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— Inspectrice de la police de Glasgow. Maintenant que j’y pense, c’est logique, dit la mère de Grace après une dizaine de minutes de conversation.

Sa fille lui avait brièvement expliqué ce qu’elle était devenue.

Pendant tout ce temps, la jeune femme aurait aimé prendre du recul, et surtout ne plus s’identifier à l’adolescente qu’elle était lorsqu’elle habitait encore ici. Mais le décor l’avait instantanément replongée quinze ans en arrière. Rien n’avait changé. Il y errait même encore l’odeur de bois ciré des meubles en noyer laqué. Sur leurs panneaux caramel se reflétaient les lumières du grand lustre aux arabesques métalliques coiffées d’abat-jour à franges. La moquette grise parsemée de points noirs était toujours aussi mal assortie au papier peint bleu clair et aux moulures du plafond plus étouffantes encore que les cadres des dizaines de tableaux agencés en damier sur les murs. Même le tintement du service à thé lui rappelait ces longs dimanches de pluie passés à s’ennuyer pendant que sa mère faisait des mots croisés.

— Inspectrice, c’est évident, reprit Monika Campbell. Combien de fois t’ai-je surprise dans la remise à chercher je ne sais quelle babiole avec ta lampe de poche. Et quand tu n’étais pas fourrée dans cette grange, tu lisais des romans policiers jusqu’à pas d’heure… Finalement, tu as toujours voulu être celle qui trouve.

— Je voulais être éducatrice de chiens, quand j’étais petite, réagit Grace en saisissant l’occasion d’aborder le sujet délicat que toutes deux s’évertuaient à éviter. J’ai décidé d’être inspectrice après… ce qu’il s’est passé. Pour empêcher que d’autres enfants subissent le même sort que moi, et retrouver peut-être un jour celui ou ceux qui m’ont fait du mal.

Sa mère baissa les yeux et se prit la tête entre les mains. Le peu de vie qui s’était réveillé en elle depuis le début de leur discussion s’éteignit lentement.

— Pardon, je ne voulais pas être si brusque, s’excusa Grace avec prudence.

Sa mère avait dû vivre de bien terribles moments pour que son état se soit tellement dégradé.

Monika Campbell répondit d’un geste compréhensif de la main.

— Pourquoi es-tu revenue, Grace ?

La jeune femme s’étonna de la question de sa mère.

— Ce n’est donc pas toi qui m’as envoyé cette lettre… ?

— Une lettre ? C’est bien impossible, je n’arrive même plus à écrire, et je m’en souviendrais si j’avais demandé à Freya de le faire pour moi. C’est pour ça que tu es là, parce que tu as cru que je t’avais écrit ?

— Non, non, pas du tout… Oublie cette histoire de lettre, ça n’a aucune importance. L’essentiel, c’est que j’ai pris la décision de revenir… de revenir pour me confronter à mes peurs, mais aussi pour qu’on se dise tout ce qu’on ne s’est pas dit à l’époque, parvint à confier Grace, non sans avoir l’impression de se jeter dans le vide. Et notamment pourquoi je suis partie le jour de mes dix-huit ans.

Monika Campbell avait les traits si fatigués que sa fille se demanda si elle n’allait pas rendre son dernier souffle devant elle, dans son fauteuil.

— Tu veux me reprocher mon éducation après le départ de ton père, c’est ça que je dois comprendre ?

Grace ne répondit pas. Sa mère avait la même intonation que les témoins qui s’apprêtent à faire une révélation. Elle tripotait nerveusement la chaîne de ses lunettes pendant à son cou.

— J’étais toute seule pour t’élever, et après « la chose », je ne pouvais plus te laisser la même liberté qu’aux autres enfants. J’avais tellement peur qu’il t’arrive encore malheur, ou que tu t’en prennes à toi-même. Comme c’est d’ailleurs arrivé le jour où je t’ai retrouvée dans la baignoire…

Grace frémit au souvenir de ce geste désespéré qu’elle avait totalement refoulé.

