Si l’histoire d’un crime perpétré à l’origine des temps et annonçant tous les autres crimes ne vous fascine pas, suscitant en vous angoisse et effroi ;
Si, ne fût-ce qu’un jour, l’espérance n’a pas exalté votre âme ;
Si l’histoire des hommes et des femmes qui, depuis les commencements, ont voulu bâtir sur notre terre une cité idéale où régneraient l’amour et la justice, vous indiffère ;
Si vous ne voulez rien savoir de ces prophètes tourmentés qui voyaient Dieu et qui, à leur insu, étaient parfois habités et menés par le Diable ;
Si vous refusez de connaître ces hérétiques ou ces mécréants qu’on a traqués comme des bêtes sauvages dans les forêts, qu’on a torturés, écorchés vifs, brûlés, crucifiés comme le fut le Christ qu’ils invoquaient,
Alors, détournez le regard.
Mais si vous vous interrogez sur les causes et les circonstances du premier crime, ce fratricide ;
Si vous êtes émus par le sort de ces hommes et de ces femmes, bourreaux d’eux-mêmes, qui avançaient en tâtonnant dans les ténèbres et qui ont vu « le ciel ouvert, et un cheval blanc, et celui qui est dessus s’appelle Fidèle et Véritable »,
Alors, comme le dit l’apôtre Jean dans l’Apocalypse, vous êtes « dignes d’ouvrir le livre écrit au-dedans et au dos, et scellé de sept sceaux ».
Vous êtes dignes d’en rompre les sceaux.