PARIS

— Sais-tu quelque chose à propos du quatrième ?

Nous sommes toujours dans l’antichambre directoriale, en attente du Vioque. Tu te souviens ? Ah ! faut faire gambiller ta matière grise dans ce polar, mon drôle ; à la manière que je t’y balade d’avant en arrière, tantôt précédant l’action, tantôt lui cavalant au prose. Faut lutter contre l’engourdissement cérébral. Faire naufrage dans son propre esprit, c’est le pire qui peut arriver aux hommes. Un brin de gymnastique intellectuelle ne nuit pas. Bon, s’il y a des birbes abasourdis par l’existence qui peinent pour suivre, ils n’ont qu’à sauter en marche et vite aller se faire foutre. Mais j’engage les plus jeunes à continuer, tenir bon, pas se laisser décoller par une pointe de vitesse. Ce Sana, je l’ai décidé ainsi, vagabond du chronologique. Fallait. Tout ce qui s’est passé est si rapide, échevelé, haché, multiple, différent.

Donc, on attend le Dirluche. Il en met du temps pour expliquer ma brutale carence à la dame ricaine et douiller la piaule. Je pige son calcul d’avoir voulu s’en charger lui-même étant donné qu’on a besoin de lui pour décider. Les inférieurs privés de leur chef sont des rouages sans remontoir. Ça vient du système qui supprime les initiatives. Un gars qui en prend est mis dare-dare sur la touche. C’est pourquoi tant de seconds, en matière d’administration, sont des moudus, des connards-traîne-dossiers, jus de chique et cerveau poisseux, soumis de nature, approbationnistes inconditionnels. Ils sous-commandent. L’autorité, pour eux, c’est de transmettre. Ce ne sont pas des hommes, mais des courroies.

Béru vient de m’expliquer en détails son fiasco de Rome. La manière qu’il s’est laissé biter par un gusman au self-control étourdissant. Et alors, on se récapitule le tableau de chasse des « autres ». Arthur Rubinyol, décédé ; Moshé Inkermann, décédé ; Aldo Petrini, décédé ! Recta. Travail soigné, implacable. Et tous trois assassinés de la même manière : éventrés. Le premier par un lion, les deux suivants au lingue. Ne reste plus que le quatrième. Il me turlubite la pensarde, ce petit dernier.

— Non, j’sais rien, j’reviens d’rentrer ; j’attends le Daron. Tu croyes qu’il va bientôt viendre ?

Son doute est conspué par l’organe du Tondu, réverbéré par la cage d’ascenseur.

— Comment se fait-il que la cabine soit en haut lorsque j’arrive, Poilala ?

Voie éperdue du brigadier Poilala :

— C’est M. Pinaud qui l’a empruntée, monsieur le directeur et qui aura omis de la renvoyer !

— Et vous ne pouviez pas la rappeler, me sachant sorti, Poilala ? Je vous croyais mieux organisé. Vous me décevez, Poilala. Oh que vous me décevez !

Le ton du malheureux Poilala, écrasé de honte et de désespoir, fendrait le cœur d’un artichaut.

— C’est une inadvertance, monsieur le…

L’Archichauve imperturbe :

— Inattendue chez un garçon comme vous que je trouvais sérieux…

Pendant tout ça, la cabine s’enfonce avec son ronron laborieux et hydraulique. On a le temps de faire trois aller-retour à pince pendant qu’elle descend. Mais pour le Vieux, cet ascenseur est sacré car il est le véritable carrosse de sa puissance. Nul autre que lui n’a le droit de l’utiliser.

D’ailleurs, sa réaction vient en son temps.

— Poilala !

— Monsieur le… ?

— En vertu de quoi César Pinaud s’est-il servi de mon ascenseur ?

— C’est que… Vous savez qu’il n’est pas très bien en ce moment, monsieur le…

— Est-il capable de marcher ?