— J’aurais peut-être accepté que tu me retires de l’école, que tu interdises à mes camarades de venir me voir, que tu lises mon courrier ou écoutes mes conversations téléphoniques, si au moins tu avais bien voulu que l’on reparle de mon enlèvement. Mais tu refusais d’aborder le sujet, affirmant que ce n’était pas la peine de ressasser le passé pour se faire du mal, qu’il fallait aller de l’avant. Et moi, je devais vivre seule avec mes cauchemars. Et le pire c’est qu’il fallait faire semblant d’aller bien. Mais j’étais paniquée. Tout le temps. Voilà pourquoi j’en suis arrivée à me trancher les veines.

Évoquer à voix haute cette période noire aiguisa encore un peu plus la soif de vengeance de Grace. Elle mesurait comme jamais le poids de la souffrance sur sa vie depuis quinze ans. Et même si elle nourrissait une forme de ressentiment à l’égard de sa mère, son visage dévasté par le chagrin et les soucis la peinait bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé.

Monika Campbell posa ses yeux embués sur sa fille.

— Je comprends que tu m’en veuilles, Hendrike. Mais je souffrais tellement. Je ne parvenais pas à vivre avec ça… Je me sentais si coupable que, oui, c’est vrai, j’espérais peut-être naïvement, ou égoïstement si tu préfères, qu’on retrouverait une existence normale si on n’évoquait plus ce drame. C’est d’ailleurs pour cette raison que ton père nous a quittées du jour au lendemain et qu’il n’a plus jamais donné de nouvelles. Parce qu’il ne voulait plus entendre parler de cette histoire qui lui gâchait la vie. C’est ce qu’il m’a hurlé la nuit de son départ.

Grace détourna la tête vers l’une des fenêtres du salon. Les flocons poursuivaient leur chute ivre et légère. Malgré la douleur qu’elle avait endurée, elle comprenait sa mère. Et maintenant qu’elle était adulte, elle éprouvait même de la compassion pour la détresse de cette femme seule avec sa fille.

— J’imagine combien cela a dû être difficile pour toi. Mais peut-être aurais-tu pu me proposer d’en discuter avec quelqu’un d’autre ? Ne serait-ce qu’une de tes amies ou un psychologue. Tu savais bien que je souffrais. Mais tu m’as seulement isolée du monde et demandé d’être l’enfant que tu connaissais, comme avant. Voilà pourquoi je suis partie. Pour ne pas mourir de folie.

Sa mère posa une main sur sa poitrine, comme si elle avait du mal à respirer. Grace eut de la peine pour elle. Mais deux questions épineuses restaient à poser. Deux questions qui avaient hanté ses jours et ses nuits pendant toutes ces années. Et même si elle allait un peu plus tourmenter sa mère, elle ne pouvait pas continuer de vivre sans entendre ses réponses.

— Pourquoi n’as-tu pas appelé la police plus tôt quand j’ai disparu ? À une heure près, on m’aurait peut-être retrouvée avant que…

Monika Campbell se pinça les lèvres en détournant la tête. Elle tremblait pour contenir ses larmes.

— On en a déjà parlé à l’époque, je croyais que tu étais chez ta copine Jeanie… comme tous les mardis.

— Je t’avais dit la veille que Jeanie n’était plus mon amie, que l’on s’était disputées et que je n’irais pas chez elle le lendemain.

— Tu penses donc que tout est ma faute…

La voix de sa mère chevrota et ses gestes se firent maladroits, presque désordonnés.

— C’est ça que tu es venue me dire après quinze ans d’absence ?

Le spectacle de cette vieille femme déboussolée éprouva l’empathie naturelle de Grace au point qu’elle songea à mettre un terme à la conversation. Mais elle savait que c’était probablement la dernière fois qu’elle aurait la possibilité d’entendre les réponses à des questions qui la hantaient depuis tant d’années.

— Je ne cherche pas à t’accabler, c’est juste que j’ai toujours eu du mal à comprendre comment tu avais pu oublier ce détail.

— Tu as des enfants, Hendrike ?

— Non.

