11
Le repas du soir était servi lorsque Lucie rentra, aux alentours de 23 h 30. L'odeur des tagliatelles au saumon flottait agréablement dans les pièces du grand appartement de Sharko. La flic posa sa paperasse, son téléphone portable, et remarqua immédiatement le dossier Hurault - photos, PV, témoignages, rapports d'enquête - sur la table basse du salon. Avec le temps, toutes les feuilles s'étaient cornées, tant elles avaient été lues, manipulées, retournées jusqu'à ce que Sharko s'endorme dessus. Lucie le pensait sevré de cette histoire qui resterait sans doute sans réponses, comme dix pour cent des dossiers de la Crim'. Alors pourquoi l'avoir ressorti maintenant, alors qu'une nouvelle affaire leur tombait dessus ?
Dans un soupir, elle ôta ses chaussures, accrocha son holster à côté de celui de son équipier et s'avança. Franck se tenait dans la cuisine. Il avait troqué son costume contre un jean, un sweat sans marque et une paire de charentaises. Ils s'embrassèrent brièvement. Lucie s'affala sur une chaise, le pied droit entre ses deux mains.
- Quelle journée, bon sang !
- Sale journée pour tout le monde, j'ai l'impression.
Sharko avait allumé son antique radio, c'étaient les informations. Il tourna le bouton et coupa.
- On dirait que la course à la conquête spatiale est relancée, fit le commissaire dans un soupir. Ce gars, Vostochov, il parle de Jupiter à présent. Qu'est-ce que des hommes vont aller foutre à un endroit où les vents soufflent à des milliers de kilomètres par heure ? Sans oublier qu'il faudrait minimum douze ans de voyage, aller et retour. C'est moi qui suis trop terre à terre, ou c'est du délire ?
Il servit les tagliatelles. Lucie abandonna son massage de cheville et se rua sur son assiette.
- Jupiter ou pas, moi j'ai faim. J'ai toujours faim. Les femmes enceintes ont cette faim-là. Je devrais peut-être refaire un test de grossesse.
Sharko soupira.
- Lucie... Tu ne vas pas en faire un tous les quinze jours.
- Je sais, je sais. Mais ils ont beau être de plus en plus perfectionnés, ces engins, quand tu lis bien la notice, il y a toujours un pourcentage d'incertitude, même infime. Ou alors, je devrais faire une prise de sang.
Sharko roulait lentement les tagliatelles autour de sa fourchette. Il n'avait pas faim, lui. Il prit son inspiration, coupa la radio et lâcha, d'un coup :
- Que répondrais-tu si je te disais : « On plaque tout, là, maintenant, et on part un an, tous les deux » ? Je ne sais pas, la Martinique, la Guadeloupe, ou Mars, pourquoi pas ? On aurait tout le temps pour faire un bébé là-bas. On serait bien.
Lucie écarquilla les yeux.
- Tu plaisantes, là ?
- Je suis on ne peut plus sérieux. On se prend une année sabbatique, ou on lâche tout, définitivement. Il faudra bien faire quelque chose de mon argent, tôt ou tard.
Depuis le décès de sa femme et de sa fille, Sharko avait ses comptes en banque pleins à craquer, ce qui ne l'empêchait pas d'user ses canapés ou son immonde Renault 25 jusqu'au bout. Lucie avala ses pâtes en silence, l'esprit confus. D'ordinaire, ils étaient tous les deux sur la même longueur d'onde, et quand l'un proposait quelque chose, l'autre suivait presque immédiatement. Aujourd'hui, c'était différent. La proposition de Franck était aussi soudaine qu'aberrante.
- Qu'est-ce qu'il y a, Franck ?
Il reposa sa fourchette dans une grimace. Décidément, il se sentait incapable d'avaler quoi que ce soit.
- C'est... ce gamin, à l'hôpital.
- Raconte-moi.
- Il semblait gravement malade. Le cœur, les reins, les yeux. Quelqu'un l'a retenu de force.
Lucie but un grand verre d'eau. Sharko lui montra la photo du tatouage, prise avec son téléphone portable.
