35.

Un matin, enfin, j’ai revêtu mon armure et me suis agenouillé parmi les chevaliers.

C’était l’aube.

Comme on retire lentement un voile, le ciel déjà apparaissait bleuté, mais la mer était encore recouverte par la nuit. Elle respirait, paisible, au pied des murailles du fort.

Tout à coup, étouffant le bruit régulier du ressac, j’ai entendu battre les tambours des infidèles.

Ce roulement sourd auquel se mêlaient l’aigre sifflement des flûtes et le frottement aigu des crécelles nous a enveloppés.

Il faisait froid. J’ai frissonné et regardé autour de moi.

Dans la pénombre, j’ai deviné la foule des chevaliers agenouillés ou debout sur les remparts. Ils formaient une masse plus sombre que la lumière grise commençait d’effleurer. Leurs casques et leurs piques, les étendards et les bannières que le vent, qu’à Malte on appelle magistrale, faisait claquer se découpaient sur l’horizon.

J’ai reconnu ou plutôt deviné, agenouillé près de moi, le front posé contre la garde de son glaive, Enguerrand de Mons.

Je l’ai imité. J’ai fermé les yeux au moment où s’élevait la voix du Grand Maître de l’ordre de Malte, Jean de La Valette :

— Chevaliers, mes frères en Dieu, jurons devant Notre-Seigneur de défendre chaque pierre de notre île, qu’elle devienne l’enfer des infidèles, qu’ici commence la grande bataille et se célèbre la première victoire qui nous conduira jusqu’au tombeau du Christ !

Les voix des chevaliers et des soldats, auxquelles j’ai mêlé la mienne, ont clamé leur résolution et leur foi.


J’ai rouvert les yeux.

Les deux rades que séparait l’isthme de Saint-Elme, à l’extrémité duquel était bâti le fort, grouillaient des galères turques et barbaresques de Dragut et de Mustapha. La terre ferme disparaissait sous les uniformes rouge, vert et jaune des fantassins turcs, des janissaires au haut turban. Les cavaliers caracolaient à côté des soldats en marche, portant piques et arquebuses.

Ils étaient près de quarante mille à avoir débarqué à l’autre bout de l’île et à l’avoir parcourue, laissant partout des traînées de sang.

Et maintenant, comme une vague énorme, invincible, ils approchaient des murailles du fort Saint-Elme où nous étions quelques centaines à écouter battre leurs pas et leurs tambours.


Brusquement, alors que le ciel était entièrement bleu, dégagé de tous les voiles sombres de la nuit, les flancs de chaque galère – elles étaient des dizaines, formant une longue ligne, fermant les baies – se sont couronnés de gros bourgeons blancs. Et, en même temps que j’entendais les détonations des canons des navires, je vis les pierres des remparts se briser sous le choc des boulets. Certains étaient chargés de poudre et explosaient, d’autres étaient rougis au feu et leurs éclats étaient comme des coups de hache.

Nous nous sommes glissés sous les voûtes du fort, ne laissant sur place que des guetteurs, et j’ai serré à pleine main la garde de mon glaive, cette croix que j’allais lever, abattre, frappant d’estoc et de taille les infidèles, perçant leur corps, fendant leur front, tranchant leurs membres.

Seigneur, donnez-moi la force !

Seigneur, mon sang, ma vie sont à Vous !

Seigneur, je suis Votre chevalier. Je suis venu pour Vous servir et vaincre Vos ennemis !


Pour parvenir jusqu’à Malte que les flottes de Dragut et de Mustapha avaient commencé d’assiéger, le voyage avait été long. Plusieurs jours dans les bourrasques pour aller de Tolède jusqu’à Valence. Et il m’avait fallu attendre qu’un navire voulût bien m’embarquer pour rejoindre Barcelone.

Nous avions navigué à quelques encablures de la côte, nous cachant le jour au fond des criques, tant le capitaine et les marchands qui étaient du voyage craignaient les corsaires barbaresques.