Sa mère hocha la tête, un rictus aux lèvres.

— Alors, tu ne sais pas ce que c’est de s’en occuper tout en devant tenir une maison, travailler, se battre avec des problèmes de thyroïde et vivre en couple avec un homme qui n’a jamais voulu de « gosse » et qui te fait sentir chaque jour que c’est à toi et toi seule d’assumer. Je sais que ce n’est pas une excuse, mais j’étais débordée… La brouille avec ton amie m’est sortie de la tête, je n’ai commencé à m’inquiéter que lorsque tu n’es pas rentrée à l’heure habituelle pour un mardi. Là, j’ai paniqué et j’ai tout de suite appelé la police… Je m’en voudrai toute ma vie d’avoir tardé. Toute ma vie.

Grace inspira en acquiesçant. Elle s’attendait à cette réponse de sa mère, mais elle avait besoin de l’entendre. Ne serait-ce que pour arrêter de s’imaginer autre chose.

— Je voulais aussi te dire que…

Cette fois, les mots vinrent plus difficilement tandis que sa mère baissait les yeux, probablement perdue dans des souvenirs enfouis

— … je ne vous l’ai jamais dit, reprit Grace, mais c’était très bizarre pour moi de voir qu’à mon retour vous aviez déjà donné toutes mes affaires, mes jouets, mes livres et même les meubles de ma chambre à des associations. Alors qu’il ne s’était écoulé qu’un mois…

Un silence lourd s’installa dans le salon, Grace tenta d’accrocher le regard que sa mère gardait rivé sur le tapis verdâtre.

— C’était une erreur, souffla-t-elle enfin d’un filet de voix. L’inspecteur…

— Dyce.

— Il était très dur, très froid, un homme sans cœur. Après deux jours de recherches infructueuses, il nous a dit que les chances de te revoir vivante étaient quasi nulles…

Monika Campbell acheva sa phrase et fondit en larmes :

— Je suis désolée, tellement désolée de tout ce qu’il s’est passé, balbutia-t-elle, la voix étranglée par les sanglots. Ton père m’a octroyé deux semaines de répit, reprit Monika Campbell en redressant la tête, d’un air sévère et rigide. Et puis, il a commencé à dire que garder tes affaires me faisait plus de mal qu’autre chose, qu’il fallait commencer le deuil pour aller de l’avant. Il ne cessait de le répéter…

Elle réajusta un napperon sur le guéridon posé à côté d’elle, avant de poursuivre :

— Une nuit, alors que j’avais pris des somnifères pour essayer de dormir un peu, il a vidé ta chambre et a tout embarqué dans une camionnette. Le lendemain, il m’a dit qu’il avait donné tes affaires à des œuvres de charité, mais je l’ai toujours soupçonné de les avoir déversées à la déchetterie ou brûlées.

Grace ne s’était jamais sentie très proche de son père, mais elle n’avait pas eu l’impression non plus qu’il la rejetait. Et ce qu’elle venait d’entendre la choquait.

— Il me détestait à ce point ?

— Ce n’est pas ça. Ta disparition l’a ébranlé, bien entendu, mais il n’avait pas prévu sa vie avec une enfant, et, d’une certaine manière, si terrible que cela soit, ta disparition remettait les compteurs à zéro…

Cette fois, Grace ne prit pas de précautions oratoires. Elle devait savoir.

— Aurait-il pu provoquer mon enlèvement ? lâcha-t-elle.

Sa mère leva des yeux apeurés vers sa fille.

— Quoi ? Non ! Tu peux penser une chose pareille ? Vraiment ?

— C’est mon métier d’envisager l’improbable. Sais-tu où je pourrais le trouver ?

— Non, il n’a jamais donné de nouvelles après la prononciation du divorce. Il pourrait être mort que je ne le saurais pas. Mais écoute-moi, Hendrike, ou Grace si tu préfères, ton père a choisi de s’éloigner pour guérir à sa façon et probablement refaire sa vie telle qu’il la rêvait… avant ta naissance. Il voulait retrouver sa liberté chérie, même si, pour ça, il devait nous abandonner. Je crois qu’il n’y a rien d’autre à imaginer.