— Certes, monsieur le…

— Un homme qui peut marcher n’est jamais très mal, Poilala.

— C’est vrai, monsieur le…

— Curieux que vous ne protégiez pas mieux un ascenseur de fonction, placé sous votre surveillance. Poilala, mon garçon, vos facultés baisseraient-elles ?

— Eh bien… je… je ne… je…

La cabine est parvenue à destination.

— Tu parles d’une vieille seringue ! gouaille Bérurier, écœuré.

Bernardin sursaute et plonge dans les yeux du Gros son regard de délateur universel.

— De qui parlez-vous ?

— Ben, mais… de l’ascenseur ! riposte prudemment Béru.

Le Vieux n’est pas seul. Sa voix montante dit des choses, avec onction, conponction lombaire, et irradiation des cordes vocales.

— Certes, cet ascenseur n’est pas très rapide, du moins est-il extrêmement fiable. Je ne l’ai vu tomber en panne que deux fois en trente-trois ans, c’est vous dire.

— What do you say ? répond une voix de femme.

Et ils apparaissent, pressés l’un contre l’autre dans l’étroite cabine, nez à nez, ventre à ventre, le Vieux et « ma » Ricaine, laquelle me semble fichtrement être devenue la sienne.

Leurs visages épanouis ont conservé cette lumière que l’acte de chair confère à ceux qui viennent de beaucoup jouir. Un sourire repu les distancie.

Bernardin s’est précipité pour ouvrir la porte et se tient au garde-à-vous, solennel et farouchement acquis. Le Vieux prie « notre » conquête de sortir. Puis s’empresse. Fonce lui ouvrir la porte matelassée de son burlingue. La gravosse aux lunettes endiamantées me roucoule au passage un :

— Hello diiiire ! qui fait sourciller Pépère.

— Un instant, messieurs, nous dit-il. Je dois m’occuper de madame.

Ils disparaissent.

— Qu’est-ce c’est qu’c’lot qu’y trimbale ? demande Alexandre-Benoît.

— M. le directeur n’a pas de compte à rendre quant à ses relations, fait observer Bernardin.

Cézigue, avec sa gueule obséquieuse, t’as envie de lui jouer Paul et Virginie à la boxe française.

Un assez long moment s’écoule. Puis une sonnerie retentit, avertissant l’huissier qu’il doit nous introduire. Ce dont il.

Je pénètre le premier. Béru suit, donnant le bras au père Pinaud, complètement smoulé.

Nous avons la rare stupeur de découvrir la dame dans le bureau du Vieux. Ce dernier se tient debout derrière elle, une main appuyée au dossier du siège, l’autre plongée dans le décolleté de la Ricaine.

— Salut, camarade directeur ! chevrote Pinuche en brandissant le poing.

Ça méduse le Dirlo.

— Qu’est-ce qui lui prend ? nous demande-t-il.

— Vous savez bien, monsieur le directeur, que depuis ses ennuis, Pinaud…

Le Tondu renifle mauvaisement.

— Vous allez lui faire passer cette manie au plus vite, déclare-t-il. Ou alors, il faudra me l’envoyer dans une maison de santé.

— Justement : il en sort ! objecte le Gros.

Le Big Dab balaie l’objection d’un envol de manchettes.

— Il n’est pas question qu’un subordonné m’appelle camarade, un point c’est tout. Je sais qu’ils viendront un jour ; mais quand ils seront là, moi je serai ailleurs. Vu ?

Du coup, comme pour conjurer l’avenir, il coule son autre main dans le balconnet de ma voisine d’avion.

— Il semblerait que vous soyez revenu sur la mauvaise impression que vous avait produite cette dame, monsieur le directeur, laissé-je tomber froidement.

Le Dabuche fonce dans la hargne.