— Ils sont les maîtres de la mer, avait dit en soupirant le premier, un homme fort qui allait et venait sur le pont au milieu des tonneaux et des ballots de peaux de mouton et de bœuf.

Il gardait les mains enfoncées dans une large ceinture de tissu rouge.

Ses propos renforçaient ma détermination : il fallait chasser les Barbaresques et les Turcs de cette mer romaine, Mare Nostrum, celle que l’empereur Constantin, lorsqu’il avait voué l’empire à la religion du Christ, avait faite chrétienne. Il fallait la reconquérir, repousser loin des côtes les musulmans, se souvenir de la devise de Constantin, de sa vision d’un crucifix sur lequel flamboyaient les mots : Tu hoc signo vinces (« Par ce signe tu vaincras »).

Le capitaine et les marchands qui m’entouraient m’écoutaient en silence, puis me regardaient avec commisération.

L’un d’eux, un Vénitien, Ciampini, me dit le deuxième jour, alors que nous avions jeté l’ancre près de la côte, que ce n’était pas de bataille dont lui et ses pareils – et même les royaumes, et naturellement la république de Venise – avaient besoin, mais de traités de paix de manière à pouvoir vendre tissus et armes, acheter épices et soieries sans craindre de se faire tuer et voler par les corsaires, ces brigands des mers. À cet égard, les chrétiens ne valaient pas mieux que les infidèles : tous détrousseurs et pillards ! La croix ou le croissant, le Christ ou le Prophète n’étaient que les masques de leurs rapines.

J’avais refusé de l’entendre plus longtemps. Je voulais garder ma résolution aussi pure qu’une eau de source.


Déjà, au moment où je quittais Tolède, Diego de Sarmiento avait tenté de me retenir. Philippe II regrettait mon départ pour Malte. Il le tolérait parce que j’étais français, mais il m’en garderait rigueur et lui avait fait comprendre qu’un renoncement de ma part m’eût valu quelques privilèges.

— Si tu ne changes pas d’avis, enfuis-toi vite, avait murmuré mon protecteur. On peut te retenir. Si les juges de l’Inquisition décident de te briser les genoux ou de t’enfermer sous bonne garde dans un couvent, tu ne seras pas à Malte avant longtemps.

Mon départ de Tolède avait donc ressemblé à une fuite. Mais ce n’est qu’à mon arrivée à destination que j’ai compris les raisons des réticences de Philippe II à me voir gagner l’île.


Sur les quais du port, attendant d’embarquer sur l’une des dernières galères de l’ordre de Malte qui s’apprêtaient à franchir le blocus des flottes turques et barbaresques, j’avais retrouvé Enguerrand de Mons.

Il avait été chargé par le Grand Maître de l’ordre d’inciter, en France et en Allemagne, les chevaliers à venir se joindre aux défenseurs de l’île, si peu nombreux par rapport aux dizaines de milliers d’infidèles qui avaient déjà débarqué et aux milliers d’autres qui se trouvaient encore à bord des galères musulmanes.

Enguerrand de Mons avait plaidé, harangué, expliqué qu’après avoir perdu Rhodes en 1523 la chrétienté ne pouvait abandonner Malte, ce verrou qui commandait l’accès à tout le sud de la Méditerranée, l’« île du miel » que Charles Quint avait donné à l’ordre en 1530 pour qu’il en fasse l’avant-poste maritime de l’Occident chrétien.

Si Malte tombait, alors la Sicile, puis Naples, et pourquoi pas Rome et Venise seraient menacées. Et plus personne ne pourrait défendre Chypre, oubliée au fin fond de la Méditerranée, impossible à ravitailler et à défendre dès lors que les galères musulmanes contrôleraient la mer.

Mais Enguerrand de Mons avait rencontré peu d’échos. On soupçonnait l’ordre de Malte d’être le bras armé de la papauté. Et Philippe II regrettait que Charles Quint eût fait don de l’île à l’ordre.

