« Il n’est rien de plus naturel à l’homme que de tuer. » Cette phrase, sanglot d’un dieu tombant du haut de l’Olympe, est de Simone Weil. La philosophe appelait l’Iliade « le poème de la force ».

On aurait pu lui rétorquer que d’autres thèmes le traversent : la compassion, la douceur, l’amitié, la nostalgie, la loyauté, l’amour.

Mais Simone Weil écrivit son texte sur l’Iliade dans les années 39-40 en pleine invasion nationale-socialiste, et le fracas des bottes sur les pistes d’Europe électrisait d’effroi toute lecture.

Son sentiment nous révèle une certitude (Homère ne l’aurait pas désavouée) : la guerre est notre grande affaire. Peut-être la plus vieille et la plus éternelle. On la croit endormie, elle se réveille. Les braises couvent sous les cendres de la paix. Et penser qu’une déflagration mondiale est la « der des ders » est probablement le souhait de conscrits embarqués vers le front qui prennent leur espérance pour une certitude et pèchent de n’avoir pas assez lu les fulgurances d’Homère.

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