- On l'a tatoué sur la poitrine, numéroté, comme un animal. Regarde... Il avait des marques de chaîne à l'un de ses poignets, on l'avait enfermé. Je la sens mal, cette enquête. Tout ça, ce n'est peut-être plus pour nous, tu comprends ?
Lucie se leva et vint l'enlacer par-derrière, le menton sur son épaule gauche.
- Et tu crois qu'on a le droit de l'abandonner, ce gamin ?
- Personne ne l'abandonne. On ne pourra pas sauver tous les enfants de la planète. Il faudra bien que tout s'arrête, un jour ou l'autre.
- La rupture viendra naturellement, avec notre futur bébé. Attendons encore un peu avant de lever le pied. J'ai besoin d'être active, de bouger, pour ne pas ruminer. Les journées passent tellement vite. Le soir, je rentre, je suis claquée. C'est bien, ça évite de trop réfléchir. Une île, les palmiers ? Je ne sais pas. Je crois que j'aurais l'impression d'étouffer. Et de penser à elles... Toujours.
Ils n'avaient pas fini leur repas mais n'éprouvaient aucune envie de traîner à table, ce soir. Il était presque minuit, de toute façon. Lucie débarrassa. Par la même occasion, elle mit en route la bouilloire.
- Tu as déjà eu le vertige ? Savoir que tu vas crever de peur, et pourtant t'approcher encore plus du vide ? J'ai toujours fait ça, quand j'étais gamine et qu'on partait à la montagne. Je détestais et j'adorais. J'ai ressenti exactement la même chose avec ce qui s'est passé aujourd'hui, ça ne m'était plus arrivé depuis longtemps. C'est ce qui m'a poussée à accepter d'assister à l'autopsie. À ton avis, c'est bon signe ou mauvais signe ?
Sharko ne répondit pas. Il n'y eut plus que le tintement des assiettes dans le lave-vaisselle. Le flic serra les lèvres, il ne profita même pas de cet instant de calme, de confidences, pour tout avouer : sa stérilité, les prises de sang, le message dans la salle des fêtes. Il avait tellement peur de la perdre, de se retrouver seul, comme avant, à regarder tourner ses trains miniatures. Lucie lui servit une infusion à la menthe, et elle s'en réserva une au citron. Elle le regarda dans les yeux : - Je crois que Christophe Gamblin, notre spécialiste des faits divers, enquêtait sur une série.
- Une série, répéta-t-il mécaniquement.
Au fond de lui-même, il était résigné, car Lucie ne lâcherait pas l'affaire. Elle n'avait jamais rien lâché, de toute façon. Il essaya de mettre un peu d'ordre dans sa vieille caboche, de chasser de son esprit les photos de la salle des fêtes de Pleubian, pour écouter ce qu'elle avait à lui dire.
Tout en lui expliquant ses découvertes de la journée, Lucie l'entraîna dans le salon, tasse à la main. Elle posa le dossier de Frédéric Hurault sur le canapé et étala les quatre journaux de "La Grande Tribune" ainsi que celui du "Figaro" sur la table.
- Au fait, pourquoi t'as ressorti le dossier Hurault ?
Après une hésitation, Sharko répondit :
- À cause du môme de l'hôpital. Les mauvais souvenirs, tout ça... J'en ai profité pour jeter un œil dans les tiroirs, tout à l'heure. T'as touché à mes vieux albums de photos et à mes cassettes vidéo huit millimètres ?
- Tes vidéos huit millimètres ? Tes photos ? Pourquoi j'aurais fait une chose pareille ? Tu n'as même plus l'appareil pour les lire, tes vidéos. Depuis quand tu n'y as plus touché, hein ?
- Justement. Je les range toujours de la même façon, et ça avait bougé.
Lucie haussa les épaules et ne lui laissa plus le temps de se poser des questions. Elle lui tendit le journal de 2002, ouvert à la bonne page.
- On ferait mieux de se concentrer sur notre affaire. Jette un œil en bas. J'ai entouré.
Sharko la fixa encore quelques secondes, s'empara de l'édition de "La Grande Tribune" et se mit à lire à voix haute.
- « 13 janvier 2002.