Grace doutait et cela se voyait sur son visage. Elle se demandait même si son père n’était pas l’auteur anonyme du message. Comme s’il voulait finalement se faire pardonner.

— J’ai conscience qu’entre nous il n’y aura plus rien, reprit sa mère. Je me suis fait une raison, si douloureuse soit-elle. Notre histoire de vie aura été ainsi faite. Mais si tu as toujours le cœur généreux de ton enfance, alors je t’en supplie, ne rajoute pas de l’horreur à l’horreur en suspectant ton père du pire. Je sais que tu cherches des réponses et je ne vais pas te dire ce que tu dois croire ou non, mais si tu venais à creuser dans cette direction, je t’en prie, ne m’en parle pas. J’aimerais vivre mes dernières années… aussi sereinement que possible.

Grace plissa les yeux, les doigts croisés. Elle sonda son âme à l’égard de sa mère. Elle tanguait dans une ambivalence déstabilisante. Empathique de nature, elle avait de la peine pour cette femme dévorée par la culpabilité, qui avait dû affronter la disparition de sa fille et l’adversité d’un mari indifférent. D’un autre côté, elle regrettait le déni et le tabou imposés durant toute son adolescence. Mais à bien y réfléchir aurait-elle fait mieux ? Grace sentit que le ressentiment et la colère avaient finalement quitté son cœur. En revanche, celui-ci demeurerait vide d’amour et d’affection pour celle qu’elle n’appellerait plus jamais « maman ».

Quant à son père, malgré les dénégations de sa mère, elle ne pouvait se départir de l’aura de suspicion qui flottait autour de son comportement. Elle allait devoir approfondir cette question. Mais avant, elle devait être certaine qu’aucune autre hypothèse ne lui avait échappé.

— L’inspecteur Dyce ne vous a jamais parlé d’une piste à laquelle il songeait, même si elle n’a pas abouti ?

— Cet homme ne communiquait pas. Et quand il ouvrait la bouche, c’était pour nous dire des horreurs. Qu’il ne fallait pas avoir d’espoir, que les pédocriminels répétaient leur coup si longtemps à l’avance qu’ils ne commettaient pratiquement pas d’erreur. Qu’il n’y avait presque aucune chance de trouver des témoins, puisqu’on était à la campagne. Bref, si un jour il a eu une piste, il ne nous en a jamais fait part. Jamais…

Monika Campbell lissa distraitement un pli de sa jupe, l’air absente.

— Il nous a détruits, ton père et moi, ajouta-t-elle.

— Que vous a-t-il dit quand j’ai réussi à m’enfuir et que je suis revenue ?

La vieille femme laissa échapper un discret ricanement.

— Que c’était un miracle et que les miracles n’existaient pas.

— Il vous a vraiment dit cela ?

— Oui. Et ensuite, il a confié l’affaire à un collègue, qui a terminé le travail administratif.

— Ce n’est pas lui qui a bouclé le dossier ?

— Non, on a su qu’il avait demandé une affectation dans une autre région pour des raisons familiales. Sa hiérarchie l’avait à la bonne, semble-t-il. On ne nous a fourni aucune explication supplémentaire.

— Et cela ne vous a pas paru bizarre ?

— Si. Mais à l’époque, la seule chose qui comptait, c’était que tu sois vivante et auprès de moi. Le reste n’avait plus aucune importance.

— Il n’a donc jamais précisé ce qu’il sous-entendait en disant que les miracles n’existent pas ? Me soupçonnait-il d’avoir tout inventé ?

La mère de Grace considéra sa fille. Depuis leurs retrouvailles, c’était la première fois qu’elle lui accordait une attention directe, profonde et sans détour. La jeune femme s’en trouva émue et déstabilisée, en y reconnaissant l’amour qu’elle puisait dans le regard de sa maman quand elle était encore une petite fille.