— Mauvaise impression ? Qu’est-ce qu’il raconte, ce San-Antonio ? Vous savez que vous prenez un esprit biscornu, mon petit ? Mauvaise impression, cette exquise personne ? Une femme possédant un tel maintien. (Il lui pétrit les loloches à pleine pâte). Une merveilleuse étrangère éprise de culture latine. Un sujet d’élite dont la féminité éclate par tous ses pores ! Distinguée à ne plus en pouvoir. Vous avez remarqué son élégance de bon ton ? Et ses bijoux ? Dites, ses bijoux ? C’est pas de la bimbeloterie, ça, mon garçon. De la pierre de race. Le Brésil, au-dessous de chez eux, est gros producteur, ne l’oublions pas. Je n’ai jamais rencontré une femme aussi femme, voilà la vérité. Bon, nous sommes entre hommes, j’oublie un instant qui je suis, et même qui vous êtes afin que nous nous trouvions à l’unisson. Cette petite, messieurs, malgré sa classe, sa distinction de grande bourgeoise, possède un tempérament vous savez de quoi ? De feu ! C’est une passionnée. Elle a la flamme. Combien de femmes peuvent se vanter de la posséder, hein ? Vous en connaissez beaucoup, vous autres, des partenaires qui sachent faire l’amour à la duc d’Aumale ? Une native d’outre-Atlantique ! Pas une goutte de sang français dans les veines, on a recherché elle et moi, en venant. Nous avons remonté son arbre jusqu’au May- flower. Sang français, zéro. Et ça vient vous baiser comme une tigresse, cette friponne ! Hein, ma petite gourgandine jolie ?

Il lui dégringole une paluche au réchaud. La vieille glousse. La France is good for son frifri. Ah ! le beau voyage !

Le vieux lyriqueman poursuit :

— Une apothéose, cette Dyana ! Comme elle nous récompense de La Fayette et de les avoir aidés à gagner la guerre de 14 et celle de 39 ! Ah, si vous saviez, messieurs, cette source de volupté. Charrier un postérieur pareil et vous exécuter le casse-noix béarnais, comme si elle ne pesait pas plus de quarante-deux kilogrammes ! Un tour de force. Et de reins, donc ! Merci, Seigneur !

Il fait un signe de croix d’urgence.

— Elle en voulait, la bougresse ! Vous attendait fiévreusement, San-Antonio, en s’entretenant les émois d’un médius délicat. Déjà ça : le médius solitaire, au lieu de la main comme tant d’autres qui parent lourdement au plus pressé. C’est signé, non ? Le médius ! Une simple Américaine. C’est latin, non ? Et même chinois, tenez ! Non : japonais ! Voilà : c’est japonais ! Infiniment japonais. Le raffinement extrême-oriental. Une banale Américaine dont le mari doit faire l’amour sans même lâcher son téléphone. Ces sinistres mâles de là-bas, vous croyez qu’ils bandent, mais c’est leur calculatrice de poche qui produit le renflement ! Et elle, surdouée des sens : le médius, le casse-noix béarnais, la position duc d’Aumale. Ah ! la vaillante ! M’a-t-elle violé d’importance ! Entraîné dans des abîmes délectables ! Ouvert les portes de la félicité.

Mff ! Mff !

Il la baise au cou.

— Chère chérie prodigieuse ! Je te salue, ô Amérique ! N’importe le Concorde et tes ségrégations ! Terre d’asile ! Cul d’asile ! Je te salue, beau refuge, ajoute le Vieux, complètement déboussolé, en pétrissant à présent le dargif de son héroïne. « Terre ! Terre ! » criait la vigie de Colomb. « Cul ! Cul ! » ajouterai-je ! Lève-toi, flamboiement !

Il la force à se décoller du siège, la fait pirouetter.

— Regardez, messieurs ! Je vous présente le cul du siècle !

A présent, il parle les dents serrées, les narines en binoche, le souffle uniquement nasal.

— Une nef, messieurs !

Il masse, remasse, pétrasse.