C'est par une matinée aux températures glaciales que le corps sans vie d'Hélène Leroy, trente-quatre ans, a été retrouvé dans le lac d'Annecy, il y a deux jours. La jeune femme habitait Thônes, à vingt kilomètres de là, et tenait une boutique de souvenirs. La police refuse pour le moment de communiquer sur les circonstances de la mort, mais la noyade accidentelle semble peu plausible, étant donné que la voiture de la victime a été retrouvée devant son domicile. Comment se serait-elle rendue au lac ? Aurait-elle été enlevée, puis noyée ? Faut-il voir un rapport avec l'affaire de février 2001, il y a un peu moins d'un an, où Véronique Parmentier avait été retrouvée dans des conditions similaires dans le lac de Paladru ? Le mystère reste, pour le moment, entier.
Olivier T. »
Il reposa le journal sur la table basse et parcourut rapidement le premier fait divers que Lucie avait lu devant l'IML, celui de 2001. Dans la foulée, la flic lui relata les explications du légiste. L'eau de robinet dans les intestins, le transport du corps empoisonné au sulfure d'hydrogène vers le lac. Après lecture, Sharko hocha le menton vers les deux éditions de la région PACA.
- Et tu crois que Christophe Gamblin était sur les traces d'un tueur en série qui aurait agi dans deux régions voisines ?
- Ça reste à vérifier, mais j'en ai l'impression. Il n'y a peut-être pas eu de croisement d'informations entre la police des deux régions. Les crimes sont étalés dans le temps, les modes opératoires étaient sans doute légèrement différents. Possible qu'ils n'aient pas pensé à rechercher le sulfure d'hydrogène dans l'organisme. Et, à l'époque, les recoupements informatiques n'étaient pas encore au top.
Elle regarda sa montre :
- On se fixe une limite ?
- 1 heure du mat. Aucun débordement possible.
- OK. 1 heure du mat.
Lucie poussa l'édition du "Figaro" vers Sharko et récupéra les autres journaux.
- Je vais prendre une douche rapide et me mettre en pyjama. Fouine dans "Le Figaro". Il n'a rien à voir avec le reste et Valérie Duprès n'a jamais bossé pour ce canard, Robillard a vérifié. Il était dans une collection d'articles qu'elle avait rédigés et planqués sous son lit. Sa petite collection privée, si tu veux. J'ignore ce qu'il faut chercher, mais il doit y avoir quelque chose à trouver. Au fait, je suis tombée sur ça à l'intérieur, page 2. C'était sur un Post-it.
Elle lui en tendit la photocopie.
- 654 gauche, 323 droite, 145 gauche, lut Sharko. On dirait la combinaison d'un coffre à molette.
- C'est ce que j'ai pensé. Mais lequel ? On n'en a trouvé ni chez elle ni chez Christophe Gamblin.
Elle se dressa pour se rendre dans la salle de bains, mais Sharko lui attrapa le poignet et la tira à lui.
- Attends...
Il l'embrassa tendrement. Lucie ne s'abandonna pas totalement, Sharko sentait une tension, quelque chose de noueux au fond d'elle. Alors, quand elle se recula et qu'il aurait suffi d'un geste pour l'attirer de nouveau à lui, il la laissa partir.
Il se mit au travail, parcourant avec attention les articles du "Figaro". Il finit par s'atteler plus précisément aux faits divers. Lucie revint quinze minutes plus tard. Ses longs cheveux humides et blonds tombaient entre ses omoplates. Elle sentait bon, occupait l'espace à la perfection, elle était sa petite star à lui. Sharko la regarda avec envie, et il dut redoubler de concentration pour poursuivre son travail. À deux, à la lueur d'un halogène n'éclairant pas trop fort, ils ne s'embrassèrent pas, ne regardèrent pas la télé ou ne pensèrent pas à leur avenir. Ils sombrèrent plutôt dans les ténèbres.
Ce fut Lucie qui réagit la première. D'un feutre noir, elle entoura un article au beau milieu des pages des faits divers de "La Grande Tribune", les sourcils froncés.
- J'en tiens un.
- Un autre décès ?
- Pas un décès, mais quelque chose qui pourrait bien coller. Regarde ça, c'est assez stupéfiant.