— Nous sommes seuls, avait murmuré Enguerrand. Quelques chevaliers comme vous – il avait montré une dizaine d’hommes qui patientaient sur le quai – ont répondu à mon appel. Philippe II est un roi tortueux. Une victoire des Turcs, notre écrasement et notre dispersion ne lui déplairaient pas. Mieux : il l’escompte, il l’espère. Il sera ainsi débarrassé de l’ordre, le pape sera affaibli et dépendra donc davantage du bon vouloir de l’Espagne. Et un jour Philippe espère pouvoir reconquérir Malte à son profit, reprendre ainsi ce que Charles Quint avait donné.

Enguerrand de Mons s’était arrêté et m’avait fait face.

— Mais, vous et moi, nous devons vaincre Dragut, n’est-ce pas ?


La galère a attendu la nuit pour se glisser entre les vaisseaux musulmans. Quand nous nous en sommes rapprochés, quelques-uns de nos rameurs se sont mis à crier, et leurs voix ont résonné entre les hautes falaises de l’île, courait au ras des flots vers leurs frères.

Nos gardes-chiourme ont égorgé ces rameurs, et les autres se sont tus.

Sur les ponts des galères de Dragut et Mustapha, on brandissait des torches, on tentait d’éclairer la baie. Des navires nous ont pourchassés, mais nous avons réussi à nous mettre à l’abri sous les murailles du château Saint-Elme. Et les forts de Saint-Michel et Saint-Ange, situés de part et d’autre des baies, ont commencé à tirer sur les navires qui nous poursuivaient.

Enfin j’ai pu sauter à terre, découvrir l’île, ces villes, ces tours de guet qui dominaient les arbousiers, les cyprès, les figuiers et les citronniers. Les vents – d’abord le magistrale, puis le gregale, le rhamsin, le scirocco – couchaient avec plus ou moins de violence les blés, secouaient les vignes, portaient les voix des guetteurs d’une colline à l’autre.

Les troupes de janissaires placées sous le commandement du général Mustapha marchaient sur la capitale, Mdina, située au centre de l’île, puis elles se dirigeraient vers les deux baies jumelles et les forts de Saint-Michel et Saint-Ange. Mais, ajoutait Enguerrand de Mons, le bras tendu, c’était à Saint-Elme et dans la ville de Bourg, qu’il protégeait, que se déciderait le sort de l’île, car le fort était la clé de voûte de la défense des baies et l’on pouvait, par des souterrains, rejoindre Mdina et les tours qui, à l’intérieur du pays, défendaient les petites villes.

Il fallait se dépêcher d’atteindre le fort car les soldats de Mustapha pourraient facilement couper l’isthme de Saint-Elme et encercler et le fort et Bourg.

— Nous serions alors comme une île dans l’île, avait dit Enguerrand de Mons tandis que nous marchions, que nous entendions les explosions qui se succédaient et voyions les boulets ébrécher les remparts.


Ce matin, les boulets ont commencé à tomber et nous nous serrons les uns contre les autres sous les voûtes du fort.

J’ai la bouche sèche. Nous manquons d’eau, d’autant plus que le rhamsin s’est levé et qu’il est chaud, chargé du sable du désert qui pique et brûle le visage, reste collé aux lèvres, s’infiltre dans la bouche.

Tout à coup, les explosions cessent et nous entendons les tambours, les flûtes, les crécelles et les cris. Les janissaires doivent poser leurs échelles contre les remparts.

Je me précipite, glaive levé. Les flèches sifflent. Des chevaliers tombent et une détonation ébranle le sol. Les musulmans ont dû creuser une sape sous le fort et la bourrer de poudre. Des pans de mur s’effondrent. J’entends les cris des hommes ensevelis.

Mais le combat ne laisse le temps ni de pleurer ni d’hésiter.

Je m’élance, glaive levé ! Et fends les corps, et tue, tue !

Les janissaires s’accrochent aux pierres des remparts. Je leur tranche les doigts et les bras, repousse les échelles. J’égorge celui qui me fait face et me vise avec son arquebuse.

La pointe de la pique d’un autre glisse sur ma cuirasse.