— Voyez, c’est ça, un cul ! Ça n’a jamais été autre chose. Ne sera jamais autre chose. Quand on y est entré une fois, on ne voudrait pas s’en retirer, mais s’y retirer. Je vous présente ma maison de retraite, messieurs ! Mon sanctuaire. Ma bannière étoilée ! Ahrrr ! Arrrh !

Il suffoque, va-t-il mourir ? Non. Il avale in extremis un peu d’oxygène, s’éponge la nuque avec sa pochette et soupire en appuyant sur l’épaule de Dyana :

— C’est bon : assieds-toi, mon rayon de miel.


Et puis il y a un temps. Pinaud, indifférent, somnole. Bérurier, apoplectique, fixe les rondeurs tant exaltées de la Ricaine. Et moi, je me dis que le Dabuche, en prenant de la boutanche, libidine de plus en plus. Il tourne à l’obsédé ; un de ces quatre morninges on va avoir droit au scandale fracassant. Il aura chibré une fillette, Achille. Ou défoncé le pot d’une grand-mère. Quand le tricotin empare un vieux kroum, tu ne sais plus où il va s’arrêter. De tout temps, on a parlé de son tempérament fougueux, chuchoté sur ses fredaines. Elles demeuraient mondaines, marginales. V’là maintenant qu’il se fait tétiner la prostate sous son bureau et qu’il saute sur les étrangères en transit (et en transe). Sacré Vioque, va. Il me botte. Quand il partira de la Grande Taule pour aller repiquer le mimosa dans sa propriété de la Côte, je me sentirai un peu orphelin.

La sonnerie de son bigophone intérieur grésille.

— Non ! non et non ! hurle-t-il. Nous sommes en pleine conférence.

Malgré son raccrochage rageur, la sonnerie reprend. Le Déboisé perd son contrôle.

— Et merde ! lance-t-il.

Il frappe la fourche de l’appareil et laisse le combiné sur son sous-main.

C’est alors que la porte s’ouvre sur un Bernardin éperdu, plus vert qu’un poireau.

— Monsieur le directeur !

— J’ai dit merde ! hurle Pépère.

— Mais c’est M. le ministre, monsieur le directeur !

— Allez vous faire…

Le Dabuche s’interrompt.

— Qu’est-ce qu’il raconte ? Comment, M. le ministre ? Où ? A quoi ça sert ? Ça consiste en quoi ?

— Il est là, chuchote l’élégant huissier.

— Il ? C’est pas vrai, Bernardin ? Vous vous gaussez ? Vous faites votre petit mutin, mon garçon ?

— Il est là, répète un peu plus bas, donc de manière plus inquiétante, l’agent-sur-mesure.

Le Vieux se recompose après s’être décomposé.

— Ah ! Il est là ? chuchote-t-il.

— Oui, souffle Bernardin.

— Là, à côté ?

— Il veut vous voir d’urgence à propos de l’affaire, dit, un ton plus haut, l’huissier qui est dans tous les secrets du Dieu.

Et il nous désigne.

— Bon, bien, très bien, parfait, admirable, très honoré. Comptez jusqu’à dix et introduisez-le ! répond le Vieux.

Il fait pivoter son fauteuil, en arrache la Ricaine violemment.

— Tu vas me foutre le camp, salope ! hurle-t-il à voix basse.

Il a un regard désespéré vers la porte matelassée.

D’un coup, sa décision éclate :

— Bérurier, emmenez-moi cette bon Dieu de pouffiasse de merde dans mes vécés : la petite porte, derrière la bibliothèque, et veillez à ce qu’elle n’en bronche pas avant que je vous en donne l’ordre. Pas un mot ! D’ailleurs elle ne parle qu’américain, cette truie !

Le Gros exit ainsi que la dame éberluée.