— Comme tu avais perdu la mémoire sur beaucoup d’éléments, commença Monika Campbell, il était facile pour la police d’entretenir le doute sur ce qu’il t’était réellement arrivé.

— Toi aussi, tu as douté ? osa Grace.

— J’ai douté de moi, de ma capacité à te protéger, j’ai douté de la compétence ou même de l’honnêteté de cet inspecteur, j’ai douté des voisins, de tes camarades d’école, de chaque villageois que je croisais, mais de toi, jamais. Comment aurais-je pu ?

Moi aussi, j’ai douté, et je doute encore de certains souvenirs, pensa Grace.

— Qu’est-ce que je t’ai raconté à mon retour ?

— Rien pendant plusieurs jours. Et petit à petit, tu as parlé. Tu as dit qu’on t’avait serrée très fort par-derrière et mis une main sur la bouche alors que tu rentrais de l’école par le sentier, et qu’après, on t’avait portée jusqu’à une camionnette. Qu’on t’avait bandé les yeux et attachée à l’intérieur du véhicule. Que tu t’étais évanouie, puis réveillée alors que vous rouliez. Que ça avait duré des heures, avant qu’on te fasse marcher à l’aveugle jusqu’à une cellule plongée dans le noir, où on t’a laissée seule.

Grace se souvenait également très bien de tous ces détails. Ou, en tout cas, elle se rappelait très bien les avoir racontés.

— Ensuite, c’était plus confus, reprit sa mère. Tu évoquais une espèce de mélodie qui précédait chaque fois l’ouverture de ta cellule. Entrait alors une silhouette toujours habillée d’un costume multicolore, puis la porte se refermait et tu te réveillais dans la même pièce, avec un mal de ventre. L’examen clinique à ton retour a montré que…

— Je sais, la coupa Grace.

Sa mère se pinça les lèvres, leva les yeux au plafond pour tenter de contenir les larmes qui affleuraient de nouveau, et poursuivit.

— Après, tu parlais d’une porte ouverte, mais sans la silhouette, d’un coffre de voiture et, enfin, d’une marche le long de la route jusqu’à ce que tu sois recueillie par la police.

— Je n’ai jamais mentionné un autre enfant ? une lutte avec un adulte ?

— Non, fit sa mère, désolée et même attristée. Tu as de nouveaux souvenirs ?

— Possible. Certains reviennent parfois, mais ils sont flous. Il n’y a que le visage d’un jeune garçon qui est très net. Mais je ne sais pas de qui il s’agit.

— Peut-être une autre petite victime comme toi…

— Oui, sans doute, sauf que c’est lui qui m’a sauvée. C’est lui qui a déverrouillé ma cellule. C’est lui qui m’a fait entrer dans le coffre de la voiture.

Émue, comme un prisonnier se souvient du soldat allié qui l’a sauvé de la mort, Grace revit soudain les yeux de l’enfant juste avant qu’il ne referme le coffre, exactement comme elle les avait dessinés.

— Je lui dois la vie, reprit-elle. Et je ne sais pas ce qu’il est devenu.

— Tu aimerais le retrouver…

Grace sortit de sa poche l’un des portraits du garçon qu’elle avait décroché du mur de son cagibi secret, et le présenta à sa mère.

— Tu ne m’as jamais vue reproduire ce visage ?

Monika Campbell s’attarda sur le croquis et secoua négativement la tête.

— Je ne crois pas. Mais peut-être le dessinais-tu déjà sans me le montrer. Tu t’enfermais parfois à clé dans ta chambre sans que je sache ce que tu y faisais…

Grace sentait bien qu’elle était arrivée au bout de ce que sa mère était en mesure de lui apprendre.

— J’aimerais retourner voir ma chambre…

— Oui, bien sûr…, commença Monika, embarrassée. Mais, c’est devenu une sorte de pièce d’appoint qui sert à Freya, mon aide, lorsqu’elle passe la nuit ici… Ce n’est plus vraiment la chambre que tu as connue.

Grace lui posa une main sur l’épaule, puis rejoignit l’escalier au fond du salon, afin de gagner l’étage.

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