M. Kipeët Pluokksonkuü, le rédacteur en chef du journal, est entièrement barbouillé de consternation. La collection amputée d’une feuille, voilà qui perturbe singulièrement les fondements du journal, et le sien propre (enfin j’espère qu’il l’est).
Il est tout chauve, tout rose, tout sans importance, cet homme. Pas gros, mais les joues lourdes, façon bull mastiff et avec un regard couleur d’eau-de-vie quand on a fini de bouffer les cerises qui y macéraient (je me demande où je vais chercher des comparaisons pareilles, moi. Faut quand même avoir l’esprit dérangé).
Bon, passons sur cet exemplaire rasoirdé. Mais y a ultra-pire : plus un seul № 824 dans les réserves ! Alors là ! Alors là ! Il aurait une langue comestible, ce veau, il la donnerait au chat volontiers, espère !
Je lui demande s’il se rappelle le contenu des pages 87 et 88, mais comment veux-tu : il n’était pas encore au Dypaä Cekkoneri en 67. D’ailleurs toute la rédaction a changé en 70, année où l’ancien Dypaä a fusionné avec Nuüvelöbs.
Nous restons sur notre faim.
Bérurier, qui calme la sienne en dévorant une quantité de sandwiches au caribou puisés dans l’appareil distributeur mis à la dispose des journalistes et qui — ô miracle ! — fonctionne aussi avec des jetons de téléphone français, Bérurier, reprends-je, laisse tomber son hypothèse.
— Si vous voudrez mon avis, les mecs, y a lulure qu’on a dégagé ces canards. D’après selon moi, c’te photo avait dû fout’ la merde au moment de sa paraison.