Bientôt, au bas des remparts, sur les rochers, là où les galères turques ont débarqué des soldats, il n’y a plus qu’un entassement de corps que le ressac recouvre, tire, roule et balance dans une mer devenue rouge.

Et de l’autre côté du fort c’est le même entassement de cadavres d’hommes et de chevaux.


Enguerrand de Mons court sur les remparts, crie des ordres. Des hommes d’armes approchent des torches à la base de tubes courts que je sais bourrés de poudre, de tissus imbibés d’huile, de poix. Des flammes jaillissent au-dessus des remparts, s’élargissent, embrasent les buissons, enveloppent cavaliers et fantassins turcs dont les amples vêtements se consument en quelques instants.

Les corps se recroquevillent. Les flammes deviennent rougeâtres.

Les cris couvrent le roulement des tambours.

Je vois ce que Dante a vu de l’Enfer.

Je pense à Michele Spriano.

Pas de compassion, pas de pitié, pas de remords.

Je prends une torche, mets le feu à l’un des tubes, et je vois au bout des flammes des cavaliers dont les chevaux se cabrent, qui tentent de fuir mais que la mort ardente rejoint.


C’est un moment de répit dans l’assaut.

Je m’assieds, enlève mon casque. Enguerrand de Mons vient s’installer près de moi.

— Ils reviendront, dit-il. Mais il faut être plus obstinés qu’eux. S’il réussissent à atteindre les remparts, nous nous enfermerons dans les tours, et s’ils nous en chassent nous résisterons dans les ruines, puis nous défendrons chaque maison de Bourg : la ville est fortifiée. Après quoi nous nous battrons dans les souterrains et gagnerons Mdina.

Je baisse la tête. Je ressens la fatigue. Ma bouche est sèche.

Je voudrais lui parler de Mathilde de Mons. C’est lui qui dit :

— Peut-être avons-nous envoyé Dragut en enfer.

À l’instant où je vais répondre, les boulets rouges recommencent à tomber dans un fracas d’explosions.

Lorsque le silence se rétablit, nous sommes enveloppés de poussière, couverts de gravats. Tout à coup jaillissent les cris des janissaires, le roulement des tambours, l’éclat des trompettes, l’aigu des flûtes et des crécelles.

— Les voici, dit Enguerrand de Mons en se levant.

Je remets mon casque et prends mon glaive à deux mains.


Nous avons résisté plusieurs jours encore.

Mon corps tout entier, enfermé dans l’armure, n’était plus que souffrance ; j’avais les bras brisés à force d’avoir frappé.

La nuit, quelques hommes qui avaient réussi à traverser l’une des baies se faufilaient jusqu’à nous. Ils arrivaient de Messine où le gouverneur Garcia de Toledo, au nom du roi d’Espagne, essayait de les retenir, empêchant la constitution d’une armée de volontaires.

Une de ces nuits, parmi la dizaine de ceux qui nous avaient rejoints après que leur bateau eut été pris en chasse par les galères barbaresques, j’ai reconnu Robert de Buisson et nous nous sommes étreints.

— Huguenot, a-t-il dit, mais chrétien !

Il a fait glisser son gantelet sur le fil du glaive qu’Enguerrand de Mons venait de lui remettre.

— Les Rois Très Catholiques vous laissent massacrer. Je n’aime pas ça. Je suis ici. Mais, demain, peut-être recommencerons-nous à nous étriper !

Il m’a entraîné sur ce qu’il restait du chemin de ronde.

Sa sœur Anne de Buisson avait regagné la France à l’occasion d’un voyage de la reine Élisabeth à Bayonne où elle devait rencontrer sa mère, Catherine de Médicis, et Charles IX.

— Elle a fui l’Espagne.

Il m’a serré l’épaule.

— Vous l’aviez avertie. Peut-être vous doit-elle la vie…


Cette nuit-là, laissant sur place les morts et les blessés, nous avons dû abandonner les remparts et les tours du fort Saint-Elme et nous nous sommes enfermés dans la ville de Bourg qui jouxte le fort. Nous avons tous prêté serment de ne plus reculer. S’ils pénétraient dans la ville, les infidèles ne trouveraient que nos cadavres.