Sharko posa "Le Figaro", parcourut l'article dans "La Grande Tribune" et, après lecture, se frotta le menton, interloqué. Lucie lui avait arraché des mains la quatrième et dernière édition du canard, celle de 2004, région PACA. Le papier bruissait entre ses doigts, ses yeux couraient de colonne en colonne. À présent qu'elle savait où et quoi chercher, elle mit moins de cinq minutes pour tomber sur le bon article, qu'elle entoura d'un grand cercle. Sharko et elle se comprirent alors d'un regard : Christophe Gamblin avait mis le doigt sur quelque chose de tout aussi effroyable qu'incompréhensible.
- Et je tiens le quatrième, dit Lucie. Celui-là s'est passé le 21 janvier 2004, au lac d'Embrun, Hautes-Alpes, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Je t'évite le bla-bla d'introduction, mais écoute ça :
« Suite à un appel signalant une noyade au nord du lac, l'équipe médicale du Samu d'Embrun intervient sur-le-champ et arrive sur place quelques minutes plus tard. Le corps flotte proche de la berge, inanimé. Rapidement extrait d'une eau à 3°C, Lise Lambert, 35 ans, originaire de la ville, est sans vie : le cœur ne bat plus, les pupilles sont dilatées et ne présentent plus aucun réflexe. Au lieu de déclarer la mort, le docteur Philippe Fontès demande à ce qu'on réchauffe lentement le corps, sans prodiguer le moindre massage cardiaque, ce qui aurait eu pour conséquence, sur un corps si glacé, de provoquer une mort certaine en cas de réanimation temporaire. Alors, l'impossible se produit : sans la moindre intervention, le cœur de Lise commence à montrer quelques signes épars d'activité électrique. La jeune femme est actuellement en rééducation au centre hospitalier de Gap, où ses jours ne sont plus en danger... » Et blablabla, le journaliste, un certain Alexandre Savin, vante les mérites du médecin qui est intervenu. Il est même en photo.
Sharko essaya de tirer un rapide bilan de leurs découvertes.
- Celui de 2003 est à peu près semblable. Toujours la région PACA, mais dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, cette fois. Lac de Volonne, le 9 février. Idem. Amandine Perloix, 33 ans, recueillie dans une eau quasi gelée. Quelqu'un appelle le Samu, le corps est découvert sans vie, puis miraculeusement réanimé. C'est un autre journaliste qui a rédigé l'article.
Le regard de Lucie bondissait d'un article à l'autre. Sharko voyait l'excitation qui brûlait au fond de ses yeux. Il aimait aussi cette femme-là, la prédatrice à l'affût, différente de la Lucie des moments tendres. C'était sur cet aspect de sa personnalité qu'il avait flashé la toute première fois.
- Qu'est-ce qu'on a précisément ? demanda-t-elle. 2001, 2002, des cadavres en région Rhône-Alpes. Des femmes du coin - des skieuses de la station de Grand Revard - enlevées à leur domicile, empoisonnées au sulfure d'hydrogène, transportées et retrouvées mortes dans des lacs. 2003, 2004, d'autres femmes qui réchappent de justesse à la mort, dans la région voisine. Personne ne semble avoir fait le lien entre ces faits divers.
- Changement de région, de département... Les journalistes n'étaient pas les mêmes. Les enquêteurs de Grenoble n'ont pas dû avoir vent de ces cas de réanimation assez incroyables, puisqu'il ne s'agissait pas de meurtres.
Sharko se leva et partit chercher son gros atlas routier au fond d'une armoire. Il trouva rapidement les bonnes cartes et marqua les endroits caractéristiques au crayon de bois. Ceux où avaient été découvertes les femmes : Chavarines, Annecy, Volonne, Embrun. Il mit ensuite en évidence les lieux où les femmes habitaient : Cessieu, Thônes, Digne-les-Bains, Embrun.
- Plus de cent kilomètres séparent les villes les plus éloignées. Des victimes retrouvées dans les lacs les plus proches de leur lieu d'habitation.
Il entoura également Aix-les-Bains, là où deux d'entre elles, au minimum, avaient skié.
- On reste dans les montagnes, mais ça paraît malgré tout complètement décousu. Y a-t-il seulement un lien entre ces deux affaires de meurtres et celles des réanimations ?