Tu te croirais en plein Feydeau, puisque la porté officielle s’ouvre à la seconde où celle des gogues se ferme. Le ministre de l’Intérieur paraît. Plutôt banal (mais Ponia a bien fait de larguer ce maroquin-là, les méchants c’est pas dans ses emplois). Sérieux, bien sûr. Préoccupé. Il est habillé à la ville, comme à la Chambre, non pas par ses parents, mais par un tailleur qui ne travaille que dans les teintes automnales.

Le Vioque se hâte.

— Monsieur le ministre ! Quel honneur ! Et quelle merveilleuse surprise ! Connaissez-vous l’un de mes meilleurs collaborateurs, le commissaire San-Antonio qui dirige ma brigade spéciale ?

Je serre la main distraite qui m’est tendue en m’assurant honoré d’une telle aubaine.

— Et voici un brave auxiliaire vieux cheval blanchi sous le harnois, l’officier de police César Pinaud…

— Salut, camarade ministre ! bêle la Pine.

Consternation du Vieux, stupeur du ministre.

— Il faut l’excuser, il sort de clinique, balbutie Achille.

Le ministre reste renfrogné.

— Ne pensez-vous pas qu’il devrait au contraire y entrer ? murmure-t-il en s’asseyant.

— C’est aussi mon avis, dit Pépère. Allez, Pinaud, clinique ! Bernardin ! Emmenez Pinaud en clinique, voulez-vous ? Ou faites-l’y conduire d’urgence par Poilala. Comment, quelle clinique ! Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? La première venue. Il doit bien y en avoir une dans le quartier, non ?

Pinaud disparaît au bras de Bernardin.

Le ministre nous invite à nous asseoir d’un geste.

— Mon cher, dit-il au Dirlo, je trouve qu’on ne me tient pas suffisamment au courant de l’affaire Rubinyol. C’est pourquoi j’ai décidé de venir aux sources prendre les informations qu’on me refuse.

Oh ! la la, sale temps pour les directeurs ! Le Big Boss en agonise de trop de détresse. Il manque d’air. Il va s’écrouler. A preuve, il ouvre une boîte à pilules et se gloupe une petite connerie verte, vachement écologiste dans son genre.

Puis il balbutie :

— J’attendais le complément du… du chose, monsieur le…

— L’avez-vous ?

— Oui, ça y est. A l’instant. Nous étions en plein conseil de guerre avec mes collaboratoratorateurs. Ils rentrent de… heu… mission.

Le monsieur le ministre se tourne vers moi.

— Positif ?

— Hélas, non, monsieur le ministre. Je m’étais chargé du rabbin Moshé Inkermann, malheureusement, je suis arrivé à la synagogue de Djerba quelques minutes après qu’on l’eût éventré. L’assassin, un homme d’apparence paisible et qui se trouvait avec une femme et un petit garçon, a pris l’avion pour Varsovie.

Le ministre fait la grimace.

— Et à Rome ?

— Mon second, le principal Bérurier, a échoué dans sa mission, il faut dire que les circonstances…

Je raconte le coup de Rome. Le ministre m’écoute sans piper, le regard ailleurs. Il a ses mains croisées sur ses jambes croisées, dont la supérieure se balance mollement, signe d’irritation, je suppose ?

— Cet échec va probablement nuire à l’avancement de votre second, commissaire, je le crains, prophétise le ministre. En somme, si je m’en réfère au dossier, il ne nous reste plus qu’un homme encore vivant sur la liste des gens promis à l’holocauste ?

— Exactement, monsieur le ministre, intervient fiévreusement le Tondu. Mais alors, pile. Votre Excellence compte admirablement. Ils étaient quatre, trois sont morts, il n’en demeure plus qu’un. Un seul. Bravo, monsieur le ministre !

— Et comment se porte le quatrième ? tranche le ministre impatienté.

— Il va mal. Très mal, monsieur le ministre, je vous remercie, déclare le Vioque avec un admirable sourire qui doit aller droit au cœur sacré du Seigneur.

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