…
Tania, excédée, bouscula son frère et descendit l’escalier, poursuivie par ses hurlements :
— L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne ! L’eau de Cologne…
Elle se réfugia au salon et se laissa tomber dans la bergère bouton d’or. Zénaïde Vassilievna, le nez chaussé de lunettes bleues, tricotait des bas pour les « enfants malheureux ».
— Qu’as-tu, Tania, dit-elle, tu ne tiens pas en place ?
— Mais rien, maman, je t’assure…
Par la fenêtre ouverte, on entendait le pépiement aigu des oiseaux qui se pourchassaient de branche en branche. L’herbe et les fleurs sentaient fort.
— Veux-tu une tranche de pastèque ? reprit Zénaïde Vassilievna.
Tania secoua la tête. Que lui parlait-on de manger ? Elle n’avait pas besoin de nourriture, mais d’une présence, mais d’une voix dont elle était sevrée depuis plus de huit jours. Était-il possible qu’elle ne le revît plus ? Peut-être fallait-il lui écrire ? Non, elle ne s’abaisserait pas à une pareille manœuvre. Elle souffrirait en silence. Elle mourrait en silence. La porte de la grille s’ouvrit en grinçant. Tania bondit sur ses pieds, suffoquée par un espoir soudain. C’était lui. Il venait la reprendre, la consoler, l’emmener…
Mais, déjà, la voix de Constantin Kirillovitch résonnait dans l’antichambre :
— Quelle chaleur, mes enfants !
Tania poussa un sanglot écorché, se rua hors du salon, grimpa l’escalier quatre à quatre, tandis que Zénaïde Vassilievna criait derrière elle :
— Tania ! Tania ! Qu’as-tu ?
Au bout d’un quart d’heure, Tania redescendit les marches, blanche, l’œil vague, et un chapeau de paille sur la tête.
— Je vais à la pâtisserie Heise acheter des gâteaux, dit-elle d’une voix calme.
— Tu as faim ?
— Oui.
— Mais tu seras de retour pour sept heures ?
— Oui.
Dans la rue, elle marcha rapidement, le regard baissé, le pied leste. Elle avait décidé de surmonter sa honte et de se rendre à l’hôtel de Saint-Pétersbourg pour interroger le concierge et rencontrer Michel.
Ce fut la face enflammée, le cœur battant, qu’elle s’avança vers le portier galonné de l’hôtel.
— Michel Alexandrovitch Danoff habite bien chez vous ? dit-elle doucement.
Le portier mouilla son doigt de salive et feuilleta un épais registre en murmurant :
— Chambre 67, chambre 67…
— Eh bien ? dit Tania.
Mais, déjà, l’homme relevait la tête et prononçait avec un affreux sourire :
— Je regrette, mademoiselle. Vous arrivez trop tard. Michel Alexandrovitch est reparti hier soir pour Armavir.
— Mais… mais ce n’est pas possible, balbutia la jeune fille.
— Si…
Tania, hébétée, chancelante, regardait ce visage aux petits yeux rieurs, qui flottait devant elle comme un ballon. Elle eut la force de proférer : « Je vous remercie », et se précipita dans la rue. Parti ? Michel était parti, sans explications, sans excuses. Comme un voleur. Mais pourquoi était-il parti ? Qu’avait-elle dit, qu’avait-elle fait, qui justifiât cette fuite ? Tania bredouillait en marchant des phrases sans suite, s’arrêtait, hochait la tête, repartait, courbée en deux, telle une fille malade. Elle se retrouva dans l’antichambre de la maison sans savoir comment elle avait parcouru tout le long chemin du retour. Dès le seuil, une odeur de fruits sucrés la prit à la gorge. Une balle de caoutchouc traînait au pied de l’escalier. Au premier étage, on entendait la voix enrouée d’Akim qui glapissait :
— L’eau de Cologne des Catalans de Catalogne !
Un frisson horrible secoua tout le corps de la jeune fille. Ses dents s’entrechoquaient. Elle gémit :
— Tout est fini maintenant !
Et, d’un œil stupide, elle regardait la balle de caoutchouc au coin de la première marche. Cette balle de caoutchouc occupait toute sa pensée.
— L’eau de Cologne…
— Assez ! hurla Tania.
Puis, elle se sentit basculer dans un univers de cloches emballées et de sifflements.
Des voix renaissaient à travers l’abîme brumeux du silence. Des gestes affleuraient à la surface de son sommeil : la barbe blonde de Constantin Kirillovitch, sa bague brillante, les lunettes de Zénaïde Vassilievna, un parfum d’eau de Cologne et de linges mouillés.
— Elle revient à elle, dit Zénaïde Vassilievna. Laisse-nous seules, Constantin.
— Bon, bon.
Un pas lourd craqua sur le parquet. Une porte se referma, au bout du monde.
— Mon enfant, ma petite Tania ! Tu nous en as fait une peur !