- Évidemment, qu'il y a un lien. Premièrement, Gamblin avait rassemblé ces journaux, et il est mort. Deuxièmement, il y a un tas de points communs : le froid extrême, les eaux presque gelées, les lacs. Des femmes, chaque fois âgées d'une trentaine d'années. Relis les deux derniers faits divers. On parle d'un appel du Samu qui permet de sauver la victime in extremis. Mais qui a appelé ? Aucune précision.
- Aucune précision non plus sur la façon dont ces survivantes se sont retrouvées dans l'eau. Ont-elles glissé ? Les a-t-on poussées ? Ont-elles, elles aussi, été enlevées chez elles ? Et comment ont-elles pu réchapper à la noyade ? Normalement, tu respires l'eau et tu meurs parce que tu es inondé de l'intérieur, non ?
Sharko se leva. Il se mit à aller et venir, les yeux au sol. Il claqua alors des doigts.
- Tu as raison, tout est bien lié. Il y a une autre chose fondamentale, à laquelle on n'a pas pensé. Où est mort Christophe Gamblin ?
Lucie répondit, après quelques secondes de silence :
- Dans un congélateur. Le froid extrême, encore une fois. L'eau, la glace. Comme un symbole.
Sharko acquiesça avec conviction.
- Le tueur sadique regarde sa victime se congeler lentement, tout comme on peut regarder une femme flotter dans un lac et se faire prendre progressivement par les eaux glaciales. Tout de suite, ça me fait penser à une hypothèse.
- C'est l'auteur des deux meurtres, et peut-être également l'auteur des appels au Samu, qui a tué Gamblin.
- Oui, ça reste une supposition, mais c'est plausible.
Lucie sentait que Sharko se laissait prendre au jeu. Ses yeux étaient de nouveau grands ouverts, son regard volait d'un journal à l'autre.
- On a quatre affaires, mais s'il y en avait eu d'autres, ailleurs, dans les montagnes ? Des femmes mortes, ou des miraculées ? Et si notre tueur était toujours en activité ? Le journaliste a remué cette vieille affaire, il s'est peut-être déplacé sur les lieux.
- On sait qu'il est au moins allé à l'IML et au SRPJ de Grenoble.
- Exact. D'une façon ou d'une autre, il voulait remonter au responsable de ces « noyades ».
- Et surtout, le responsable des noyades est au courant. Alors il élimine le journaliste.
Ils se turent, secoués par leurs découvertes. Après être allé se servir une autre tisane, Sharko revint s'asseoir aux côtés de Lucie et lui passa la main dans les cheveux. Il la caressa amoureusement.
- Pour le moment, on n'a aucune réponse. On ne sait pas ce que l'enfant de l'hôpital ou Valérie Duprès viennent faire là-dedans. On ignore où se trouve la journaliste d'investigation, sur quoi elle enquêtait, et si elle est morte. Mais, au moins, dès demain matin, on sait où chercher.
- On retrouve dans un premier temps ces deux femmes revenues de l'au-delà. Et on les interroge.
Sharko acquiesça dans un sourire et devint plus entreprenant. Lucie le serra contre lui, l'embrassa dans le cou et se détacha délicatement.
- J'en ai autant envie que toi, mais on ne peut pas ce soir, souffla-t-elle. Regarde le calendrier, la fenêtre s'ouvre dans deux jours, samedi soir. Il faut que... que tes petites bestioles soient le plus en forme possible, pour qu'on ait toutes nos chances.
Elle se pencha vers l'avant, s'empara des dossiers du SRPJ de Grenoble et regarda sa montre.
- Je jette un œil là-dedans, histoire de m'imprégner de l'affaire de l'époque. Il n'est pas encore 1 heure. Tu peux aller te coucher, si tu veux.
Sharko la regarda avec tendresse, déçu. Il se leva avec regret et prit le dossier Hurault.
- Si tu changes d'avis... je serai réveillé.
Au moment où il s'éloignait dans le couloir, Lucie l'interpella.
- Hé, Franck ? On va l'avoir notre enfant ! Je te jure qu'on va l'avoir, coûte que coûte.