À l’aube il y a eu des cris de rage et d’effroi.

Enguerrand de Mons, Robert de Buisson et d’autres chevaliers étaient sur la jetée du port et j’ai aperçu des planches que le ressac poussait vers le rivage avant de les en éloigner.

Je me suis avancé. J’ai hurlé.

Les corps des chevaliers et des soldats chrétiens prisonniers des infidèles avaient été fendus en croix à grands coups de lame, puis cloués sur des planches et jetés à la mer pour qu’ils viennent s’échouer sur la rive de Bourg que nous défendions encore.

Les infidèles voulaient, en nous terrifiant, nous faire abandonner le combat.

Enguerrand de Mons, Robert de Buisson, d’autres compagnons d’armes et de foi et moi sommes entrés dans l’eau et avons tiré à terre les corps de nos frères martyrisés et profanés.

Nous les avons décloués, réunissant leurs membres écartelés, rapprochant les chairs, enveloppant leurs corps dans nos bannières rouges à croix blanche. Puis, à genoux, nous avons juré de vaincre et de les venger.

Le Grand Maître Jean de La Valette nous a rassemblés autour de lui. Il fallait, a-t-il dit, infliger aux infidèles la « paie de Saint-Elme ».

Le Grand Maître s’est éloigné de quelques pas en compagnie de son conseil, puis Enguerrand de Mons est revenu vers moi.

— Je reconnais là l’œuvre de Dragut-le-Cruel, lui ai-je dit comme il passait à proximité.

Il ne m’a pas regardé, a sauté sur la jetée, criant que nous allions faire payer aux infidèles leur cruauté.

Des hommes d’armes ont conduit sur la grève ceux que nous avions capturés. Ils les ont contraints à s’agenouiller et ont commencé à les décapiter.

Le sang giclait. Les têtes roulaient sur les galets.

Les infidèles ne cherchaient pas à se débattre. Ils ne criaient pas. Ils n’imploraient pas grâce.

Les hommes d’armes ont jeté les têtes dans des sacs et sont remontés vers les remparts de la ville. Ils tiraient les sacs qui rebondissaient sur les galets puis les pavés, y laissant une traînée de sang.

Puis ils ont chargé nos canons avec ces boulets de chair.

Et j’ai vu les têtes voler vers le camp des infidèles.


Nous avons continué à nous battre, résistant sur les remparts de Bourg alors que montaient à l’assaut des milliers d’infidèles.

Ils semblaient ne pas voir le rideau de flammes que nous dressions devant eux. Elles les dévoraient. Mais d’autres surgissaient et quand certains parvenaient jusqu’aux remparts leurs yeux exorbités et leurs cris révélaient qu’ils avaient la tête remplie des rêves qu’alimente le haschich. Nous n’avions aucune peine à les tuer. Ils ne se défendaient pas, c’était comme s’ils avaient oublié que la mort les attendait au bout de nos glaives et de nos piques.


Mais leur nombre nous écrasait et leurs boulets creusaient dans nos rangs des sillons sanglants.

Une nuit, nous avons cru qu’ils avaient réussi à débarquer sur la jetée et la grève.

Nous nous sommes précipités et nous avons vu une foule de chevaliers portant la croix, sautant dans l’eau, marchant vers le rivage, glaive brandi.

C’était enfin le « grand secours » ! Garcia de Toledo avait dû céder et laisser neuf mille hommes quitter Messine pour venir combattre à nos côtés, sauver Malte, la garder au Christ.

À l’aube ils ont attaqué les infidèles qui ont pris la fuite.

Nous étions vainqueurs.


Le temps des averses d’automne commençait. Le magistrale soufflait, glacial.

Nous avons prié, agenouillés au milieu des ruines et des tombes.

J’ai levé la tête vers le ciel bas.

La pluie a lavé mon visage et noyé mes larmes.

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