Tania voyait au-dessus d’elle le visage pâle et tendre de sa mère. Une mèche de cheveux gris pendait sur son oreille. Ses lunettes bleues, rafistolées avec un ruban, lui descendaient jusqu’aux narines. « Pourquoi n’achète-t-elle pas une autre paire de lunettes ? » pensa Tania. Et cette idée lui parut très intéressante et très neuve.
— Pourquoi n’achètes-tu pas une autre paire de lunettes, maman ? dit-elle d’une voix faible.
Zénaïde Vassilievna sourit et glissa un doigt sous la nuque de la jeune fille.
— Je vois que ça va mieux, dit-elle.
— Oh ! oui, dit Tania. Où est la balle en caoutchouc ? J’ai marché dessus et je suis tombée, n’est-ce pas ? Et vous m’avez transportée sur mon lit…
Tout à coup, lui revint le souvenir de sa visite à l’hôtel, du portier obèse et de la fuite éperdue dans la rue Rouge. Des larmes chaudes et pressées lui brouillaient les yeux. Elle porta ses deux mains à sa bouche pour retenir un cri.
— Qu’as-tu, ma chérie ? demanda Zénaïde Vassilievna.
— Il est parti, soupira Tania, le regard hésitant, les lèvres tremblantes.
— Volodia ?
— Il ne s’agit pas de Volodia.
— Et de qui donc ?
— De Michel, de Michel Danoff !
— Tu le connais ?
— Oui !
— Et tu l’aimes ?
— Oui !
— Allons bon ! grogna Zénaïde Vassilievna. Hier, c’est Volodia. Aujourd’hui, c’est Michel. Je n’y comprends rien ! Tu as un cœur d’artichaut, ma petite fille. Tes emballements te joueront un mauvais tour…
— Mais ce n’est pas un emballement ! C’est un amour, un grand amour, maman, l’amour de ma vie…
— Tu commences à m’inquiéter avec tous ces amours de ta vie, dit Zénaïde Vassilievna. Je t’avais priée de te tenir tranquille après ton aventure avec Volodia. Non, il a fallu que tu te lances dans les bras d’un autre soupirant. Un Danoff remplace un Bourine. Tu as la folie des grandeurs. Ces deux garçons sont trop riches pour toi et ne sont pas de notre monde. Ils s’amusent de toi. Ils ne t’aiment pas.
— Si ! Si ! rugit Tania.
— Crois-en mon expérience, Tania. Celui qui t’épousera ne sera pas un millionnaire, mais un homme travailleur probe et simple. Ton père et moi savons ce qu’il te faut. Nous avons pensé à ce jeune collègue de papa…
— Je vois de qui tu veux parler ! C’est cet affreux Maximovitch, qui est myope et qui a une épaule plus basse que l’autre…
— Il n’a pas une épaule plus basse que l’autre, dit Zénaïde Vassilievna avec sévérité. Ses deux épaules ne sont… ne sont pas à la même hauteur, et c’est tout… D’ailleurs, on n’épouse pas un homme pour ses épaules…
— Eh bien, si ! s’écria Tania en s’asseyant dans son lit. Moi, j’épouserai un homme pour ses épaules !
— Tu ne sais plus ce que tu dis !
— J’épouserai un homme pour ses épaules ! Et j’aime les épaules de Michel ! Et je ne veux pas d’autres épaules que les épaules de Michel !…
Zénaïde Vassilievna, affolée, tournait autour du lit en répétant :
— Tania ! Tania ! C’est une nouvelle crise !
— Je ne veux pas d’autres épaules que les épaules de Michel ! glapissait Tania. Au secours ! Au secours, Michel ! Michel !
Elle trépignait dans son lit, secouait la tête, mordait les draps.
La porte s’ouvrit d’une volée et Constantin Kirillovitch parut sur le seuil, les sourcils froncés, l’œil terrible.
— C’est fini, cette comédie ? cria-t-il.
Tania se tourna vers le mur et se mit à pleurnicher dans son coude.
— Il faudrait peut-être des gouttes, Constantin ? dit Zénaïde Vassilievna d’une voix humble.
— Des gouttes ! Des gouttes ! dit Arapoff. On les réserve aux malades, les gouttes.
— Mais elle est malade.
— Non. Donne-lui un verre d’eau et qu’elle se repose un peu. Demain, je la conduirai à la roseraie pour la distraire.
— La ro-se-raie-aie ! Oh ! Oh ! gémit Tania.
Et ses sanglots reprirent de plus belle.
— Voilà tout ce que tu obtiens avec tes réprimandes, Constantin, dit Zénaïde Vassilievna. Cette petite est nerveuse. Elle a besoin de ménagements.
— Mais je n’ai rien dit ! grogna Arapoff, visiblement gêné. Si on ne peut plus parler de la roseraie !…
— Tu es dur avec elle.
— Bon, bon. J’ai compris, je m’en vais. Mais je commence à en avoir assez de l’atmosphère qui règne dans cette maison. Des crises d’hystérie, des regards langoureux, des mystères ! Ah ! les femmes ! les femmes !…
Il sortit en claquant la porte, mais revint cinq minutes après et déposa un petit flacon sur la table de nuit.
— Voilà de la valériane, dit-il sur un ton rogue.